Journal RESO
Octobre 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 et 2 : L’édito / p. 2 : International : Afghanistan - Madagascar / p. 3 à 6 : Place au débat : Michel Barnier veut 60 milliards, les voilà ! Et sans austérité / p. 6 : Les bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale / p. 8 : Coup de gueule : 100 000 fonctionnaires territoriaux en trop, vraiment ?

L’édito de Pierre KERDRAON

Comme on pouvait s’y attendre, le discours de politique générale du nouveau Premier ministre n’a rien révélé de social. Si dans son projet de budget on note de timides impositions supplémentaires pour les grosses entreprises et les personnes les plus fortunées, force est de constater que l’essentiel ce sont des coupes sévères dans les services publics comme l’éducation (4 000 postes d’enseignants supprimés) ou la justice (500 millions € en moins), dans la santé (remboursements d’assurance-maladie avec des transferts de la sécurité sociale vers les mutuelles pour ceux qui ont la chance d’en avoir)… Bien sûr, pas touche à la réforme des retraites sinon à la marge. On laisse les partenaires sociaux discuter de l’assurance chômage mais qui nous dit qu’au final le gouvernement Barnier ne fera pas comme celui d’Attal en imposant sa propre réforme ?

Justification de tout cela : le déficit qui aurait dérapé en 2023 et 2024. Pour autant, aucune analyse pour expliquer ce dérapage. Le Premier ministre feint de s’en remettre aux parlementaires et à une éventuelle commission d’enquête pour comprendre ce qui s’est passé. Comme s’il n’était pas évident que c’est la politique de l’offre conduite par Macron depuis dix ans qui en est la principale cause. Depuis une décennie, l’impôt sur les sociétés et sur les plus fortunés n’a cessé de baisser. Résultat : moins de recettes pour l’Etat alors que la crise du Covid a généré des dépenses colossales imprévues. Sans compter que les bénéfices parfois colossaux de certaines sociétés enrichissent les actionnaires au lieu d’être recyclés dans l’économie, l’innovation et le développement.

Une fois de plus, les collectivités territoriales sont montrées du doigt et mises à contribution alors qu’elles font déjà difficilement face aux charges nouvelles que leur impose l’Etat.

Ce discours montre surtout un dédain clair pour les attentes des Français. Même si l’inflation régresse, le pouvoir d’achat reste la principale préoccupation de nos compatriotes. Quant à l’insécurité, ce ne sont pas les rodomontades du nouveau ministre de l’Intérieur qui vont y changer quelque chose. Le problème est structurel : police et justice manquent de moyens pour faire appliquer la loi. (.../...)

Mis en ligne le 20 octobre 2024
Septembre 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 et 2 : L’édito / p. 2 : International : Allemagne – Turquie - Etats-Unis / p. 3 à 6 : Place au débat : Après les déroutes électorales, mettre leur austérité en déroute / p. 6 : Les bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale : Duralex – Valéo – Poulain / Avez-vous remarqué ? /p. 8 : Coup de gueule : Que reste-t-il de notre République ?

L’édito de Pierre Kerdraon

Ainsi, il aura fallu près de 60 jours à Macron pour nommer un Premier ministre. Faisant fi des résultats des législatives, celui qui se voulait Jupiter a choisi le plus compatible avec Le Pen et le Rassemblement national. C’est une insulte non seulement à la gauche mais aussi à tous les électeurs qui se sont massivement rassemblés dans le Front républicain pour faire barrage à l’extrême-droite. Au-delà du prétexte que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front Populaire, risquait d’être censurée dès son discours de politique générale, ce choix illustre la volonté du Président de faire barrage à la gauche. Pourtant, Lucie Castets a su en quelques semaines apparaître comme une candidate crédible à la fonction de Premier ministre. Après le 1er ministre le plus jeune de la cinquième République, nous avons donc droit au plus âgé. Gaulliste social nous chante la presse aux ordres des milliardaires. Mais qu’y a-t-il de social dans le parcours politique de celui qui, en 1981, a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité ? On cherche en vain une mesure de justice sociale prise par cet ancien commissaire européen, plusieurs fois ministre sous les présidents de droite. Certes, il n’est pas facile de décrypter ce qu’a voulu le peuple en donnant une Assemblée nationale morcelée en trois blocs antagonistes. Néanmoins, ce n’est certainement pas ni la continuation du macronisme ni un virage à droite toute sur le plan social. Le peuple n’a pas abandonné son souhait de voir abrogée la réforme des retraites ni son désir d’une augmentation des salaires – et pas seulement du SMIC – ou d’un effort important en faveur des services publics, à commencer par l’éducation et la santé. Il ne faut évidemment pas s’attendre à ce que ces souhaits soient exaucés avec un premier ministre dont la survie dépendra plus que jamais du Rassemblement national. (...)

Mis en ligne le 20 septembre 2024
Juillet-août 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Les bras m’en tombent : le salaire des enseignants / p.3 à 6 : Place au débat : Crise de régime / p.6 : Avez-vous remarqué ? : Déluge de plans sociaux / p.7 : International : États-Unis - Royaume-Uni - Australie - Iran / p.8 : Coup de gueule : Rapport 2024 sur les riches

L’édito de Pierre Kerdraon

Je commencerai cet édito par dire mon soulagement à la suite du second tour des élections législatives. Contrairement à ce que prévoyaient les sondages, le Rassemblement National n’a ni la majorité absolue ni la majorité relative. Cela est dû à la forte mobilisation des Français qui n’ont pas hésité pour certains à voter pour des candidats dont ils ne partageaient pas les orientations afin d’empêcher le parti de Le Pen et Bardella d’obtenir un siège. Satisfaction aussi de voir le Nouveau Front Populaire arriver en tête au soir de cette élection même s’il ne s’agit que d’une majorité relative. Le Président a subi deux défaites majeures en à peine un mois. A défaut de se démettre, il doit se soumettre à la volonté du peuple. Sa tardive lettre aux Français n’indique cependant pas qu’il en prend le chemin. Plein d’arrogance à son habitude, il feint d’ignorer la défaite de son camp. Il est vrai que la tentation est grande chez certains macronistes et LR de faire une alliance de la droite pour empêcher la gauche d’arriver au pouvoir. Philippe, Darmanin, Le Maire ou encore Gérard Larcher, le Président du Sénat, n’ont rien perdu de leur morgue. Une coalition Ensemble/LR n’a pour autant pas plus de chance de voir le jour que sous la précédente législature, ne serait qu’en raison des ambitions présidentielles de Wauquiez. Mais tout ce qui équivaudrait à reconduire d’une manière ou d’une autre l’ancienne majorité macroniste serait vécu comme une trahison tant par les électeurs de gauche que par les électeurs qui ont choisi le vote RN. Ce serait ouvrir un boulevard à Le Pen lors de la prochaine élection. En outre, loin de l’apaisement que souhaite le peuple, ce serait la voie ouverte à une forte explosion sociale. Pour l’éviter, le Nouveau Front Populaire doit rapidement proposer un premier ministre et un nouveau gouvernement au Président. Ne nous le cachons pas : ce n’est pas une promenade de santé qui attend les députés du NFP. Si comme le veut la tradition républicaine, le président Macron nomme un premier ou une première ministre issue du groupe arrivé en tête, le NFP aura une obligation de résultat. Les Français attendent une autre politique fondée sur la justice sociale, le pouvoir d’achat, l’égalité, la sécurité, la laïcité, les services publics. Bien sûr, ils attendent d’abord l’abrogation de la réforme des retraites. Alors que la construction de nouveaux logements n’a jamais été aussi faible, il faut une autre politique du logement. Sans majorité absolue des compromis seront nécessaires. Mais contrairement à ce qu’on nous serine depuis dimanche, un gouvernement de gauche ne serait pas plus exposé à une motion de censure qu’un gouvernement Ensemble/LR. Compromis ne veut pas dire compromission. (.../...)

Mis en ligne le 15 juillet 2024
Juin 2024

Au sommaire ce mois-ci

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (Mexique, Afrique-du-Sud, Iran) / p.3 à 6 : Place au débat : battre l’extrême-droite et la droite / p.7 : Les brèves de l’actualité sociale / p.8 : Communiqué de « Notre santé en danger »

L’édito de Pierre Kerdraon

Alors que se profile la venue de l’été, on aurait pu espérer en ce mois de juin, qui a parfois un air d’automne, retrouver calme et sérénité malgré une situation internationale toujours aussi tendue. C’était sans compter l’apprenti-sorcier qu’est Macron. En prenant la décision de dissoudre l’Assemblée nationale alors que rien ne l’obligeait à le faire malgré le mauvais score de sa candidate aux Européennes, le Président de la République démontre que, loin d’être un barrage contre le Rassemblement national, il est prêt à lui ouvrir toutes grandes les portes du pouvoir pour satisfaire son orgueil. N’est pas De gaulle qui veut. Les émeutes de juin 2023 n’ont pas grand-chose à voir avec l’explosion de mai 1968. En 1968, De Gaulle avait réussi à faire croire qu’il était le meilleur rempart contre l’explosion sociale. Aujourd’hui Macron, ce n’est pas « moi ou le chaos » c’est « moi et le chaos ». Gilets jaunes, réforme des retraites, casse des services publics, insécurité sociale grandissante, Macron est parvenu à susciter un tel rejet que même ceux qui s’apprêtent à se lancer pour son programme dans la bataille des législatives refusent de se référer à sa personne. Comment peut-il croire qu’il réussira à nouveau à constituer une majorité alors que certains sondages évoquent même la possibilité de la disparition du parti macroniste ? Et puis comment le croire quand il nous dit qu’il a entendu la colère du peuple quand son premier ministre annonce qu’il publiera le 1er juillet les décrets sur l’assurance chômage ?

Danger d’autant plus grand de voir le RN accéder au pouvoir qu’une partie de la droite n’hésite pas à faire alliance avec le parti de Bardella/Le Pen. Il est vrai qu’au fil des décennies ce qui sépare la droite et l’extrême-droite en matière de sécurité et d’immigration est devenu ténu. On l’a vu avec la dernière loi sur l’immigration. .../...

Mis en ligne le 18 juin 2024
Mai 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Argentine, Inde / Les bras m’en tombent : le salaire de Tavares / p.3 à 5 : Place au débat : réquisitoire contre cette Europe / p. 6 : Actualité sociale / Avez-vous remarqué : A propos de la dette / p. 7 : Actualité sociale / p. 8 : Coup de gueule : vers un retour au régime de Vichy ?

L’édito de Pierre KERDRAON

En ce début mai nos yeux sont tournés vers la Nouvelle Calédonie. L’explosion de violence de ces derniers jours a quelque chose à voir avec le projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales. Mais le vrai problème est avant tout social. Une partie importante des calédoniens notamment kanaks vit sous le seuil de pauvreté. Les prix en Nouvelle Calédonie sont jusqu’à trois fois plus élevés qu’en France métropolitaine. Alors oui certes il y a sans doute de l’ingérence étrangère, qu’elle vienne d’Azerbaïdjan ou de Chine mais il y a d’abord un terreau fertile qui explique qu’une partie de la jeunesse de Nouméa se livre à des exactions et des pillages, entrainant la population calédonienne dans la violence et dans la pénurie alimentaire et sanitaire. A l’évidence, la réponse ne peut pas être que sécuritaire. Comme après les émeutes de juin 2023 en métropole, il faut une réponse sociale et politique. Ne nous leurrons pas. Même si l’ordre est rétabli, tant que celle-ci n’aura pas été apportée le problème perdurera.

Comme il perdure sous forme larvée en métropole. La violence qui attise une partie de notre jeunesse encouragée par les réseaux sociaux témoigne d’une difficulté à trouver sa place dans un pays où l’écart entre les pauvres et les riches n’a jamais été aussi grand. Il ne faut pas s’étonner si une partie toujours plus grande de la population en France comme dans les autres pays démocratiques se tourne vers les solutions simplistes de l’extrême-droite. Le capitalisme qu’il soit ancien ou néo produit toujours plus d’inégalités.

L’accaparement du pouvoir par une élite, qu’elle se drape dans les habits de la droite ou d’une prétendue gauche devient de plus en plus insupportable à la population qui ne se sent pas entendue, voire qui a le sentiment, pas toujours faux, d’être méprisée. Cela renforce le repli sur soi, le rejet de l’autre, le racisme sous toutes ses formes.

Pour autant, il ne faut pas désespérer. Que ce soit dans les associations, dans les syndicats, dans certains partis politiques, des femmes et des hommes luttent chaque jour pour tenter d’imposer une autre logique, pour que les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité - ne soient pas seulement aux frontons de nos mairies mais soient partagées par la société toute entière. (...)

Mis en ligne le 20 mai 2024
Avril 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 5 : Place au débat : « Gigaspillages » avec notre argent / p 5 : Les bras m’en tombent / Casse de la SNCF et écologie / p.6 et 7 : Actualité sociale / p.7 : Avez-vous remarqué ? : Les lobbys de Bruxelles / p.8 : Coup de gueule : pour le gouvernement, le déficit, c’est les chômeurs !

L’édito de Pierre Kerdraon

Haro sur le déficit ! Telle pourrait être la nouvelle devise du gouvernement. Sous prétexte d’éviter une baisse de la notation de la France par les agences de notation - qui aurait pour conséquence d’augmenter le coût des emprunts pour l’Etat et donc de renchérir la dette -, les mesures proposées par le gouvernement qui consistent à diminuer les dépenses de l’Etat notamment en matière sociale vont à l’encontre du but recherché : la réduction du déficit. En effet, moins les Français ont d’argent, moins ils dépensent et donc moins l’Etat récupère de TVA notamment. Or, l’augmentation du déficit ne provient pas d’une augmentation des dépenses mais de moindres recettes pour l’Etat.

On ne peut pas s’étonner du déficit quand on additionne les cadeaux fiscaux consentis aux entreprises ces dernières années. Surtout que, dans le même temps, les bénéfices des actionnaires, notamment ceux des entreprises du CAC 40, n’ont jamais été aussi hauts, tandis que les bonus des dirigeants comme Thierry Desmarets, le PDG de Total, explosent.

Si le gouvernement était soucieux de justice sociale, nul doute qu’il commencerait par encadrer dividendes et bonus pour qu’une fraction soit reversée à la collectivité nationale.

Au lieu de cela, son totem – pas de hausse d’impôts - revient à faire peser la lutte contre le déficit sur les seuls salariés, qu’ils soient en activité, en maladie, au chômage ou à la retraite.

Encore que, pour le moment, ces derniers semblent exemptés, élections européennes obligent. Macron sait, en effet, qu’une partie non négligeable de son électorat se trouve parmi les retraités.

Alors, des pistes sont lancées comme de nouvelles réductions des indemnités chômage ou le licenciement des fonctionnaires. Pourtant, même le patronat apparaît réticent quant à de nouvelles mesures contre les chômeurs.

Quant à la question des licenciements des fonctionnaires lancée par le ministre de la fonction publique Guérini, elle apparaît surtout comme une attaque frontale et maladroite envers les syndicats au moment où ceux-ci sont engagés dans une négociation pour offrir des contreparties aux fonctionnaires qui seront mobilisés pendant les jeux olympiques et paralympiques.

De fait, toutes ces mesures annoncées ne vont pas favoriser le dialogue social alors qu’il faudrait au contraire souder la nation face aux échéances qui l’attendent. (...)

Mis en ligne le 21 avril 2024
Mars 2024

Au sommaire ce mois-ci

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 6 : Place au débat : le programme du CNR / p. 7 : Actualité sociale / p. 8 :Coup de gueule : grève à la SNCF, quelle horreur !

L’édito de Pierre Kerdraon

Décidément ce début d’année n’est pas meilleur que celui de l’an dernier pour le gouvernement et le Président. Aux manifestations contre la réforme des retraites de l’an dernier ont succédé les actions des agriculteurs y compris au moment de l’ouverture du salon de l’agriculture. Malgré les annonces faites par les uns et les autres, la colère du monde agricole n’est pas retombée. La question de l’avenir de l’agriculture reste posée. Les chantres de la décroissance au niveau européen n’ont pas désarmé comme le prouve le traité de libre-échange signé avec le Chili.

La grogne des agriculteurs s’étend aux pécheurs qui connaissent les mêmes difficultés.

De leur côté, les cheminots ont osé faire grève au moment des vacances scolaires des franciliens notamment, s’attirant les foudres tant du Premier ministre que de la droite, toujours prompte à vouloir supprimer ou limiter le droit de grève

Après les premières mesures antisociales annoncées par Gabriel Attal, le gouvernement vient d’annoncer la suppression de 10 milliards de dépenses en 2024 qui pourraient être suivis par le double en 2025. En cause, le manque de croissance. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement n’a toujours pas compris que la politique de l’offre ne marchait pas et que si on veut favoriser la croissance, alors il faut permettre aux Français de dépenser davantage en augmentant les salaires et les retraites.

Au lieu de taxer davantage les plus riches, le gouvernement va à nouveau s’en prendre aux plus faibles comme les chômeurs et les malades. Malheureusement, force est de constater que cette politique antisociale ne profite pas à la gauche qui plafonne dans les sondages.

Malgré son double langage, le Rassemblement national qui n’a jamais proposé des mesures de justice et d’égalité semble attirer les faveurs de nos compatriotes.

On l’a vu ces derniers jours à l’occasion de la révision de la constitution pour faire entrer timidement le droit des femmes à disposer de leur corps comme elles le veulent. Même si elle a voté cette révision, la réalité c’est que Marine Le Pen et son parti sont contre l’avortement même s’ils n’osent pas le proclamer. (...)

Mis en ligne le 15 mars 2024
Février 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 6 : Place au débat : un prof d’économie de gauche qui perd le nord / p.7 : Actualités sociales / p. 8 : Coup de gueule : colère des agriculteurs : et si on cessait les faux-semblants ? »

L’édito de Pierre Kerdraon

Les rumeurs se sont révélées fondées : c’est donc bien Gabriel Attal qui a été nommé Premier ministre. Malgré le « en même temps » de 2017, malgré le fait qu’Attal a été membre pendant 10 ans du Parti socialiste, son discours de politique générale du 30 janvier a révélé la réalité : il s’agit d’un homme de droite, très marqué par l’ultralibéralisme cher à Macron. Ses premières annonces ne laissent aucun doute à ce sujet, comme sa volonté de remplacer l’allocation spécifique de solidarité, créée il y a quarante ans, par le régime de solidarité active (RSA), alors même que ses bénéficiaires – chômeurs n’ayant plus de droits -ont pour beaucoup plus de 50 ans et n’ont que peu de chance de retrouver un emploi. Nul doute que si cette mesure est mise en place, cela va encore accroître le nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté, qui a explosé depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Sans compter que ce sera encore un transfert de charges de l’Etat vers les départements. Autre mesure annoncée, celle de remplacer une partie du parc de logements sociaux par des logements de type intermédiaire, ce qui aura pour effet de rendre encore plus difficile l’accès des personnes en situation de précarité à des logements sociaux, voire très sociaux. A cela s’ajoutent les décisions sur l’augmentation de la fiscalité sur l’énergie ou l’augmentation du reste à charge pour les patients. Et Bruno Lemaire, ministre de l’économie, annonce des mesures encore pires en 2025 avec l’objectif d’une réduction importante du déficit public qui se traduira forcément par moins de moyens pour l’action publique. Ceci sans compter les mesures visant à tenter d’apaiser la grogne sociale en cette année d’élections européennes.

A peine arrivé au poste de Premier ministre, Gabriel Attal est amené à faire face à une fronde du monde agricole, confronté à la fois pour une partie des agriculteurs à des difficultés liées aux revenus qui baissent en particulier du fait des accords de libre-échange mais aussi à sa survie dans les années qui viennent, notamment du fait du changement climatique. En 30 ans, le nombre d’agriculteurs a été divisé par deux et la moitié des agriculteurs d’aujourd’hui prendra sa retraite dans les années qui viennent. Même si certains syndicats ont appelé les tracteurs à rentrer dans leurs fermes, il ne faudrait pas croire que la crise est terminée. Le mouvement de solidarité qui s’est exprimé à travers le pays a dopé les agriculteurs qui ne se satisferont pas de promesses et de mesurettes. Et ce d’autant que le salon de l’agriculture a lieu dans quelques jours et que les élections européennes auront lieu au mois de juin.

Autre point en exergue en ce début d’année : l’éducation. Il ne fait pas de doute que la nomination d’Amélie Oudéa-Castéra à l’éducation constitue pour une bonne part de ce ministère, y compris pour des responsables administratifs comme le recteur de Paris, une forme de provocation. (...)

Mis en ligne le 8 février 2024
Décembre 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Argentine, victoire du candidat ultra-libéral / p.3 à 6 : Place au débat : Les services publics en Europe (1ère partie) / p.7 : Actualité sociale : Comment les syndicats américains ont fait plier Ford... et pourraient inspirer les ouvriers français / p. 8 : Coup de gueule : Réduire la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans – Les bras m’en tombent : Le livret A au service des entreprises de défense

L’édito de Marinette Bache

Nous arrivons au terme d’une année qui aura été bien difficile pour les salariés et tous ceux qui vivent de leur travail.

Comment ne pas commencer par rappeler les grandes mobilisations contre le saccage de nos retraites ? La « réforme » Macron sert d’abord le profit immédiat du patronat qui depuis longtemps veut la suppression de cette part de nos salaires qui, depuis l’après-guerre, finance notre protection sociale ; cette « réforme » sert ensuite le profit futur des sociétés financières qui proposeront, à ceux qui seront en mesure de se les offrir ou qui s’y contraindront pour ne pas risquer de tomber dans la misère, des produits assurantiels remplaçant la Sécu. Le peuple français ne s’y est pas trompé ; il s’est levé en masse contre cette infâmie. Il y a bien longtemps que la France ne s’était pas couverte, de Paris aux sous-préfectures, d’immenses cortèges chaque semaine renouvelés.

L’occasion de remettre quelques chiffres en mémoire : les 500 plus grosses fortunes françaises ont vu leur richesse augmenter de 30% en un an, soit 1000 milliards ; les 40 plus grosses sociétés du CAC 40 ont distribué un record de 80 milliards de dividendes à leurs actionnaires l’année précédente ; les revenus financiers représentent 385 milliards annuels qui ne cotisent pas pour les caisses de retraite. Faire cotiser les revenus financiers au même taux que les salaires (11%), rapporterait 40 milliards ! Faire contribuer 2% des 1000 milliards des plus grosses fortunes rapporterait 20 milliards. Cela n’a, évidemment, pas été le choix des libéraux qui nous gouvernent. Pour combler un prétendu « trou » des caisses de retraites qui n’existe pas (cf nos numéros de début d’année), ils ont préféré reculer l’âge de la retraite à 64 ans.

La suite, nous la voyons aujourd’hui où des ministres envisagent froidement de diminuer la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans : ils n’ont honte de rien !

La Sécurité Sociale, c’est l’épouvantail des libéraux. Un seul objectif : détruire ce système de protection sociale à la française, mis en place à la Libération sous l’impulsion d’Ambroise Croizat. La Convergence nationale des collectifs de défense et développement des services publics -dont Réso est membre- nous le rappelle : Après la réforme des retraites, le gouvernement utilise son 20ème article 49-3 pour imposer son budget d’austérité pour la Sécu , il impose des économies sur l’ensemble de la protection sociale : attaques des complémentaires Agirc-Arrco, casse du RSA, casse de l’assurance chômage, quasi suppression de l’Aide Médicale d’État (AME), réduction drastique de l’Aide Personnalisée au Logement (APL)… Lors du congrès de la CFTC, Dussopt n’a pas hésité a annoncé le plan d’ensemble de remise en cause du système social français au prétexte habituel de la compétitivité des entreprises, de la volonté de libérer le patronat de lourdes cotisations qu’il s’obstine à nommer « patronales » alors qu’elles sont partie de notre salaire. Il s’agit en fait de remplacer notre système de solidarité républicain par un filet de charité à l’américaine. Nous reviendrons en janvier sur l’ensemble de ce dangereux projet.

La situation de nos compatriotes est de plus en plus intenable. D’un côté, le CAC 40 affiche des profits record. Et c’est le FMI qui affirme que depuis 2022 la hausse des profits est responsable de 45 % de l’inflation ! Résultat ? c’est l’hécatombe pour les petites et moyennes entreprises, étranglées par la hausse des prix de l’électricité, par le resserrement du crédit et les stratégies des grands groupes et l’emploi en prend un coup, alors que nous avons déjà 6 millions de chômeurs ! Des millions de Français et de Françaises sont cruellement touchés par l’inflation, en particulier les jeunes et les femmes dont le statut est davantage précaire (de plus, ce sont des femmes qui gèrent 80% des familles monoparentales). Ainsi, l’ONG Oxfam estime entre 5 et 11 millions de personnes pauvres en France, 17 % de la population sous le seuil de pauvreté, la moitié des pauvres vivent avec 885 d’euros mensuels ou moins. A la pauvreté pécuniaire, s’ajoutent la précarité énergétique (voir la facture d’électricité, beaucoup ne peuvent plus se chauffer), la précarité alimentaire (de nombreux Français ne peuvent plus se nourrir correctement alors que les bénéfices de la grande distribution se sont envolés de +25%) ou encore la précarité numérique (alors que la numérisation se généralise, y compris dans les administrations, nombreux sont ceux qui ne peuvent payer un accès à internet ; rappelons que tous les fournisseurs sont privés). En France 21 % de la population soit plus d’une personne sur cinq est concernée. (.../...)

Mis en ligne le 10 décembre 2023
Novembre 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : On vote au Chili / p.3 à 6 : Place au débat : Notre boussole contre l’extrême-droite / p.7 : Actualité sociale : Le RSA – Avez-vous remarqué ? Les oukazes libérales de Bruxelles sur la SNCF / p. 8 : Coup de gueule : La poste veut-elle encore s’occuper du courrier ? – Les bras m’en tombent : Nominations à la légion d’honneur

L’édito de Marinette Bache

Certes, la situation au Proche-Orient qui risque d’embraser au-delà de la Palestine, occupe nos pensées d’autant plus qu’elle fige chacun sur ses soutiens alors que la recherche d’une solution de paix juste exigerait de s’attacher à la Raison et à la diplomatie (quelle perte que la disparition de la voix de la France…) et d’apporter un soutien sans faille à ceux qui, de part et d’autre -et même si, aujourd’hui, ils sont peu nombreux- recherchent une voie de paix.

Cependant, on ne doit pas se laisser détourner du fait, qu’en France, Macron continue de mener une guerre sociale sans merci contre le monde du travail qui a entrainé la révolte populaire des gilets jaunes fin 2018 -et cette blessure n’est pas refermée- et le formidable mouvement contre la réforme des retraites de janvier à mai de cette année -qui a démontré l’ampleur du rejet de ce pouvoir. Malgré cela, le gouvernement libéral de Macron continue d’éclater notre société, de brader emploi et industrie, de détruire nos services publics, de s’en prendre à tous nos systèmes de solidarité -et au 1er rang à la Sécurité sociale.

Le vote du budget de la Sécu démontre que le gouvernement n’a pas changé depuis les grandes mobilisations contre la casse des retraites. La même politique libérale comme les mêmes méthodes anti-démocratiques sont à l’œuvre. Ce projet de loi avait été rejeté par la commission des Affaires sociales ; il avait reçu un avis défavorable de l’union nationale des complémentaires santé et de la Mutualité française ; enfin il rencontrait une opposition unanime des organisations syndicales et des groupes parlementaires -à l’exception des Macronistes. Alors la 1ère ministre en est revenue à ses bonnes vieilles méthodes : le 49-3.

Cette unité contre le PLFSS a cependant fait reculer l’Exécutif sur plusieurs des mesures qu’il avait envisagées : Ainsi il n’y aura pas d’augmentation des franchises médicales alors que la 1ère mouture prévoyait de doubler les franchises médicales qui seraient passées, pour le patient, de 50 centimes à 1 euro à chaque boîte de médicaments et également de 1 à 2 euros pour la consultation médicale. Même recul sur la ponction envisagée sur les excédents de l’Agirc-Arrco. L’unité syndicale, de la CGT à la CFE-CGC en passant par FO et la CFDT et l’ensemble des autres organisations, paie. Dans le même registre, la « Conférence sociale sur les bas salaires » a accouché d’une souris : la création d’un Haut conseil des rémunérations et l’annonce d’un comité chargé d’étudier l’articulation entre salaires, exonérations de cotisations et versement de la prime d’activité. Elisabeth Borne n’a évoqué aucune mesure en faveur des bas salaires, même pour les fameuses « deuxièmes lignes », tant saluées pendant la pandémie de Covid-19 et dont on voit encore l’efficacité des « lignards » d’Enedis lors de la tempête Ciaran.

La question des demandeurs d’emploi est également traitée avec le même mépris. L’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) établissement public administratif créé en 1967 avait pour but de centraliser les offres et les demandes d’emploi, d’effectuer des statistiques sur le nombre de demandeurs d’emploi et d’aider les chercheurs d’emploi dans leurs démarches. Avec l’Unédic, elle formait le service public de l’emploi et concrétisait le droit au travail reconnu par la Constitution de la Vème République. L’ANPE a subi une première attaque en 2008 sous Sarkozy quand elle a été fusionnée avec les Assédic pour devenir « Pôle emploi ». Nous avons franchi, le mois dernier, une nouvelle étape par la transformation de « Pôle emploi » en « France Travail » dont le 1er objectif est de culpabiliser les chômeurs et de faciliter leur mise à l’écart de la société. La 1ère mesure en est un exemple : le RSA sera conditionné à 15 heures de travail hebdomadaire ; salauds de pauvres, quoi ! (...)

Mis en ligne le 17 novembre 2023
Octobre 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (Turquie, Canada, Iran) / p.3 et 4 : Place au débat : Enseignement privé subventionné = facteur de discrimination / p.4 et 5 : Place au débat : L’habillage démagogique de l’austérité / p.6 : Les bras m’en tombent : Vente à perte de carburant, faire autrement / Avez-vous remarqué ? Rachat des tribunes Arabelles / p.7 : Actualité sociale : Mobilisation unitaire du 13 octobre/ p.8 : Coup de gueule : Scandale à la BPI ?

L’édito de Marinette Bache

Il ne m’est pas envisageable de commencer l’édito de ce mois sans un hommage aux victimes de l’attentat islamiste perpétré par le Hamas en Israël. C’est un acte de terrorisme non de résistance : il s’en prend aux civils sur le territoire légitime d’Israël. Le Hamas n’est pas l’autorité légitime de la Palestine, c’est un groupe terroriste. La solidarité avec les otages, les victimes, les familles ne se discute pas et ne s’affuble pas de « mais ».

Femmes violées et démembrées, enfants et bébés assassinés, certains décapités, vieillards emmenés en otages, ce n’est pas une guerre menée au nom de la Palestine, c’est de la barbarie. Il est bien évident que le Hamas se moque des civils palestiniens qui vont subir les inévitables représailles israéliennes ; qu’il se moque de la Palestine : les islamistes ne veulent pas d’Etat hors celui de la charia globale. Que va devenir la gauche israélienne, déjà mal en point mais quelque peu revigorée par les récentes manifestations contre Netanyahou, celle qui portait la volonté de paix par la création de 2 états dans des frontières reconnues ? Que va simplement devenir l’idée d’un état palestinien ? Que vont devenir les jeunes et courageux Palestiniens qui s’opposaient dans les rues de Gaza à la volonté d’embrasement du Hamas comme au pillage et à la terreur qu’il y exerçait ? Selon Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, « L’attaque du Hamas résulte de la conjonction d’une organisation islamiste fanatique et d’une politique israélienne imbécile ». Sera-t-il possible de continuer à œuvrer pour la Paix ?

Ce ne sera certes pas en proclamant l’extermination des Juifs et la destruction d’Israël ; ce ne sera pas non plus en occupant illégalement des territoires et en maintenant un peuple tout entier dans des conditions inhumaines et en les privant d’accès aux besoins essentiels. Aujourd’hui les extrémistes ont gagné. Et pourtant ce sont les incorrigibles porteurs d’espoir qui auront besoin de notre soutien sans faille.

Mis en ligne le 15 octobre 2023
Septembre 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (Etats-Unis ; Italie) / p.3 à 6 : Place au débat : La 5ème branche, perte d’autonomie / p.6 : Avez-vous remarqué ? La désindustrialisation continue / p.7 : Actualité sociale : Pétition pour que le budget de la Sécu réponde aux besoins de la population / Les bras m’en tombent : le ministère du Travail forme les employeurs contre l’action de ses agents et les réclamations des salariés / p.8 : Coup de gueule : Faut-il crier haro sur les dépenses publiques ?

L’édito de Marinette Bache

Merci Bernard ! Si, si, merci vraiment.

Bernard Arnault, 1ère fortune du monde selon le magazine économique Forbes, vient de verser, par l’intermédiaire de son entreprise LVMH la somme de 10 millions d’euros aux Restos du Cœur.

Sa fortune étant estimée à 210 milliards d’euros et si on évalue le revenu moyen des Français à 2524 € mensuels (selon l’INSEE, ce chiffre étant très tiré à la hausse par les très hauts revenus), si vous ou moi avions fait un geste d’une même ampleur, nous aurions versé au plus 12 centimes aux Restos du Coeur ! Vraiment merci Bernard !

Eh bien, oui, merci Bernard. Merci Bernard car ce geste, équivalent à 12 cts -qui a fait l’admiration des médias et a été salué par le gouvernement- n’a pas trompé les Français. Ils ne sont pas tombés dans le panneau de cette charité orchestrée. Ils savent que LVMH va récupérer des exonérations fiscales et que donc, ce sont eux qui vont finalement payer cette « générosité ». Les Français prennent conscience que si les Restos du Cœur sont en grande difficulté financière, c’est que le nombre de personnes devant faire appel à eux augmente et que le nombre de ceux qui leur donnaient diminue. Pourquoi ? Parce que la politique économique et sociale, menée par Macron au service de M. Bernard Arnault et de ses amis, les appauvrit de jours en jours.

Monsieur Bernard Arnault, Messieurs et Mesdames Macron, Borne, Le Maire et compagnie, ce n’est pas la charité que réclament les Français, c’est la justice, l’égalité, la solidarité.

La justice. Fiscale en l’occurrence. Il ne s’agit pas de « baisser les impôts », il s’agit qu’ils soient justement répartis. Vous vous en êtes pris à la progressivité de l’impôt sur le revenu, vous avez baissé l’impôt sur le capital. Vous avez supprimé l’impôt sur les grandes fortunes. Monsieur Arnault peut bien nous faire cadeau de ses 12 centimes à lui, ce n’est pas ça la justice. L’égalité. Depuis toujours, en France, elle est assurée par les Services publics qui permettent, à la fois, l’égalité des territoires et l’égalité des personnes. Vous tuez les Services publics en coupant leurs financements. Ecoles, hôpitaux, énergie, protection sociale, transports, environnement, police de proximité, communications, poste, etc, tous permettaient à chacun de nous d’accéder à des services quels que soient notre lieu d’habitat ou notre situation personnelle. C’est l’Etat qui les organisait, pas la charité de dames patronnesses qu’il nous faudrait admirer et remercier. C’était ça la République.

La solidarité. C’est la protection des Français. De ceux qui n’ont pas de fortune personnelle. C’est, bien sûr, la sécurité sociale que vous cassez un peu plus à chaque plan de financement. C’est l’assurance chômage que vous saccagez à coups de décrets. C’est la protection sociale (RSA, allocations diverses pour les plus démunis ou les familles…) que vous décentralisez auprès de collectivités que vous avez privées de moyens financiers. C’est le droit du travail qui ne protège plus face au patronat tout puissant. (...)

Mis en ligne le 24 septembre 2023
Juillet/août 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité sociale : Valdunes : préserver l’emploi, les compétences et la souveraineté économique / p.3 à 6 : Place au débat : La crise du logement / p.6 : Actualité sociale : L’embrasement des cités / p.7 et 8 : Coup de gueule : Bac, Pacte, Stat’, Parcoursup et Cie / p. 8 : En matière de batteries de voitures électriques, l’Union européenne n’a pas les moyens de ses ambitions...

L’édito de Marinette Bache

Un jeune de 17 ans a été tué par un policier. Ce n’était pas un ange ; ce n’est pas un héros. Sans permis, au volant d’une voiture volée, il a refusé de se soumettre à un contrôle. EN AUCUN CAS, CELA PEUT JUSTIFIER DE LE TUER. C’est d’abord et avant tout ce qu’on doit affirmer.

On ne peut que constater que le nombre de tirs mortels de policiers contre des véhicules a été multiplié par cinq en six ans, c’est-à-dire depuis la loi du 28 février 2017 qui a aligné le cadre d’usage des armes par les policiers sur celui des gendarmes. Pendant ce temps, l’usage des armes à feu par les gendarmes n’a cessé, lui, de diminuer. Cela mérite qu’on s’interroge. Si l’abrogation de cette loi semble aller de soi, cela ne règlera pas tout : ni la grande utilité d’une véritable formation pour les jeunes policiers, ni la nécessaire ré-appréhension de leur rôle de fonctionnaire, d’autorité certes, mais de fonctionnaire garant d’un ordre républicain… ni leur immense trouille à rentrer chez eux, peur de se faire agresser particulièrement pour ce qui concerne les jeunes policièrEs ! On mesure l’étendue des dégâts provoqués par la suppression de la police de proximité par Sarkozy. Ce n’est certes pas les shérifs de la BAC ou de la Brav-M qui peuvent remplir ce rôle ; on l’a d’ailleurs déjà constaté lorsque le maintien de l’ordre leur a été confié pour les manifestations.

On ne peut pas dédouaner non plus l’institution judiciaire. Ni quand les dénis de justice sont monnaie courante : lenteur judiciaire, non-lieux à répétition, refus de reconstitution, entraves multiples, refus de suspendre les policiers incriminés, etc. Ni quand les délinquants avérés arrêtés sont immédiatement remis à la rue sans aucun suivi judiciaire. Ordre et justice vont de paire. Si l’extrême droite se réjouit d’un désordre qui lui rapporte et souffle sur les braises et si certains syndicats de policiers -y compris l’UNSA dont on attendait autre chose- tiennent des propos séditieux, rien, rien, ne légitime la mise à sac des banlieues. Être de gauche, tout simplement être progressiste, ce n’est pas seulement appeler au calme, c’est le ferme refus des violences qui ont eu lieu, la défense sans condition des services publics, la condamnation absolue de leur pillage.

Ceux qui cassent et brûlent dans nos banlieues ne représentent pas tous les jeunes.

La plupart restent avec leurs parents et déplorent avec eux, la mise à sac de l’école qu’on mettra 2 ans à reconstruire, des locaux de l’association où on pouvait aller parler et chercher de l’aide, créer ensemble une vie de quartier, des bureaux de la CAF, de la CPAM, du supermarché, du bar-tabac, de l’épicerie du coin, de la voiture de la mère et du bus du père qui permettaient d’aller travailler et de faire vivre le foyer…

Ceux qui participent à cette prétendue « révolte », qui n’est qu’une casse organisée par des décérébrés, doivent être arrêtés et sanctionnés sévèrement. Le peuple des banlieues qui a subi ces émeutes dévastatrices l’exige. Il n’a pas besoin d’une charitable complaisance bourgeoise, il a besoin que la République s’implique tant dans la sanction de ce chaos que dans la construction de l’avenir. Et je ne parle pas des habitants des zones rurales qui se savent au moins aussi abandonnés que les habitants des « quartiers », privés qu’ils sont de services publics, d’hôpitaux et de médecins d’emplois, d’écoles, de commerces de proximité … et qui ne se sont pas acharnés à les détruire lors de la révolte des « Gilets jaunes » !

Maintenant que faire ? (.../...)

Mis en ligne le 7 juillet 2023
Juin 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (le trafic aérien en Europe ; Berlusconi ascension et disparition d’un leader de la droite extrême) / p.3 à 6 : Place au débat : La loi partage de la valeur / p.6 : Avez-vous remarqué ? On regarde les Français à l’étranger… / p.7 et 8 : Actualité sociale : Feuille de route pour la défense des services publics adoptée à Lure / p.8 : Coup de gueule : La bombe sociale de la crise du logement

L’édito de Marinette Bache

Ainsi donc, après avoir refusé que le peuple français s’exprime sur sa loi retraite, Macron refuse -et la présidente-marionnette de l’Assemblée nationale s’exécute- de soumettre au vote des représentants élus du peuple une initiative parlementaire permise par la constitution. Ainsi donc, alors qu’ils n’ont pas hésité à employer toutes les manipulations offertes par la constitution de la Vème République pour faire passer la remise en cause des retraites (49-3 successifs à l’Assemblée nationale, 44-3 et 47-1 au Sénat), Macron et ses sbires gouvernementaux et parlementaires qui défendent les mêmes intérêts que lui, ceux de la finance mondialisée, refusent de mettre aux voix des députés la proposition du groupe LIOT consistant, non pas à instaurer une avancée révolutionnaire, mais simplement à ramener la retraite à 62 ans. Par décision de la présidente de l’Assemblée nationale prise au lendemain de la 14ème journée de mobilisation contre le funeste projet gouvernemental, les députés n’examineront pas l’amendement d’abrogation de la retraite à 64 ans Alors qu’il sait que plus de 80% du peuple français refuse sa loi, Macron choisit de répondre aux intérêts de ses mandants et de leurs valets de la Commission européenne, en persistant à déconstruire le système social français -ici celui des retraites- issu des grandes réformes d’après-guerre et ceci par, à nouveau, l’emploi d’un subterfuge institutionnel. C’est dangereux pour la vie démocratique de notre pays. « Quand règne le fait du prince, comment continuer à croire au jeu démocratique ? », risquent de se demander de plus en plus de Français. Qu’on ne nous fasse plus jamais le coup de la démocratie contre Le Pen. C’est bien sûr sur ce (non-) choix que comptent les libéraux, mais on arrive au bout de la manipulation et les conséquences peuvent être terribles.

Ce 6 juin dernier, plus de 900 000 manifestants ont encore battu le pavé dans plus de 250 rassemblements pour la 14ème journée de mobilisation contre la retraite-Macron. Certes cela n’a pas empêché le passage en force 2 jours plus tard. Mais l’avertissement envoyé au gouvernement de Macron est clair : les Français refusent de tourner la page et sont toujours aussi nombreux à être opposés à la réforme gouvernementale ; ils soutiennent toujours les mobilisations et cela malgré les répressions et les atteintes au droit de manifester. Les « casserolades » ne sont pas terminées. (...)

Mis en ligne le 20 juin 2023
Journal RESO n° 225 - Mai 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 6 : Place au débat : La France est-elle championne du monde des dépenses sociales ? / p.6 : Avez-vous remarqué ? : Pap Ndiaye toujours contre la République – Les bras m’en tombent : Droit de grève mis en cause à Vertbaudet / p.7 : Actualité sociale : Le mépris pour la Fonction publique en action / p.8 : Coup de gueule : Nouvelle loi travail, de qui se moque-t-on ?

L’édito de Marinette Bache

- 16% des Français, 50 % des étudiants- ne mangent pas à leur faim. La part des Français se privant de nourriture est en effet passée de 12 à 16% en six mois, selon une étude du Crédoc. Et pour ceux qui ont les moyens de manger à leur faim, 1 sur 2 reconnait avoir baissé la qualité de ses repas et ne plus pouvoir acheter tous les produits qu’il souhaiterait. Les femmes sont les plus touchées de même que les jeunes : 24 % des moins de 40 ans sont en précarité alimentaire. Voilà la France de Macron.

- Camaïeu, Gap, La Grande Récré, Go Sport... autant d’entreprises rachetées pour 1 € par le milliardaire Michel Ohayon et qui affichent aujourd’hui un triste bilan : des milliers de salariés sur le carreau ou en voie de l’être. Mais l’homme d’affaires vient de vendre son incroyablement luxueux hôtel particulier parisien, acheté en 2018, pour la somme de 38 millions d’euros. Voilà aussi la France de Macron.

- La France de Macron, c’est aussi l’indécence de Bruno Le Maire, le ministre-écrivaillon qui ose, avec ses 10000€ nets mensuels, parler du prix des pâtes et de ses difficultés à nourrir ses enfants pendant que 10 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté.

- La France de Macron, c’est quand le « méprisant de la République » qui a osé, contre plus de 80% des Français, remplacer les 2 meilleures années de nos retraites par les 2 pires années de travail, nous annonce « la fin de l’abondance ». Pour qui cette « fin de l’abondance » ? Certainement pas pour ceux qui ont perdu leur travail… surtout après la réforme de l’allocation chômage, pas pour ceux qui survivent avec le RSA… et que l’on veut contraindre à travailler sans vrai salaire, pas pour ceux qui ne peuvent plus se soigner d’autant plus que les hôpitaux sont surbookés et étranglés par une gestion comptable, pas pour ceux qui n’allument plus le chauffage ni l’électricité… Sans parler de tous ceux qui vivaient sur la ligne de crête, refusant par dignité de demander une aide -à laquelle, souvent ils auraient eu droit, tous ceux qui se seraient la ceinture pour atteindre la fin du mois sans trop être dans le rouge, ceux qui ne partaient plus qu’une semaine en vacances -et encore : bien heureux … tous ceux-là qui sont en train de passer du mauvais côté de la barrière.

- La France de Macron, c’est le déni de démocratie au Parlement -on l’a vu avec l’emploi du 49-3 à l’Assemblée nationale et du 44-3 au Sénat,on le voit avec le refus de la proposition du groupe LIOT, c’est aussi la remise en cause du droit de grève et de manifester. C’est la répression contre les salariés, les arrestations de délégués syndicaux, les violences contre les grévistes. C’est les défilés « nassés », les manifestants matraqués, blessés, hospitalisés. C’est les manifestations interdites, les « casserolades » décrétées hors-la-loi, …

- Dans la France de Macron on s’invente un masque vert : le nouveau crédit d’impôt annoncé pour « l’industrie verte » est évalué à 20 milliards d’euros et ce sont les Français, avec l’argent public, qui versent 5 000 € à ceux qui peuvent se payer une Tesla à 47 000 € ! Sa "transition énergétique", c’est le gros lot pour le PDG, Elon Musk. (...)

Mis en ligne le 28 mai 2023
Avril 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : BRICS ; Chili / p.3 à 6 : Place au débat : Macron au cœur du fiasco du libéralisme / p. 6 : Avez-vous remarqué ? : Entreprise SEGAULT, attention danger – Les bras m’en tombent : Quand le principe de précaution tourne à la farce / La SNCF n’existe plus / p. 7 : Actualité sociale : Appel pour Lure & MANIFESTATION SERVICES PUBLICS LE 13 MAI / p.8 : Coup de gueule : Des morts qui n’auraient pas dû avoir lieu

L’édito de Marinette Bache

Le Conseil constitutionnel vient de déclencher une fureur populaire dont personne ne sait aujourd’hui comment elle va s’exprimer ni quelle ampleur elle va prendre.

Il vient de valider cette loi inique en faisant fi du déni de démocratie dont elle a fait l’objet. Il est incompréhensible que la loi n’ait pas été jugée inconstitutionnelle ; de nombreux et réputés professeurs constitutionnalistes avaient relevé les différents arguments qui n’auraient pu manquer de sauter aux yeux des prétendus « sages » : depuis la manière dont se sont déroulés les débats, sans vrais « débats » justement, jusqu’au fait que cette loi ne pouvait être discutée de cette façon sous la forme d’une loi ordinaire. La procédure a été dévoyée, à l’image de l’abus du 49-3 à l’Assemblée et l’usage du 47-1 au Sénat alors qu’aucune « urgence » ne le justifiait.

Le Conseil constitutionnel vient de se conduire en « Conseil du roi ». Il ne s’est pas contenté d’interpréter le droit, comme tel est son rôle, il a pris une décision politique. Il a validé toutes les procédures anti-démocratiques -et présidentialistes de la 5ème République- bafouant la représentation parlementaire. Il a fait fi de la souveraineté populaire qui s’exprime dans la rue depuis plusieurs mois avec beaucoup de calme et de dignité malgré le mépris et la violence qu’on lui oppose.

Notons que ce que le Conseil constitutionnel a censuré, ce sont les mesurettes destinées à atténuer les conséquences sociales de la loi… et à « acheter » les pauvres consciences des députés LR, qui vont désormais se retrouver seuls face à leurs électeurs auxquels ils devront expliquer à quelles manœuvres ils ont participé. Loin de contrôler l’Exécutif, comme c’est de leur compétence, les membres du Conseil se sont conduits en fidèles exécutants d’une politique libérale de casse sociale. Pour le Peuple de France, ces faux sages ont rejoint le camp de leurs ennemis.

Le Conseil constitutionnel a également refusé de valider la 1ère mouture d’un référendum d’initiative populaire (une 2ème est déposée), qui aurait permis au peuple de s’exprimer dans le cadre d’un débat organisé, calme, clair, argumenté.

Ces décisions abiment encore un peu plus notre République, ses institutions et la démocratie. Elles élargissent le fossé creusé entre les Français et leur représentation institutionnelle. Ceci est d’une extrême gravité. La confiance que les Français avaient dans leur République et ses institutions -même lorsqu’ils en souhaitaient d’autres- est en train de se déliter. On savait que Macron et son gouvernement, en valets de la Finance, voulaient détruire le modèle social français issu de la Libération. On voit aujourd’hui que c’est à la République et à la démocratie qu’ils s’en prennent avec la complicité active des 9 supposés « sages ». (.../...)

Mis en ligne le 19 avril 2023
Mars 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Haut-Karabakh et Chili / p.3 à 6 : Place au débat : Nationalisation d’EdF contre retour d’Hercule / p. 6 : Avez-vous remarqué ? : Désindustrialisation et libre échange / p. 7 et 8 : Coup de gueule : Les conseils en économie d’énergie au 20h de TF1 / p.8 : Les bras m’en tombent : « En 75 ans, ils n’ont pas changé »

L’édito de Marinette Bache

9 voix. Il a donc manqué 9 voix pour que la motion de censure consécutive au projet de loi gouvernemental sur les retraites soit votée. Saluons les députés -y compris ceux qui ont pris le risque de s’exprimer contre la consigne de leur groupe- qui ont entendu la colère du peuple. A la suite, Macron a de nouveau étalé son mépris pour près de 80% des Français qui refusent cette réforme en ne tirant aucune leçon de cet épisode. Il ne remaniera pas le gouvernement, il ne dissoudra pas l’Assemblée nationale, il ne décidera pas de consulter le peuple français. Et tandis qu’il refuse de recevoir les organisations syndicales, Borne, elle, a l’aplomb de regretter, au perchoir, le peu de débat au Parlement alors qu’elle a constamment utilisé les articles 49-3 et 44-3. Leur suffisance est sans limite. Ce seront eux les responsables de l’installation possible d’un chaos généralisé dans notre pays. On ne peut reprocher aux Français de perdre le calme qui a présidé à toutes les nombreuses et considérables manifestations qui se sont tenues depuis le début du mouvement social. Cette « réforme » des retraites qui tourne le dos à ce qu’est la France, contribue à élargir un peu plus le gouffre qui s’est ouvert entre le peuple et les institutions censées le représenter mais dont, il faut le rappeler, elles n’ont obtenu dans les urnes qu’entre 20 et 25% d’approbation. On ne gouverne pas sereinement quand les ¾ de la population sont contre vous. Et quand on passe en force, il y a un retour de bâton.

D’un point de vue constitutionnel, sur proposition du groupe communiste et avec le soutien de l’Intersyndicale, 252 députés ont déposé le 17 mars un projet de loi référendaire interdisant de repousser l’âge de départ à la retraite. Dès que le Conseil constitutionnel donne le feu vert, la réforme des retraites est suspendue pour neuf mois, le temps d’organiser et de mener une grande campagne populaire pour recueillir les signatures de 10% du corps électoral, soit environ 4,7 millions de personnes. Ce chiffre est atteignable, avec les organisations syndicales qui maintiennent leur précieuse unité, avec le soutien des partis de gauche et des politiques sincères qui refusent de se couper de leur base, avec les 80% de Français qui refusent le diktat ultra-libéral de Macron, Borne et Cie.

Mis en ligne le 22 mars 2023
Février 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Avez-vous remarqué ? la mobilisation des jeunes et de nouveaux manifestants / p.3 à 6 : Place au débat : La refondation de la santé / p. 6 : International : Grande-Bretagne et Portugal / p. 7 : Actualité sociale : Convergence pour nos retraites, nos services public et notre Sécurité sociale / p.8 : Coup de gueule : Éducation nationale : quand on atteint le fond, la Cour des Comptes suggère de creuser encore un peu

L’édito de Marinette Bache

- Chaque année les entreprises reçoivent 157 milliards d’aides publiques ; elles en reversent 80 à leurs actionnaires.
- Vinci affiche en 2022 un bénéfice net de 4,26 milliards d’euros soit une hausse de 64%. La moitié provient de sa branche autoroutière ; Vinci va augmenter ses tarifs d’autoroute de 4,74%.
- TotalEnergies fait 20 milliards de bénéfices et paie 0€ d’impôt sur les sociétés. Bruno Le Maire est au courant… mais ne lève pas le petit doigt.
- BNP Paribas annonce un bénéfice net record de 10,2 milliards d’€ en 2022. BNP Paribas prévoit la suppression de 921 emplois en France.
- LVMH (Vuitton, quoi) a réduit ses impôts de 518,1 millions d’€ en 10 ans (de 2007 à 2017) au titre de sommes versées à la Fondation… Louis Vuitton selon la Cour des Comptes, soit 8,1% de la dépense fiscale de l’Etat au titre du mécénat des entreprises. La principale activité de cette Fondation a été la construction d’un bâtiment dans le bois de Boulogne…
- Les 500 plus grosses fortunes françaises ont vu leur richesse augmenter de 30% en un an, soit 1 000 milliards ; les 40 plus grosses sociétés de la Bourse de Paris (le CAC 40) ont distribué 80 milliards de dividendes à leurs actionnaires en 2022, un record ; les revenus financiers (actions, intérêts financiers...) représentent 385 milliards par an mais ne cotisent pas pour les caisses de retraites.

Voici donc un petit inventaire, parcellaire, du bilan de ce gouvernement ultra-libéral mené par Macron et Borne.

Ce même gouvernement qui a décidé contre 75% du peuple français, de casser définitivement le système de retraite mis en place à la Libération, dans la foulée et dans l’esprit du programme du Conseil National de la Résistance. Ce gouvernement est, de loin, le plus à droite des gouvernements de la 5ème République ; il ajoute à sa politique au service des ultra-riches un profond mépris du peuple. C’est pourquoi notre victoire pour nos retraites doit être totale, c’est pourquoi l’unité des organisations syndicales et, derrière elles, des salariés, de tous ceux qui vivent de leur travail, du peuple français est tellement importante.

Avec les manifestations des 31 janvier, 7, 11 et 16 février -et les 2,8 millions de manifestants pour la seule journée du 7 février-, nous avons tellement fortement marqué l’opinion que même la presse aux ordres n’a pas osé nier le succès phénoménal de ces mobilisations. Saluons la volonté d’unité des OS entre la CGT qui veut allier mobilisation et grèves, voire blocages et la CFDT, qui souhaite laisser la possibilité aux salariés de manifester le samedi sans perdre de journée de travail ; et même si on sait que, de tout temps, le patronat n’a jamais cédé qu’à la force, laissons les travailleurs gérer cette montée en puissance à leur rythme et dans l’union. Le 7 mars sera, avec le retour d’étudiants très motivés (de nombreuses universités étaient entrées en lutte avant les congés de février), va venir le temps de passer la surmultipliée.

Borne affirme -on la croit- qu’elle n’a « aucun état d’âme » et que -on fait le nécessaire pour lui donner tort- « la réforme se fera » mais le gouvernement qui vient de voir l’article 2 retoqué, en est réduit à un marchandage de bas étage avec la partie la plus libérale de LR (les amis de Ciotti). Une partie des députés macronistes est mal à l’aise avec cette réforme qu’ils qualifient de « paramétrique, bête et méchante » et ils savent que si, dans 3 ans, Macron retournera au chaud, à la banque Rothschild, eux devront se représenter devant les électeurs…

Jamais un gouvernement n’aura autant raté sa communication sur un projet de loi. On pourrait presque en rire, mais il faut se rappeler que le 1er axe de cette communication était : « c’est une réforme juste » ! Aujourd’hui cela a évolué en « nous ne sommes pas assez pédagogiques, nous ne nous sommes pas assez expliqués ». Résultat : les Français sont exaspérés. Ils refusent cette réforme qu’ils savent profondément anti-sociale ; et ils n’apprécient pas de se faire traiter d’imbéciles qui ne comprennent rien par ces pédants arrivistes. (...)

Mis en ligne le 18 février 2023
Janvier 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 6 : Place au débat : Retrait de la réforme des retraites, mère de toutes les réformes / p. 6 : Avez-vous remarqué ? - Les Bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale : Réponse à la crise énergétique : encore un effort Monsieur le Président ! - Brèves sociales / p.8 : Coup de gueule : La santé de tous mérite mieux qu’une grève corporatiste

L’édito de Marinette Bache

"La retraite ne doit plus être l’antichambre de la mort, mais une nouvelle étape de la vie". Ambroise Croizat.

Avec la mise en cause annoncée de notre système de retraite que veulent faire passer, à coups de nouveaux 49-3, Macron et Borne, nous sommes à l’opposé de l’esprit du Conseil National de la Résistance qui a présidé aux grandes réformes progressistes de la Libération. Les législateurs d’alors, dans un consensus national, souhaitaient mettre en place les éléments d’une société plus égalitaire, donnant sa chance à chacun, s’occupant des plus faibles et n’abandonnant pas les vieux travailleurs mais, au contraire, leur permettant de vivre décemment.

Lors de ses vœux, Macron a confirmé que 2023 serait l’année où il présenterait sa réforme au prétexte toujours seriné d’assurer l’équilibre du système et de préserver le système par répartition. Peu lui importe que cela soit mensonge éhonté comme le démontre le COR (cf nos précédents « Place au débat ») ou Éric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité française. Celui-ci explique, qu’avec cette « réforme », les "impacts seront plus élevés en matière de prévoyance sur les contrats des mutuelles" et que le report du départ de l’âge à la retraite à 65 ans "pourrait aboutir à une nécessité de coûts en prévoyance aux alentours de 10 milliards d’euros" supplémentaires. Les tarifs des mutuelles vont augmenter en moyenne, cette année, de 4,7% ; jusqu’à quand les Français pourront-ils se payer cette assurance complémentaire ? Quand les mutualistes et les assureurs s’inquiètent de leurs comptes, on imagine également les conséquences sur ceux de la Sécurité sociale : c’est elle qui assume la plus grosse part ! Quelle hypocrisie que de prétendre vouloir sauver les régimes de retraites tout en sachant qu’on augmente les accidents de travail, plus nombreux avec l’âge, les charges des salariés et donc les dépenses que devra assumer la sécu !

L’essence de cette réforme est foncièrement inégalitaire. Le gouvernement essaie d’opposer no seulement les très riches mais ce qu’il est convenu d’appeler la « classe moyenne » qui est encore très large aux catégories modestes, pauvres voire déclassées. Disons tout de suite qu’il n’y est pas vraiment parvenu puisque son idée de réforme est rejetée par plus de 70% de la population qui ne tombe pas dans le piège de cette manipulation. Macron et Borne cherchent à dresser la classe moyenne qui paie ses impôts aux « assistés » qui profiteraient de « privilèges ». Raté ! Aujourd’hui, chacun sait qu’il peut, d’un jour à l’autre, perdre son emploi, tomber dans la catégorie des défavorisés et avoir besoin de la solidarité nationale (que dire d’ailleurs de la « réforme » de l’assurance chômage !). Et surtout chacun sait que tout n’est pas mis sur la table, que les ultra-riches, de plus en plus riches, utilisent des conseillers fiscaux qui leur permettent de se soustraire au financement de la solidarité, chacun connait l’ampleur des fraudes fiscales, chacun sait que de nombreuses entreprises -et parmi les plus grandes- ne paient pas leurs cotisations ou ont eu droit à de multiples allègements qui ont largement participé au prétendu « déficit » de la Sécu. S’il y a un responsable c’est du côté de ceux qui ont les moyens de frauder ou de s’exonérer de qu’il faut chercher, pas du côté des catégories sociales modestes dont on a d’ailleurs, au fil des ans, réduit leurs droits à ce qui s’apparente à des aumônes. (.../...)

Mis en ligne le 14 janvier 2023
Décembre 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité sociale : Turbines Arabelle - Retraites / p.3 à 6 : Place au débat : Financement des services publics et de la Sécurité sociale / p. 6 : Avez-vous remarqué ? : Accidents du travail / p. 7 : International : Iran – Politique économique des États-Unis / p.8 : Coup de gueule : Le gouvernement se moque des conséquences de ses décisions

L’édito de Marinette Bache

« Et maintenant les retraites ! » C’est l’objectif en vue pour Macron, Borne et leurs sbires. Plus de 3 Français sur 4 refusent cette réforme et pensent qu’elle ne sera d’aucun intérêt, d’aucun bénéfice pour eux comme pour les jeunes générations. On peut en effet se demander quel est le bon sens qui conduit à faire travailler les seniors jusqu’à 65 (ou 67) ans alors que les jeunes ne trouvent pas d’emploi. Au prétexte d’une mauvaise situation financière des régimes de retraites, essentiellement due à la présentation qu’il en fait, le gouvernement présente le recul de l’âge de la retraite comme la seule solution. Or d’autres solutions de financement existent que les organisations syndicales et, également certains partis politiques, présentent. Voila donc LE sujet sur lequel les Français doivent être consultés. On ne peut leur imposer cette nouvelle casse de leur système social : un référendum est un impératif.

La « sobriété énergétique », c’est le nouveau slogan impératif que nous imposent ceux qui voyagent en jet, qui organisent la coupe du monde de football au Qatar, qui livrent la SNCF à la concurrence au mépris de la desserte de l’ensemble de notre territoire et pour le plus grand profit du trafic routier international… Pensent-ils vraiment que les Français chauffent leur domicile toutes portes ouvertes pour le plaisir de dépenser les euros qu’ils n’ont pas ? Qu’ils se servent de leur voiture alors que de nombreux moyens alternatifs leur tendent les bras, particulièrement en zones rurales ? Le pire, c’est qu’ils sont peut-être assez à côté de la plaque pour cela : quand le gouvernement compte 19 millionnaires on peut croire qu’ils ne savent pas grand’ chose des difficultés de vivre du peuple ! Ils mettent l’augmentation du prix de l’énergie sur la guerre en Ukraine (à laquelle ils prennent, par ailleurs, grand soin de ne pas chercher d’issue), achètent du gaz de schiste aux États-Unis après avoir stoppé notre énergie nucléaire qui assurait notre indépendance à un prix raisonnable. Aujourd’hui la production électrique des centrales nucléaires est historiquement faible : 23 des 56 réacteurs sont toujours stoppés, ceci est dû à l’arrêt de leur entretien et la reprise ne peut se faire que lentement. Voici le résultat de l’incurie dogmatique soi-disant écologique conjuguée au libéralisme qui a conduit aux privatisations d’EdF et de l’énergie en général !

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire dans des éditos précédents, ils ne sont pas seulement riches, ils sont corrompus. Les liens avec le géant du conseil américain, Mc Kinsey, sont maintenant patents. La nouveauté c’est qu’ils pourraient être plus étendus qu’on le croyait. Le Parquet national financier (PNF) a joint à son enquête sur Mc Kinsey pour « blanchiment de fraude fiscale » des faits de « financement illégal de campagne » et « favoritisme ». Il s’agit des deux campagnes présidentielles de 2017 et de 2022 d’Emmanuel Macron. Les faits sont ainsi qualifiés : « tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne, portant sur les conditions d’intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 ».

Mis en ligne le 11 décembre 2022
Novembre 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Brésil, Etats-Unis, Belgique / p.3 à 6 : Place au débat : Transition énergétique et mondialisation – Avez-vous remarqué sur les loyers / p. 7 : Actualité sociale SNCF et RATP / p.8 : Coup de gueule : Energie : ce n’est pas aux salariés de payer la note ! – Humeur : fermeture d’Euroserum

L’édito de Marinette Bache

Nous sortons donc d’une période de « 49-3 » pour le budget national comme pour celui de la sécurité sociale. Macron a fait passer ses budgets solidement ancrés à droite sans aucun débat. A vrai dire les débats n’auraient pas changé grand-chose : la droite libérale est majoritaire à l’Assemblée nationale. Les LREM ont juste démontré une fois de plus qu’ils n’entendaient pas manifester la moindre attention démocratique à l’opposition. Et cela aura aussi été l’occasion de voir qu’il ne faut pas jouer avec le feu : le RN s’est bien découvert par la sortie raciste d’un de ses députés, au point où Marine Le Pen qui a beaucoup fait pour donner une image respectable de son parti, doit en être malade ! Cette période a aussi été l’occasion de voir réapparaitre l’idée de « dissolution ». Ne nous y trompons pas. Seul le RN y gagnerait. Cette menace macroniste ne sert qu’à maintenir les députés issus de la droite classique (LR) dans l’alliance objective avec le gouvernement. Pas de problème de conscience entre LR et LREM ; comme je l’ai déjà développé dans des éditos précédents : ils forment ensemble une majorité d’idées. Ils ont voté ensemble contre l’ISF contre l’augmentation du SMIC, ils voteront ensemble sur la hausse de l’âge de départ à la retraite, sur le projet de loi sur l’immigration… et le budget 2023 leur va à tous ! Bien sûr, cette situation peut ne pas tenir indéfiniment car au-delà des convergences d’idées, il y a les intérêts personnels de boutique. Pour le moment les uns comme les autres -mais les partis de gauche dans leur diversité également- ont tout à perdre d’un retour devant les électeurs, alors cette majorité libérale gouverne ensemble sans l’afficher.

Que dire donc de ce budget adopté par le 49-3 ? Qu’il est bien conforme à ce qu’on en attendait.

Malgré les déficits et les inégalités, malgré les trains supprimés faute de personnels, malgré les délais de plusieurs mois pour une consultation hospitalière, malgré la justice au (très) long cours, malgré les classes fermées et les enseignants embauchés en 30mn et formés en 2h,… le dogme du moins d’impôts à l’aveugle fait toujours son chemin. On sait combien cette idéologie est inégalitaire : Lors de son premier quinquennat, Macron a amputé de 24,4 milliards d’euros par an les impôts sur les ménages, et ceci a d’abord profité aux plus aisés : selon les données de l’Institut des politiques publiques environ 40 % du pactole a bénéficié aux 20 % de Français les plus riches et seulement 20 % aux 50 % les plus pauvres. Sans compter les dégâts occasionnés aux politiques, au secteur et aux services publics, tous instruments de réduction des inégalités… Et les plus gros rabais ce sera, bien sûr, pour le patronat. (...)

Mis en ligne le 19 novembre 2022
Octobre 2022

L’édito de Marinette Bache

Le gouvernement avait prévenu qu’il ne laisserait pas faire. Allait-il exiger de Total et de ESSO d’ouvrir immédiatement les négociations ? Alors que les salariés de ces 2 sociétés étaient en grève depuis 3 semaines pour demander des augmentations de salaire couvrant l’inflation, cela aurait été plus que justifié. Eh bien non, Macron, Borne et leur clique gouvernementale ont choisi de réquisitionner les salariés des raffineries en grève.

Finalement, peut-on s’étonner que ces ultra-libéraux ne s’opposent pas aux 2 groupes qui refusent, depuis 4 mois, d’ouvrir des négociations salariales… mais qui, pour ce qui concerne Total, verse 2,62 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires pour le seul 1er semestre !

Quant au PDG, il s’est octroyé une augmentation personnelle de +52%. Et, n’oublions pas que Macron appelle à la fin de l’abondance, cela bien sûr pour les Français qui craignent la fin du mois, pas pour les « élites » qui s’accordent des privilèges indécents.

Le droit de grève est protégé par la constitution ? Qu’en ont-ils à faire ! De tout temps le patronat et ses chiens de garde n’ont pas hésité à faire jouer de la matraque contre les salariés. Les ouvriers leur ont répondu de la meilleure façon possible : la raffinerie de Donges vient de rejoindre le mouvement.

Ce mouvement nous rappelle que rien ne s’obtient sans rapport de force. Ce rapport de force a été obtenu par les travailleurs en grève avec leurs organisations syndicales CGT et FO. Que dire dans ce cadre de la CFDT qui a annoncé refuser la grève et profite du rapport établi pour négocier… au rabais. Qu’est devenue la grande organisation d’Eugène Descamps…

Macron est au service de la Finance. Rien de neuf. Mais 2 points apparaissent de plus en plus nettement.

 D’abord le fait que les serviteurs de la finance se croient au-dessus des lois. En ce moment même, 5 proches de Macron ont des difficultés judiciaires : Alexis Kohler pour avoir favorisé MSC le 2ème armateur mondial avec lequel il a des liens familiaux, Eric Dupont-Moreti en problème avec la Cour de Justice de la République pour prise illégale d’intérêt, Gérald Darmanin dans une affaire de relations sexuelles, François Bayrou dans une affaire de complicité de détournement d’argent public, Sébastien Lecornu, ministre des armées, sous le coup d’une enquête de Parquet national financier pour prise illégale d’intérêt. Ca fait beaucoup pour des gens qui donnent des leçons de sobriété aux Français !

 Une majorité très à droite, très anti progressiste, se dégage à l’Assemblée nationale : pour mener cette politique les macronistes reçoivent le soutien sans faille de la droite classique et de l’extrême droite, de LR au RN, ce dernier refusant de voter une hausse du SMIC et s’abstenant sur le rétablissement de l’ISF !

Dans ce cadre, le projet de budget arrive à l’Assemblée nationale. Le gouvernement, n’a pas hésité à avoir pourra avoir recours au 49-3…

Mis en ligne le 24 octobre 2022
Septembre 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Les bras m’en tombent : Colère / p.3 à 6 : Place au débat : La lutte idéologique du patronat / p.6 : Billet d’humeur : Super-profits pas pour tout le monde / p.7 : International / p.8 : Coup de gueule : Pour un service public de la dépendance

L’édito de Marinette Bache

Nous venons de passer un été étonnant : nous avons appris que c’était la fin de l’insouciance et de l’abondance. Pour beaucoup de Français, la période le « l’insouciance et de l’abondance », s’est terminée avant qu’ils se soient aperçus qu’elle avait commencé. Au-delà du lamentable mépris de la formule -mais Macron en est un habitué (« les gens qui ne sont rien », « les gaulois réfractaires », « un pognon de dingue », « le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler » et le célèbre « traverser la rue pour trouver un travail »,…)- celle-ci démontre une totale méconnaissance ou une totale indifférence de ce que vit l’essentiel de nos concitoyens et surtout elle annonce une nouvelle période de serrage de ceinture.

S’il voulait s’en préoccuper, Macron saurait qu’avec l’envolée des prix depuis le début de l’année (et la perte de pouvoir d’achat depuis des années !) les conditions de vie se sont encore plus détériorées en 2022. Déjà que depuis 2 ans et -en partie, car elle n’a pas impacté tout le monde- pour cause de crise sanitaire sans précédent, le niveau de vie a été victime d’une récession qualifiée « d’historique » par Le Monde, journal fort peu révolutionnaire !

Pour beaucoup, il devient impossible de faire face aux dépenses essentielles que sont l’énergie bien sûr mais également le transport et… l’alimentation ! Selon le baromètre Ipsos-Secours populaire, près de 1 Français sur 2 (45 %, une augmentation de 15% en un an !) rencontre des difficultés pour payer l’essence et les autres coûts liés au transport ; 41% (+ 5% depuis 2021) ne peuvent payer leur facture d’énergie (chauffage, électricité…) et sont très inquiets sur la manière dont ils vont passer l’hiver. Encore plus inquiétant, la question de l’alimentation est désormais une véritable préoccupation. Les « 5 fruits et légumes par jour » -et ne parlons pas de la qualité- ne sont plus à la portée de 37 % de nos compatriotes (là encore un bond de 5% par rapport à l’année dernière). Et pourtant 2021 avait été une « annus horribilis » puisqu’elle avait connu une augmentation de 20 % des personnes à venir dans les services de la solidarité alimentaire.

Plus d’un Français sur trois (36 %, +2 points) a des difficultés à boucler ses fins de mois, 15% vivent à découvert, 26 % redoutent de basculer dans la précarité. 85 % des personnes interrogées considèrent que les risques de voir leurs enfants connaître un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération.

Mis en ligne le 17 septembre 2022
Juillet-août 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Les bras m’en tombent : les PDG veulent des efforts / p.3 à 6 : Place au débat : Reconquérir l’hôpital public / p.6 : International : Colombie / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule : une revalorisation en trompe l’œil

L’édito de Marinette Bache

Les élections législatives ont eu lieu. La 1ère leçon que nous devons, à gauche, politiquement comme syndicalement, en retirer est que moins d’un Français sur 2 s’est exprimé dans le cadre de ce vote central. Moins d’un Français sur 2 croit en cet exercice démocratique. Moins d’un Français sur 2 espère dans les politiques proposées pour répondre à ses problèmes. Et, surtout, cette proportion augmente de manière dramatique dans les quartiers populaires qui votaient traditionnellement à gauche - ou gaulliste quand cette option existait. L’accord électoral passé à gauche dans le cadre de la Nupes a permis que Macron n’obtienne pas, seul, la majorité absolue à l’Assemblée nationale ; c’est un point non négligeable sur lequel il faudra s’appuyer. Il ne faut cependant pas le surestimer : il y a une majorité d’idées parmi les députés élus pour une politique de régression sociale ; certes Macron sera obligé de discuter, texte par texte, avec la droite LR… Gageons que ce ne sera pas pour le plus grand bénéfice de ceux qui vivent de leur travail ! On ne peut pas non plus passer sous silence le score obtenu par le RN. Un nombre important de nos compatriotes a choisi d’exprimer sa colère par le vote pour l’extrême-droite. Et Dupont-Moretti dont le nom avait été évoqué pour affronter le RN dans une circonscription du Nord, n’a pas eu peur d’envisager aujourd’hui de travailler avec lui. La gauche, quant à elle, doit se ressaisir et se réadresser au peuple en prenant en compte ses aspirations et ses préoccupations en matière d’emploi, de salaire, de protection sociale, d’accès aux soins, d’éducation, de laïcité, de sécurité… ; c’est ainsi qu’on lutte contre le RN, pas avec des condamnations moralisantes.

Lors de son intervention télévisée, Macron est apparu comme plein de rancœur mais prenant en compte cette situation. Il reconnaît « qu’aucune force politique ne peut aujourd’hui faire les lois seules. », et que « la plupart des dirigeants reçus ont exclu l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale. ». Quelle surprise ! A gauche, on a pu juger sur pièces lors de son 1er mandat ; à droite on est divisé sur la tactique à employer même si le projet macroniste satisfait sur le fond. Cependant Macron met les points sur les i : son appel à « sortir des querelles et des postures politiciennes » dans un « dépassement nécessaire » aura comme base « la cohérence du projet choisi en avril dernier » (sous-entendu lors de son élection).

Nous voilà prévenus. Le cadre est posé. Le programme est inchangé. Le refus de celui-ci devra donc d’abord trouver son opposition dans la résistance sociale.

Et il y aura à faire. Derrière les emphases de Macron sur les « mesures d’urgence », le « pouvoir d’achat », le « plein emploi », des « choix forts », des « réformes ambitieuses », le « plus de richesses », « le chemin de la réussite collective »… se profilent déjà les politiques de demain. Et elles sont insignifiantes, méprisantes ou dangereuses.

Parlons donc du pouvoir d’achat. Pas de véritable revalorisation du SMIC ; 3,5% pour les fonctionnaires là où 10% ne rattraperaient pas la perte du mandat précédent, festival de mesurettes : aumône ponctuelle de 100€ aux plus pauvres seulement, histoire de provoquer contre eux la rancœur des smicards (diviser pour régner !) ; hausse des APL et - en même temps bien sûr - des loyers de 3,5% (bilan : perte sèche en moyenne de 25€ mensuels), maintien à 1% du taux du livret A (quel mépris pour cette épargne populaire), et à quand les bons alimentaires pour les plus défavorisés tandis que tous verront le prix du panier hebdomadaire de courses exploser ? (...)

Mis en ligne le 18 juillet 2022
Juin 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 et 3 : Actualité sociale et Bras m’en tombent / p.4 à 7 : Place au débat : La réforme Macron des retraites / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

L’inflation -dont la maitrise a été pendant longtemps l’alpha et l’oméga des libéraux - est repartie à la hausse, elle pourrait atteindre 10 % d’ici la fin de l’année. Depuis le début de l’année déjà, les prix à la consommation ont augmenté de plus de 5 %. Les prix des produits de première nécessité, celui de l’énergie, celui des transports, … flambent. Le cas de l’énergie est particulièrement évocateur : L’envol des prix internationaux du pétrole se traduit par celui des profits pour Total-Energies. Le gouvernement fanfaronne d’avoir obtenu de Total-Energies une mini-ristourne de 10 centimes à la pompe, soit une perte de 100 millions d’€ pour le groupe pétrolier et gazier qui a engrangé 5 milliards d’euros de bénéfices sur les trois premiers mois de l’année, après une année record à 16 milliards en 2021 ; la moitié de son profit a été distribuée aux actionnaires. En attendant, les Français payent au prix fort la hausse du cours du pétrole. De leur côté, Engie et les autres opérateurs sont censés répercuter leurs propres bénéfices financiers vers les consommateurs pour faire baisser leur facture. En fait, elle a augmenté de 7 %… : le surcoût de l’énergie pour les familles fait le surprofit des grandes compagnies (privées !) de l’énergie.

Évidemment, ce sont les plus défavorisés qui en pâtissent le plus : il n’est plus question de « superflu », on rogne sur les soins, l’alimentation, le chauffage… Mais l’ensemble de la population est touché d’autant que les salaires stagnent ou régressent depuis une dizaine d’années, idem pour les pensions de retraites, pour ceux qui vivent des diverses aides sociales ; dans le public, nombreuses sont les rémunérations inférieures au Smic. Dans notre dernier bulletin (de mai), le Place au débat exposait la nécessité de revenir à l’échelle mobile des salaires ; c’est en effet plus que d’actualité : c’est une exigence sociale !

La campagne électorale l’a, pour partie, abordé : l’urgence est à l’augmentation des salaires et la gauche, toute la gauche, syndicale comme politique, doit se remparer de cette question. La bataille sera frontale : il faut rappeler l’impudence de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, nanti d’un salaire de 30 000€ par mois et qui ose affirmer que « tout le monde serait perdant si les salaires augmentaient en ce moment ». Et on ne doute pas que le cynisme des actionnaires du CAC40 soit de même niveau, même si l’année passée les 40 plus grosses entreprises françaises ont vu leurs profits augmenter de 300%, même si elles ont versé 70 milliards d’euros de dividendes, même si le revenu des PDG de ces sociétés s’élève à 237 millions d’euros (+ 23% en un an, on a envie d’être d’accord avec Villeroy en ce qui les concerne !). Et cela pendant qu’elles recevaient les aides publiques au prétexte de la pandémie et du « quoi qu’il en coûte » macronien (on sait à qui il en a coûté !), ce qui ne les a pas empêchées de supprimer des dizaines de milliers d’emplois ! En attendant la vie devient encore plus difficile pour des milliers de familles qui n’arrivent plus à boucler les fins de mois, comme pour celles qui sont en train, progressivement, d’être touchées par le « déclassement », leur niveau de vie ne cessant de baisser. La crainte de l’avenir, l’angoisse pour les générations à venir s’amplifient. (...)

Mis en ligne le 7 juin 2022
Mai 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 3 : International / p. 4 à 7 : Place au débat : L’indexation des salaires / p. 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Nous avons donc une Première ministre. Madame Borne n’est pas une inconnue : elle a déjà un sacré pedigree d’ultra-libérale qui fait semblant d’écouter mais n’entend rien d’autre que la politique macronienne. Quel CV ! Présidente de la RATP de 2015 à 2017, elle a rejoint le mouvement de Macron (LREM) dès la campagne présidentielle ; elle sera ministre des Transports en mai puis ministre de la Transition écologique et solidaire en juillet 2019, enfin elle est nommée l’année suivante ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. Et partout, elle a laissé le souvenir d’une technocrate réactionnaire intransigeante au service de la Finance.

C’est elle qui a démantelé le service public ferroviaire, c’est la responsable de la privatisation et de la mise en concurrence de la SNCF et de la RATP ; c’est elle qui a mené la réforme de l’assurance chômage au détriment de plus d’un million d’allocataires, spoliant les chômeurs ; c’est elle qui a fermé Fessenheim et a été condamnée pour inaction climatique ; c’est elle qui a toujours refusé l’augmentation des salaires, même pour le Smic. Et le gouvernement qu’elle vient de nous présenter est digne de la politique qu’elle a menée et qu’elle mènera.

Le proche avenir s’ouvre sur un paysage où François Villeroy de Glahau, le Gouverneur de la Banque de France, l’un des salariés les mieux payés du pays (au fait à quoi sert-il avec ses 30 000€ mensuels puisque tout se décide à Francfort ?), estime que « tout le monde serait perdant » en cas d’augmentation des salaires ; un paysage où la Cour de cassation vient de valider le « barème Macron » qui plafonne les indemnités de licenciement abusif ou sans cause réelle et permet ainsi de virer illégalement un salarié sans lui donner aucune indemnité aux Prud’hommes.

Cela n’empêche pas la macronie - et la presse à son service - de faire campagne sur : « tout va beaucoup mieux, le chômage baisse ». Il s’agit toujours de la resucée du tripatouillage des chiffres. Les demandeurs d’emploi sont plus nombreux à travailler à temps partiel ou dans le cadre de contrats courts, tout en étant inscrits à Pôle Emploi. Pour le 1er trimestre 2022, la catégorie A, qui comprend les chômeurs qui n’ont aucune activité, baisse de 5,3 %. Cette baisse ne signifie pas que toutes les personnes concernées ont pu accéder à un emploi durable et satisfaisant. Il y a en fait un transvasement de la catégorie A vers les catégories B et C qui regroupent les demandeurs d’emploi qui ont travaillé à temps partiel ou dans le cadre de contrats courts, lesquelles sont, comme par hasard, en augmentation. Le pourcentage de chômeurs de catégorie B (ayant travaillé moins de 78 heures par mois) a augmenté de 2,6 %, avec une plus forte augmentation encore pour ceux qui ont travaillé moins de 20 heures ; celui des demandeurs de catégorie C (ayant travaillé plus de 78 heures par mois) reste au même niveau. Les travailleurs de catégories B et C ne peuvent pas vivre du seul revenu de leur travail. (...)

Mis en ligne le 23 mai 2022
avril 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : Solidarité internationale / p. 3 à 5 : Place au débat : les assureurs à l’assaut du marché de la perte d’autonomie / p.6 et 7 : Actualité sociale/ p.8 : coup de gueule

L’Edito de Marinette Bache

Bien que les médias aux ordres aient essayé de nous faire croire au « risque fachiste », c’est bien évidemment Macron qui sort de cet épisode électoral. Pour 5 nouvelles années, nous aurons donc un président symbole et exécutant d’une politique de classe, d’une politique au service de la finance et des financiers. Notons tout de suite que sa concurrente, outre ses discriminations affichées, n’aurait pas, bien qu’elle ait essayé de le faire croire, mené une politique économique et sociale différente : ses votes au parlement européen en sont la preuve. Et pourtant 13 millions de nos compatriotes viennent d’émettre un vote de colère et de désespoir. La plupart ne sont pas des salauds de fachistes comme nous les présentent les "élites" bourgeoises mondialisées qui nous gouvernent, mais des Français abandonnés qui n’en peuvent plus d’être méprisés et auxquels la gauche aura la responsabilité de s’adresser. Il en est de même pour les 17 millions d’électeurs qui ont voté blanc, nul ou ne se sont pas déplacés, ne trouvant aucune issue satisfaisante dans le choix proposé. 

Rappelons quand même le bilan du sortant-entrant :

- destruction du système social français, du système de protection sociale, des services publics, de nos industries dont les fleurons sont vendus à l’encan,

- abandon de notre souveraineté nationale, soumission à la politique atlantiste, fin du corps diplomatique qui permettra de nommer les amis,

- abaissement de la République : malgré de grandes déclarations sur la laïcité, racolage du vote communautariste, heureux qu’il était d’échanger avec une « féministe voilée », remise en cause de l’école publique de qualité pour tous au profit de la concurrence entre les directions d’écoles,

- destruction de l’Etat, mépris des fonctionnaires et des agents publics au profit des copains des cabinets privés d’affaire qui, tel Mc Kinsley, préparent les réformes de casse de nos protections et services publics, préservation des plus riches (suppression de l’impôts sur la fortune), mise à l’index des plus pauvres (suppression des aides sociales), …

Le mot d’ordre, à la sortie de cette séquence, sera donc de (re)gagner par le mouvement social, la mobilisation des salariés et des usagers, ce que nous n’avons pas pu obtenir par l’offre politique.

Mis en ligne le 1er mai 2022
Mars 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 et 3 : International / p.4 à 6 : Place au débat : Pour un grand service public de la perte d’autonomie / p.7 et 8 : Actualité sociale : Printemps des services publics

L’Edito de Marinette Bache et Pierre Kerdraon

Dans un mois aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle. Je ne reviendrai pas sur le bilan de Macron (voir numéro de février). J’insisterai par contre sur le contexte. En formulant les précautions d’usage, la crise sanitaire semble s’éloigner même si on observe une légère hausse des contaminations ces derniers jours. Il y a seulement une quinzaine de jours on aurait pu penser que cette élection allait se jouer dans un contexte économique favorable, ce qui avantage généralement le gouvernement et le président en place. La décision de Poutine d’envahir l’Ukraine a modifié la donne. Les conséquences de cette guerre vont avoir des répercussions importantes tant en Russie que dans les pays occidentaux. L’essence coûte déjà de plus en plus cher mais ce n’est pas le seul produit qui sera touché. Le gaz, l’électricité et, d’une manière générale, toutes les matières premières vont voir leurs prix augmenter parfois dans des proportions importantes. L’Ukraine regorge de beaucoup de minerais dont la production va manquer. Faute de débouchés ou de ce dont elles ont besoin pour produire, des usines vont devoir fermer, entraînant une nouvelle augmentation du chômage. On parle de 100 000 réfugiés ukrainiens qui pourraient venir s’installer en France. Aujourd’hui Macron semble jouir d’une situation favorable, revêtant les habits de diplomate en chef.

Il n’est pas sûr que cela soit toujours le cas dans un mois alors que comme c’est souvent le cas lorsqu’une guerre se prolonge, les éditoriaux des journaux et les émissions spéciales à la télé finissent par être remplacés par l’actualité au quotidien. D’ici les élections législatives du mois de juin les Français pourraient bien se remémorer les actions des Gilets Jaunes, les grèves et manifestations contre la réforme des retraites, la situation à l’hôpital et la gestion chaotique de la pandémie par le gouvernement, les attaques contre la Sécurité sociale et les services publics. Même s’il refuse le débat avec les autres candidats, Macron ne pourra pas échapper à une critique de son action et de ses décisions passées comme cette vente sous Hollande alors qu’il était ministre de l’économie d’une partie d’Alstom à General Electric et la revente par GE à la France de ces mêmes turbines après qu’au passage certains s’en soient mis plein les poches. (...)

Mis en ligne le 11 mars 2022
Février 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Note de lecture / p.3 à 6 : Place au débat : Macron faux roi d’Europe / p.6 : Note de lecture / p.7 : Actualité sociale : Manifeste pour l’inclusion bancaire / p.8 : Coup de gueule : Allo la société « X » ? J’ai besoin d’un conseil

L’édito de Marinette Bache

Nous nous rapprochons de la fin du mandat de Macron et de la prochaine élection présidentielle.

Nous avons déjà eu l’occasion dans ce bulletin de faire le bilan de ces 5 dernières années. Pas brillant de notre point de vue, il est excellent pour les libéraux qui se sont fixé pour but de casser toutes les solidarités construites sur des années de luttes, alliance des grèves du Mouvement ouvrier et des combats de la Résistance du peuple français. La victoire de 1981 avait soulevé d’énormes espoirs qui furent, pour la plupart, déçus suite à la lâcheté des gouvernements successifs et à la conversion, pour partie, des responsables dits de gauche, au libéralisme ; les uns et les autres se sont courbés devant les exigences de l’européisme destructeur du modèle social français.

Mais ces 5 dernières années ont été les pires. Macron a poursuivi et accéléré l’américanisation de la société française.

Économiquement, socialement, sociétalement, l’ennemi c’était la République sociale, laïque et universelle. Pouvoir et adoration de l’argent, chacun pour soi et communautarismes, tous destructeurs de ce qui a fait France, ont trouvé un terrain d’expansion comme jamais dans notre histoire.

Nous venons de vivre un nouveau scandale à propos de la gestion des EHPAD privés. Déjà, lors de la 1ère période de confinement, l’état des lieux de vie de nos aînés, le manque chronique de personnels de soin et d’accompagnement correctement payés, étaient apparus. Dernièrement la sortie du livre du journaliste indépendant Victor Castanet, « Les fossoyeurs » a mis en exergue que la maltraitance infligée à nos anciens étaient l’autre face de la fortune faite par les actionnaires des groupes privés français tels Orpéa. D’un côté on sert aux pensionnaires des maisons de retraites des biscottes concassées et de la salade mixée, mélange de salade verte, d’eau et d’épaississant végétal et on fait payer à l’Assurance maladie les compléments alimentaires et les protéïnes destinés à pallier les carences nutritives. De l’autre côté, la rémunération de l’ancien directeur général du Groupe Orpea Yves Le Masne s’élève à plus de un million d’euros par an (et sa prime de départ à 2,6 millions d’euros) ce qui ne l’a pas empêché de chercher à s’enrichir encore plus et de faire aujourd’hui l’objet, par le parquet national financier, d’une enquête pour délit d’initié suite à la vente de ses 5 456 actions de la société juste après avoir appris que la gestion des établissements du groupe allait être mise en cause dans un livre à paraître. D’un côté les couches sont rationnées (3 par jour maximum, témoignage d’une aide-soignante) de l’autre nous sommes assaillis de publicités, télévisuelle ou dans nos quotidiens, nous invitant à investir dans un secteur qui rapporte. Et il rapporte : lors du 1er semestre 2021, le bénéfice net d’Orpea était en hausse de 40 % à 102,4 millions d’euros tandis que le chiffre d’affaires augmentait de 8,7 % à 2,07 milliards d’euros, merci pour les actionnaires ! (...)

Mis en ligne le 25 février 2022
Janvier 2022

Au sommaire ce mois-ci

p.1 et 2 : L’édito / p.3 à 6 : Place au débat : La lettre au Père Noël du Patronat / p.6 : Solidarité internationale / p.7 : Actualité sociale : Vous avez dit télétravail obligatoire ?/ p.8 : Coup de gueule : A propos de la prostitution / Oui il faut défendre la gastronomie française !

L’édito de Marinette Bache

Bonne année ! Avec le Smic qui est, en ce 1er de l’an 2022, revalorisé de 10,48 € à 10,57 € ; ça commence bien, n’est-ce-pas ? A l’avant-veille d’une élection présidentielle, et vu ce que nous promet 2022, il est temps de dresser un bilan. Dans quel état sont donc notre pays… et notre peuple ? C’est assez simple, tout ce qui avait été patiemment construit à la Libération et à l’inspiration du programme du Conseil National de la Résistance, sur les ruines d’un pays exsangue mais d’un peuple debout, a été méticuleusement détruit au cours de ces trente dernières années et plus encore lors de ce dernier mandat de Macron.

Je parle d’abord de nos industries. De l’Est au Nord, de la région parisienne au Rhône-Alpes, de la sidérurgie au textile, de l’automobile aux armes et cycles, etc elles sont parties vers les pays « à faible coût de main d’œuvre » au plus grand bénéfice des capitaux. On nous promettait qu’elles seraient remplacées par des industries « à haut niveau de technicité », bref qu’on emploierait des ingénieurs pas des ouvriers… Promesses de Gascons : c’est en Corée que ça s’est passé. Les emplois peu qualifiés ont bien fui vers l’Europe de l’Est, le Pakistan, le Vietnam, la Chine ou l’Afrique, et les petits dragons, eux, ont hérité des emplois exigeant une technicité. La France importe donc à la fois produits à grande comme à peu de valeur ajoutée. Le « Plan » n’est plus à l’ordre du jour ; le libéralisme vit au jour le jour, sans penser l’avenir, pour le malheur de notre production nationale et le bonheur des actionnaires. Résultat : entre chômeurs « totaux » et contrats précaires de toute nature (CDD, intérim, stages de formation…) c’est 9 millions au moins de Français qui restent au bord de la route. Dans ce cadre les salaires stagnent (cf. la honteuse annonce de « l’augmentation » du SMIC au 1er janvier) et le pouvoir d’achat baisse car tout augmente (le cas des différentes énergies est significatif) ; 10 millions de Français sont en dessous du seuil de pauvreté. Notre agriculture et l’industrie alimentaire sont incapables de prendre le tournant de la qualité désormais exigée, à juste raison, par les consommateurs. Du coup, le bio est réservé à ceux qui peuvent se le payer. Les grands exploitants, industriels de l’agriculture, contrôlent le principal syndicat et entravent les évolutions nécessaires, face à des gouvernants pleutres ou complices. La question de l’environnement est trustée par les bobos urbains pendant que nos campagnes crèvent.

L’égalité, territoriale comme personnelle, n’est plus au cœur de l’aménagement du pays. La concurrence « libre et non faussée », comme l’exigent les traités européens, démantèle le modèle social français. Les services publics sont privatisés ou soumis à une concurrence inégale qui les détruit. Or il n’est de services publics structurant la société et le territoire, que sous la direction d’un Etat instrument de l’intérêt général. Si ce n’est pas le cas, c’est l’appât du gain qui est aux commandes et il n’y a plus de véritables services publics. C’est ce que les libéraux au pouvoir sous les gouvernements successifs ont patiemment organisé :
 France-Télécom, Edf-Gdf, la SNCF,… ont vu leur capital s’ouvrir et ceux de leurs dirigeants qui représentaient l’Etat, sont acquis au libéralisme et les pourrissent de l’intérieur ;
 la poste est devenue une société anonyme plus préoccupée de rendement que de services, les bureaux ferment et on installe des antennes dans les commerces ; la banque postale n’a rien à envier aux banques privées ;
 les autoroutes sont vendues et on envisage même de privatiser les routes nationales ;
 que dire de l’hôpital public, pilier de notre politique nationale de santé ? il est la cible d’une gestion purement comptable dont on a pu constater la catastrophe depuis le début de la pandémie ; pour ajouter un dernier chiffre à la litanie des suppressions de lits : ce sont 17900 qui ont été fermés sous le quinquennat Macron ; la plus grosse blague revient peut-être à la Cour des Comptes qui, en plein covid, demande 6 milliards d’économies annuelles et la fusion des CHU pour passer de 30 à 10 ;
 l’école publique, enfin, mérite une mention particulière ; creuset de la formation du citoyen, quelle que soit l’origine sociale de l’enfant, elle a été l’objet d’une attention particulière : il fallait la consumériser pour faire que l’enseignement commun ne soit plus d’excellence pour tous ; on a réussi : les écoliers français pointent aux dernières places des classements internationaux dans pratiquement tous les domaines, de la lecture aux mathématiques, de l’orthographe aux sciences,… la géographie et l’histoire ne sont pratiquement plus enseignées ; mais pendant le tiers temps scolaire on apprend le macramé et des personnels non-qualifiés sont censés enseigner des langues étrangères aux jeunes écoliers d’élémentaire et de maternelle ; le collège accueille des élèves qui ne lisent pas correctement tandis que le baccalauréat est à la carte, ce qui permet de ne pas faire chuter les pourcentages de « réussite » ; je ne parle pas de l’enseignement professionnel toujours sacrifié ; peut-on s’étonner que l’hémorragie vers l’enseignement privé s’amplifie ?

Mis en ligne le 26 janvier 2022
Décembre 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : lnternational : La France doit accueillir Julien Assange / p.3 à 7 : Place au débat : quelle « grande SECU » ? / p.7 : Actualité sociale : Urgence pour l’hôpital public/ p.8 : Coup de gueule : le remplacement du statut de la fonction publique par un code

L’édito de Marinette Bache

Dans cinq mois aura lieu la prochaine élection présidentielle. A en croire les sondages, le match serait plié : un candidat de droite succéderait à un autre candidat de droite. La gauche morcelée en cinq tendances ne parviendrait pas à hisser un de ses candidats au deuxième tour. Certes, il faut se méfier des sondages et des sondeurs, surtout lorsqu’ils appartiennent tous à des amis de Macron. Néanmoins, malgré certaines propositions en phase avec ce que souhaitent les électeurs, aucun candidat ne semble en mesure de drainer un nombre suffisant d’électeurs pour passer l’étape du premier tour. Certains suggèrent une primaire, d’autres une réunion à cinq, sans succès pour l’instant. D’autres, imperturbables, veulent continuer leur chemin solitaire. Pourtant, il ne fait pas de doute que si la droite ou pire l’extrême-droite parvenait à gagner l’élection, le réveil serait douloureux pour les Français.

Macron n’a pas renoncé à sa réforme des retraites. Pécresse entend supprimer 350 000 postes de fonctionnaires sans préciser où d’ailleurs. Dans la police, comme sous Sarkozy ? Dans l’hôpital, déjà exsangue ? Dans l’éducation alors que la France est déjà à la traine par rapport aux autres grands pays européens ? Dans les collectivités locales qui peinent déjà à assurer les services que leur a confiés l’État sans transférer les moyens tant humains que financiers qui auraient dû aller avec ?

Quoiqu’il en soit, rares sont les candidats qui parlent de ce qui intéresse vraiment nos compatriotes, à commencer par le pouvoir d’achat et l’emploi. Certes, certaines entreprises ont compris la nécessité d’augmenter les salaires si elles veulent recruter mais elles sont encore très minoritaires. Du côté des fonctionnaires, c’est toujours le gel du point d’indice qui prévaut. Alors que les prix du gaz et de l’électricité n’ont cessé d’augmenter ces derniers mois, tout comme les prix des produits de première nécessité, nombre de nos compatriotes ont du mal à « joindre les deux bouts ». Avec la crise sanitaire, le nombre de Français sous le seuil de pauvreté n’a jamais été aussi haut. Et ce n’est pas l’augmentation promise du taux du livret A qui y changera quelque chose. (...)

Mis en ligne le 14 décembre 2021
Novembre 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational : élections au Vénézuéla / p.3 à 5 : Place au débat : Urgence environnementale et démocratique sur l’énergie / p.6 : Actualité sociale : Présidentielle et manipulations / p.7 et 8 : Coup de gueule : Le point sur la fiche de paie

L’édito de Marinette Bache

Sous prétexte de nous parler de la « 5ème vague » de la pandémie de Covid, Macron nous a, à nouveau, infligé une longue prestation sous la forme de leçon donnée aux enfants pas sages que nous sommes. L’essentiel, bien sûr, n’était pas dans les mesures sanitaires mais bien dans les annonces socio-économiques qui seront mises en œuvre dans un avenir proche mais également à moyen terme ; horizon élection présidentielle.

A propos d’élection, il ne vous a pas échappé, n’est-ce-pas, que Macron n’est toujours pas candidat, que c’est donc le président qui s’exprime. Il en profite, certes, pour faire sa campagne, mais sans émarger au temps de parole ni au compte financier… puisqu’il n’est pas candidat. Malin. Pas très fair-play mais malin.

Qu’a donc dit le candidat de la droite ultra-libérale, pardon, le président ? Oh, rien de neuf : il a seulement de la suite dans les idées ! D’abord il faut que le Français se remettent au travail. Vous vous étiez aperçu, vous, qu’ils glandaient -et qu’ils aimaient ça ? Heureusement qu’on a un candidat -euh un président- qui veille ! Bon, les organismes internationaux disent le contraire mais tant pis (et Alternatives économiques rappelaient dans un dossier fouillé que seules 5% des offres d’emploi n’étaient pas pourvues faute de candidats tandis que les études européennes rappellent régulièrement que les travailleurs français sont parmi les plus productifs), quand le président parle… il parle et, hélas, même certains salariés le croient. Et Macron d’envisager de couper les allocations chômage à tous ces paresseux. Qu’est-ce qu’ils attendent pour traverser la rue et devenir riches ? X. Bertrand et la droite classique lui emboitent le pas : « Je veux que le net de la fiche de paie se rapproche le plus possible du brut » ; on traduit : « je veux supprimer la sécurité sociale, assurance-maladie, assurance-chômage et retraite ». Oui, aussi la retraite qui reste une des « réformes » -comprendre « casses »- prioritaires du président-pas-encore-candidat.

Et puis il est satisfait de lui et de son bilan. Par exemple, et comme on a pu le constater, tout va bien dans les hôpitaux. Non ? Ah bon ? Manque de personnels médicaux et soignants, manque de lits. Comment s’en étonner après les suppressions de postes hospitaliers du quinquennat succédant à celles des mandats précédents… S’il y a une vraie 5ème vague on a de quoi être inquiet avec des personnels épuisés et qui ont eu pour toute compensation des applaudissements et, aumône indigne, 100€ ! Je n’évoque pas les EHPAD ; certes nos anciens ont prioritairement droit à la 3ème dose, mais pour des soins dignes, ils repasseront dans des établissements où il manque près de 100000 emplois !

Macron, lui, est satisfait. Foin de cette crise, pas seulement sanitaire mais également économique et sociale, qui s’abat sur notre pays ! Foin du chômage qui augmente, des emplois qui se précarisent, du prix de l’énergie qui explose : +50% pour le fioul qui est encore le combustible des campagnes et bientôt l’essence à 2€ nécessaire pour beaucoup aller au boulot. Tout-va-mieux qu’il dit le pas-encore-candidat. (...)

Mis en ligne le 28 novembre 2021

Au sommaire ce mois-ci

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 et 3 : lnternational : constitution polonaise et traités européens / p.4 : Place au débat : un an après Samuel/ p.5 et 6 : Actualité sociale : manifestation retraités du 2 décembre/ p.7 : Hommage à Michel Etiévent / p.8 : Coup de gueule : allocation d’adulte handicapé

La campagne présidentielle de Macron est lancée. Et la machine à repeindre en rose la situation économique, sociale, politique… est en marche. Donc ils ont vaincu le chômage. Ils ont réduit les inégalités. Ils ont amélioré les services publics. C’est un début, mais j’oubliais : Macron est le rempart contre l’extrême-droite. Ben voyons. Regardons- y de plus près. Les services publics ? Pour la santé c’est « Le Monde », pourtant organe officiel de la bien-pensance libérale, qui le dit : « Plus de 5 700 lits d’hospitalisation fermés en France en 2020, en pleine pandémie de Covid-19. La crise sanitaire n’a pas interrompu la réduction des capacités hospitalières. Au contraire, elle a en partie amplifié les fermetures. Pour « La Poste », elle n’a plus de service public que le souvenir et une mission que la Société anonyme qu’elle est devenue considère comme un boulet ; le statut précaire de son personnel s’y généralise tandis qu’elle ferme les bureaux de poste. L’énergie ? Privatisation généralisée… avec des tarifs qui explosent (pourtant le leitmotiv de la concurrence c’était bien que ça faisait baisser les prix, non ?). Les transports ? La SNCF ne fonctionne plus que comme une société privée, trains et gares sont supprimés…

Les salaires ? Bloqués ou avec des augmentations ridicules pour ne pas dire insultantes. Et pire : la dernière de 35€ n’est pas une décision gouvernementale mais une revalorisation automatique, prévue par le Code du travail en cas d’inflation supérieure à 2 %. Quant à la valeur du point d’indice qui permet de rémunérer les fonctionnaires, elle est gelée depuis février 2017… La moitié des salariés touchent moins de 1780€ et 7 millions de retraités vivent avec moins de 1000€ mensuels.

Rassurez-vous, Macron qui a dès le début de son mandat été surnommé « le président des riches » fait honneur à son titre. Si les salariés ont laissé des plumes, ce n’est pas le cas des actionnaires qui ont engrangé les profits. Selon Oxfam, les bénéfices de 32 des plus grandes entreprises du monde ont connu un bond spectaculaire de 109 milliards de dollars en 2020. Le droit du travail ? Après avoir subi les attaques que l’on connait (lois El Khomri ou Macron sous Hollande), il a subi de nouveaux coups au prétexte des lois d’urgence Covid. Le travail précaire s’est généralisé et concerne 20% des salariés tandis qu’il y a 19,26% de chômeurs selon l’IREF -qui n’est pas de nos amis ! - et non pas les seuls 8% classés par l’INSEE en catégorie A et auxquels le gouvernement se réfère bien sûr.

Au chapitre des inégalités, il y a aussi l’évasion fiscale dont nous venons de vivre un nouvel épisode avec les « Pandora Papers » qui impliquent, cette fois, des dirigeants gouvernementaux. 11 300 000 000 000 dollars se cachent dans des paradis fiscaux. La France fait partie des cinq pays qui perdent le plus à cause de l’évasion fiscale, selon l’ONG Tax Justice Network ; chaque année, l’évasion fiscale lui coûte 17 milliards d’euros, soit l’équivalent du salaire annuel de 500 000 soignants.(...)

Mis en ligne le 26 octobre 2021
Septembre 2021

Au sommaire ce mois-ci

p. 1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational / p. 3 à 6 : Place au débat : rupture de la Sécu ou reconquête ? / p. 7 : Actu sociale : 5 octobre communiqué intersyndical / p. 8 : Coup de gueule : bravo l’artiste mais pas merci !

L’édito de Marinette Bache

Voici donc la dernière trouvaille de Macron : permettre de donner des pourboires par carte bancaire. Il est sûr que cela va régler le manque de personnel dans le secteur de la restauration ! Et les médias - dont on hésite à les qualifier d’imbéciles ou de lèche-bottes (les 2 mon capitaine) - de reprendre ce formidable scoop à chaque édition de leur journal… Est-il utile de faire remarquer que cette (chiche, probablement très chiche quand elle ne sera pas nulle) augmentation pour les salariés concernés ne devra rien au patron, ne sera pas assujettie à cotisation (donc pas de salaire différé) ?

Quant à son efficacité, il est permis de douter. Par contre cela est un nouveau coin mis dans le principe des cotisations sociales, histoire de bien nous mettre dans la tête que « la sécu » coûte trop cher … aux patrons. Autre sacré coup de griffe dans notre modèle social : le statut dérogatoire accordé à 50 écoles, permettant aux directeurs de choisir les enseignants en fonction d’un projet pédagogique « adapté aux élèves ». Le « coup de gueule » de Flora Michel vous en dira plus. Soulignons tout de suite que cette décision tourne le dos à l’école républicaine de diverses manières : en cassant le statut unique des enseignants (la fonction publique est bien sûr en ligne de mire), en cessant d’offrir et de s’organiser pour assurer à l’ensemble des petits écoliers puis des collégiens et des lycéens l’accès à un même enseignement. On voit déjà dans certaines de nos grandes villes que l’enseignement dans les collèges et lycées des quartiers favorisés et des quartiers populaires n’est pas de la même exigence. Qu’en sera-t-il avec l’application de ce statut particulier ? Un recrutement à la tête du client et non basé sur les diplômes et concours pour les profs, un programme tout autant à la tête du client pour les élèves, c’est un grand pas vers l’école privée et le « chèque école » auquel certains rêvent.

Et pendant ce temps la crise sanitaire qui a servi de prétexte pour revenir sur les droits acquis des salariés, permet aux financiers de s’enrichir. C’est le cas de groupes pharmaceutiques tels Pfizer et Moderna qui ont profité de leur négociation avec l’Union Européenne pour augmenter - de 25% ! - le prix de leurs vaccins. L’ONG Oxfam rappelle que Pfizer, BioNTech et Moderna auraient facturé aux gouvernements jusqu’à 41 milliards de dollars de plus que le coût de production estimé des vaccins. Résistance sociale fait partie du collectif qui demande la levée des brevets et vous appelle à le rejoindre. (...)

Mis en ligne le 29 septembre 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational / p. 3 à 6 : Place au débat : Fédéralisme et discours de Macron – Avez-vous remarqué : La Poste, la justice donne raison aux salariés / p.7 : Actu sociale : Politique régionale de transport ferroviaire : l’impasse de la concurrence / p.8 : Coup de gueule : Mieux vaut rouge que vert.

Mis en ligne le 22 juillet 2021
Juin 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational / p.4 à 6 : Place au débat (programme de stabilité européen) / p.6 et 7 : Actu sociale (Appel pour la Poste) p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Le scrutin qui vient de se dérouler, élections régionales et départementales, est clair et sans tendresse pour la démocratie : les 2/3 des Français ne croient plus en son exercice.

Evidemment, on entend, à longueur de médias, que les Français sont « inadaptés » à l’exercice politique (Duhamel) ou, au moins, qu’ils ne devront pas se plaindre puisqu’ils ne se rendent pas aux urnes (la gauche). Et quand le RN est aux portes d’une région la plupart -et, si je doute de l’efficacité, je ne condamne pas- appellent à voter pour ceux-là mêmes qui sont la cause de ce vote de désespérance. A nouveau donc, je m’insurge contre ce mépris des classes populaires qui consiste à condamner, à invectiver ceux qui ne veulent plus choisir une alternance qui n’est pas une alternative, alors qu’ils ont maintenant une trentaine d’années derrière eux pour constater que les politiques menées ne marquent pas la différence qu’ils souhaitaient. (...)

Mis en ligne le 1er juillet 2021
Mai 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 et 3 : lnternational / p.4 à 6 : Place au débat (Relance et austérité) / p.6 et 7 : Actu sociale (Mettons fin au système de brevets privés) / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Le mois de mai a commencé par la traditionnelle manifestation du 1er mai. Résistance sociale a exprimé à travers un communiqué son soutien aux militants CGT qui ont été agressés en fin de parcours par un groupe d’individus particulièrement violents. Depuis des années, des éléments « incontrôlés » perturbent les manifestations dans le but évident de les discréditer. Cette fois, ils ont franchi une marche supplémentaire en s’en prenant physiquement à des militants syndicaux. Il serait temps, particulièrement à gauche, de cesser de trouver des excuses à ces fauteurs de troubles, casseurs, black-blocs, etc… et de les condamner fermement. Plus encore en cette journée du 1er mai symbole de la lutte des travailleurs de tous les pays pour obtenir de nouveaux droits et garder ceux durement acquis. Il est également temps d’exiger de nos gouvernants qu’ils donnent des ordres clairs et fermes aux forces de police afin que ces casseurs ne puissent plus nuire aux manifestations.

C’est le manque de force des organisations syndicales qui permet aux libéraux de s’en prendre aux droits collectifs et individuels des travailleurs, au statut d’EDF, à la sécurité sociale, d’imposer des licenciements et délocalisations, des privatisations et une réforme régressive des retraites… Nous aurions besoin de retrouver des organisations syndicales fortes et claires, en particulier une CGT, face au capitalisme débridé imposé par les dirigeants de la France et de l’Europe.

Dans ce contexte de faiblesse de la gauche syndicale, la gauche politique - électorale plus exactement - ne pèse pas lourd non plus : tout confondu - mais pas toute alliée ! - entre 25% et 30%. Faut-il pour cela appeler, lors de l’élection présidentielle de l’an prochain, à une candidature unique ? Aurait-elle un sens ou, au moins, une chance ?

Regardons le paysage politique. La décomposition qui dure depuis déjà pas mal d’années s’est accélérée ; c’est peut-être -espérons-le - le signe que la recomposition est à l’horizon. Pour ce qui est de la droite, le temps d’un grand parti de droite populaire, hérité du gaullisme, est bien révolu. Le petit parti libéral, issu du giscardisme, a rempli sa mission : la droite s’est modifiée, elle s’est mondialisée et elle ne s’encombre plus de considération « sociale ». LR se déchire entre les pseudos-héritiers et les pseudos-modernistes. Les premiers flirtent avec le Rassemblement national, version présentable du Front national ; les seconds sont depuis longtemps passés, avec armes, les bagages suivront, au macronisme actif dans lequel les successeurs de Giscard s’étaient déjà fondus. Une droite aux apparences sociales renaîtra-t-elle de cela ? Pas de de Gaulle à l’horizon, on peut en douter. (...)

Mis en ligne le 29 mai 2021
Avril 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : Actu sociale (Les hôpitaux) / p.3 à 5 : Place au débat (La pédagogie de BFM) / p.6 : Actu sociale (BdF) / p. 7 : 1er mai / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Les élections présidentielle et législatives n’auront lieu que dans plus d’un an, le temps du bilan n’est sans doute pas encore venu … sauf à dire qu’on pouvait déjà l’établir au bout d’une année, ce qui a d’ailleurs été démontré par l’ensemble du mandat !

Eh bien regardons quand même un peu où nous en sommes.

Et puisque nous sommes en pleine pandémie, commençons par l’hôpital, l’hôpital public, celui qu’on diffame quand tout va bien et qu’on fait applaudir lorsqu’on est en crise… faute de lui redonner les moyens supprimés depuis des années au nom du libéralisme qui détruit le service public. Gabriel Attal, porte-parole d’un gouvernement d’hypocrites, a beau reconnaitre « un probable sous-investissement dans l’hôpital », il n’en reste pas moins qu’on a continué et qu’on continue à imposer au service public hospitalier des économies comptables indignes passant par des suppressions de postes et de lits.

A travers les plans d’économies qui se sont succédé depuis plus de 15 ans à l’initiative des gouvernements de Sarkozy, Hollande et Macron, destinés à contraindre les dépenses hospitalières dans le strict respect d’objectifs comptables, ce sont plus de 12 milliards d’euros de coupes budgétaires qui ont été infligés aux hôpitaux. Ainsi ont disparu environ 40% des lits de réanimation ; on imagine ce que ça entraine pour la gestion de la pandémie dans les services ! Le prix fort est aussi payé par le manque flagrant de masques, de gel, de surblouses… Des actes chirurgicaux ont dû être repoussés : 25% de greffes en moins en 2020 (29% pour les greffes du rein), voilà un des brillants résultats de cette politique.

La politique de santé désastreuse qui éclate sous nos yeux n’est qu’une illustration du dogme macronien : il n’avait pas caché vouloir une France à la Thatcher, une « start-up nation », une société « post salariale », sans statuts, ubérisée, sans système de sécurité sociale. Il fallait tourner le dos au programme du CNR. Et il a amplifié la privatisation des services publics, hôpitaux, école, énergie, transports, … et il s’attaque même aux administrations (de la gestion des forêts… à celle de l’impôt ?). Il s’en prend au Code du travail -déjà mis à mal sous Hollande lorsqu’il était ministre des finances- et facilite la « mobilité », en fait les licenciements ; il supprime les structures de représentation du personnel et facilite les emplois « déstructurés » : uber ou auto-entrepreneurs. Le financement de la sécurité sociale est asséché : cotisations allocations familiales, cotisations chômage supprimées, cadeau aux entreprises avec des exonérations de cotisations sociales salariales et patronales. (...)

Mis en ligne le 24 avril 2021
Mars 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational / p.3 à 6 : Place au débat (Le chômage) / p.6 et 7 : Commémoration (150 ans de la Commune de Paris) / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Rien ne change. Tout s’accélère.

C’est ce qui ressort d’une année de crise sanitaire.

Le grand patronat financier n’a, en rien, à se plaindre de la crise du covid qui paralyse notre pays. Bien au contraire : leurs bénéfices explosent et le taux des dividendes est excellent. Sanofi vient de distribuer 4 milliards d’euros à ses actionnaires. Et selon les infos, Bernard Arnaud, le super milliardaire français, vient de doubler sa fortune en un an. Cela va tranquillement continuer puisque le gouvernement annonce de nouvelles baisses des impôts pour les entreprises et des facilités pour que « les plus riches » leur prêtent -charitablement mais pas sans intérêts- de l’argent plus facilement et avec un bon retour sur investissement. Pendant ce temps le gouvernement a décidé que le financement du chômage partiel -8 millions de salariés mis au chômage forcé- serait « socialisé ». On ne peut contester cette décision, mais là où le bât blesse, c’est que le décideur n’est pas le payeur ! Alors qui paie ? Mais l’URSSAF bien sûr… c’est-à-dire l’argent des salariés, pas le budget national et surtout pas le patronat.

Pendant qu’on s’inquiète de l’impact de la crise sanitaire sur les patrons, le chômage, le chômage « ordinaire », explose sans faire la une des journaux (+20% en Ile-de-France qui n’est pourtant pas la région la plus en difficulté). C’est le moment choisi par le gouvernement pour mettre en pratique une réforme de l’assurance chômage qui apportera un peu plus de misère à ceux qui vivent déjà dans la pauvreté. Pas de coup de pouce non plus pour le SMIC ou les minima sociaux, un million de demandes supplémentaires d’aide alimentaire, voici où en sont nos compatriotes.

Sans compter que Macron relance la casse des retraites par répartition qu’il avait pourtant, il y a une dizaine de mois, dit vouloir mettre sous le boisseau. Ceux qui y ont cru vont à nouveau être déçus ! A l’autre bout de l’échelle des âges, les étudiants qui vivent déjà des conditions d’études particulièrement stressantes, traversent, pour les plus défavorisés, de graves difficultés financières. La ministre de l’enseignement supérieur a d’ailleurs reconnu officiellement devant le sénat que le nombre de suicides chez les étudiants devenait préoccupant.

Macron prépare l’avenir… de ses amis en renforçant les privatisations (cf le projet Hercule à EdF) et en pérennisant les atteintes au droit du travail grâce à la prolongation de l’état d’urgence sanitaire.

Il prépare aussi l’avenir par une gestion incohérente de la pandémie : confinements, déconfinements, couvre-feu à 18h en zones rurales mais entassement quotidien dans le métro, fermetures de tous les établissements culturels -qui s’étaient organisés au moins aussi bien que les lieux de travail-, fermetures des bars et des restaurants -qui jettent dans la précarité employés et restaurateurs ou cafetiers-… Par contre, pour ce qui concerne le seul vrai moyen d’endiguer cette épidémie, la vaccination, les vaccins arrivent au compte-goutte, Macron se pliant aux exigences européennes, en fait allemandes. Ne parlons pas du résultat des politiques françaises d’abandon de la recherche : Sanofi ne s’illustre pas ; son vaccin en collaboration avec Pasteur et l’anglais GSK ne devrait pas voir le jour avant la fin 2021. (...)

Mis en ligne le 5 avril 2021
Février 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational / p.3 à 6 : Place au débat (Le médicament) / p.7 : Actualité sociale (construction navale - Projet Hercule) / p.8 : Coup de gueule / Avez-vous remarqué ?

L’édito de Marinette Bache

La vie des Français est rythmée depuis presque un an par les exigences liées à la crise du covid… et à la manière dont le gouvernement la gère. Beaucoup sont lassés, inquiets pour ne pas dire exaspérés. Mais il n’est pas sûr que cet état d’esprit ne soit dû qu’à la crise sanitaire. Voici pratiquement 40 ans que nous vivons sous l’idéologie du libéralisme qui a reçu en ces 4 décennies divers épithètes : du libéralisme dit « social » à « l’ultra » libéralisme.

Mais, direz-vous, la gauche a, pendant cette période, occupé plusieurs fois la tête de l’Etat ! En effet, les élections se sont succédées et ont vu s’installer une forme d’alternance, une alternance partidaire… mais ni économique et sociale ni politique. 1981 avait vu se lever un véritable espoir ; il a été rapidement déçu lorsque le gouvernement de François Mitterrand a décidé d’ouvrir une « parenthèse » qui n’a jamais été refermée, qu’on n‘a jamais cherché à refermer. Dès 83, c’est le tournant de la rigueur où, comme le chante Jean Ferrat, il devient commun de penser que « les idées archaïques ne feront qu’aggraver la crise économique ». « Archaïques » égalent « solidaires », égalent « justes », égalent « volontaristes »… Les élections qui ont suivi ont toujours répondu au même souhait des Français : sortir les sortants. Ce n’est certes pas l’adhésion à un projet politique ; c’est cependant un signe fort que les politiques qui dirigeaient la gauche de l’époque n’ont jamais voulu voir : le rejet de la politique menée. Les Français ne se sont pas laissés abuser bien longtemps par cette gauche qui, à la fois, les abandonne et s’abandonne elle-même : c’est la montée de l’abstention et l’apparition du FN dans le paysage électoral.

Il faut dire qu’au nom de la « modernisation », on a tourné le dos aux valeurs de la gauche, pire à la gauche, à son électorat naturel, à ceux qui gagnent leur vie par leur travail, au peuple. On a mené une politique - c’est normal pour la droite, c’est incompréhensible lorsqu’on se réclame du socialisme - au service du patronat, devenu essentiellement financier. Délocalisations, hausse du chômage, baisse des salaires, attaques contre les droits des salariés, contre la sécurité de l’emploi
- présentée comme une « entrave » à l’économie -, contre la sécurité sociale
- dont on oublie qu’elle n’appartient qu’aux travailleurs -, privatisations des principaux outils de production, suppression ou/et casse des services publics, appauvrissement de la fonction publique, indigence des retraites et des diverses allocations, paupérisation des moyens de l’Etat au service de l’égalité des Hommes et des territoires,… ont été la marque de lois successives. Toutes ont été contestées, ont fait l’objet de manifestations et de grèves. Toutes, cependant, ont été votées par des majorités discréditées mais aux ordres.

A l’exception de l’expérience, bien courte, du Front de gauche, cette politique n’a jamais fait l’objet d’une remise en cause globale et réelle. La pandémie est l’occasion pour ce gouvernement d’amplifier ce mouvement. De nouveau les droits des salariés sont mis en cause, amoindris ou supprimés au prétexte de la situation d’exception que nous vivons. « L’après ne sera pas comme l’avant » avait dit Macron. Bien peu sans doute avaient pu croire que cette déclaration augurait des jours meilleurs. Aujourd’hui chacun peut voir qu’il s’agit seulement d’amplifier les ravages du libéralisme. (...)

Mis en ligne le 4 mars 2021
Janvier 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 lnternational / p.3 à 6 : Place au débat (EDF- RATP - SANTE) / p.7 : Actualité sociale (Michelin -construction navale- Grandpuits) p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

« Plus rien ne devra être comme avant » avait dit Macron ! Ça commence mal, les annonces de début d’année 2021 ressemblent fort à celles des précédentes années de son mandat : les salaires ne seront pas réévalués (+0,99% pour le SMIC), les pensions de retraites non plus (+0,4% pour les retraites de base, +0% pour les pensions AGIRC-ARRCO). Par contre les factures augmenteront (+0,2% pour le gaz, +2% pour l’électricité, +11% pour les timbres). La lutte contre le chômage et la pauvreté ne sont toujours pas des priorités gouvernementales tandis que le supposé « ruissellement » n’est pas à l’œuvre. L’indécence, elle, est toujours d’actualité à travers Elisabeth Borne qui n’hésite pas à déclarer « c’est la plus forte hausse du pouvoir d’achat de ces 10 dernières années ». Mais qu’attendent donc les salariés pour la remercier !

Pour les libéraux qui nous gouvernent ce n’est pas la crise sanitaire qui doit entraver ce qu’ils nomment « réformes » et qui est la destruction du système social français. Donc, les retraites restent dans la cible comme nous le rappellent des déclarations récentes et, après s’être servis de l’état d’urgence sanitaire pour amoindrir un peu plus les droits des salariés, ils continuent à s’en prendre à ce qui reste de nos services publics. EDF est ainsi dans le collimateur avec le projet Hercule sur lequel RESO s’est déjà exprimé. C’est de l’indépendance énergétique de la France dont il s’agit, mais Macron préfère faire plaisir à la Bourse où l’action EDF bondit de +9,5% ! La sécurité sociale reste également dans la ligne de mire. Nous vous invitons à rejoindre l’Appel des 75 personnalités pour les 75 ans de la Sécu que RESO a signé (https://www.convergence-sp.fr/75-ans-de-la-secu-75-personnalites-signent-pour-que-vive-la-securite-sociale/).

Le macronisme trouve de l’argent comme jamais pour les entreprises (et pas toujours celles qui en auraient le plus besoin, les PME, les TPE, les restaurants, les librairies, nombre de commerces sont dans une situation très difficile) mais ne se préoccupe guère des conséquences sur les salariés. Ne parlons pas de sa notion tout à fait singulière de ce qui est « essentiel » et qui a concouru à fermer tout ce qui concerne le secteur culturel par exemple. Voila 10 mois que nous subissons une grave pandémie. Nous sommes victimes, bien sûr, de la casse des services hospitaliers. C’est le Comité consultatif national d’éthique qui écrit le 16 novembre 2020 « La tension qui s’exerce sur le système sanitaire, révélée à l’occasion de l’épidémie de Covid-19, traduit l’insuffisance des moyens au regard des besoins de santé ». Nous avons plusieurs fois eu l’occasion de le dire : le dogme libéral veut que tous les lits d’un hôpital soient toujours occupés ; on voit ce qui en résulte lors d’une crise sanitaire ! Les restrictions sont organisées par les lois de financement de la sécurité sociale (LFSS). L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) fixe les dépenses de santé devant être remboursées par la collectivité en ciblant particulièrement les hôpitaux. Il s’agit de les contraindre à se serrer la ceinture : sous Sarkozy, 580 millions d’euros de restrictions annuelles ont ainsi été obtenues, puis, sous Hollande 876 millions par an en moyenne ; mais le pompon est pour Macron avec 2,6 milliards d’économies en 2018 et 2019. Un milliard supplémentaire était prévu pour 2020, avant que le Covid-19… On ne peut faire semblant de s’étonner de l’état de nos hôpitaux publics. (...)

Mis en ligne le 24 janvier 2021
Décembre 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : lnternational / p.3 à 6 : Place au débat (Le Conseil d’orientation des Retraites) / p.7 et 8 : Déclaration des enseignants d’un lycée d’Ile-de-France à leurs élèves à la suite de l’assassinat de Samuel Paty

L’édito de Marinette Bache

Qu’est-ce que la gauche ?

Pourquoi est-ce que je pose cette question ? Mais parce qu’elle est cruellement d’actualité quand certains voudraient imposer comme « progressiste » la division entre les individus au nom de leur sexe, de leur prétendue race ou de leur supposée religion, quand, au nom de la modernité, on a, depuis plus de 40 ans maintenant, détricoté méthodiquement tout ce qui permettait à chacun, quelle que soit sa fortune, d’avoir accès à la vie citoyenne, économique et sociale.

La gauche, c’est donc d’abord le respect du citoyen. De l’Homme (homme ou femme) élevé -au sens littéral- dans la raison et ainsi capable par le savoir qu’on lui a transmis de développer une réflexion personnelle en dehors de tout dogme, une réflexion libérée de tout ghetto « culturel » d’origine ou/et imposé.

La gauche, c’est de permettre à chacun de vivre de son travail, sans avoir de craintes vis-à-vis des fins de mois, sans que ce travail avilisse ou rendre malade. C’est de faire que la loi veille à instaurer des rapports professionnels corrects et un salaire décent et non remis en question. C’est aussi de promouvoir l’accès de chacun au repos et aux loisirs.

La gauche, c’est que la communauté nationale, la seule reconnue par tous, prenne en charge ceux qui sont la proie de difficultés passagères ou durables. Que ce soit pour la maladie, le handicap ou la perte temporaire d’emploi. Et qu’une vieillesse confortable et à l’abri du besoin soit possible. La gauche, c’est que chaque enfant, chaque adolescent, chaque jeune, garçon ou fille, ait accès à une éducation laïque, obligatoire et gratuite. Une école exigeante et de qualité.

La gauche, c’est que le libre débat puisse avoir lieu et les idées se bousculer sans la menace du dogme, de la bien-pensance ou de l’accusation de blasphème.

La gauche, c’est tout ça… et bien autre chose, mais d’abord tout ça.

La gauche, c’est la Liberté, l’Égalité et la Fraternité.

Mais cette gauche n’existe pas si elle en reste aux intentions et aux belles paroles.

La vérité de la gauche se mesure à son courage.

Une gauche qui se soumet aux lois du capital, aux volontés des puissants au prétexte « qu’on ne peut pas faire autrement » n’est pas la gauche.

Une gauche qui a peur d’elle-même, qui oublie ses racines républicaines et socialistes n’est pas la gauche.

Une gauche qui n’a pas le premier souci des besoins et aspirations du peuple plutôt que des sollicitations et quémandages des élites n’est pas la gauche. Une gauche qui adopte les façons de penser et d’agir de ses adversaires n’est pas la gauche.

Car la gauche se reconnait à travers les outils qu’elle se donne pour être à la hauteur de ses devoirs et des espérances.

Un État, outil de planification, de perspectives, facteur d’égalité territoriale avec des transports collectifs modernes et respectueux de l’environnement, desservant l’ensemble de nos communes, des services publics nationaux forts et implantés dans tous les territoires, une puissance publique organisant la relocalisation de nos industries et de nos emplois y compris sous son contrôle direct, en prenant en compte les divers intérêts économiques, sociaux et environnementaux de la population. (...)

Mis en ligne le 12 décembre 2020
Novembre 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : lnternational / p.3 et 4 : Place au débat (Budget de la santé) / p.5 à 7 : Actualité sociale (Sécurité sociale ; plans sociaux) / p.8 : Coup de gueule ; Avez-vous remarqué ? (Quand Élisabeth Borne pronostique une baisse du chômage en 2021)

L’édito de Marinette Bache

Si cette loi était vraiment une tentative de lutter contre le terrorisme islamiste, on la regarderait avec attention bien que ce gouvernement n’est pas le mieux placé pour le faire et qu’on ne peut avoir aucune confiance en ceux qui ont créé toutes les conditions pour que l’islamisme se développe dans des quartiers abandonnés par les outils de la République. Mais la proposition de loi LREM dite « sécurité globale » est d’abord l’occasion de rogner la liberté d’expression -qui fait pourtant tant peur aux intégristes !- par l’article 24 qui prévoit d’interdire la prise et la diffusion de photos montrant des policiers outrepassant leurs droits et/ou faisant preuve de violence. Nous avons tous à l’esprit la répression contre les « Gilets jaunes ». Faire bastonner le populo par des forces de l’ordre à la solde des riches serait la mission de notre police ? Et pendant ce temps on laissait les black-blocs casser à l’aise pour discréditer tout mouvement de contestation. Ce n’est pas la tradition française. La police, majoritairement républicaine, a, au contraire, tout à gagner que ses éléments réactionnaires, violents et racistes soient clairement dénoncés. Et punis.

Mais la méthode du gouvernement n’est pas nouvelle. De la même façon, il s’est servi des lois d’urgence liées à la pandémie pour rogner les droits des salariés et mettre au pas la société française. Le droit de manifester a encore récemment été mis en cause comme le démontrent les mesures prises contre les citoyens et salariés qui s’opposaient, ô combien justement, à la fermeture de l’hôpital Hôtel-Dieu à Paris.

La loi sur la recherche votée il y a quelques jours va même jusqu’à remettre en cause la tradition séculaire pour les étudiants de s’exprimer dans les universités.

Après les atteintes successives au Code du travail (ANI, refonte de la représentation des salariés et suppression des CHSCT en 2014, loi Macron en 2015, loi El Khomri en 2016, ordonnances Pénicaud en 2017) la 1ère loi urgence-covid et les ordonnances de mars 2020 ont mis à mal un peu plus les droits des salariés. L’été a permis aux libéraux qui nous gouvernent de rechercher comment faire mieux (pire !). Le 1er ministre s’y est engagé devant le MEDEF : « Des mesures de simplification ont été adoptées pendant la crise sanitaire par ordonnances ». Puis « ces dispositions seront prolongées, amplifiées et, si possible, pérennisées, qu’il s’agisse du droit du travail et de la formation professionnelle ». Rien que ça ! Rappelons-nous l’invention des « contrats de mission », le rêve du patronat : je te prends, je te jette…

Et pointe son nez la retraite à 63 ans, votée par la droite du Sénat ! La collusion entre le macronisme et la droite apparait de plus en plus clairement.

Pendant ce temps, les entreprises du CAC40 font leur beurre et chouchoutent des actionnaires de plus en plus exigeants… que l’on satisfait : en 20 ans les dividendes distribués ont augmenté de 269% ; ça n’a pas été le rythme des salaires. Pendant ce temps des entreprises ferment ou licencient : Bridgestone, Danone, Nokia, Auchan… Des milliers de familles sont précipitées dans la pauvreté. Je vous invite à consulter les rapports et les alertes du Secours populaire, des restos du cœur ou du Secours catholique. (...)

Mis en ligne le 1er décembre 2020
Octobre 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito : « A Samuel Paty… » / p. 2 : Solidarité internationale : en Bolivie, le peuple s’est exprimé ! / p.3 à 5 : Place au débat : en colère, je suis en colère… / p. 5 à 7 : Actualité sociale : VEOLIA SUEZ : pour une gestion publique de l’eau / Crise sanitaire et PME : résister mais jusqu’à quand ? / p.7 : Avez-vous remarqué ? : l’accès aux urgences à 18 euros / p.8 : Appel des 49 pour la laïcité

L’édito de Marinette Bache

A Samuel Paty, nous devons de nous souvenir du courage dont il a fait preuve pour s’affronter au tabou des caricatures afin d’exposer à ses élèves ce qu’est la liberté d’expression.

A Samuel Paty, nous devons d’emprunter un peu de ce courage pour cesser de nous incliner devant les injonctions des islamistes.

A Samuel Paty, nous devons la vérité, celle de ne plus trouver d’excuses à ceux qui, au nom de la pratique intégriste d’une religion, sèment la crainte dans nos quartiers et tuent.

Combat laïque, combat social. L’un et l’autre sont indissociables. L’un ne surpasse pas l’autre. Et on ne mène pas l’un sans l’autre. Le peuple ne le veut pas et nous reste sourd quand on l’oublie.

Qu’ils se taisent ceux qui prétendent combattre l’islamisme alors qu’ils abandonnent les quartiers à la misère sociale et intellectuelle. Alors qu’ils mettent les sociétés de HLM au pain sec, les contraignent à des économies comptables qui participent à la dégradation accélérée des logements sociaux. Alors qu’ils ferment les services publics : bureaux de poste qui baissent le rideau, transports publics qui ne desservent plus certaines rues trop dangereuses pour les chauffeurs, médecins qui fuient leur cabinet sous la menace des dealers, agences EdF, de la CPAM, centres des impôts qui disparaissent et contraignent les usagers à faire des kilomètres pour bénéficier de services qui leur sont dus. Les pompiers n’osent plus y pénétrer pour éteindre les feux de poubelles : marre d’être caillassés. Caillassés, comme tous ceux qui portent un uniforme -qui symbolisent l’Etat. Il y a longtemps que les agents de police -surtout les jeunes femmes, pire si elles sont noires ou maghrébines, regagnent leur domicile en civil et taisent leur profession. La police de proximité, celle qui connaissait les habitants et leur parlait, a déserté. On ne voit plus que la BAC. Et les emplois, particulièrement les vrais emplois avec un vrai statut, sont à peu près inexistants…

Quant à l’école, c’est à désespérer. Ceux qui en ont les moyens, Français de « souche » ou de « 2ème génération » pareillement, fuient des classes où le niveau a baissé et où l’islamisme pénètre, en douceur d’abord par le port du voile pour les mères accompagnatrices, ensuite par les filles munies d’un certificat médical de complaisance pour ne pas pratiquer le sport.

Oui, nombreux sont ces quartiers abandonnés, non pas à eux-mêmes, mais à l’islamisation rampante.

Ça couterait cher d’y réinstaller des bureaux de police, des services de proximité ? Ca couterait cher de redonner des moyens à l’école publique, de dédoubler les classes, d’instaurer dans les locaux des aides aux devoirs, d’embaucher des surveillants et des accompagnateurs pour les sorties scolaires ?

Eh bien cela couterait moins cher que de livrer une génération de déshérités au fanatisme religieux ! Ils sont nos compatriotes ou les hôtes de la République. Nous leur devons tout, exactement tout, ce que donne et doit donner la France à l’ensemble de ses enfants.

Et, en échange, nous exigerons le respect de la France républicaine. Et naturellement, ils aimeront leur pays.

Car le combat laïque est l’autre face du combat social. (...)

Mis en ligne le 15 novembre 2020
Septembre 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 à 6 : Place au débat (p.2 et 3 : « Ce sont nous les jeunes qui devons une dette éternelle à nos aïeux » - p.4 à 6 : « La rentrée sociale : les jours d’après seront-ils pires que les jours d’avant ? » / p. 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Une rentrée chaude en perspective disais-je dans le précédent édito. Force est de constater que la crise sanitaire bloque toujours les énergies. Les manifestations organisées le 17 septembre notamment par la CGT et Solidaires n’ont pas attiré autant de monde que la situation sociale aurait pu le laisser penser. Pourtant les plans sociaux commencent ici ou là à être annoncés parfois par des entreprises qui ont touché de confortables subsides de l’Etat comme c’est le cas pour Bridgestone. Le gouvernement montre les muscles mais concrètement que fait-il ? Pas grand-chose. Il refuse toujours de prendre les mesures nécessaires comme une nationalisation.

Comme pour la situation sanitaire d’ailleurs. Certes, des décisions sont annoncées mais sans la moindre concertation avec les élus locaux comme à Marseille. Alors que des premières restrictions avaient été mises en place dans le cadre d’une gestion concertée associant préfecture et mairie le gouvernement décide seul la fermeture des bars et restaurants fragilisant encore un peu plus ce secteur et tout ce qui le fait vivre. C’est toute la vie sociale qui est atteinte et ce ne sont pas les aides promises qui devraient permettre d’éviter de nouvelles faillites, sans compter que les salariés placés malgré eux en chômage partiel avec des salaires souvent bas ont de plus en plus de mal à survivre.

En revanche quid des mesures pourtant indispensables pour renforcer le système hospitalier non seulement à Marseille mais aussi à Paris et dans les métropoles où le virus circule activement ? Non seulement le nombre de lits de réanimation n’a pas augmenté mais les menaces de suppressions sont toujours d’actualité. Le conseil de l’ordre tire la sonnette d’alarme dans un sens et le principal syndicat de médecins généralistes dans l’autre… Rien n’est moins rassurant.

Cela alors que dans quelques jours se tiendront à Saint-Etienne des assises pour célébrer les 75 ans de la Sécurité Sociale à l’initiative de la Convergence de Défense des Services Publics.

Mais la vie continue malgré le Covid. (...)

Mis en ligne le 3 octobre 2020
Juillet/août 2020

Au sommaire ce mois-ci :

P. 1 : L’édito / P. 2 A l’international / P. 3 et 4 : Sécurité sociale du XXIème siècle ou retour au XiXème siècle ? / P. 5 et 6 : La racialisation de la question sociale est une impasse / P. 7 : Appel pour mettre les services poublics au coeur du projet de société / P. 8 : Stop au Vychysme ; réintégration immédiate d’Anthony Smith !

L’édito de Marinette Bache

N’évoquons pas longuement la composition de ce nouveau gouvernement. Dupont-Moretti, le grande gueule anti institution judiciaire, à la justice, Bachelot, la complice d’Hanouna, à la culture et ne parlons pas de Darmanin à l’Intérieur. Rire ou pleurer ? On vous laisse le choix.

Plus grave, ce gouvernement est la preuve que « le jour d’après sera pire que le jour d’avant » aussi longtemps que notre pays restera sous le joug de Macron et de ses mandants financiers. Et cela est confirmé par l’intervention de Macron lui-même le 14 juillet.

En matière de santé d’abord, puisque les soignants ont été l’objet – en parole - de toutes les marques d’admiration officielles pendant plus de 2 mois. Le « ségur de la santé », comme prévu, accouche d’une souris. Les soignants se voient gratifier de 183 € d’augmentation. Nos personnels infirmiers resteront ainsi dans la partie basse des rémunérations européennes… alors que leur niveau de formation est très largement en tête. Il faudrait créer 100 000 emplois dans le secteur hospitalier public, simplement pour rattraper les destructions de ces 30 dernières années de casse généralisée des services publics. Le gouvernement en prévoit (généreusement !) 15 000 !

Cela est sans doute en phase avec les déclarations emphatiques de Macron affirmant que « la santé gratuite est un bien précieux ». C’est probablement pour cela également que la présidence a commandé à la Caisse des Dépôts, organisme d’Etat dévoué au libéralisme, une note qui recommande d’aggraver la marchandisation de l’hôpital et de la santé en général. On est très loin des « biens et services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » -sic. Le ségur a fait pschitt : il n’y aura pas de « plan d’investissement massif pour l’hôpital public ». (...)

Mis en ligne le 31 juillet 2020
Juin 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : A l’international / p.3 à 6 : Place au débat / p. 6 : Les bras m’en tombent / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Au fur et à mesure que nous franchissons les étapes du confinement, nous découvrons que demain, contrairement à ce que les naïfs auraient pu croire des propos de Macron, sera le reflet d’hier… ou pire qu’hier.

On nous annonce déjà des milliers de chômeurs supplémentaires (300 000 en Ile-de-France selon Valérie Pécresse) et ceci dans le but de revenir plus encore sur les lois protégeant les salariés et sur le Code du travail. Le Medef, dont les propositions sont reprises par divers ministres, réclame, sous prétexte des difficultés des entreprises, toujours plus de précarité. Ah ! la « liberté » de licencier ! On nous refait le coup du « on est tous dans le même bateau ». Sauf que certains sont au gouvernail et que les autres rament…

L’ambiance des manifestations des soignants n’a pas évolué. Glissons sur les imbéciles qui viennent pour casser le mobilier urbain, les vitrines et… du flic ; ils ne font qu’apporter de l’eau au moulin de nos adversaires. Ils ont toujours été les ennemis de la classe ouvrière. Ces mobilisations, toujours aussi importantes et soutenues par l’opinion publique, sont, comme avant la crise sanitaire, en but à la répression policière systématique sur ordre gouvernemental. Cela n’a pas empêché l’ampleur du mouvement. Outre le gros défilé parisien, plus de 200 rassemblements ont eu lieu dans toute la France à l’appel des organisations syndicales, CGT, FO, SUD, UNSA et du collectif inter-hôpitaux. Les revendications sont claires. Elles reprennent les exigences d’avant COVID-19, dont la pertinence a été démontrée par ces 2 mois et demi : revalorisation générale des salaires (300 à 400 € mensuels pas l’aumône d’une prime), arrêt des fermetures d’hôpitaux, de services et de lits, embauches de personnels. Toutes préoccupations portées par l’ensemble de la communauté hospitalière, médecins, personnels infirmiers et soignants rejoints par les divers personnels de santé et les employés des EHPAD. (...)

Mis en ligne le 29 juin 2020
Mai 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : A l’international / p.3 à 6 : Place au débat / p. 6 : Les bras m’en tombent / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Plus nous avançons dans le déconfinement, plus nous avons la certitude que, sans reprise en main de la question publique par le peuple, les jours d’après seront dans la droite ligne des jours d’avant.

S’ils ne sont pas pires ! On peut compter sur Macron, Philippe, Darmanin, Pénicaud, Le Maire, Véran, et compagnie pour se faire les parfaits exécuteurs des exigences des financiers si clairement exprimées par le Medef. Après la pandémie si difficilement gérée, le gouvernement a décidé d’organiser un "Ségur de la santé". Gageons que, sans mobilisation unitaire des personnels soignants et médicaux, soutenue par les usagers que nous sommes, ce ne sera qu’un écran de fumée qui, de plus, risque d’accoucher de mesures qui casseront un peu plus l’hospitalisation publique au nom de "l’efficacité". D’ailleurs, pendant la crise, sanitaire, les plans de fermetures des services ont continué. "Nous ne pourrons plus fonctionner comme avant" qu’il disait...

Sous le régime de la loi d’urgence, on en a profité pour privatiser complètement la Poste. La part de l’État dans le capital de celle-ci est passée de 73,68% à 34%. En perspective, une accélération des fermetures de bu-reaux et des suppressions d’emplois. Quant à la distribution quotidienne du courrier, il faut craindre qu’elle ait vécu.

Les mesures dérogatoires au Droit du travail s’accumulent au prétexte de relancer l’activité économique : allongement du chômage partiel, précarisation accrue des contrats de travail, en particulier pour les CDD et les intérimaires, menaces sur les congés, les 35h et les RTT... Pendant qu’en Nouvelle-Zélande, on en profite pour diminuer le temps de travail, en France, après avoir promis une médaille aux soignants, on envoie des chocolats aux postiers. Le mépris pour ne pas dire -pardon- le « foutage de g... » est devenu naturel.

Quant à Renault, empêtré dans des difficultés financières dues à la gestion à court terme de ses PDG et particulièrement de Calos Goshn, il va recevoir un prêt, sans contrepartie, de l’Etat de 5 milliards avec l’assurance donnée par Bruno Le Maire que le constructeur pourra continuer à fermer des sites et à licencier comme il le souhaitera. Aucune exigence ne sera formulée sur la nécessité d’adapter la production, d’une part, au "fabriquer en France", d’autre part, aux impératifs environnementaux. (...)

Mis en ligne le 31 mai 2020
Avril 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.3 : A l’international / p.4 et 5 : Libres propos / p.6 et 7 : Place au débat / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache et Pierre Kerdraon :

Nous sortirons du confinement. Cette pandémie cessera et nous rependrons une vie normale. Le tout est de savoir ce qui se cache derrière ce mot « normale ».

Pour l’instant, nous traversons l’épidémie dans des conditions difficiles. Nous ne parlons pas du confinement, évidemment difficile à supporter, principalement dans les grandes villes et notamment pour les familles populaires qui vivent dans de petits appartements – les différences sociales ne sont pas neutres à notre époque !

Mais nous parlons plutôt des conditions sanitaires dans lesquelles notre peuple traverse cette épreuve.

- des manques inadmissibles : masques, blouses, gels, tests, respirateurs, …
- des décisions inconséquentes et changeantes : port du masque, question des tests généralisés à la population, ouverture des marchés ouverts et de plein air, étrange « débat » sur l’utilisation de la chloroquine,
- des personnels hospitaliers (médicaux, soignants mais aussi techniques) éreintés par des conditions de travail impossibles, d’autant plus qu’ils sont souvent en nombre insuffisant,
- un manque criant de places en réanimation mais aussi plus largement dans l’ensemble des structures hospitalières alors que les plans de réduction de lits n’ont pas disparu (même si le directeur de l’ARS Grand Est a fait les frais de son franc-parler),
- un état dramatique des EPHAD avec un manque criant de personnel qui s’est révélé mortel pour de très nombreux résidents.

Tout cela n’est pas le fruit du hasard ou du destin comme ose le dire Macron. Si comme l’écrivait Émile de Girardin en 1849 « Gouverner c’est prévoir », les gouvernements de ces trente dernières années n’ont pas prévu grand- chose. Mais pire, ils ont détruit un système hospitalier qui avait fait ses preuves (64 000 lits supprimés en 20 ans tout comme une centaine de structures hospitalières) sans autre préoccupation que l’intérêt des puissants et leur foi inébranlable dans le marché libre et non faussé. Et nous ne pouvons passer ce grave bilan par pertes et profits.

Avant la crise sanitaire, les Français soutenaient déjà les personnels soignants et médicaux des hôpitaux en grève. Avec la crise, ils ont mesuré l’ampleur des dégâts infligés par le libéralisme au service public hospitalier. Et ils ne sont pas prêts à pardonner aux responsables qui ont mis en danger leur santé et celle de leurs proches.

Faisant fi de ce sentiment, Macron et sa « majorité » ont profité de la situation pour faire passer une scandaleuse loi dite « urgence-coronavirus ». Cette loi remet en cause les acquis du droit du travail (Cf. bulletin de mars 2020) mais surtout n’a pas de date de fin d’application. (...)

Mis en ligne le 29 avril 2020
Mars 2020 - "Spécial crise sanitaire"

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 à 3 : Analyse / p. 3 : Solidarité internationale / p. 4 et 5 : Place au débat / p. 5 : Avez-vous remarqué ? / p. 6 : Coup de gueule - Un sondage significatif.

Analyse - Marinette Bache

Ce numéro de mars 2020 du bulletin de Résistance Sociale devait être le premier uniquement publié en numérique. La situation de confinement qui nous est imposée en fera un numéro spécial.

La crise sanitaire dure donc officiellement depuis le 17 mars à midi. La France, dans son ensemble, vit une situation de confinement inédite : nous sommes cloitrés chez nous et bien sûr, ce sont les plus défavorisés, les familles qui vivent dans de petits logements qui en souffrent le plus ; là également, l’inégalité règne. D’autres sont « au front », pour employer le vocabulaire guerrier -et sans doute inapproprié- de ceux qui nous gouvernent. Bien sûr il y a d’abord les personnels médicaux, infirmiers et soignants des hôpitaux, ceux de la santé « de ville » aussi, et ceux des EHPAD -qui vivent souvent un drame auprès des personnes âgées. Il ne faut pas oublier tous les personnels des services qualifiés « d’essentiels » : les agents de la propreté, des transports, des services funéraires, des pompiers, de la police et de la gendarmerie… personne, même dans ce gouvernement de libéraux, n’ose, en ces temps, contester la pertinence du service public ! Il y a tous ceux qui, dans les services sociaux et les associations, interviennent auprès des plus démunis. Il y aussi tous ces salariés que l’on oublie et qui nous permettent de continuer à vivre ; je pense en premier lieu aux personnels des supermarchés, principalement des femmes, caissières mal payées, qui sont chaque jour exposées au virus.

Ne revenons pas sur la décision de maintenir le 1er tour des élections municipales ; cela a sans doute été une occasion supplémentaire de propagation du virus. A partir du moment où ce tour a eu lieu, il devait être validé par respect pour tous ceux qui ont pris le risque de se déplacer pour accomplir leur devoir de citoyen comme pour tous ceux qui ont travaillé bénévolement à son organisation dans les bureaux de vote ; après cela le report du 2ème tour en juin était la seule décision possible.

Le bilan attendra la fin de l’épidémie. Mais dès maintenant, nous savons que ce bilan devra être fait. Dans les 2 assemblées des voix s’élèvent pour demander des commissions d’enquête parlementaires. C’est bien et ce sera utile. Mais le 1er bilan, il devra être établi par le peuple. Et déjà, on sait sur quoi il portera. (.../...)

Mis en ligne le 31 mars 2020
Février 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : Solidarité internationale / p.4 à 6 : Place au débat : La réforme des retraites, clé de voûte des réformes Macron / p.6 et 7 : Actualité sociale (Retrait réforme retraite et Hospitalisation à l’américaine)/ p.8 : Coup de gueule (communiqué CDDSP)

L’édito de Marinette Bache

Voici donc mon dernier édito dans la version « papier » de notre bulletin mensuel. Des contingences matérielles nous contraignent à abandonner ce canal au profit du seul numérique. Notre combat continue cependant. Et il reste le même, avec vous, fidèles lecteurs, à nos côtés.

Un édito que j’écris dans une période politique hallucinante où le candidat macroniste à la Mairie de Paris démissionne suite à la publication d’une vidéo sexuelle qu’il a lui-même envoyée lorsqu’il était porte–parole du gouvernement. Qu’y a-t-il de plus ahurissant : Que ce genre « d’atteinte à la vie privée » se banalise ou bien qu’un ministre soit assez irresponsable pour se conduire de la sorte ? Ce type a quand même la confiance (c’est un de ses proches) de celui qui possède le pouvoir d’appuyer sur le bouton du nucléaire. Ca fait froid dans le dos.

C’est la ministre Buzyn qui va faire la campagne municipale de Macron à Paris. On continue à nager dans le surréalisme. N’est-on pas en pleine épidémie du coronavirus ? Et Buzyn, n’est pas celle qui est responsable du plus long mouvement social connu dans les hôpitaux publics, presque un an et toujours en cours ? Celle qui a supprimé 4500 lits en 2 ans ? Celle qui a réussi à unir tous les acteurs de l’hôpital, de l’aide-soignant au professeur de médecine, contre ses projets ? Celle contre laquelle ont démissionné les chefs de service ? Celle qui ferme les maternités et les hôpitaux de proximité ?... Pire, c’est Olivier Véran qui la remplace au ministère des Solidarités et de la Santé. Qui est cet illustre inconnu de député macroniste ? Celui qui a, en 2018, déposé un amendement pour retirer la Sécurité sociale de la Constitution ! (...)

Mis en ligne le 25 février 2020
Janvier 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 et 3 : Solidarité internationale / p.4 à 6 : Place au débat : Retraites à points, faux compromis, vraie régression / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Contre la réforme des retraites, la lutte continue même si les salariés des transports ont majoritairement décidé de suspendre leur grève, ne pouvant rester indéfiniment sans salaire. Heureusement, les caisses de solidarité viennent atténuer un peu les sacrifices consentis qui ne seront pas vains même si la loi venait à être adoptée.

N’oublions pas le CPE. Bien que voté, la droite avait dû le retirer, vaincue par une opposition persistante. La réforme Macron continue d’être majoritairement rejetée par les Français, qui ont bien compris qu’elle signifiait une baisse continue du niveau des pensions, alors que jamais les plus riches ne se sont autant enrichis. Les dividendes des actionnaires ne cessent d’augmenter tandis que salaires et pensions stagnent. Le livret A, auquel les Français sont attachés, rapporte de moins en moins, alors qu’EDF va encore augmenter ses tarifs –pour mieux rétribuer les producteurs privés-, rendant toujours plus difficile la vie des gens modestes. Macron continue sa destruction du modèle social français avec l’idée de le remplacer par le modèle américain. Modèle que même les Américains sont de plus en plus nombreux à rejeter.

Derrière la réforme des retraites, c’est tout l’édifice construit par le Conseil National de la Résistance qui est menacé d’effondrement à commencer par la Sécurité sociale. Rejeter cette réforme c’est donc aussi se battre contre un système capitaliste qui appauvrit l’éducation, la justice, la santé, la solidarité entre les individus et entre les générations et favorise ghettos et communautarismes. Que ce soit au nom de l’Europe ou des multinationales fêtées en grande pompe à Versailles par Macron, le modèle que celui-ci voudrait nous imposer est contraire à ce que souhaite le plus grand nombre.

Une minorité peut certes gouverner pendant un certain temps, au besoin en faisant usage de la force, mais elle finit par plier faute de soutien populaire. Avocats, profs, médecins (plus de 1000 d’entre eux n’ont pas hésité à démissionner de leurs fonctions administratives) constituent un front du refus tandis que la contestation des Gilets Jaunes se poursuit. Il suffirait peut-être d’une étincelle pour que ces oppositions diverses se coalisent, rendant vaine la trahison de certaines directions syndicales toujours prêtes aux pires compromissions avec le pouvoir dès lors que çà facilite le reclassement des dirigeants.

Mais la contestation sociale a besoin d’un débouché politique. Or, aujourd’hui celui-ci n’existe pas. Certes, il est vraisemblable que la majorité présidentielle subira une défaite lors des prochaines municipales, défaite qu’elle tente déjà de masquer avec la circulaire Castaner. Mais cela ne fera pas bouger d’un iota Macron, qui n’est là que pour appliquer le programme de ceux qui ont permis son élection et se moque de la France. (...)

Mis en ligne le 22 janvier 2020
Novembre 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 : L’édito / p. 2 et p. 7 : Actu sociale (Manif Santé ; référendum ADP) / p. 3 à 6 : Place au débat (Mères accompagnatrices voilées, pourquoi il faut être ferme) / p. 8 : Coup de gueule (Retraite par points : Non !)

L’édito de Marinette BACHE

Pour une fois, je commencerai par une bonne nouvelle sur le plan international : la libération de Lula, même si en théorie elle n’est que provisoire. Chacun sait que l’ancien président du Brésil a été victime d’un procès vicié, avec de faux documents et un procureur, aujourd’hui ministre zélé de Bolsonaro, instruisant à charge. L’Amérique latine est aussi au cœur de l’actualité avec le coup d’état contre Evo Morales, le président bolivien, qui a heureusement pu trouver refuge au Mexique. L’indifférence affichée par l’Europe à ce coup d’Etat fasciste soutenu par Trump et les Evangélistes, est affligeante. Enfin saluons la victoire d’un péroniste de gauche en Argentine et espérons que cela mettra fin à la saignée libérale vécue par le peuple argentin au cours de ces dernières années.

Pendant ce temps, la course en vue de l’élection présidentielle de novembre 2020 aux USA bat son plein. Bernie Sanders engrange les ralliements tandis que, du côté républicain, Trump est la cible d’une menace de destitution. Mais celle-ci n’est que théorique et il serait bien aventureux de penser que sa réélection est définitivement compromise. En attendant il poursuit sa politique néfaste à travers le monde comme le lâche abandon des Kurdes face à l’islamiste Erdogan en Turquie au risque de permettre un réveil des Salafistes de Daech même s’ils ont perdu leur chef.

Salafistes qui poursuivent leur guerre idéologique jusque dans notre propre pays, aidés par l’aveuglement d’une partie de la gauche. Il ne faut pas se tromper : le combat pour la laïcité n’est pas qu’un combat sémantique qui n’aurait d’autre but que de détourner les salariés du vrai combat contre le capital, comme se complaisent à le répéter certains irresponsables. La laïcité est indissociable de la République et de ses valeurs, au premier rang desquelles l’égalité en particulier entre les femmes et les hommes. Là où certains voudraient imposer la soumission des femmes, nous devons soutenir leur combat pour l’émancipation comme le font avec courage ces Iraniennes qui luttent contre le port obligatoire du voile. (...)

Mis en ligne le 18 novembre 2019
Octobre 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : International / p.3 à 6 : Place au débat : PLFSS 2020 / p. 7 : Actualité sociale : le SP du rail / p.8 : Coup de gueule et Les bras m’en tombent

L’édito de Marinette Bache

Le mois d’octobre c’est le début de la discussion au Parlement des projets de budget et de financement de la sécurité sociale. On le sait, le Parlement est contraint puisque ces textes sont d’abord soumis à la Commission européenne. Il n’empêche. Dans la lignée des projets précédents, Macron et son gouvernement continuent de détruire tout ce qui a fait le socle du modèle social français. Peu leur importe qu’ainsi la France dégringole dans le classement des systèmes de santé et d’éducation. Leur leitmotiv ? Copier le modèle américain et ses inégalités criantes au bénéfice de quelques-uns. Le Président des riches, l’ami des patrons du CAC 40, ne sera satisfait qu’une fois toutes les conquêtes du Conseil National de la Résistance éradiquées comme le souhaitait publiquement Denis Kessler il y a quelques années. Macron a été le candidat de la Finance pour cela. Il a beau mettre en scène son soi-disant combat contre le RN son projet n’est en réalité pas si différent du sien.

Plutôt que des spécialistes du maintien de l’ordre, ce sont des policiers désorganisés et assaillis d’ordres contradictoires que le gouvernement a intentionnel-lement envoyés sur les manifestations. Il a couvert tous les dérapages violents : tirs aux LBD dans le visage, gazages et mutilations diverses aussi bien envers les Gilets jaunes que les syndicalistes, les soignants ou les pompiers et ceci sans qu’au bout d’un an un seul policier –ni, surtout, les donneurs d’ordre- n’aient dû répondre de ces actes. Mais la justice est lourde avec les petits, les « sans rien ». Des mois de prison pour le vol d’un paquet de riz, 500 € d’amende pour avoir décroché le portrait du président dans une mairie. Pendant ce temps Bénalla continue ses petites affaires, Sarkozy n’a toujours pas été jugé, Balladur est enfin convoqué devant la Cour de justice de la République pour de présumées fraudes de la campagne présidentielle de 95… Et on apprend que les décisions de suppressions de postes de magistrats dans le cadre de la réforme des tribunaux pourraient dépendre des résultats des candidats LREM aux municipales… Non décidément cette France qui se dessine n’est pas la mienne… ni celle de nos compatriotes si on en croit les sondages !

Pourtant, alors qu’on va bientôt fêter l’anniversaire du début du mouvement des Gilets jaunes, on ne voit pas des millions de Français dans les rues comme à Santiago ou à Hong-Kong ou plus près de nous à Bar-celone ou à Alger. Alors que le gouvernement prépare une nouvelle réforme des retraites touchant cette fois salariés et fonctionnaires, rien ne dit qu’on retrouvera des manifestations de même ampleur qu’en 1995. Pourtant le gouvernement hésite. Il a peur de l’étincelle qui pourrait déclencher le soulèvement populaire. D’autant que les syndicats préparent en-semble la journée d’action du 5 décembre et qu’à l’approche des élections municipales les organisations de gauche recommencent à se parler. (...)

Mis en ligne le 5 novembre 2019
Septembre 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : Solidarité internationale : Les transports aériens victimes du libéralisme / p.3 à 6 : Place au débat : Réforme à points des retraites / p.6 : Les bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale : Grève aux urgences / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Nous terminons un été chaud dans tous les sens du terme. Le gouvernement a poursuivi son travail de sape de notre société. L’annonce de la privatisation de La Française des Jeux serait presque passée inaperçue si on ne s’interrogeait pas sur un nouveau manque à gagner pour l’État ; et quid du loto du Patrimoine ? Macron et sa bande de malfrats –comment les nommer autrement ? On en perd tout respect des institutions !- poursuivent les suppressions de guichets dans les gares et des emplois y afférant, nous achèterons nos billets dans les débits de tabac ; ils suppriment aussi les Centres du Trésor Public, va-t-on prochainement payer nos impôts au tabac ?

En réponse, les mouvements citoyens n’ont pas cessé. Les comités de défense des services publics (maternités, bureaux de poste, guichets SNCF, écoles, hôpitaux…) n’ont pas suspendu leurs actions pendant les mois d’été. Largement appuyés par les populations locales, ils restent la preuve de l’attachement de notre peuple aux services pu-blics facteurs d’aménagement du territoire et porteurs d’égalité.

L’été a vu également s’amplifier les grèves dans les services d’urgence des hôpitaux. Le plan présenté par la ministre Agnès Buzin n’a fait que mettre de l’huile sur le feu tant il était évident que, non seulement, il ne règlerait rien mais, qu’en plus, son financement dégraderait encore la situation des autres secteurs de l’hospitalisation.

Nous avons aussi eu droit à la réception par l’Assemblée nationale d’une jeune Suédoise élevée par les médias au rang d’icône. La question climatique est grave. Et si l’Europe la subit, ce sont les pays du Tiers-monde, l’Afrique en tête, qui vont en pâtir le plus. Raison pour en traiter sérieusement. On ne sauvera pas la planète sans ses habitants.

C’est donc d’abord eux et leur vie quotidienne qu’il faut comprendre et prendre en compte. Il est scandaleux de demander à l’ouvrier creusois de se séparer de sa voiture diesel qui lui permet d’aller travailler, de faire ses courses, de conduire les enfants à l’école ou sa femme à la maternité… alors que son salaire stagne, qu’il n’y a plus d’usine qu’au chef-lieu, que l’épicerie du village a disparu depuis des années, que l’école et l’hôpital ont été fermés. (...)

Mis en ligne le 27 septembre 2019
Juillet/août 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 et 3 : International : la situation espagnole / p.3 à-6 : Place au débat : la casse de l’assurance chômage / p.7 et 8 : Actu sociale : Référendum Aéroports De Paris

L’édito de Marinette Bache

L’élection européenne passée, la vie reprend son cours de difficultés. Et l’opposition à Macron se manifeste toujours de manière aussi hétérogène. Le mouvement des Gilets jaunes, que le pouvoir a réussi à essouffler tant dans le mépris des personnes, dans l’indifférence aux souffrances qu’il révèle que par la force brutale de la répression des rassemblements et manifestations, cherche, sans résultat pour l’instant, d’autres formes d’expression.

Les comités citoyens de défense des services publics (maternités, hôpitaux, bureaux de poste, trésoreries…) perdurent grâce au courage de leurs animateurs et, aussi, à l’écho qu’ils rencontrent dans la population des zones rurales oubliées comme des quartiers urbains délaissés.

On peut légitimement penser que des occupations d’écoles vont s’organiser, peut-être pas dès avant les congés d’été, mais sûrement à la rentrée, puisqu’une fois de plus faisant fi des promesses, 150 écoles rurales vont disparaître et 250 vont faire l’objet de regroupements pédagogiques. Ceci sans évoquer les plus de 800 classes qui ont déjà été fermées !

Les services d’urgences sont en grève. Les choix budgétaires purement comptables appliqués à toute l’hospitalisation publique, n’ont bien évidemment pas pris en compte la réalité humaine : manque de médecins en secteur 1, déserts médicaux, paupérisation de la population, temps d’attente inacceptables pour l’obtention d’un rendez-vous, déremboursement des soins… et ainsi abouti à rendre impossible la vie dans les services hospitaliers. Les urgences sont en 1ère ligne ; elles ont craqué. Dans toute la France, des territoires ruraux aux grands hôpitaux parisiens, la grève s’est propagée comme un raz-de-marée, chaque jour annonçant un ou 2 services nouveaux. Cette grève est soutenue par 92% des Français bien conscients des problèmes -96% dans le milieu de la santé. Les personnels, médicaux et soignants, sont épuisés, démoralisés ; ils ne reconnaissent plus leurs métiers qu’on veut leur faire pratiquer à la chaine, avec pour seul critère la rentabilité au détriment de toute considération de l’humain. Ils ne veulent plus aujourd’hui être complices de cette déshumanisation de la prise en charge des patients ; ils ragent de ne pas avoir le temps de les traiter dignement. Comment serait-ce possible quand, depuis 20 ans, on a supprimé 100 000 lits et la moitié des maternités…. pendant que la population augmentait en s’éparpillant en campagne, en se ghettoïsant dans les banlieues. (...)

Mis en ligne le 19 septembre 2019
Juin 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 à 6 : Place au débat : le lycée professionnel / p.7 : Convergences / Avez-vous remarqué ? / p 8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Comment ne pas consacrer cet édito de juin à l’analyse des résultats de l’élection européenne ?

Je m’attarderai peu sur le score de LREM qui représente désormais clairement la droite libérale ; la vieille droite qui prétendait avoir le « sens de l’État et de l’intérêt des Français » est appelée à disparaitre ou à se fondre dans le libéralisme. La stratégie de Wauquiez de concurrencer le Rassemblement National sur ses thèmes et en poursuivant le message rétrograde de Fillon sur le plan sociétal n’a pas marché. Il faut dire que la politique libérale de Macron rend compliqué le message de la droite. Comment s’opposer à quelqu’un qui fait la politique que l’on souhaite ? Cette politique est par ailleurs la cause essentielle du score du FN/RN.

Comme souvent dans ce type d’élections les Verts, eux, font un score à deux chiffres mais, comme les soufflés, ça retombe généralement lors de l’élection suivante.

A gauche l’élection européenne n’a pas été favorable. Le PS fait sensiblement le même score qu’aux présidentielles, LFI chute lourdement, le PCF et Génération.s n’obtiennent pas assez de voix pour avoir des élus. Plus que jamais chacun parle de la nécessité de rassembler mais quand LFI explose les appels au rassemblement de ceux qui partent ressemblent plus au recollage des gauchismes de tous poils qu’à une volonté de se mettre à l’épreuve des attentes populaires.

Distinguons d’une part les prochaines élections municipales, où il faudra bien, en acceptant les réalités d’aujourd’hui, que la raison l’emporte et que le rassemblement le plus large possible se fasse contre la politique de Macron sous peine de voir la macronie envahir nos territoires, et, d’autre part, la réflexion nécessaire à la reconstruction de la gauche sur le long terme.

Pour cela ne nous cachons pas la vérité : 2 faits se détachent qu’on ne peut dissocier :

- le mécontentement populaire s’est exprimé majoritairement à travers le vote d’extrême droite,
- la gauche, dans son ensemble, est électoralement inexistante.

Il nous faut nous attacher à l’analyse de ces 2 données –complémentaires-. Il nous faut le faire sans fard si nous voulons comprendre et agir pour reconstruire le lien brisé avec le monde du travail. Moins de 12% des ouvriers, 13% pour les employés votent à gauche ; ces chiffres montent à 40% et 27% pour le RN. (...)

Mis en ligne le 13 juin 2019
Mai 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 5 : Place au débat : Semestre européen / p. 6 & 7 : Services publics / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Ainsi donc Macron a parlé. Il a tenu cette conférence tant attendue… par les médias à sa botte. Ce show télévisé prétendait clôre le fameux « grand débat » qui a permis au toujours candidat Emmanuel Macron de se payer des heures d’apparitions télévisées, pendant la campagne européenne, pour lui et ses afficionados. Mais toutes ses tentatives et celles de ses inféodés, gouvernement, députés LREM et BFM aux ordres, n’ont réussi à enfumer personne. Près de 2/3 des Français ne l’ont pas trouvé convaincant –il fait moins bien que Hollande à même époque de mandat. On peut les comprendre. Faisons le bilan des annonces.

ISF : on sait que les Français plébiscitent le retour de cet impôt qu’ils considèrent comme un des instruments de la redistribution. Nada. Rien. Comme Macron l’avait déjà dit. Aucune annonce non plus de réforme pour plus de justice fiscale. Une augmentation du nombre de tranches pour l’impôt sur le revenu ? Une plus forte imposition du bénéfice des sociétés ? vous rêviez !

Le gel du salaire des fonctionnaires ? Maintenu. Le Smic ? Rien. Pourtant 92% des Français réclament son augmentation. Et mieux, 1 Français sur 2 préconise une augmentation de 25% des salariés les moins bien payés et une baisse de 40% des revenus des grands patrons. Ce n’est pas difficile d’y voir la marque d’un refus de ces inégalités criantes et croissantes des revenus.

Retraites. Alors là, chapeau pour la désinformation (langage poli) ou pour le gros mensonge (réalité toute crue). Il n’y aura aucune ré-indexation des petites retraites l’année prochaine, comme faussement annoncé, simplement pas de sous-indexation… puisque le Conseil d’Etat l’avait interdite, suite à la saisine de parlementaires. Le gouvernement va donc seulement sous-indexer les retraites au-delà de 2000€… alors que 88% des Français s’opposent à toute baisse des retraites.

Autre astuce qui relève du mensonge : on ne touchera pas à l’âge légal du départ en retraite. Mais on augmentera la durée de cotisation. Expliquez-moi la différence au final !

Et pour le chômage, on annonce – sans mode d’emploi- une augmentation du temps de travail. Il se moque de nous ou il marche sur la tête ? Les 2, mon capitaine.

Côté démocratie, bien sûr, aucune avancée sur le référendum d’initiative citoyenne. Trop dangereux de laisser le peuple se mêler de ce qui le concerne. (...)

Mis en ligne le 17 mai 2019
Avril 2019

LE STATUT DE LA FONCTION PUBLIQUE CE N’EST PAS SEULEMENT L’AFFAIRE DES FONCTIONNAIRES, C’EST L’AFFAIRE DE TOUTES ET TOUS !

Par Lucien JALLAMION, vice-président de Résistance Sociale, fondateur de République et Socialisme et Michel JALLAMION, porte-parole de Résistance Sociale, président de la Convergence pour la Défense et le Développement des Services Publics.

A l’heure où le gouvernement veut en finir avec le statut des fonctionnaires en intégrant la possibilité de rupture conventionnelle et en ouvrant l’ensemble des postes à des CDI, des CDD en lieu et place des fonctionnaires par le projet de loi « pour la modification de la fonction publique » qu’il compte faire adopter en urgence durant les vacances scolaires d’été, à l’heure où le rapport CAP 22 veut mettre fin au service public, à la fonction publique et à la sécurité sociale, où le rapport Duhat/Laine remis le 27 mars à Gérald Darmanin demande d’externaliser par délégation au privé l’ensemble des relations avec les usagers, à l’heure où Action publique 2022 prévoit la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires et de couper plus de 50 milliards dans les dépenses publiques… il est important de casser de fausses rumeurs venant en grande partie de la méconnaissance de notre histoire commune, et des a priori qui peuvent parfois être ancrés chez nos concitoyens depuis plusieurs générations. Non, le statut des fonctionnaires ne vient pas de Vichy, non le service public ne date pas de Louis XI, mais de la Révolution Française, non les fonctionnaires ne sont pas des « privilégiés », ce qui reste des « fonctionnaires privilégiés » de l’Ancien régime, ce sont les notaires qui achètent encore leur charge. Les syndicats de fonctionnaires n’ont jamais été opposés au statut émancipateur de 46 qui n’a pas été troqué contre le droit de grève (qui deviendra réellement « acquis », bien que toujours limité à la continuité du service, qu’à partir de la jurisprudence Dehaene de 1950). Il a fait l’objet d’un consensus national : à la Libération, c’est à l’unanimité que les 145 articles ont été votés par l’Assemblée nationale constituante.

C’est ce statut fondateur qui ouvrit la voie au statut fédérateur de 1983, mis en place par Anicet le Pors, ministre communiste de François Mitterrand, d’une fonction publique « à trois versants ». C’est parce que le statut garantit l’intérêt général, l’indépendance et l’intégrité qu’il nous faut aujourd’hui le protéger, coûte que coûte et demander qu’il devienne enfin totalement fédérateur en couvrant l’ensemble des missions de la fonction publique !

Le statut n’est pas que l’affaire des fonctionnaires. Il est notre affaire à tous car il est lié à un choix de société de privilégier l’intérêt général aux intérêts particuliers. Le détruire c’est faire le choix d’une société individualiste ayant comme seul horizon de faire des profits immédiats au seul bénéfice des plus riches.

Mis en ligne le 19 avril 2019
Mars 2019

Au sommaire ce mois-ci

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : Actu sociale (Pétition Convergence Rail) / p.3 & 4 : Solidarité internationale / p. 5 à 7 : Place au débat / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

19 mars : c’était la journée de mobilisation dans la Fonction publique et au-delà, pour le pouvoir d’achat et les droits des salariés. Une participation honnête sans plus aux manifestations. Une demi-victoire, une demi-défaite ? Bien plus que ça si on en croit le sondage effectué pour la Banque française mutualiste, Odoxa, France Inter et L’OBS ! 73% des Français soutiennent la grève dans la Fonction publique !. Certes on aimerait que ce mouvement ait été plus suivi mais il faut le constater et s’en réjouir : ce mouve-ment est populaire. Et il l’est encore plus parmi les agents concernés puisque 88% des fonctionnaires estiment que ce mouvement est « justifié ».

Ce sondage nous permet d’ailleurs de découvrir que la communication macronienne n’a pas perverti l’esprit de nos compatriotes. Ainsi, Selon cette même étude, le soutien à ce mouvement est appuyé sur la bonne image du secteur public (56% de bonnes opinions), et de ses agents (59%), lesquels ont pourtant encore tendance à se croire mal-aimés.

Les Français ont également bien compris que Macron et son gouvernement s’étaient fixé pour objectif de nous faire quitter définitivement la société de solidarité inspirée par le Conseil national de la Résistance et patiemment construite par les luttes ouvrières successives. Ainsi 6 Français sur 10 -mais 9 sur 10 en zones rurales- revendiquent plus de services publics et comprennent que leur réduction est programmée par le pouvoir. De la même manière qu’ils comprennent que celui-ci-complice et bras armé de la Finance a dans le collimateur les retraites ou l’assurance chômage : 6 Français sur 10 expriment leur inquiétude face aux réformes en prévision.

Pour essayer de désamorcer le mouvement populaire des « Gilets jaunes » qui va faire sa 19ème édition et rebondit de samedi en samedi depuis le 17 novembre, Macron avait inventé le « grand débat », lieu où il déciderait de quoi et comment on parlait. Selon une enquête pour la Fondation Jean-Jaurès et "la Revue civique" réalisée début mars, 71% des Français pensent que celui-ci est surtout un moyen de communication pour le président de la République et le gouvernement. Quoi de plus clair ? On ne trompe pas si facilement nos compatriotes.

Mis en ligne le 26 mars 2019
Février 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Venezuela) / p.3 à 5 : Place au débat (réduction de la dépense publique ?) / p.6 et 7 : International (Traité d’Aix-la-Chapelle) / p.7 : Actualité sociale (Alstom) / p.8 : Coup de gueule (Métropolisation)

L’édito de Marinette Bache

J’écris cet éditorial à la veille du 15ème épisode du mouvement des gilets jaunes : 3 mois de mobilisation, un taux toujours très fort de soutien dans l’opinion publique. Et ceci malgré l’alliance du pou-voir, de la finance, de la bien-pensance et de la suffisance pour contrer et/ou discréditer cette révolte populaire.

Macron sillonne la France au nom de cet écran de fumée qu’il a baptisé « grand débat national » ; plus personne n’y croit. Il n’affronte bien sûr pas d’assemblées publiques mais convoque les maires dont il limite la parole (après avoir sérié les thèmes autorisés au débat) et auxquels il donne des leçons pas toujours appréciées. Il est des maires ruraux pour saisir l’occasion de parler de leurs services publics supprimés ou lui rappeler que les revendications des GJ ne s’adressent pas aux élus locaux mais à lui et à son gouvernement. En tous cas le leader d’En-marche et des « carrés Hermès » a trouvé le bon moyen pour faire payer sa campagne européenne par les deniers publics. Sans compter les passages TV… Dans l’indifférence d’institutions telles la Cour des comptes dont les membres payés jusqu’à 15 000 € trouvent que les fonctionnaires qui touchent 1 500€ sont des privilégiés… et trop nombreux.

Plus graves encore sont les accusations, quelquefois relayées dans les rangs de la gauche, destinées à discréditer ce mouvement. Oui, il est divers, large, hétérogène, inconstruit. Il est à l’image de notre peuple avec ses qualités et ses défauts. Il porte des revendications qui sont celles du mouvement so-cial : salaire et pouvoir d’achat, services publics à proximité, justice fiscale, dignité sociale, aspiration à exercer sa citoyenneté. Mais il lui arrive de se laisser infiltrer par l’ultra-gauche des black-blocs qui casse. Du flic, des magasins, des voitures, des symboles de la République… De se faire infiltrer aussi par l’extrême-droite raciste et antisémite que nous condamnons sans détours : c’est le combat de toujours du Mouvement Ouvrier quand d’autres n’ont pas hésité à collaborer. Il est très dangereux de vouloir réduire cette révolte à cela, quand ce n’est pas d’essayer de mettre sur le dos des GJ, indifféremment, des actes antisémites dont il est prouvé, à peine publication est-elle faite sur les « réseaux sociaux », qu’ils sont l’œuvre de véritables fachos qui n’ont rien à voir avec ce mouvement.

A traiter, au mieux, ce mouvement de populiste – alors qu’il est populaire- à mépriser tout un peuple, à le renvoyer à une image exécrable de lui-même, on joue avec le feu. Mais qu’importe aux privilégiés ! De BHL à Alain Minc, de Deneuve à Berléand, les Gilets jaunes les « font chier » (sic). Que cessent ces cris de misère qui les empêchent de jouir sereinement de leur fortune ! (...)

Mis en ligne le 26 février 2019
Janvier 2019

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.3 à 5 : Place au débat / p. 6 et 7 : Actu sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Depuis le 17 novembre, donc près de 2 mois et demi un grand mouvement populaire revendicatif, revêtant une forme toute nouvelle, traverse la France. Il bénéficie, malgré le pilonnage de médias à la solde de la macronie, d’un large et durable soutien des Français.

Pourtant tout est fait pour le discréditer, particulièrement par la mise en exergue de quelques « leaders » -désignés comme tels par quelques « journalistes » ou officines gouvernementales- aux prétendues accointances d’extrême droite. N’est-on pas allé jusqu’à ce que certains, à gauche, militants, partis ou syndicats, déboussolés par cette révolte spontanée, affichent leur méfiance, quelquefois leur rejet ? Heureusement cette période est derrière nous.

Comme pourrait-il en être autrement ? Les revendications des « Gilets jaunes (GJ) » nous sont familières. Elles portent une profonde fibre sociale. Exprimées par des mots et des expressions qui ne sont pas les nôtres car les GJ ne sont que rarement de milieux militants, elles concernent les salaires et le pouvoir d’achat, les taxes, l’ISF et la justice fiscale, l’aménagement du territoire, les transports et les services publics de proximité. Elles exigent également reconnaissance et dignité.

Sont-ce des revendications de droite ? Bien sûr que non ! Certes il y a des infiltrations mais ce ne sont que des manœuvres ; évitons d’en faire des généralités, ce n’est pas rendre service à ce mouvement, mais c’est faire le jeu de Macron. Par contre, c’est vrai qu’ils n’ont guère confiance en la gauche ; après tant de trahisons, on peut comprendre. A nous de revenir à la hauteur.

L’autre voie employée pour discréditer les GJ passe par l’accusation systématique de violence. D’abord, même si à RESO, nous ne tomberons jamais dans « l’anti-police » systématique, nous ne pouvons passer par pertes et profits l’attitude inadmissible d’une poignée de policiers qui déshonorent leur profession par leur conduite. Et surtout nous affirmons que les plus hautes autorités se discréditent par leur gestion des manifestations. Ensuite, oui, il y a eu des débordements à Paris, 2 samedis de suite, et dans quelques grandes villes de province. Une observation honnête y relève toute de suite l’infiltration des mêmes casseurs savamment utilisés, dans le mandat précédent, pour déconsidérer les manifs contre la loi El Khomri. On connait désormais bien cette tactique du pouvoir. On a aussi eu affaire aux perturbateurs dits de l’ultragauche, souvent issus de milieux bourgeois, bien éloignés des difficultés salariales et venus se donner le frisson en « cassant du flic ». Plus grave, les identitaires de l’extrême droite, racistes et antisémites, ont essayé de dévoyer le mouvement.

Qu’a-t-on constaté ? Que, très majoritairement, ils ont été rejetés par les vrais « Gilets jaunes », ceux issus du peuple et qui se relaient pour occuper les ronds-points et participer aux manifs du samedi que le gouvernement n’arrive pas à stopper.

Mis en ligne le 23 janvier 2019
Décembre 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 :]] Place au débat / p.7 : Coup de gueule / p.8 : Hommage à Bernard DEFAIX

L’édito de Marinette Bache

Il a donc parlé. Après 3 semaines de silence devant une révolte populaire d’une ampleur inégalée depuis des décennies, E. Macron s’est décidé à s’adresser aux Français par une allocation télévisée de 13mn. En attendions-nous vraiment quelque chose ? J’en doute. Mais, s’il y avait quelques indécrottables optimistes, les voilà ramenés à la dure réalité. Qu’a-t-il annoncé ?

*Une augmentation de 100€ mensuels du SMIC. Mensonge. L’employeur ne paiera rien ; il n’y aura aucune cotisation (donc de droits liés) sur ces 100€. Il s’agit, en fait, d’une légère augmentation de la prime d’activité payée, elle, par les impôts des Français. Et encore ne s’agit-il que d’une anticipation du rattrapage promis, qui devait se faire en 3 fois (30€ en avril 2019, 20€ en avril 2020, 20€ en avril 2021). Tant mieux pour l’avance… mais il n’empêche que l’augmentation réelle de cette prime d’activité assumée par l’État sera de… 30€ !

*Les retraités sont salués avec insistance… mais récupèrent des miettes : la hausse de la CSG est suspendue pour 2019 pour ceux dont le montant brut de la pension est inférieur à 2000€ ? Chacun a bien compris qu’il s’agit d’un « reculer pour mieux sauter » !

*Autre mesure : la défiscalisation des heures supplémentaires. Qui peut mieux en parler que Castaner, avant qu’il soit ministre ? Je cite : « La défiscalisation des HS, c’est 4 milliards de coût et 100 000 emplois perdus, ne l’oublions pas ». Nous n’oublions pas, Monsieur Castaner : eh oui, à part un nouveau cadeau au patronat, cette mesure n’apporte rien. Que dire de plus ?

*Que E. Macron ose regretter la disparition des services publics… quand il l’organise avec méthode et sans nuance par ailleurs.

*Qu’il n’est absolument pas question de revenir sur la suppression de l’ISF. Quand on est le président des riches, on le reste ! Et on prétend que les pauvres ont bien de la chance d’avoir des riches pour que ça « ruisselle ». *N’évoquons pas la demande d’E. Macron au patronat de consentir à octroyer une prime exceptionnelle à leurs salariés. Sans commentaire sur le séreux de ces propos ! Ça ne vous rappelle pas une autre « blague », lorsqu’il avait suggéré poliment aux propriétaires de baisser les loyers ? A propos, cependant, il est le « patron » des fonctionnaires. Vont-ils avoir droit à cette prime ?

*N’évoquons pas non plus l’exil fiscal ! Mais sachez-le : ce n’est pas bien. Quand E. Macron veut se donner des airs de président à l’écoute, voilà ce que ça donne ! Il ne réussit même pas à masquer sa condescendance. Il n’a pas, non plus, réussi à tromper. (...)

Mis en ligne le 19 décembre 2018
Novembre 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat : financement de la Sécurité Sociale 2019 / p. 7 : Actualité sociale / p.8 Coup de gueule

L’édito de Marinette BACHE :

Nous sortons des cérémonies de célébration de l’armistice de la 1ère guerre mondiale. Le Président n’a pas été capable de traverser cette période –pourtant propice à unité nationale- la tête haute. Outre son invitation à Erdogan, l’islamiste turc, qui a saisi l’occasion pour défiler dans les rues de Paris en faisant le signe des Frères Musulmans, outre, à rebours, « l’oubli » d’inviter la Serbie, alliée fidèle de la France dans ce conflit, Macron a osé évoquer Pétain, le collaborateur antisémite, traitre à la nation, dégradé, frappé d’indignité nationale et démis de tous ses titres, condamné à mort à la Libération (peine commuée par De Gaulle en raison de son âge), parmi les maréchaux à honorer.

Une gaffe de plus ? On peut se poser la question.

Sur le fond d’abord : Macron n’aime ni son peuple (faut-il rappeler, ce que je faisais dans mon précédent édito, les expressions qu’il emploie pour parler des Français ?), ni l’histoire républicaine et universaliste de la France. Il se rattache profondément à cette prétendue « élite » totalement mondialisée. Sur la forme ensuite : pendant qu’on parle de ça, on ne parle pas d’autre chose ! On ne parle pas des cadeaux fiscaux aux plus riches et aux entreprises du CAC40. On ne parle pas de la dégradation du pouvoir d’achat. On ne parle pas des hôpitaux qu’on ferme, des bureaux de poste qui disparaissent, de l’énergie qu’on privatise, de l’augmentation de l’emploi précaire… et on ne parle de la fausse augmentation des feuilles de paie obtenue par la baisse des cotisations sociales, bref par un cadeau fait aux patrons avec la baisse du salaire différé. On ne parle pas de la réforme en préparation de la sécurité sociale qui a pour but, en en baissant le financement et en en accélérant le changement de sa forme de financement, de terminer de soustraire sa gouvernance des mains des représentants des salariés.

Mis en ligne le 22 novembre 2018
Octobre 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat : Non à la retraite par points / Quelle suite pour les GM&S ? / p. 7 : Actualité sociale : pouvoir d’achat des salariés / p.8 : Coup de gueule : procès de G. Filoche

L’édito de Marinette Bache

Drôle d’été, sacré rentrée !

Le gouvernement d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe traverse des tourmentes.

Cet été, c’est l’affaire Benalla qui a fait la Une. De rebondissement en rebondissement, on a découvert comment fonctionnait l’entourage proche d’E. Macron.

Révélateur que le responsable de la sécurité de l’Élysée se croit autorisé, non seulement à frapper des manifestants –ce qu’il a nié alors que la vidéo prouve ces violences- mais également à traiter les sénateurs de « petits marquis », lui qui n’est là que par le fait du prince !

Révélateur qu’il ait obtenu le haut grade de lieutenant-colonel dans la réserve citoyenne de la gendarmerie et qu’il possède un badge d’accès privilégié à l’Assemblée nationale !

Révélateur que, suspendu pour 15 jours –manifestement pour couper l’herbe sous le pied à toute procédure administrative et légale à son encontre- il continue de percevoir l’intégralité de son salaire ! Et qu’il continue à avoir accès à l’Assemblée nationale !

Révélateur qu’il soit logé dans un appartement dépendant de la Présidence !

Révélateur que Macron cherche à entraver les travaux de la commission d’enquête parlementaire !

Révélatrices les auditions de G. Collomb et Michel Delpuech, ministre de l’Intérieur et Préfet de Police, auxquels il semble bien qu’on ait voulu faire porter un chapeau trop grand pour eux et qui plaident l’ignorance !

Au-delà de cette affaire qui n’honore pas ceux qui ont couvert ou organisé cette situation est significative de la conception jupitérienne de gouverner de Macron, celui-ci nous fait la grâce de nouvelles réparties dont il a le secret. Et, comme souvent, il choisit d’être à l’étranger pour insulter ses compatriotes. Après avoir, depuis Athènes, qualifié les Français de fainéants, après les « illettrées », les gens qui devraient « travailler pour se payer un costard », les voyageurs qu’on croise dans les gares, qui « se réunissent et ne font rien », nous voici devenus des « gaulois réfractaires ».

Avec l’aide d’Astérix, les Français lui ont répondu avec humour sur internet, qu’on pourrait bien répondre à son invitation « d’aller le chercher ».

Aujourd’hui la crise prend de l’ampleur. Après Hulot, médiatique président d’Ushaïa, s’apercevant qu’il allait payer les décisions anti-environnementales du gouvernement, et qui donne sa démission, après Laura Flessel, c’est Collomb qui quitte le navire-bateau ivre afin de se réfugier dans son fief lyonnais. (...)

Mis en ligne le 18 octobre 2018
Septembre 2018

Nous vous présentons un numéro spécial de notre bulletin consacré au rapport de la commission dite CAP 2022. Vous retrouverez bien sûr le mois prochain vos rubriques habituelles.

En ce début septembre, bonne rentrée à toutes et tous !

Marinette BACHE

Mis en ligne le 17 septembre 2018
Juillet/août 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat : réforme des retraites / p. 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

En ce début de congés d’été, je vais encore m’attarder à souligner combien Macron reste le président des riches. Avec une arrogance peu commune, il s’arroge le droit de donner des leçons à ceux qu’il considère comme « petits ». Il moque publiquement les gouvernants de pays africains, s’exposant d’ailleurs à la réponse digne du président ghanéen. Mais il s’écrase devant Vladimir Poutine qui ne dissimule pas le peu de considération qu’il lui porte.

En politique intérieure, il poursuit, dans son mépris affiché pour les défavorisés et évoque, concernant les aides sociales, qu’elles coûtent « un pognon de dingue », oubliant les cadeaux divers faits aux riches. Pourtant suppression de l’ISF, suppression de l’exit tax, réforme fiscale, exonération de l’augmentation de la CSG … tout cela a bien bénéficié aux « 1ers de cordée » !

Nos riches l’avaient sans doute mérité, même s’ils viennent aussi de se partager les 45 milliards d’euros de dividendes des entreprises du CAC40. Alors les aides sociales aux familles en difficultés, aux mères chefs de famille, aux allocataires de l’APL,… vous comprenez que ça ne rapporte pas grand’chose. Peut-être même qu’en poursuivant le changement de société, on pourrait, comme aux Etats-Unis, confier tout ça à des associations de bienfaisance, religieuses même, pourquoi pas ?!

C’est bien de cela qu’il s’agit : du changement de notre modèle social issu du CNR et qui a tenu jusqu’alors malgré les attaques qu’il subit depuis une trentaine d’années et la régression progressive vers le modèle américain. En attendant c’est la réforme des retraites qui est engagée : elle est détaillée dans le « Place au débat » de ce bulletin. Quant au plan « pauvreté » qui devait être présenté ces jours-ci, il est renvoyé à l’automne : les pauvres peuvent bien attendre encore un peu. La grève des cheminots s’essouffle. Saluons les employés de la SNCF qui l’ont menée, en grande partie, dans l’unité syndicale, et avec beaucoup de courage et d’abnégation. Ils avaient conscience qu’ils étaient les défenseurs d’une conception solidaire de la société. Prenons garde à ce que la voie ne soit pas ouverte maintenant pour la remise en cause du statut de la Fonction publique.

Macron et son gouvernement sont allés jusqu’au bout, faisant voter, par une assemblée nationale aux ordres, la 1ère marche de la privatisation de la SNCF. Les conséquences se font déjà sentir : de petites lignes ferment, des TER et des Intercités sont supprimés pour cause de non rentabilité. Peu importe l’aménagement du territoire ; peu importe que des lycéens et des salariés soient contraints de se rabattre sur les transports routiers… fort peu écologiques. Hulot où es-tu ? (...)

Mis en ligne le 10 juillet 2018
Juin 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 : L’édito / p. 2 : International : La liberté des femmes dans le monde / p. 3 à 5 : Place au débat : Combat laique - Combat social / p. 6 et 7 : Actualité sociale : Initiative Services publics du 23 juin / Victoire à l’hôpital du Rouvray : p.8 : Coup de gueule : La Sécu, le déremboursement et nos vieux

L’édito de Marinette Bache :

Nous avons affaire, avec Macron et ses affidés, à une nouvelle génération d’adversaires. Méprisants, sans considération aucune pour les salariés des classes populaires comme des classes moyennes, ils sont déterminés à agir par n’importe quel moyen et, si nécessaire en brûlant toute l’histoire sur son passage, pour détruire les solidarités héritées de 150 ans de luttes ouvrières. Ils s’acharnent à cimenter leur société du « chacun pour soi », où –le croient-ils vraiment ?- seuls ceux qui méritent de gagner –et pour cela tous les coups sont permis- méritent aussi une place au soleil. C’est à une forme de tatchérisme relooké que nous avons affaire.

Le conflit consécutif à la « réforme » cassant le service public de transport ferroviaire en est un exemple éclairant. Les cheminots mènent, avec une persévérance peu commune et dans une forme d’unité syndicale qu’il faut saluer, une grève perlée depuis bientôt 3 mois. Malgré la présentation de médias complices, on constate que le mouvement tient. Et qu’il est étonnamment peu décrié par les usagers, sans doute un peu conscients de l’enjeu du combat mené par les agents de la SNCF.

Pourtant le gouvernement va jusqu’au bout de ce qu’il s’était fixé dans cette 1ère étape. Chacun voit bien qu’au-delà, le terme est la privatisation. Peu importe les exemples des chemins de fer britanniques et allemands, peu importe que ces privatisations y aient été un cuisant échec, peu importe que, devant la catastrophe, les usagers réclament l’intervention du Public ! Il s’agit d’un choix dogmatique libéral. Le but est de permettre au privé d’occuper un marché, puis de satisfaire les exigences des actionnaires, pas de répondre à un besoin d’intérêt général.

D’autres mouvements sociaux coexistent avec celui des cheminots, même s’ils ne font pas le 20h.

Le malaise dans les EHPAD est persistant. Des personnels y sont en grève, d’autres crient leur frustration de pratiquer ce qu’ils appellent de la maltraitance sous le regard indifférent de Mme Buzyn. A Paris, où 63% des résidents des EHPAD du Centre d’action sociale de la ville sont pris en charge par l’aide sociale, la Maire, Anne Hidalgo, a bien raison de s’inquiéter, dans une lettre à la ministre de la santé, de la réforme en cours qui organise le glissement des financements du public et de l’associatif vers les maisons de retraite privées à but lucratif.

Mais il n’y a pas que des perdants dans les choix économiques macroniens. Tandis que la grande pauvreté s’installe et se pérennise pour de nombreuses familles, tandis que, selon l’INSEE, le niveau de vie médian en 2015 est inférieur à celui de 2008, tandis que le « patrimoine » moyen baisse de plus de 30% pour les 10% de ménages les moins favorisés, celui des 10% les mieux dotés augmente de 113% ! (...)

Mis en ligne le 19 juin 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Hommage à Liliane Caillaud-Croizat / p.3 à 5 : Place au débat : quelle refondation de l’Union européenne ? / p. 6 et 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Bientôt la 11ème séquence de grève à la SNCF. Quoi qu’en disent le gouvernement et la direction de la SNCF, le mouvement ne s’essouffle pas. Conducteurs, contrôleurs et aiguilleurs sont toujours fortement mobilisés. Nul doute que la consultation organisée par les syndicats rencontrera un écho important comme cela a été le cas à Air France, obligeant le PDG, désavoué, à démissionner. Il n’est pas sûr que Pépy, qui a déjà déclaré cette consultation illégale, accepte d’en tirer les mêmes conclusions. Mais illégale pourquoi ? Parce que ce n’est pas le PDG qui l’organise ? Et pourquoi ne serait-il pas possible aux organisations syndicales de consulter l’ensemble du personnel ne serait-ce que pour s’assurer que leur démarche reçoit l’accord de celui-ci ? Sans doute ce qui embarrasse le PDG c’est que preuve soit faite, au-delà des chiffres de grévistes, que cette grève est largement soutenue en interne, comme elle l’est majoritairement chez les usagers même si les instituts de sondage à la solde du pouvoir tentent de démontrer le contraire. Chacun a bien conscience que si les cheminots perdent leur combat, ce sont d’autres pans entiers de nos droits sociaux qui risquent de partir en fumée.

Deuxième journée de solidarité, rabotage des prestations sociales, contractualisation de la fonction publique, remise en cause du temps de travail des fonctionnaires, attaque frontale contre la Sécurité sociale …, les projets du président et du gouvernement ne manquent pas. C’est pourquoi on ne peut que se réjouir de voir l’ensemble des syndicats présents au mouvement unitaire du 22 mai pour la défense du service public, plus particulièrement de la Fonction publique, et plus encore de constater l’appel commun de plus de 80 organisations à la journée du 26 mai. (...)

Mis en ligne le 23 mai 2018
Avril 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 7 : Place au débat : la réforme de la SNCF, par Didier le Reste / p. 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Les grèves SNCF battent leur plein et on ne peut que saluer la détermination des cheminots, qui outre défendre leur fameux « statut », sont à la pointe du combat en faveur du service public et pas seulement celui des transports mais aussi d’une protection sociale chèrement acquise par les luttes des salariés. Les usagers comprennent majoritairement le sens de cette mobilisation. Et ils ont beaucoup de mérite au moment où tous les médias (et pas seulement ceux qui sont au service, pour ne pas dire aux ordres du gouvernement et de ceux qu’il représente) vantent la réforme.

Après la mobilisation des EPHAD, il y a eu celle des retraités. Aujourd’hui, non seulement les cheminots sont en action, mais également les fonctionnaires et les étudiants, les travailleurs de l’énergie (contre la privatisation des barrages). Des luttes se développent dans les tribunaux, les aéroports (qui sont sur la liste des privatisations), les hôpitaux, contre la fermeture de bureaux de poste… Toutes ces luttes montrent que notre peuple tient à ses services publics.

L’enjeu est donc d’unir toutes ces luttes, car Macron, au contraire, tente de monter les catégories de population les unes contre les autres. Pour cela, il a nombre d’éditorialistes à sa botte, qui ne mettent en avant que les « privilèges » des uns et les « avantages » des autres. C’est une bataille d’opinion que nous avons à mener.

A la SNCF, les syndicats ont réussi à dépasser leurs divergences pour gagner l’unité. Une unité fragile mais ô combien précieuse et il nous incombe de la protéger en passant par-dessus des différences qui peuvent agacer. C’est la condition nécessaire de la victoire.

Une victoire indispensable car si Macron gagnait ce serait de nouvelles parts du patrimoine légué par les luttes de nos anciens qui seraient vendues à l’encan à ses amis financiers : hôpitaux, transports fer et air, énergie, communication. Fini le service public pour tous, bonjour le privé à la Thatcher. Terminés les statuts, cheminots ou autres, voici la concurrence généralisée des salariés entre eux pour le plus grand profit des actionnaires. Or, ne l’oublions pas, ce sont les différents statuts publics qui protègent les usagers. (...)

Mis en ligne le 25 avril 2018
Mars 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 7 : Place au débat : des réponses de syndicalistes / p. 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Après une impressionnante mobilisation des personnels des EHPAD, des milliers de manifestants viennent de défiler contre les atteintes aux retraites. Il s’agit là d’une remise en cause d’un conquis social dont on ne peut s’étonner de la part d’un gouvernement ultra-libéral. On ne peut que noter, en sus, le mépris de cette caste au pouvoir traitant les seniors de « génération dorée », tandis que le président lui-même prétend donner des leçons de solidarité à cette génération, celle de la création de la Sécurité sociale, lui qui supprime l’ISF, lui qui ne fait rien contre l’évasion fiscale !

Maintenant c’est la Fonction publique qui est dans le collimateur avec le projet de supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires.

Comment tenir la promesse de dédoubler les CP en REP sinon en reportant des difficultés sur les autres classes si, non seulement, on ne crée pas de postes d’enseignants mais qu’on en supprime ? Comment améliorer l’accueil dans les urgences hospitalières, mais également comment diminuer le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous hospitalier, comment empêcher que les malades dorment sur des brancards dans les couloirs si on n’embauche pas de personnel médical, soignant, administratif et si on supprime des lits ?Comment lutter contre l’évasion fiscale si on n’y dédie pas des agents des Finances publiques ? Comment respecter les banlieusards quand les transiliens, les TER, les RER ne sont plus correctement entretenus, les rails pas maintenus, faute de personnels ? Outre que les usagers sont victimes de médiocres conditions de transports et de fréquences de retards accrues, ils sont exposés à des conditions de sécurité dégradées ; manifestement les résultats catastrophiques de la privatisation du rail en Grande Bretagne par Margareth Thatcher ne servent pas de leçon !

Il n’aura pas échappé à nos lecteurs qu’entre les salariés et ses amis du CAC40, Macron a choisi. Le pouvoir d’achat stagne ou diminue tandis que le taux de redistribution de ces entreprises dépasse les 50% contre 33% il y a une quinzaine d’années : 44 milliards ont été reversés en 2017 soit 3 fois plus !. Entre la réponse aux besoins de nos concitoyens qui passe par l’utilisation des richesses produites et leur répartition d’une part et la rémunération des actionnaires d’autre part, Macron et son gouvernement ont choisi. (...)

Mis en ligne le 15 mars 2018
Février 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat / p.6 et 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Les mois se suivent et se ressemblent. Le gouvernement poursuit méthodiquement sa casse des services publics. Après le Code du travail, après la diminution drastique des emplois aidés, après les réductions de personnels dans les hôpitaux, après les menaces contre l’ensemble de la fonction publique, c’est maintenant au tour de la SNCF de faire les frais de la politique ultra-libérale de Macron et de son gouvernement. Dans le droit fil des décisions de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne il y a vingt ans, Edouard Philippe et son gouvernement veulent mettre en place la privatisation des chemins de fer en France, revenant ainsi 80 ans en arrière.

Le prétexte : la mise en concurrence du transport « voyageurs » voulue par la Commission européenne avec l’aval des gouvernements. Et pourtant, comme le reconnaît le rapport Spinetta lui-même, la SNCF fonctionne bien malgré des retards pour certains trains et des défaillances du réseau qui a besoin d’être modernisé à grande échelle puisque son entretien a été -on peut le penser : intentionnellement- négligé depuis des années. Tout cela dans le contexte d’un endettement important. Pourtant, comme on l’a vu outre-manche, ce n’est pas la privatisation qui va pouvoir remédier à cette situation, bien au contraire. Comme on l’a vu pour d’autres services publics, la mise en concurrence a pour première conséquence de renchérir les coûts des opérateurs historiques qui perdent des parts de marchés sur les lignes les plus rentables et ne peuvent plus pratiquer une péréquation suffisante, permettant d’éviter un coût exorbitant pour les usagers des lignes locales qui n’ont le plus souvent pas d’autre moyen de transport. Et pour toute réponse à ce problème, le gouvernement envisage la fermeture de ces lignes. Mais, on l’a vu en Grande-Bretagne, même les voyages sur les lignes les plus fréquentées sont de plus en plus chers et pour un service de moins en moins performant, la sécurité étant elle-même en jeu. Non, la mise en concurrence, la privatisation ne sont pas les meilleures solutions pour améliorer le service. Au contraire !

Je rappelle, (Cf. article dans le bulletin de janvier), le questionnaire diffusé par la Convergence de Défense et de Développement des Services Publics. N’hésitez pas à le remplir et à le faire connaître. Face à l’offensive gouvernementale sur ce sujet, c’est le meilleur moyen de montrer que les citoyens sont attachés au maintien des services publics sur l’ensemble du territoire et qu’ils ne sont pas dupes de la communication gouvernementale sur ce sujet, comme sur d’autres. (...)

Mis en ligne le 27 février 2018
Janvier 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : International / p.3 à 6 : Place au débat (Le PLFSS – suite par Jean-Claude Chailley) / p.6 et 7 : Actualité sociale : p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

En ce début d’année, on peut déjà se livrer à un 1er bilan de la politique menée par Emmanuel Macron.

Ainsi s’alignent la baisse des budgets de la politique de la ville, renvoyant sur les collectivités locales de nombreuses charges sans les recettes correspondantes, la mise en cause du logement social à travers la baisse des APL, qui reporte les problèmes d’une population déjà peu favorisée sur les sociétés et offices d’HLM, la baisse des budgets de la recherche et de l’enseignement supérieur, la confirmation de la hausse de la CSG pour les retraités, alors que, dans la difficile situation économique et sociale, ils sont des acteurs essentiels de la solidarité familiale. La journée de carence vient de faire son retour pour des fonctionnaires dont le salaire est déjà gelé.

À cela s’ajoutent la mise en cause généralisée de l’hospitalisation publique par l’accélération de la ferme-ture d’hôpitaux et de services, d’une part, par les coupes drastiques dans leurs moyens financiers, d’autre part, les contraignant à négliger l’achat de matériel, l’entretien des bâtiments et, bien sûr, à réduire les effectifs déjà insuffisants.

Les maisons de retraite publiques sont exsangues, obli-geant bien souvent les personnels à une forme de maltraitance, par manque de temps, dans les soins portés aux résidents.

La Poste, qui n’a plus de service public que le nom de ses missions, continue froidement à fermer des bureaux dans les quartiers de nos villes et les petits bourgs de nos campagnes et se met à faire payer des services que ses employés ont, de tout temps, rendu gratuitement.

Malgré un diagnostic juste sur la diminution de qualité de l’école publique, le ministre Blanquer met en place une politique qui en baissera encore plus le niveau requis auprès des élèves ; ainsi ce sont à nouveau les enfants des populations défavorisées, ceux qui ne peuvent aller chercher le savoir ailleurs, qui seront touchés, tandis que l’hémorragie des enfants des couches moyennes et supérieures vers le privé ne fera que s’amplifier.

Les ordonnances sur la loi « travail » sont en place, per-mettant aux entreprises de s’essayer aux premières « ruptures conventionnelles ». Le compte « pénibilité » a été supprimé. (...)

Mis en ligne le 30 janvier 2018
Novembre 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Hommage à Didier MOTCHANE / p.3 à 6 : Place au débat (par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (du comité de rédaction de RESO)

L’édito de Marinette Bache :

Macron continue à appliquer sans complexe et, pour l’instant sans réelle mobilisation de l’opposition poli-tique et syndicale, son programme libéral. Il vient de s’adjoindre un député « socialiste » qui, en début de semaine, avait voté contre son budget. Une nouvelle preuve que ce qui caractérise les ministres de Macron, ce n’est pas la compétence, ni la croyance en des valeurs, mais l’opportunisme. Ces ministres, on pourrait presque dire cette secte en y ajoutant les députés LREM, n’ont que faire ni des salariés ni de la France mais ne sont là que pour servir leur gourou, à l’image de Castaner avouant son amour pour Macron. Castaner récompensé par sa nomination (difficile de parler d’élection alors qu’il était le seul candidat) au poste de secrétaire général de LREM et par son maintien au gouvernement comme secrétaire d’état aux relations avec le Parlement, histoire qu’il puisse continuer à recevoir une indemnité ! Mais que peut-on dire, si Najat Vallaud-Belkacem a réellement demandé à être payée pour se présenter à la tête du PS … Il est bien loin le temps des militants !

Macron peut dormir tranquille. Ce n’est pas demain qu’il rencontrera une vraie opposition. Les Républicains s’apprêtent à se donner à Wauquiez, l’homme au programme Front national compatible. La « France Insoumise » reste une nébuleuse dont les adhérents sont appelés à ne pas se structurer, dont le programme est descendu du sommet sans aucune organisation de débat, tournant ainsi le dos à la tradition du mouvement ouvrier qu’il devrait pouvoir incarner. Et JL. Mélenchon dont la laïcité n’est pas à mettre en doute, tolère qu’une députée de son mouvement professe des idées profondément communautaristes. Le PCF prépare son congrès ; un siècle après 1917, qu’en sortira-t-il ? Même s’il est le seul parti de gauche capable d’avoir des adhérents qui, à la fois, débattent et sont présents sur le terrain, son impact électoral est faible. Le Mouvement du 1er juillet (M1717) d’Hamon prépare son lancement officiel mais dans les propositions soumises au débat, le social et la laïcité n’y ont guère de place. Quant au PS, il part en quenouille, virant un de ses derniers ténors de gauche mais soutenant par la voix de son président de groupe au Sénat le débauchage opéré par Macron et s’abstenant toujours au Sénat sur le projet de loi de Sécurité Sociale… Le PS qui prépare son congrès en excluant ses adhérents de gauche tandis que ceux qui ont soutenu Macron au premier tour sont toujours là et fanfaronnent. Face à cela la mouvance républicaine de gauche aujourd’hui éclatée retend des fils. L’année 2018 sera-t-elle l’occasion de retravailler à ce que la composante républicaine puisse, ensemble, apporter sa pierre à la reconstruction de la gauche ? (...)

Mis en ligne le 27 novembre 2017
Octobre 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (Par Antoine DUCROS)

L’édito de Marinette Bache :

Après les ordonnances réformant le code du travail, la baisse des APL, la réforme de l’ISF démontre, s’il en était besoin, que Macron est bien le Président des riches, plus encore que ses prédécesseurs, y compris Sarkozy. Certains de ses électeurs du premier tour commencent à s’en apercevoir et à s’en mordre les doigts. Mais il est bien tard. Même si certains députés LREM expriment quelques velléités d’indépendance, ils sont vite ramenés à la bergerie macronnienne. Les députés PCF, FI et quelques-uns des socialistes font ce qu’ils peuvent pour tenter d’infléchir cette politique mais ils ont des pouvoirs limités. La lutte contre les ordonnances continue, mais force est de constater que la mobilisation, qu’elle soit d’origine syndicale ou politique, n’est pas au rendez-vous. Les salariés, han-tés par le chômage et au pouvoir d’achat limité, peinent d’autant plus à se mobiliser que les mobilisations précédentes, notamment contre la loi El Khomri, n’ont pas permis de résultats significatifs. Et puis, même si la mobilisation du 10 octobre pour la défense de la fonction publique était unitaire, une fois de plus les syndicats sont divisés et indécis sur la stratégie. Peut-être faudrait-il un nouveau Louis VIANNET, ancien secrétaire général de la CGT, qui vient de décéder et dont l’action n’est pas pour rien dans l’aboutissement du mouvement de 1995 contre la politique de Juppé.

Côté politique, ce n’est guère mieux. Mélenchon et la France Insoumise n’ont pas autant mobilisé qu’ils l’espéraient. Malgré la présence de responsables d’autres forces politiques, l’action du 23 septembre n’est pas apparue suffisamment rassembleuse pour inciter une partie importante des salariés à y participer.

Alors, doit-on baisser les bras et laisser faire le gouvernement Philippe ? Non, bien sûr ! Mais, comme on l’a toujours dit à Réso, il faut privilégier l’unité et le rassemblement des forces de progrès, seuls susceptibles de redonner confiance au peuple de gauche. Mobilisation syndicale et mobilisation politique ne doivent pas être antinomiques. Au contraire, syndicats et politiques doivent agir de concert et réfléchir ensemble à la meilleure manière de parvenir à l’objectif fixé. Cela, dans un contexte où la gauche po-litique connaît de profonds bouleversements. Le Parti Socialiste, hier encore principale force de gauche, est en pleine décomposition. Malgré une érosion limitée lors des dernières sénatoriales, il est difficile d’imaginer que le PS puisse redevenir rapidement un parti central à gauche, alors que de nombreux militants de gauche le quittent… quand ils ne sont pas exclus. Le mouvement M1717 de Benoît Hamon tente de s’installer dans le paysage et pourrait bientôt se transformer en nouveau parti politique, mais il n’est pas acquis qu’il puisse devenir une alternative crédible. Quant à la France Insoumise elle-même se cherche entre parti politique et simple « mouvement de JL Mélenchon ». Le Parti Communiste, qui a réussi à garder ses 2 groupes parlementaires, cherche lui aussi, à travers de vifs débats internes, à tirer les le-çons de la phase politique que nous venons de vivre. Dans ce chaos structurel beaucoup de militants de gauche restent en attente d’une autre voie, d’un autre projet plus conforme à leurs yeux. (...)

Mis en ligne le 2 novembre 2017
Septembre 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (Par Fatiah BOUDJAHLAT) / p.6 et 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (Par Gérard FILOCHE)

L’édito de Marinette BACHE :

Une fois de plus, cette nouvelle rentrée s’annonce chaude et sociale. Macron a remplacé Hollande, Pénicaud a pris la place d’El Khomri, mais c’est le même feuilleton de la casse du droit du travail qu’on nous sert. Mieux que le 49-3, voici les ordonnances. Mais ce sont les mêmes reculs sociaux, la même volonté de donner au MEDEF les pleins pouvoirs dans les entreprises. Cette fois, les syndicats ont été associés pour la forme mais même les plus ser-viles d’entre eux conviennent en « off » qu’ils ont été manipulés et que la potion qu’on veut leur faire avaler est toujours inacceptable.

Une partie des dirigeants syndicaux continue de faire le dos rond, de vanter les quelques avancées qu’ils affirment avoir obtenues, les quelques reculs qu’ils disent avoir repoussés. Mais on sent bien qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent. Et ils doivent faire face à une forte contestation interne. La moitié des unions dé-partementales de FO a appelé à la journée de manifestations du 12 septembre. De son côté, la puissante fédération de la métallurgie CFDT n’hésite pas à exprimer tout le mal qu’elle pense du contenu des ordonnances.

Certes, on est encore loin dans le privé d’une réaction unanime et unitaire, mais c’est déjà le cas dans le public. Pour la 1ère fois depuis longtemps, tous les syndicats appellent à la grève le 10 octobre.

A cela s’ajoutent les premières grèves dans les transports routiers. Au-delà du code du travail, le gouvernement a ouvert d’autres fronts. D’abord, la baisse des APL. A première vue, cinq euros par mois ça ne représente pas grand-chose mais pour ceux qui ont à peine de quoi vivre, c’est quelque chose d’important. D’autant que les propriétaires n’ont étonnamment ( !) pas répondu au « vibrant » appel de Macron et que les loyers ne baisseront pas… (...)

Mis en ligne le 22 septembre 2017
Juillet / Août 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Les bras m’en tombent/ Billet d’humeur/ p.3 à 7 : Actualité sociale : Introduction au programme Macron/Regard sur les inégalités salariales en France / p.8 : Coup de Gueule : le nouveau Bonaparte

L’édito de Marinette Bache

Voici 2 mois donc que nous vivons sous la présidence d’Emmanuel Macron. Il ne lui a pas fallu longtemps pour faire montre de sa conception de la « gouvernance », bien éloigné de tout souci démocratique. Désignations au bureau de l’Assemblée nationale allant jusqu’à la mascarade de l’élection d’un représentant de l’opposition de droite, en fait « macron-compatible » et convocation du Congrès pour son intronisation à Versailles sont les premières manifestations de la manière dont Macron a l’intention de profiter de la majorité que le système présidentiel de la 5ème république, renforcé par ce qu’il est convenu d’appeler « l’inversion du calendrier », lui a offert. Bien naïfs d’ailleurs étaient ceux qui croyaient qu’il pouvait en être autrement !

Plus grave peut-être : le mépris affiché pour les pauvres, -en fait pour tous ceux dont l’objectif dans la vie n’est pas de devenir milliardaire comme le conseillait l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande- pour ceux qui ne sont « rien ». Décomplexés le président et sa garde rapprochée qui marche dans ses pas ! Sarkozy et sa Rolex peuvent s’aligner : Entre le « kwassa-kwassa qui amène du Comorien », les « illettrées » de Gad, les chômeurs qui n’ont qu’à travailler pour « s’acheter un costard » et mainte-nant, les gens qui ne sont « rien », le président a franchi plusieurs fois la limite de l’indécence. Manifestement soit sans s’en rendre compte, soit avec une impudeur à vomir. Ou peut-être les 2. Nous sommes au cœur du mépris de classe que la droite elle-même n’osait plus manifester.

Mis en ligne le 7 juillet 2017
Juin 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Actualité internationale : les élections au Royaume-Uni/ p.3 à 7 : Actualité sociale : Analyse du Programme Macron Kessler (2éme partie)/Pourquoi la Poste ferme des bureaux de poste / p.8 : Appel unitaire

L’édito de Marinette Bache

La 5ème République a fait son œuvre et Macron dispose d’une forte majorité à ses ordres à l’Assemblée nationale. Le fait que moins d’un électeur sur deux se soit déplacé au 2nd tour des législatives ne fera pas varier ce dernier d’un iota dans ses intentions. Ces nouveau libéraux décomplexés et agressifs ont maintenant tous les leviers pour détricoter ce qui reste du système social français déjà bien mis à mal par plusieurs mandats présidentiels successifs. On peut craindre que Macron et ses affidés aillent plus loin encore et qu’ils nous préparent une société à l’américaine, où selon la célèbre formule de Laurence Parisot : « la vie, la santé, le travail sont précaires ; pourquoi le travail ne le serait-il pas ? »

On peut se réjouir – et, compte tenu du contexte, faisons-le - que quelques députés de gauche, des différentes formations, aient été élus. Une voix d’opposition pourra être portée à l’Assemblée nationale. D’autres, qui n’avaient pas démérité, ont été balayés avec la vague.

Le problème central est que la gauche politique est, au sortir de cette phase électorale, en miettes. Elle sera difficile à reconstruire : la violence des dernières campagnes a laissé des stigmates. Renouer un dialogue respectueux et fécond sera long.

Il nous reste l’impérieuse nécessité – et la seule solution - de toute mettre en œuvre pour créer les conditions d’un vaste mouvement social comme cela s’est produit, à plusieurs reprises, dans le mouvement ouvrier.

Bien sûr, on ne peut ignorer le fait que les salariés n’y croient plus, accablés qu’ils sont depuis des années de gouvernement de droite et « de gauche » par des attaques contre leur protection sociale, leurs retraites, leur emploi, le développement de la précarisation, la remise en cause du droit du travail… (...)

Mis en ligne le 15 juin 2017
Mai 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Actualité internationale (Grèce, Italie, Espagne) / p.3 à 6 : Place au débat (Le programme Macron-Kessler ; Communiqué de RESO) / p.7 : Actualité sociale (GMS et Tati) / p.8 : Coup de gueule (Macron et les retraités)

L’édito de Marinette Bache

Il n’aura pas duré bien longtemps le vernis de vertu du 1er gouvernement de Macron. De Richard Ferrand à Marielle de Sarnez –en passant par un ministre de la justice qui s’immisce dans le travail des services qui dépendent de son ministère-, il a vite éclaté le vernis. Et les petites affaires d’argent apparaissent déjà. Donneurs de leçons mais au-dessus de ces leçons, ainsi sont-ils. Nous laisserons la surprise à ceux qui voulaient être surpris. Pour notre part, à RESO, nous n’attendions pas mieux d’un personnage qui voulait donner en exemple à la jeunesse de France de devenir milliardaire… Passons !

Au moment où j’écris, il est bien difficile de dire quel sera le résultat du 1er tour des élections législatives.

Il n’est cependant pas farfelu d’imaginer que la gauche va y connaitre un des plus terribles revers de son histoire. Elle apparaît, en effet, à ces élections complètement éclatée. La partie non-macroniste du PS a été incapable d’élaborer une stratégie commune. La gauche dite « radicale » - et qui, au vu de son programme, n’a de radical que son épithète - n’a pas su trouver une unité. Ou, plutôt, la FI en a rejeté caricaturalement toutes les tentatives, allant jusqu’à présenter systématique-ment des candidats contre les communistes qui ont soutenu Mélenchon, y compris ceux qui ont été les premiers à le parrainer et sans lesquels il n’aurait pu être candidat. Soit on marche sur la tête, soit on le fait exprès ! N’ayant pas d’appétence pour le suicide collectif, je m’en moquerais si ceux qui vont en payer les conséquences n’étaient pas, une fois de plus, notre peuple, les salariés et d’abord les plus fragiles d’entre eux.

Il est assez étonnant de voir que, dans ces conditions, certains se réjouissent de cette défaite annoncée. Lorsque nous nous réveillerons, au matin du 19 juin, avec une probable assemblée disposée à voter les ordonnances qui permettront à Macron et à ses sbires libéraux ou socio-libéraux (quelle différence ?) de détricoter encore plus et encore plus vite le système social mis en place au lendemain de la 2nde guerre mondiale et héritier des luttes sociales de 2 siècles, il sera bien tard pour faire le bilan d’une période totalement surréaliste d’inconséquence de la gauche française.

Le faudra-t-il cependant ? Peut-être, car il est toujours difficile de reconstruire sans apurer le passé… Mais l’urgence sera de retravailler et sur un projet commun et sur la manière de l’élaborer. Sans a priori et avec tous ceux qui le veulent, avons-nous toujours affirmé avec Résistance sociale. (...)

Mis en ligne le 13 juin 2017
Avril 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité internationale : La réussite de la gauche portugaise au pouvoir / p.3 : Actualité sociale : Appel unitaire pour la Poste / p.4 : Appel pour un premier mai unitaire

L’édito de Marinette Bache :

Jusqu’au bout Résistance Sociale a œuvré pour aboutir non pas à ce que les adversaires de l’unité appellent à un « ralliement », mais à un dialogue qui aurait permis sur la base d’un programme négocié –et facilement négociable si la volonté avait été au rendez-vous– à la présentation d’un « ticket » présenté devant les Français, d’un président et d’un Premier ministre. Mais la volonté n’était pas au rendez-vous, mais d’autres intérêts n’ont pas permis cette démarche.

L’alternative sera donc pour ce second tour de la présidentielle entre, d’un côté, le candidat des banques et du patronat, aux manettes de François Hollande depuis 5 ans et à l’origine de la destruction du système social de notre pays et, de l’autre, la candidate d’extrême-droite. Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon portent la responsabilité de l’absence de la gauche au second tour de la présidentielle.

Le refus de Mélenchon de prendre en compte l’évolution du PS et la révolte des sympathisants socialistes contre le quinquennat de Hollande qui se sont exprimés à travers les « primaires », comme la caricature, faite par les soutiens de Hamon, des propos et du projet alternatif que portait le candidat estampillé FI, cette guerre des egos commencée par Benoit Hamon lorsqu’il pensait « siphonner » d’un côté l’électorat de Macron, de l’autre celui de Mélenchon, cette guerre des egos continuée par Mélenchon lorsqu’il s’est cru voir pousser des ailes qui lui permettraient « d’échapper au corbillard », ces insultes indignes des uns vis-à-vis des autres –comme vis-à-vis de ceux qui menaient le combat unitaire–, cela nous conduit à voir infliger pour 5 ans au peuple français les conséquences de la politique libérale que va mener Macron.

Le combat militant de RESO est compagnon de route du syndicalisme. Alors la vie quotidienne de nos concitoyens ne nous est pas indifférente. Ce n’est pas tant pis pour aujourd’hui et ça ira mieux demain … (quand la vraie gauche tiendra les rênes du pouvoir ? Encore faudrait-il qu’elle se donne les moyens d’y accéder !). Les salariés qui ont du mal à terminer le mois et qui vivront dans la crainte du licenciement, les chômeurs obligés d’accepter n’importe quel sale boulot et dépourvus de couverture sociale, les étudiants qui ne se verront proposer que successions de CDD, les enfants qui ne partent jamais en vacances... n’en peuvent plus d’attendre, eux. (...)

Mis en ligne le 28 avril 2017
Mars 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Actualité internationale : Il y a 60 ans, Pierre Mendes France prédisait les tares de l’Union européenne / p.3 à 6 : Place au débat : Pour qui roule Macron ? (On peut y associer Fillon et Le Pen) / p.7 : Actualité sociale : Présentation du « Manifeste pour le Service public du 21ème siècle » / p.8 : Coup de gueule : Pas de compétences ni d’argent français pour le « mur de la honte » ! / Hommage : Henri Emmanuelli

L’édito de Marinette Bache :

À moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, un vrai débat de fond ne semble pas avoir commencé. On peut même douter qu’il aura lieu. Certes chacune et chacun a exposé ses idées mais le débat reste encore occulté par les affaires tandis qu’à en croire les sondages les deux grands partis qui ont géré à tour de rôle la vie politique depuis 30 ans sont sur le point d’exploser. Une élimination de Fillon au premier tour serait sans doute synonyme d’éclatement de LR. Quant à la gauche, déjà morcelée en de nombreux partis ou mouvements, elle semble vouée, faute d’unité, à passer elle aussi à la trappe au 1er tour. Après la présidentielle, que restera-t-il du parti fondé à Épinay en 1971 par François Mitterrand et quelques autres et qui, 10 ans après et avoir, avec le PCF, écrit le « programme commun de gouvernement », amenait la gauche au pouvoir le 10 mai 1981 ? On peut légitimement se poser la question quand on voit une partie des socialistes (en fait les sociaux libéraux) rejoindre Macron, l’homme des médias et des banques. Sans même attendre les législatives qui pourraient être fatales au PS –comme à l’ensemble des formations de gauche-, on voit mal comment un nouveau replâtrage pourrait s’opérer. Les dissensions, pour ne pas dire les haines, qui se sont accumulées depuis 5 ans n’ont rien à voir avec ce qui s’est passé en 1993, en 2002 ou en 2007. (...)

Mis en ligne le 28 mars 2017
Février 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 : L’édito de Marinette Bache / p. 2 à 8 : Place au débat : Comment combattre efficacement le FN ? (Par Jean-Claude Chailley)

L’édito de Marinette Bache :

Période bizarre où l’électorat populaire, plus schématiquement, l’électorat de gauche, semble déboussolé par 5 années d’attaques contre le monde du travail, menées par les gouvernements successifs d’un président qui avait pourtant été élu pour inverser les tendances du quinquennat précédent. Toutes les rênes ont été offertes aux gagnants du libéralisme : grands patrons comme finance mon-dialisée. Le MEDEF a trouvé chez Hollande – Valls – Macron de parfaits relais de sa volonté de casse de notre modèle social (droit du travail, protection sociale, services publics, mais aussi développement équilibré des territoires, maintien de l’emploi en France…), au nom d’une austérité installée comme horizon indépassable.

La prochaine élection présidentielle d’avril-mai 2017 devait, selon les sondeurs, installer dans un fauteuil Juppé à la présidence de la République. 1ère erreur : ce fut Fillon. Style différent mais mêmes objectifs. Deuxième surprise : la primaire socialiste. Ce ne fut pas l’arrogant et régressiste Valls qui en sortit vainqueur mais le frondeur Hamon. Et assez nettement ! Hollande choisit alors de soutenir, de moins en moins discrètement, Macron, le candidat des banquiers.

De son côté, Mélenchon s’était autoproclamé candidat, sans aucune consultation de ses parte-naires. Son programme est le meilleur. Sa méthode –y compris en campagne- la pire. Elle ne lui permettra pas de porter seul les espoirs de la gauche. (...)

Mis en ligne le 13 mars 2017
Janvier 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (Par Aure ANDRÉ)

L’édito de Marinette Bache :

Trois mois à peine avant l’élection présidentielle, bien malin qui peut dire avec certitude quels seront les candidats présents. C’est à ma connaissance la première fois que cela arrive sous la cinquième république hors cas particulier de la démission de de Gaulle en 1969 et du décès de Georges Pompidou en 1974.

Cette situation est un peu le reflet de la déliquescence des grands partis obligés de recourir à des primaires pour désigner leur candidat. Primaires censées donner une légitimité supplémentaire à celui qui en sort vainqueur. Légitimité qui semble bien faible aujourd’hui pour François Fillion, empêtré dans plusieurs affaires qui démontrent surtout qu’on a affaire à un homme avide de pouvoir et d’argent. Au fond peu importe que sa femme et ses enfants aient ou non bénéficié d’emplois fictifs. Ce qui choque, c’est les rémunérations dont ils ont bénéficié, d’autant qu’il s’agit bel et bien d’argent public financé par les impôts des citoyens.

Du côté de la primaire de gauche, c’est donc finalement Benoît Hamon qui en est sorti vainqueur. On ne peut que se réjouir de la défaite sans appel de Valls et du même coup de la politique sociale menée depuis 2012. D’autant que la victoire d’Hamon peut constituer une étape vers le nécessaire rassemblement de la gauche. Au-delà de son programme, avec lequel on peut être en désaccord sur tel ou tel point, c’est incontestablement une bonne nouvelle, car ça replace la gauche dans son ensemble dans le jeu pour cette présidentielle.

A condition qu’elle s’unisse bien sûr. Le désarroi de la droite peut profiter à Le Pen, mais celle-ci est elle-même engluée dans une affaire d’emploi fictif. Quant à Macron, dont certains rêveraient d’en faire un nouveau Giscard, ce qui filtre de son programme devrait inciter à plus de prudence les nouveaux convertis issus de la droite du PS, dont le social libéralisme pourrait bien apparaître bien pâle face au libéralisme assumé de l’ancien ministre des finances. Enfin, Mélenchon se trouve à la croisée des chemins : soit continuer seul sa route au risque de se planter, soit accepter de participer au rassemblement de la gauche, permettant ainsi à celle-ci d’avoir une chance réelle d’être présente au second tour et de faire élire dans la foulée, aux élections législatives, des femmes et des hommes ayant vraiment la volonté de changer les choses et d’agir pour l’ensemble de nos compatriotes et non pour une caste de gens riches et bien portants. N’oublions pas Jadot, candidat investi par EELV, qui semble prêt à lâcher prise en échange d’un accord avec le PS pour les législatives. (...)

Mis en ligne le 8 février 2017
Décembre 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Protectionnisme ; par David CAYLA) / p.7 : Macron : Incohérence ou parfaite cohérence ? (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.8 : Coup de gueule (La Poste ; par Pierre-Yves MESCOFF)

L’édito de Marinette Bache

On sait enfin qui sera candidat à la primaire de la « BAP » (la mal nommée « Belle Alliance Populaire », chargée d’organiser celle-ci). Parmi les heureux élus quatre du Parti Socialiste, une du PRG et deux anciens écologistes, issus de petites formations pro-gouvernementales. Par contre, ni Gérard Filoche, figure de la gauche socialiste, ni les candidats parrainés par le MRC, Nouvelle Donne ou le Mouvement Progressiste. Plutôt qu’une primaire partielle de la gauche, la direction du PS a donc préféré une forme d’entre-soi, les petits partis satellites ne pesant pas grand-chose. En l’absence de Mélenchon, il ne pouvait de toute façon pas y avoir de véritable primaire de la gauche. Quant à Macron, son positionnement idéologique en fait un OVNI de droite pas un candidat de gauche malgré le soutien de quelques socio-libéraux.

Au rebours des sondages dont on a pu juger des remarquables performances, je ne ferai pas de pronostics sur l’issue de cette primaire. Je souhaite qu’elle permette de désigner un candidat capable de rassembler une grande partie de la gauche, première condition pour figurer au second tour de la présidentielle, ce qui, à ce stade, est loin d’être acquis. Toutefois Fillion ne recueille qu’un sentiment mitigé de la part des Français, pas convaincus par ses propositions libérales et thatchériennes. Hollande a préféré jeter le gant plutôt que de se représenter et de subir une défaite humiliante. On ne le regrettera pas. En cinq ans de présidence, pas une seule augmentation du SMIC, le chômage est toujours à un haut niveau, la pauvreté s’accroit. Et les collectivités territoriales ont vu drastiquement diminuer leurs subventions alors qu’on leur demande de se substituer à l’État dans le secteur social ! Ajoutons que ce n’est pas au cœur des préoccupations des élus de droite et d’extrême-droite qui gouvernent une bonne partie d’entre elles.

Le grand défi de la gauche pour 2017 c’est de redonner à nos concitoyens l’envie de voter pour elle. Ce n’est pas en faisant de la communication ou en se livrant à la démagogie qu’elle y arrivera. Même si on est proche de Noël, il ne faut pas prendre les Français pour des naïfs : certaines promesses comme la suppression du 49-3 font sourire. (...)

Mis en ligne le 20 décembre 2016
Novembre 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.6 : Actualité internationale / p.7 : Convergence Services Publics : Appel / p.8 : Coup de gueule (Par Ma-rie BERTHOMMIER)

L’édito de Marinette Bache :

Durant des mois les sondeurs nous ont affirmé que le prochain candidat de la droite serait Alain Juppé et qu’il avait toutes les chances de devenir aussi le prochain président de la République. Sauf que – patatras -les primaires n’ont pas donné le résultat attendu. C’est donc Fillon, le troisième homme, celui que personne n’attendait, qui se satisfaisait d’être relégué au rang de « collaborateur » de Sarkozy, qui l’a emporté. La droite vient donc de se choisir un candidat thatchérien, prêt à supprimer une bonne partie de la fonction publique et à démanteler la sécurité sociale s’il devait par malheur être élu président de la République. C’est aussi le candidat de la droite socialement réactionnaire, partisan de la « manif pour tous » et soutenu par les catholiques intégristes. On n’aura donc pas une double ration de frites mais une double ration de Le Pen.

La droite a choisi un candidat de droite. La gauche saura-t-elle choisir un candidat de gauche ? Rien n’est moins sûr. L’émergence de Fillon pourrait être une bonne nouvelle pour la gauche si elle parvenait à se rassembler autour d’un vrai candi-dat de gauche, mais y parviendra-t-elle ? Hollande pense toujours à se représenter, Valls aimerait bien prendre sa place et les candidats de la gauche socialiste ne sont pas à ce jour parvenus à s’entendre pour qu’il n’y en ait qu’un seul qui se présente aux primaires. Et pourtant, le temps presse. Jean-Luc Mélenchon continue son parcours solitaire, soutenu maintenant officiellement par une partie des communistes, qui ont choisi cette option lors de leur vote interne. Macron creuse lui aussi son sillon, espérant nous refaire le coup de Giscard, avec l’appui de quelques pseudos socia-listes. Le PRG se lance à son tour sans passer par la case « primaires » tandis qu’il semble peu probable que le MRC franchisse la barre des 500 signatures… De fait, la France semble se recouvrir de naphtaline quand d’autres pays ouvrent la voie à une nouvelle ère. On a beaucoup parlé du Brexit, mais le plus important n’est-il pas qu’Outre-Manche, une dirigeante conservatrice veuille augmenter le SMIC de 4 % et prône une politique de croissance ? La Suède, elle, vient de mettre en place la journée de 6 heures. A noter qu’aux Etats-Unis, la nouveauté n’est pas seulement l’élection de Trump avec moins de voix que son adversaire Hillary Clinton (on se doute que le recomptage des voix dans 2 ou 3 états ne changera pas la donne finale), mais le score de Bernie Sanders aux primaires démocrates, installant ainsi, pour la 1ère fois depuis longtemps, une véritable gauche dans le paysage politique de ce pays. C’est ce moment où on sent que l’histoire peut basculer dans un sens ou un autre qu’a choisi Fidel Castro pour quitter ce monde. Le dirigeant cubain a toujours été une personnalité controversée, mais l’hommage que ne manquera pas de lui rendre le peuple cubain est sans doute la meilleure réponse à ceux qui ne voyaient en lui qu’un dictateur. N’oublions pas, en effet, que, malgré l’embargo qui le frappe, Cuba est l’un des pays où on est le mieux soigné, où l’analphabétisme a quasiment disparu, où la pauvreté n’empêche pas les gens d’avoir un domicile. La meilleure preuve sans doute que le capitalisme n’est pas la seule ni la meilleure solution. Il est d’ailleurs amusant de constater que le temple du capitalisme – FMI et Banque mondiale – en vient à mettre en doute les recettes libérales prônées depuis 30 ans.

Mis en ligne le 5 décembre 2016
Octobre 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.6 : Convergence Services Publics / p.7 : Appel Poste / p.8 : Coup de gueule (Par Yves MESCOFF)

L’édito de Marinette Bache :

Depuis plusieurs jours, les commentateurs nous « bassinent » avec les prétendus « bons chiffres » du chômage. A les entendre, ce serait les meilleurs chiffres depuis 20 ans. Outre que se réjouir de ces chiffres qui oublient la réalité du vécu de ces femmes et de ces hommes privés d’emploi a quelque chose d’indécent, on me permettra de rela-tiviser cet enthousiasme un peu nauséabond.

D’abord, parce qu’on oublie de dire que, si le nombre de personnes sans aucune activité a dimi-nué, celui de celles qui ont une activité réduite a fortement augmenté. Vases communicants ? Sans doute. Et puis, surtout, parce qu’il ne faut pas ou-blier les radiations, nombre de chômeurs étant las au bout d’un certain temps de chercher un emploi introuvable. Et aussi les formations sans réel dé-bouché. Tout est bon pour atteindre l’objectif : diminuer les statistiques. Peu importe de savoir si, derrière, les chômeurs ont une réelle chance de retrouver un emploi.

Pourtant, l’une des priorités affichées du gouver-nement était la lutte contre le chômage. On voit le résultat aujourd’hui : pas un Français ne croit en cette « réussite ».

Sans doute, le gouvernement a-t-il un peu cherché à améliorer l’adéquation entre demandes et offres d’emplois et, pour cela, à favoriser l’intégration en entreprise… Mais de quelle intégration parlons-nous ? Celle qui fait des diplômés de l’enseignement supérieur des « apprentis », en fait des contrats précaires et sous-payés ? Celle qui généralise les stages et les nouvelles formations… sans espoir d’emploi pérenne ?

Hélas, il est devenu manifeste qu’aux yeux du gou-vernement et du Président de la République, seules comptent les statistiques.

Presqu’au bout de ces 5 ans de législature, à part les quelques tentatives de Montebourg en 2012, quel est le résultat de la politique gouvernementale pour maintenir ou créer des emplois pérennes dans notre pays ? Nul, inexistant ! Rien de neuf pour empêcher les délocalisations, aucune mesure législative pour pénaliser la production étrangère, principalement dans les pays à faible coût de main d’œuvre, au profit des productions industrielles ou artisanales locales … Même le bel alibi de l’écologie n’est pas utilisé, alors, la question sociale… ! Rien n’a été fait pour que les demandeurs d’emploi puissent obtenir un vrai travail. Au contraire, la dégradation des rémunérations et des conditions de travail s’est amplifiée. L’ubérisation a explosé ; la précarité, comme le nombre de travailleurs pauvres, n’a cessé de croitre. (...)

Mis en ligne le 31 octobre 2016
Septembre 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY)/ p.7 : Actualité sociale (Par Eric RAMAZANOFF) / p.8 : Coup de gueule (Par Michel JALLAMION)

L’édito de Marinette BACHE :

En cette rentrée de septembre, qui oserait dire que « l’automne sera chaud ». A droite comme à gauche, chacune et chacun semble avoir les yeux tournés vers une seule échéance : la prochaine élection présidentielle d’avril 2017. A droite c’est le concours pour être celui ou celle qui sera le plus « libéral », le plus anti-fonctionnaire, le plus « anti-immigrés »… Les chiffres pleuvent : moins 300 000 fonctionnaires ici, moins 500 000 là, tandis qu’un autre prône la fin du statut de la fonction publique, qu’un quatrième voudrait remplacer tous les directeurs d’administration centrale au profit de valets de la possible future nouvelle majorité et un cinquième aligner le régime des retraites du public sur celui du privé. C’est faire semblant d’oublier le pourquoi de la fonction publique et de son statut : faire en sorte que les personnels ne soient soumis à aucun intérêt privé et agissent à l’égard de tous les citoyens de la même manière. Il est vrai que cela peut paraître incongru pour ceux qui n’hésitent pas à dilapider les fonds d’une collectivité ou d’un service public à des fins privées ou à détourner des sommes parfois importantes pour satisfaire quelque lobby.

Il ne faudrait cependant pas croire que cette vision archaïque soit l’apanage de la droite. Des responsables qui s’étiquettent eux-mêmes à gauche, bien qu’ils soient de vrais libéraux, tiennent le même langage. Difficile dans ces conditions pour le peuple de s’y retrouver. Il a, non sans raison, l’impression que droite ou gauche c’est du pareil au même. Et ceux qui tentent désespérément de dire le contraire sont ignorés des médias à la solde de grands patrons ou passent à des heures de faible écoute.

Pourtant contrairement à ce qu’on nous serine à longueur de journée, il n’y a pas de fatalité ni une seule politique possible. On le voit bien : la politique économique menée ces dernières années au profit des privilégiés ou des grandes entreprises est un échec patent. Ce n’est pas un hasard si la croissance de la zone euro est plus faible qu’ailleurs. Même le FMI le reconnaît !

Il semble d’ailleurs que cette politique soutenue par Merkel commence à faire grincer des dents en Allemagne. Les défaites pour la chancelière se suivent un dimanche après l’autre et pas seulement à cause de sa politique migratoire.

Il est vrai que cette politique a conduit nombre de foyers allemands sous le seuil de la pauvreté. (...)

Mis en ligne le 29 septembre 2016
Juillet/août 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : Actualité sociale : Une victoire pour les Conti de Clairvoix / p.3 à 6 : Place au débat : La gauche dans le piège du Brexit (par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Solidarité internationale : Dilma Rousseff : retour sur une destitution scandaleuse (par Jean-Luc GARNIER) / p.8 : Coup de gueule : Les leçons des révolutionnaires en chambre (par Yves MESCOFF)

L’édito de Marinette Bache :

Malgré quatre mois de luttes et de manifestations, parfois importantes, Valls persiste et « assume » en utilisant à nouveau un 49-3 pour faire passer une loi massivement rejetée par les Français sans même permettre aux députés de la discuter en séance. Même la proposition d’un compromis par 123 parlementaires socialistes à l’initiative d’un député pourtant réputé proche du gouvernement a été balayée d’un revers de main ! Cette attitude autoritaire d’un président et d’un chef de gouvernement à moins d’un an d’une élection présidentielle et des élections législatives apparaît incompréhensible surtout lorsque ceux-ci battent les records d’impopularité. Le MEDEF affirme qu’elle ne créera aucun emploi... même si c’est pour réclamer plus encore de dérégulation. Les dirigeants des TPE/PME soumis aux ordres de commanditaires n’en veulent pas davantage car ils craignent les pressions accrues de ces derniers. Côté syndical, le front favorable à la loi s’est fissuré puisque la CGC a rejoint la contestation, imitée par des syndicats adhérents à l’UNSA ou à la CFDT. Pour la première fois depuis la guerre d’Algérie, une manifestation d’origine syndicale a failli être interdite. Et cela sous un gouvernement dit « de gauche » ! Un gouvernement qui apparaît de plus en plus minoritaire et dans sa tour d’ivoire, obsédé par sa volonté d’obéir coûte que coûte aux injonctions de la Commission européenne dont il partage les options libérales.

Même si les mois d’été ne sont pas propices à la mobilisation, et si la loi Travail sera probablement définitivement adoptée dans les semaines qui viennent, on peut s’attendre à ce que la contestation reparte de plus belle à la rentrée. L’exemple du CPE l’a montré : même publiée une loi peut toujours être retirée lorsque la contestation devient trop forte.

Il ne faut donc pas désespérer. Le combat doit continuer. Seule la lutte paie. L’exemple des Conti qui viennent d’obtenir un jugement favorable de la Cour de cassation plusieurs années après avoir été virés comme des « malpropres » est aussi un signe d’espérance.

Certes, face au pilonnage libéral dont elle est l’objet, y compris de la part de certains de ceux qui sont censés la représenter, la gauche est aujourd’hui morcelée. On ne compte plus les chapelles prêtes à organiser des primaires en vue de la prochaine élection présidentielle. Les initiatives des proches du Président se concurrencent sans parvenir a mobiliser. De son côté la droite n’apparaît guère mieux. Les candidats se bousculent pour la primaire même s’il n’en restera probablement que quelques-uns à pouvoir vraiment s’y présenter.

De son côté, le Front national semble compter les points mais il pourrait avoir à compter avec quelques ennuis judiciaires. (...)

Mis en ligne le 22 juillet 2016
Juin 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 7 : Place au débat : Austérité et anti-syndicalisme tuent la démocratie (par Jean-Claude CHAILLEY) / p.8 : Coup de gueule : Des médias aux ordres (par Aure BERRI)

L’édito de Marinette Bache :

Comment écrire un édito aujourd’hui sans le consacrer au mouvement social d’ampleur qui refuse le projet de loi « travail » ?

Tous les sondages le confirment sans ambigüité, mais au-delà, l’ambiance dans l’opinion publique le confirme : les Français sont aux 2/3 opposés à ce projet de loi. Mieux, la population soutient franchement les grévistes –même quand elle souffre des conséquences de leurs actions. Et cela est nouveau ! Les Français souhaiteraient, certes, que les grèves s’arrêtent mais que ce soit après une victoire des grévistes ! Et ils l’expriment.

Manuel Valls, François Hollande et consorts ont bien saisi cette problématique : ils veulent faire passer leur projet de loi rétrograde et ils savent qu’ils sont minoritaires tant dans le pays qu’à l’Assemblée nationale. Il leur faut donc essayer de discréditer un mouvement qui bénéficie de la sympathie populaire.

Pour cela Valls s’en prend, d’une manière ignoble et indigne pour le Premier Ministre d’un président élu à gauche, à la plus importante organisation syndicale : la CGT. La voilà parée de tous les défauts… mais en même temps chargée d’assurer l’ordre et la sécurité aux abords de la manifestation et non pas seule-ment en son sein !

Bien sûr, Valls sait que ceci relève de la compé-tence des pouvoirs publics. Cela ne l’a pas empêché de tenir ces propos inqualifiables, « oubliant » les 7 autres organisations engagées dans le combat contre la loi Travail.

Résistance sociale a déjà condamné tous les casseurs ; l’attitude de ces irresponsables est préjudiciable, avant tout, au mouvement social. Les dégradations perpétrées à l’hôpital Necker comme celles effectuées auparavant sur le mobilier urbain ne sont pas admissibles. (...)

Mis en ligne le 27 juin 2016
Mai 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale (par Emmanuelle RONCIN) / p.7 : Convergences Services Publics / p.8 : Libre parole (par Claude REISS)

L’édito de Marinette BACHE :

Ce mois de mai aurait dû être pour la gauche un mois d’anniversaires et de festivités. 80 ans du Front populaire, 35ème anniversaire de la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle, 227ème anniversaire de l’ouverture des Etats Généraux qui allait entraîner la Révolution française. Pourtant personne à gauche n’a eu envie de fêter ces anniversaires, pas plus que celui de l’arrivée de François Hollande à la Présidence de la République. Ce mois de mai, qui s’achèvera par les commémorations de la semaine sanglante marquant l’achèvement de la Commune de 1871 et de l’horrible bataille de Verdun de 1916, restera surtout dans la mémoire comme celui où un gouvernement dit de gauche aura osé (un 10 mai !) bâillonner la représentation parlementaire en faisant usage de l’article 49-3 de la constitution sur un texte qui remet en cause plus de 100 ans de luttes sociales et les conquêtes majeures obtenues contre le patronat. Jaurès mais aussi Léon Blum, que le Parti Socialiste a osé célébrer le 1er mai, doivent se retourner dans leurs tombes. Même si, comme le souligne Jean-Claude Chailley dans son article, ce texte est la transposition d’orientations de la Commission européenne, jamais un gouvernement se recommandant de la gauche n’avait osé piétiner à ce point les valeurs dont celle-ci se réclame, allant même jusqu’à contredire ce qu’avait affirmé la motion majoritaire du congrès de Poitiers du PS signée par nombre de ministres dont le premier d’entre eux. Pourtant la lutte continue. Même si la motion de censure a échoué, le texte de loi continue son chemin et sera bientôt discuté au Sénat avant de revenir devant l’Assemblée nationale. Surtout, la mobilisation des salariés et des étudiants et lycéens ne faiblit pas malgré la proximité des examens de fin d’année. Les vacances scolaires étant partout terminées, ainsi que les week-ends prolongés, on peut espérer que les cortèges des manifestations seront plus fournis et démontreront avec force le refus majoritaire des salariés et de la population en général de ce texte d’inspiration libérale.

Bien sûr, on songe à mai 1968 ou à mai 1936 même si le contexte n’est pas le même. Le mouvement social d’aujourd’hui est freiné par le chômage de masse et la peur de ceux qui ont un boulot de le perdre. Et la présence de casseurs lors des manifestations rebute sans doute certains à y participer. A ce propos, on me permettra de souligner mon refus de tout amalgame entre manifestants et casseurs, de même que mon refus de considérer que tous les policiers et gendarmes se rendraient coupables d’actes inqualifiables à l’égard des manifestants. Même si, comme partout ailleurs il y a des brebis galeuses, la police dans son ensemble est républicaine et accomplit correctement sa tâche alors qu’elle est particulièrement sollicitée depuis les attentats du 13 novembre. (...)

Mis en ligne le 23 mai 2016
Avril 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Pologne, Algérie, Afrique du Sud) / p.3 à 7 : Place au débat (Que faire des banques ? Des mesures immédiates pour aller vers la socialisation) / p.8 : Coup de gueule (Vers l’implosion de la société française)

L’édito de Marinette Bache :

François Hollande s’est donc exprimé face aux Français. Comment ne pas être stupéfait devant tant d’autosatisfaction, pour ne pas dire d’autisme ? Celui qui est encore, sans plus aucun crédit – même Sarkozy, à la fin de son quinquennat en avait davantage – le Président assume, avec une totale déconnexion de ce que vit notre peuple, un bilan catastrophique d’une politique totalement au service du patronat, oubliant par qui il a été élu. Totalement hors-sol, il a prouvé une fois de plus soit qu’il ne comprenait rien aux difficultés des Français, donc son incompétence, soit qu’il s’en détachait, donc son asservissement au monde de la Finance.

Une fois de plus, on nous joue la ritournelle de la politique gouvernementale qui ne serait pas assez expliquée. Cà irait mieux, mais les Français ne s’en rendraient pas compte, affirme Julien Dray. Prendrait-on nos concitoyens pour des idiots ? Les engagements de Hollande étaient d’avoir des résultats en matière d’emploi, de pouvoir d’achat ou de sécurité. Passons sur le scandaleux épisode de la déchéance de nationalité, quelle « pédagogie » pourrait faire avaler aux Français que les précariser un peu plus permettrait de lutter contre le chômage ? Seuls 37% des sympathisants socialistes croient encore à cette politique. Et combien sont-ils aujourd’hui les « sympathisants » socialistes, avec un parti qui se vide ?

A Myriam El Khomri, qui affirme « ne jamais avoir dit que le Code du travail créait le chômage », on posera la question : alors pourquoi le détruire encore un peu plus ? Pourquoi faciliter les licenciements ? Pourquoi avancer de fait vers la suppression des CDI ? La réponse est simple : pour augmenter les bénéfices des actionnaires ! L’inversion de la hiérarchie des normes contraindra les salariés à accepter de plus mauvaises conditions de travail, l’augmentation de leur temps de travail, des heures supplémentaires moins payées et au final une baisse des salaires…

Que nos gouvernants ne s’indignent pas des pratiques démasquées par les « Panama papers » quand on met tout en place pour assurer « le secret des affaires » et faciliter l’évasion vers les paradis fiscaux à travers la directive européenne soutenue par la France et votée par la plupart des eurodéputés français.

Et la loi Travail permettra à une entreprise française, soi-disant en difficulté, de licencier quand le groupe mondial auquel elle appartient fait des bénéfices. On imagine tout de suite les accommodements comptables qui permettront à la fois de licencier légalement et de soustraire les profits à l’impôt en France. (...)

Mis en ligne le 19 avril 2016
Mars 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Primaires américaines : le retour du social ? / Paris, Bamako, Tunis, Istanbul, Bruxelles, Lahore : même horreur, même solidarité, même combat !) / p.3 à 6 : Place au débat (Retrait en bloc de la loi Travail !) / p.7 : Actualité sociale (Projet de loi Travail (dite « El Khomri ») : un vent de mobilisation ! / Les hospitaliers dans la rue !) / p.8 : Coup de gueule (Trop de fonctionnaires, vraiment ?)

L’édito de Marinette Bache

Il y a cent quarante-cinq ans, le 18 mars 1871, naissait la Commune de Paris, à la suite du refus des Parisiens de Montmartre de rendre à Thiers les 144 canons mis à l’abri des Prussiens pendant le siège de Paris. Cette période de près de trois mois, qui devait se terminer dans un affreux bain de sang, notamment pendant la semaine sanglante (21-28 mai), vit éclore de nombreuses mesures, comme la mise en place d’une scolarité laïque, gratuite et obligatoire, l’éducation des filles, la création des premières associations ouvrières, la suppression du travail de nuit pour les boulangers, la réquisition des logements vacants, l’instauration d’une pension de réversion pour les veuves, la séparation de l’Eglise et de l’Etat…

Ces mesures ne survivront pas pour la plupart aux 72 journées révolutionnaires. Mais, malgré son échec immédiat, la Commune de Paris a laissé une telle trace dans l’imagination populaire que son action aboutira plus tard, grâce à la ténacité des radicaux socialistes puis des socialistes et des communistes, ainsi que des syndicats comme la CGT. 145 ans plus tard, on ne peut qu’être frappé de constater que ce sont certains de ceux qui osent se réclamer de Jaurès, comme le premier ministre Valls, qui défendent, à travers la loi travail, un projet rétrograde et libéral que n’aurait sans doute pas désavoué Adolphe Thiers. On comprend, dans ces conditions, que les électeurs de gauche soient déboussolés et se réfugient massivement dans l’abstention, lors des élections, laissant ainsi le champ libre au Front national. Pourtant, l’existence même de la Commune prouve que lorsque le peuple se révolte et prend son destin en mains, le cours des choses peut changer. C’est ce qu’on peut espérer des manifestations lycéennes, étudiantes et syndicales contre la loi Travail. Les premières manifestations ont permis quelques reculs, même si, comme nous le montre Jean-Claude Chailley dans son article, l’essentiel du texte n’a pas été modifié. Un texte qui allait même, à l’origine, jusqu’à réduire le nombre de jours de congés accordés à un salarié lors du décès d’un proche ! Comme pour le CPE, on peut espérer qu’au final le gouvernement sera dans l’obligation de retirer son texte.

Nous le disions déjà, lors de l’élection de François Hollande, c’est souvent le mouvement social qui a permis les grandes conquêtes ouvrières. Nous ne pensions cependant pas alors devoir nous battre pour préserver celles-ci. Certes, on n’en est pas encore au contrat de travail zéro heure instauré en Grande Bretagne, mais on pourrait bien y arriver si on accepte les nouveaux reculs, après l’ANI, la première loi Macron, le CICE… Tout un édifice censé favoriser l’emploi mais qui aboutit à toujours plus de chômage, de précarité et toujours moins de droits pour les salariés. (...)

Mis en ligne le 31 mars 2016
Février 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’Édito / p.2 à 7 : Place au débat "Unis, nous serons la force" / p.8 : Invitation aux "Rencontres de Lurais"

L’Édito de Marinette BACHE :

Le chômage n’a jamais été aussi haut, les droits des salariés sont systématiquement remis en cause pour le plus grand profit du patronat lequel cependant n’hésitera pas à réclamer plus, les bourses mondiales jouent du yo-yo faisant craindre une nouvelle crise financière. Et pendant ce temps François Hollande se sert outrageusement de la question de la « déchéance de nationalité » pour détourner l’opinion publique du cœur du problème. Cette réforme, dont j’ai déjà eu l’occasion de dire combien elle était dangereuse dans son principe, ne devrait concerner que quelques dizaines de personnes au grand maximum. Pourtant cela focalise l’attention de tout le personnel politique et médiatique, alors qu’il serait temps de s’interroger honnêtement sur la politique économique suivie depuis quatre ans et de mettre (enfin !) en œuvre des solutions permettant de répondre à l’urgence sociale. Jamais, depuis la grande crise de 1929 et la fin de la guerre, on n’a vu autant d’hommes, de femmes, d’enfants dormir dans la rue ou devoir faire la queue devant les antennes des Restaurants du cœur. Ce n’est bien évidemment pas ce qu’attendaient les Français qui ont permis à F. Hollande de l’emporter en 2012. On a vu à travers toutes les élections qui ont eu lieu après les législatives l’écart sans cesse grandissant entre le peuple et ceux qui dirigent la France. Qui au-rait pensé que, sous un gouvernement se réclamant de la gauche, des syndicalistes seraient jetés en prison, coupables d’avoir seulement tenté de faire reconnaître les droits des salariés de Goodyear ou d’Air France ? Qui aurait imaginé que ce soit un gou-vernement « de gauche » qui remette en cause les 35 heures, les prud’hommes, le Code du travail … ?

Et ce n’est pas le dernier remaniement qui y changera quelque chose. Pire même : comme après la nomina-tion de M. Valls, on a le sentiment que F. Hollande a une fois de plus lancé un bras d’honneur au peuple de gauche. Dans ces conditions on ne voit pas comment il pourrait rempiler dans un peu plus d’un an. Cela ne serait pas trop grave si la gauche était capable de s’organiser et de présenter un candidat crédible. Mais malgré les tentatives pour mettre en place une primaire de toute la gauche, on ne voit pas qui aujourd’hui serait en mesure de rassembler suffisamment pour être ne serait-ce qu’au second tour de la présidentielle et empêcher un retour de la droite, dont le programme ne ferait qu’aggraver la situation économique et sociale de notre peuple et distendre son rapport à la chose publique. Jean-Luc Mélenchon, en se lançant seul dans la course sans la moindre discussion avec ses partenaires du FdG, a, lui aussi, renoncé à rassembler. Et ce n’est pas « l’alliance populaire » prônée par le premier secrétaire du PS qui peut donner envie aux électeurs d’y croire ! (...)

Mis en ligne le 22 février 2016
Janvier 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Allemagne / Angleterre / Pologne / Belgique) / p.3 à 6 : Place au débat (Panorama santé OCDE : le recul de la France) / p.6 : Communiqué de Résistance Sociale / p.7 : Actualité sociale (Grèves du 26 janvier) / p.8 : Coup de gueule (La violence des riches)

L’édito de Marinette Bache :

Après une fin d’année 2015 terrible, le début de 2016 ne nous engage guère à l’euphorie.

Comment ne pas commencer cet édito par la scandaleuse condamnation des 8 syndicalistes de Goodyear ? 2 ans de prison dont 9 mois fermes. Il s’agit ni plus ni moins que d’une justice de classe au service du patronat et qui nie la conception et la réalité des luttes sociales. On s’étonne que la Garde des Sceaux, si prompte à s’élever, à juste raison, contre la déchéance de nationalité, ne dise pas un mot sur l’iniquité –l’indignité !- de ce jugement. Et on mesure combien il est difficile à ce gouvernement d’assumer qu’il a été élu par et pour les travailleurs. Raison de plus pour saluer la position courageuse de Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat aux Droits des Femmes.

A propos de ministre, voici la dernière de Jean-Marie Le Guen qui, dans la droite ligne de Valls, ne nous déçoit jamais. Il fait de l’ingérence dans les négociations entre partenaires sociaux sur l’assurance chômage et c’est pour y défendre une proposition qui ne peut que trouver l’agrément des patrons : diminuer le temps et le montant des allocations ! Ces messieurs-dames ne semblent même pas en mesure d’imaginer que ce que ces « paresseux » (Cf. Gattaz) de chômeurs souhaitent avant tout, c’est de retrouver un avenir. Donc un travail !

On mesure combien le libéralisme a gagné lorsque les dirigeants patronaux peuvent se permettre, non pas sim-plement de se conduire en adversaires du progrès social, mais, et effrontément, sombrer dans l’indécence. Le président du MEDEF déclarant que « la pauvreté n’excuse pas le manque de gout », c’est un expert qui parle ! Mais pas un expert en histoire du Mouvement ouvrier : Gattaz présente le 1er mai comme une fête du travail dénaturée par les syndicats qui en ont fait, je cite, « une fête de la contestation sociale ou de la paresse ». Il se raccroche ainsi à Pétain qui avait débaptisé la « fête des travailleurs » en une « fête du travail et de la concorde sociale » ! Rappelons que le 1er mai s’appelait à l’origine « journée internationale des travailleurs ».

C’est dans ce contexte de tensions sociales à la fois souterraines et exacerbées que le gouvernement veut instaurer une possibilité de déchéance de nationalité pour les binationaux. Chacun sait que cette mesure est d’une totale inefficacité vis-à-vis des potentiels terroristes qui ne se reconnaissent pas dans la Nation française. Et que, plus grave, elle introduirait des catégories de Français, des Français de 1ère classe et des Français de 2nde classe… en sachant que Maxime H. et Mickael D-S. qui, en Syrie, décapitent pour Daesh, appartiendraient à la 1ère. Tout cela n’a aucun sens et ne peut que renforcer l’idée d’une "nation ethnique" plutôt que celle d’une nation républicaine… et plaire à la droite. On finit par se demander si ce n’est pas le but !

Dur début d’année donc. Essayons d’y trouver quelques raisons d’espérer.

On les trouvera d’abord dans le peuple français. Ce peuple qui s’était levé en masse le 11 janvier 2015, sans Johnny Hallyday mais derrière « Charlie », en d’immenses « marches républicaines », rappelant par-dessus les prétendues élites, son indéfectible attachement à la République française, laïque et sociale.

On les trouvera ensuite – mais oui – dans les 50 % d’abstention, et même plus dans certains quartiers, qui refusent d’aller voter pour l’extrême droite alors qu’ils sont, depuis 20 ans, trahis par la classe politique censée les représenter, de la gauche gouvernementale qui pactise avec la finance à l’extrême gauche communautariste complaisante pour tous les « régressismes » religieux. (...)

Mis en ligne le 20 janvier 2016
Décembre 2015

Le Conseil d’administration de RESO souhaite à tous les adhérents et abonnés une année de luttes victorieuses pour 2016 !

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Allemagne / Québec) / p.3 & 4 : Place au débat (Sauvons le statut des fonctionnaires) / p.5 à 7 : Place au débat (CQFD : ce Code (du travail) qu’il faut défendre) / p.8 : Coup de gueule (Désintox)

L’édito de Marinette Bache :

Les élections régionales des 6 et 13 décembre ont été, comme on s’y attendait, une sévère sanction pour la gauche.

Résistance Sociale ne jouera jamais les démagogues et ne défendra jamais un positionnement du style « faire perdre en tous lieux, les candidats du Parti socialiste ». Car nous savons que les premiers à souffrir de cette attitude sont les plus défavorisés d’entre nous qui verront les programmes de solidarité, les évolutions des transports en commun, les aides à l’emploi ou à la vie associative disparaitre. Non, une Région gérée par la gauche et une Région gérée par la droite, ce n’est pas la même chose.

Il n’empêche ! Comment s’étonner de ce résultat ? Comment s’étonner que ceux qui, floués de leur volonté de tourner le dos à la politique Sarkozy, avaient voté Hollande et voient mener la même politique, se lassent et désertent le camp de la gauche ?

On a beaucoup parlé, surtout au 1er tour, de la montée du Front national. On ne peut pas ne pas s’inquiéter de constater que 6,8 millions de Français donnent leur voix à ce parti xénophobe, raciste, homophobe, antiféministe, et, on le dit moins, ultra-libéral. Mais qui d’entre nous n’a pas entendu des habitants des quartiers populaires dire « on a essayé la droite, on a essayé la gauche, c’est la même chose ; eh bien essayons le FN ». A ces concitoyens, déboussolés, sans espoir, il est inutile d’opposer la seule morale. C’est politiquement qu’on les reconquerra. En leur offrant une nouvelle espérance.

On a moins parlé de l’abstention. Peut-être parce qu’elle était moins utile à certains politiques qui jouent avec inconséquence sur le rejet du FN ; peut-être aussi parce qu’elle devrait interpeler plus les gauches.

L’abstention est aujourd’hui le 1er parti de notre pays. Quand s’interrogera-t-on vraiment sur les raisons qui poussent plus d’un Français sur deux à déserter les urnes ? A RESO, nous avons quelques idées sur cette question !

Il y a eu, c’est évident, volonté de sanctionner le gouvernement Valls-Macron. Ce gouvernement qui n’a cessé de remettre en cause les acquis sociaux obtenus par les luttes des salariés depuis la Libération : sécurité sociale comme droit du travail sont défaits par des lois plus régressives les unes que les autres et indignes d’un gouvernement élu à gauche.

La politique d’austérité, au prétexte de critères européens, est généralisée. Les services publics sont privatisés ou soumis à des conditions de travail insupportables, comme dans les hôpitaux publics, par exemple.

Parallèlement, les riches sont plus riches, les patrons du CAC40 continuent de toucher des rémunérations indécentes, la finance règne en maitre au détriment de l’emploi.

On pourrait penser que les listes conduites par le Front de gauche profiteraient de cette situation, pour faire une percée électorale –lui qui ne cesse de s’opposer à cette politique ! Cela n’a pas été le cas. Il est nécessaire d’en analyser les raisons. (...)

Mis en ligne le 23 décembre 2015
Novembre 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.3 à 5 : Place au débat (L’accord Agirc et Arrco instaure la retraite à la carte) / p.6 : Actualité sociale (BHV : non au travail le dimanche ! / Suppressions d’emplois à la SNCM / Soutien aux syndicalistes d’Air France) / p.7 : Solidarité internationale (Etats-Unis / Portugal) / p.8 : Humeur… (L’heure de la dignité)

L’édito de Marinette BACHE :

Les attentats islamistes commandités par Daesh qui ont endeuillé Paris et notre pays tout entier le vendredi 13 novembre au soir, commandent d’abord que nous rendions hommage aux victimes et partagions la douleur des familles et des proches. Notre gratitude va aux militaires, policiers, sapeurs-pompiers de Paris, médecins et soignants et à tous les personnels des services publics qui sont intervenus et interviennent avec courage, compétence et humanité.

La France doit rester debout. Notre République doit rester elle-même, bras agissant de sa devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

Par-delà une peur légitime (rappelons la phrase de Nelson Mandela : « Le courage, ce n’est pas de ne pas avoir peur, c’est d’avoir peur et de la surmonter »), c’est dans le calme et la détermination que notre démocratie doit prendre les moyens de combattre le terrorisme. Pour cela il faut savoir le nommer. Il faut le débusquer et le dénoncer. Il faut nous opposer, y compris judiciairement, aux prêches islamistes qui menacent certains jeunes de nos quartiers, cibles privilégiées de ces fanatiques. Nos compatriotes issus de l’immigration, dont beaucoup sont athées, n’ont pas à être assignés à résidence religieuse. Et nos compatriotes de confession musulmane n’ont pas besoin d’être protégés ; ils ont besoin d’être respectés quand ils sont laïcs et respectent les lois de la République : c’est la majorité d’entre eux.

Nous devons réaffirmer la France comme État de droit. Nous devons réaffirmer que notre République est celle des Droits de l’Homme, où la Laïcité fonde notre vivre ensemble. Nous devons réaffirmer, sans faiblesse, notre attachement à la liberté, à la liberté d’être et de dire, à la démocratie et à son exercice, à l’égalité, en particulier entre les Femmes et les Hommes.

Dans ce contexte, je suis complètement abasourdie par ces déclarations haineuses vis-à-vis des 7 députés qui n’ont pas pu voter le prolongement de l’état d’urgence. Tout aussi abasourdie par les mêmes déclarations tout aussi haineuses envers ceux qui l’ont voté. Ne peut-on plus échanger sur ce sujet avec calme, retenue, recul, véritable analyse et respect de l’autre ? Déjà une victoire des fanatiques ? Peut-on poser quelques faits et quelques questions ? Esquisser quelques réponses sans se faire insulter de traitre à la Patrie d’un côté, de social-traitre de l’autre ?

Concernant l’état d’urgence, calmons-nous ! Il ne s’agit ni de l’article 16 (pouvoirs exceptionnels confiés au président de la République) ni de l’article 36 (état de siège) de la constitution.

Oui, le ministre ou les préfets peuvent interdire les manifestations, les rassemblements mais ce n’est absolument PAS UNE OBLIGATION. Je regrette la décision du Préfet de Police de Paris d’interdire la manifestation sur les droits des femmes du samedi 21 novembre. L’affirmation de l’égalité Femmes-Hommes et la laïcité ne sont pas sans rapport avec ce qui nous occupe ! (...)

Mis en ligne le 26 novembre 2015
Octobre 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Belgique, Angleterre) / p.3 à 5 : Place au débat (La Sécu de 1945 est-elle « soutenable » ?) / p.6 et 7 : Actualité sociale (Le projet Combrexelle (et le CPA, et le rapport Mettling), un seul but : pulvériser le droit du travail) / p.8 : Coup de gueule (Conférence sociale. « Sociale » ?)

L’édito de Marinette Bache :

Il m’en faut souvent beaucoup mais là, ça a dépassé les bornes Je n’en peux plus de cette hypocrisie bien pensante de la part d’une certaine gauche et de cette arrogance méprisante de la part de la droite. Vous l’avez compris : je parle d’Air-France et de l’affaire de la chemise déchirée.

Un Premier ministre qui a pris –il y a juste un an– plusieurs jours pour condamner la mort d’un jeune militant tué à Sivens –et quoi qu’on pense de ce barrage– par des tirs policiers et qui, de plus, le fait du bout des lèvres, ce même Premier ministre accuse, dans l’heure, les employés d’Air France, victimes de plans successifs de licenciements et d’économies au profit d’actionnaires et de dirigeants, de faire« œuvre de voyous » et demande (exige ?) des « sanctions lourdes » et apporte « tout son soutien à la direction » ! Ah, certes, jamais des salariés menacés de plan de restructuration de leur entreprise n’ont eu l’honneur de recevoir le soutien de Manuel Valls !

Quant à celui qui est à l’initiative de toutes les réformes rétrogrades depuis 2012, j’ai nommé Macron, ministre de l’économie, il n’hésite pas, depuis New-York, à twitter ( !) : « Soutien total aux personnes agressées. Ceux qui ont mené ces violences sont irresponsables, rien ne remplace le dialogue social. » Je vomis votre politique, M. Macron. Elle entraîne des drames économiques, humains, familiaux, mais je déteste encore plus la manière odieuse dont vous traitez des milliers de Français.

Si je confondais le PS avec quelques sbires libéraux-décomplexés du gouvernement, je dirais que le parti de JC Cambadélis se discrédite à travers cet épisode. Et ce n’est pas ses appréciations, mi-chèvre, mi-chou, sur la nécessité d’un dialogue social apaisé qui le réhabilite ! Il faut, lorsqu’on est de gauche, savoir nommer la violence. Pour être capable de la nommer, encore faut-il savoir la voir ! Eh bien, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de vous la montrer : dans les 9000 emplois perdus par Air-France depuis 2012, dans le mépris du comité central d’entreprise, dans le refus de discussion… Et dans les dérégulations successives, et dans les lois rétrogrades sur le droit du travail, et dans la liberté de licencier, et dans les contrats précaires, et dans la suppression des tribunaux de prud’hommes, et dans la casse de la médecine du travail et de toutes les instances de protection des travail-leurs… Rien vu ? Rien su, Mesdames, Messieurs de la direction du PS ? La violence sociale n’est pas médiatique ? Elle n’en est que plus insidieuse et plus à combattre ! (...)

Mis en ligne le 26 octobre 2015
Septembre 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Les bras m’en tombent (Distribuez les points, vous ne vous interrogerez pas sur les coupes budgétaires) / p.3 à 6 : Place au débat (Laminage des salaires ou refondation progressiste de l’Europe) / p.7 : International (Royaume-Uni ; Chine) / p.8 : Humeur… (Grèce : débattons sereinement)

L’édito de Marinette Bache :

Il faudra qu’on m’explique pourquoi certains s’obstinent à se faire élire à gauche pour, ensuite, mener une politique des plus favorables au patronat… et, en conséquence, essuyer défaites sur défaites électorales, sanction bien méritée, lors des scrutins suivants !

Actuellement Hollande-Valls-Macron préparent avec application la perte des Régions par la gauche en décembre prochain. Et ce n’est réjouissant pour personne, car une Région gouvernée à gauche n’est pas comparable à une Région tenue par la droite, ou l’extrême-droite. Mais les électeurs ne jugeront pas sur les bilans, géné-ralement positifs, des Conseils régionaux sortants. Ils jugeront –et comment leur en vouloir ?- sur les consé-quences de cette politique d’austérité sur leur vie quotidienne.

C’est quoi la vie quotidienne sous un gouvernement élu pour faire une autre politique que celle subie sous Sarkozy ?

D’abord c’est la continuité des attaques contre les services publics et l’action publique. Ces services publics qui permettent (permettaient) à la France de mieux résister que les autres pays européens à la paupérisation générale et à la désagrégation du tissu social, restent prioritairement la cible du gouvernement.

9 milliards en moins pour la Sécurité sociale, c’est l’accélération du déremboursement des médicaments et des soins ; c’est la baisse de la possibilité d’accueil et de soins par les hôpitaux publics où 22 000 emplois sont supprimés, où, chaque jour, on programme fer-metures de services… ou d’hôpital. 9 milliards « d’économie » également dans la fonction publique, c’est la sécurité qui n’est plus assurée convenablement dans nos quartiers péri-urbains ou dans les zones rurales ; ce sont moins d’assistants sociaux, de personnels dans les centres d’impôts (des fois qu’ils se mêleraient de redresser les entreprises fraudeuses), dans les tribunaux (chacun sait que la justice est trop rapide !), dans les Pôle-emplois (pas de commentaires), dans les musées, les théâtres (depuis quand on veut une culture à la portée de tous ?) ; ne parlons pas de la poste ou de l’école ! 10 milliards en moins aussi pour les collectivités locales, c’est l’installation de la pénurie généralisée : en France il n’y avait plus que les communes et les Régions pour mener une politique d’investissement public et d’emploi ! Fi de tout cela ! Fi aussi de l’aide sociale à la charge des conseils généraux. Ensuite les salaires. Bloqués dans l’emploi public. La réalité est la même dans le privé. Pendant ce temps, le dirigeant d’Alcatel-Lucent reçoit 14 millions d’euros de prime en quittant son entreprise et autant pour entrer dans sa nouvelle, Numericable. Le gouvernement fait semblant de s’en émouvoir, mais, les salariés, eux, sont à la fois scandalisés et désabusés. Quant aux retraités, ils sont plus de 14 millions à vivre avec moins de 1 000 euros par mois. Le nombre de « travailleurs pauvres », notion anglo-saxonne il y a encore quelques années, explose et atteint les 9 millions.

Le droit et les conditions de travail ? Rabotés par les lois ANI, Rebsamen et Macron. Mais, et j’y reviendrai, on nous prépare plus et mieux. L’emploi enfin. Officiellement plus de 6 millions de chômeurs, mais surtout, pour un gouvernement qui s’était engagé à « inverser la courbe du chômage », une augmentation de 1,3 million ! (...)

Mis en ligne le 23 septembre 2015
Juillet/Août 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Equa-teur/Allemagne/Royaume-Uni/Espagne/Belgique) / p.3 à 5 : Place au débat (Le congrès de la CES et le syndicalisme français) / p.6 : Actualité sociale (Appel de Guéret/Hôpitaux publics : l’ « hostérité » toujours aux commandes) / p.7 : International (Grèce : un accord impossible ?) / p.8 : Coup de gueule (La « métropolisation », c’est moderne ?)

L’édito de Marinette BACHE

Au moment où j’écris cet édito les créanciers ont dit non à la Grèce. Et ce alors que chacun s’accordait à penser que nous étions près d’aboutir, Hollande et Merkel ayant même souligné que la proposition grecque était acceptable. Que veulent-ils sinon mettre à genoux ce pays et son gouvernement légitimement élu et qui, 6 mois après, jouit encore d’une forte popularité ? L’attitude des politiques, de Junker à Sapin en passant par Lagarde, est scandaleuse. Leurs propos -outre qu’ils sont méprisants et injurieux (Lagarde traitant les représentants grecs « d’enfants » ou Sapin les accusant de porter la responsabilité de la rupture)- sont significatifs de leur conception de la démocratie. Ceux qui ont bafoué la volonté du peuple français rejetant le Traité constitutionnel européen, ceux qui utilisent par 2 fois le 49-3 pour imposer une loi qui ne trouve pas de majorité à l’Assemblée nationale, se permettent de donner des leçons à Alexis Tsipras lorsqu’il décide de consulter son peuple !

L’enjeu dépasse la Grèce elle-même. Il s’agit de savoir si, face aux nouveaux maîtres de la finance mondiale, les peuples ont encore leur mot à dire ou s’ils doivent s’attendre à être définitivement réduits au rôle d’esclaves modernes. De l’issue de cette crise, c’est l’ensemble des salariés dans le monde, et particulièrement en Europe, qui seront ga-gnants ou perdants. C’est pourquoi il faut non seulement saluer le courage du peuple grec, mais aussi lui apporter tout notre soutien, ainsi que l’ont fait de nombreuses manifestations à travers le monde et qui se poursuivent dans la perspective du référendum du 5 juillet. On aimerait que le gouvernement français, élu à gauche, agisse clairement en ce sens.

Mais l’actualité amène à se poser la question : Qu’y-a-t-il de gauche dans la loi Macron qui vient d’être adoptée grâce à une 2ème utilisation du 49-3 ? Qu’y-a-t-il de gauche dans les nouvelles mesures annoncées par Valls concernant les PME qui permettront à un patron d’imposer un 2ème CDD à un salarié, le précarisant un peu plus ? Qu’y-a-t-il de gauche dans la décision de plafonner les indemnités de licenciement alors que dans le même temps on laisse les dirigeants des entreprises s’octroyer des retraites dorées et les actionnaires continuer à se gaver ? Qu’y-a-t-il de gauche dans cette loi sur le renseignement qui prétend restreindre les libertés publiques au nom de la lutte contre le terrorisme ? Loi qui pourrait très bien demain être utilisée contre les salariés et leurs organisations syndicales ou politiques, même sans l’arrivée au pouvoir du FN. (...)

Mis en ligne le 1er juillet 2015
Juin 2015

L’édito de Marinette Bache

Depuis 1992 et la ratification du traité de Maastricht, décrétant que « L’Europe est un grand marché où la concurrence est libre », le libéralisme et la « libre concurrence » n’ont cessé de faire leurs ravages. Les services publics, qui ont permis à la France de mieux résister face à la crise des banques de 2008, empêchent la concurrence de s’exercer partout. C’est la raison pour laquelle, dans la droite ligne de la Commission européenne, tous les gouvernements depuis 30 ans -et quelle que soit la couleur politique qu’ils ont utilisée pour se faire élire- s’attaquent aux services publics, comme également l’accord TAFTA sur le grand marché transatlantique, s’il devait voir le jour.

Tous les arguments ont été employés. Depuis la nécessité de la « modernisation » de la France –qu’est-ce que cette « modernisation » qui rejette non seulement les plus pauvres mais l’ensemble du peuple ?- jusqu’à la « bonne gestion financière » de l’Etat.

Quel est le résultat de cette modernisation et de cette gestion financière, non seulement de nos services publics, mais de l’ensemble de notre pays ? La mondialisation libérale effectuée au nom de l’Europe et surtout avec celle-ci comme instrument, n’a réussi qu’à augmenter de manière catastrophique le nombre de chômeurs et de précaires (au point de se demander si insécuriser les salariés n’était pas le but premier) et à détruire des milliers et des milliers d’emplois chaque année.

Mis en ligne le 11 juin 2015
Mai 2015

ERRATUM : En page 7 de ce numéro de mai 2015, le n° de téléphone de Béatrice Durand (référent de Paris pour les 2 journées de Guéret, les 13 et 14 juin prochains) est erroné. Le bon n° est le suivant : 06 33 82 05 15. Nous vous prions de nous excuser pour cette erreur.

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 à 6 : Place au débat (De retour de délégation France-Grèce pour la santé, du 11 au 16 mai) / p.7 : Actualité sociale (Guéret : tous en Creuse les 13 et 14 juin pour la défense et le développement des services publics !) / p.8 : Coup de gueule (Marre des chevaliers blancs !)

L’édito de Marinette Bache :

Mai 2005-mai 2015. Il y a 10 ans, le 29 mai 2005, les Français rejetaient par référendum le traité constitutionnel européen, donnant ainsi une claque aux dirigeants des partis UMP et PS qui avaient fait campagne, sur les mêmes tribunes, pour le « oui ». Malgré l’espérance suscitée par ce résultat, celui-ci ne s’est pas traduit par une révolution démocratique. Pire même, en 2008, le Parlement bafouait le peuple en avalisant le traité de Lisbonne, qui reprenait à quelques virgules près le texte du TCE. Et F. Hollande, après avoir affirmé pendant sa campagne qu’il reviendrait sur le traité, est aujourd’hui un fervent zélateur de cette Europe, au point de donner des leçons au Premier ministre britannique.

Dix ans après, force est de constater que l’Europe ne s’est pas démocratisée et que sa logique « austéritaire » conduit de plus en plus les peuples à se détourner d’elle. Après Syriza en Grèce, qui maintient courageusement son programme de justice sociale malgré le FMI et la Commission européenne, c’est au tour de Podemos de s’affirmer en Espagne à l’occasion des élections municipales, parvenant même à être la première force à Barcelone et dans la région madrilène. L’essai que représente ce sévère coup de semonce sera-t-il transformé lors des élections législatives cet automne ? Après la Grèce, ce serait un nouvel espoir qui se lèverait en Europe.

En France, les élections régionales de décembre ne s’annoncent pas au mieux pour le Parti socialiste qui « gouverne » 20 régions sur 22. Malgré le souhait exprimé par le député Jean-Marc Germain, il faudrait s’interroger sur les raisons pour lesquelles l’émergence d’un Syriza ou d’un Podemos ne semble pas à l’ordre du jour en France. Face au PS, une alternative crédible à gauche a du mal à voir le jour. Le Front de gauche qui avait soulevé une grande espérance lors des Présidentielles a du mal à trouver son second souffle. Côté PS, la première étape du congrès a rendu son verdict. 70 000 adhérents votants dont 25 000 pour la motion de gauche. 29 % donc pour celle-ci, ce qui peut paraître décevant mais n’est pas si mauvais que ça si on tient compte du fait que beaucoup de militants de gauche ont quitté ce parti depuis trois ans, déçus par la politique gouvernementale et du fait que certains animateurs de « Vive la gauche » ont rejoint, pour des raisons internes, la motion majoritaire. Et ce n’est pas les reculades de ce gouvernement face aux sénateurs de la droite lors de la discussion du projet de loi Macron qui vont améliorer les choses. Ni les menaces sur le transport ferroviaire contenues dans le rapport parlementaire de la commission Duron ou les tentatives de remises en cause des 35h à l’hôpital. Quant à la réforme du collège, on peut s’interroger sur son avenir après la défaite de l’un de ses principaux soutiens, le président de la FCPE dont le rapport d’activité a été retoqué lors du congrès de cette institution de parents d’élèves. (...)

Mis en ligne le 2 mai 2015
Avril 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 : Place au débat (Forum européen des alternatives les 30 et 31 mai prochains à Paris) / p.4 à 6 : Place au débat (De Guéret à Guéret pour les services publics du 21ème siècle !) / p.7 : Actualité sociale (Convergeons à Guéret pour la défense, la reconquête et le développement des services publics !) / p.8 : Coup de gueule (Cessons de faire des économies sur l’avenir de nos enfants !)

L’édito de Marinette Bache :

J’éviterai, vous le comprendrez, de parler de la mascarade organisée par des Le Pen père et fille qui se partagent les créneaux de vote de l’extrême-droite comme de l’incongruité du futur nom de l’UMP ; on se demande ce qu’il reste de « républicain » chez ces ultra-libéraux à la sauce Sarkozy ! Les médias donnent à ces épiphénomènes une importance qu’ils ne méritent pas.

« La dette publique a le plus augmenté dans les pays qui ont appliqué les recettes de rigueur budgétaire de la troïka. » C’est ce que révèlent les statistiques publiées par Eurostat. Ces recettes, basées sur la réduction de la « dette publique » donc sur des coupes budgétaires dans les budgets nationaux, sont responsables du marasme économique et social que nous subissons. Cela n’empêche pas Manuel Valls d’affirmer péremptoirement qu’il va continuer. En attendant : Conflit à Radio France, plan de licenciements de 1 000 salariés à Vivarte (ex-Groupe André), alors que, dans le même temps, l’ex-PDG s’en va avec la coquette somme de 3 millions d’euros, nouveaux projets de reculs sociaux du tandem Macron/Valls, que ne trouble pas le désaveu infligé par le peuple lors des élections départementales… Macron aurait même affirmé qu’il était contre le statut des fonctionnaires… Valls affirme dans la presse allemande que les salariés français seraient trop protégés et d’autres, comme le FMI, suggèrent de baisser le SMIC de 300 euros… Et Bercy prévoit de nouvelles restrictions budgétaires qui se traduiront par de nouvelles réductions de subventions aux collectivités territoriales et vraisemblablement par de nouveaux déremboursements de la Sécurité sociale.

Face à ces reculs, la journée d’action du 9 avril à l’appel de quatre organisations syndicales s’est traduite par un bon succès et plus de 83 manifestations à travers toute la France. On espère que la mobilisation sera encore plus importante en juin lorsque le projet de loi Macron reviendra en seconde lecture à l’Assemblée nationale.

Côté politique, le PS est entré dans sa phase préparatoire au congrès de Poitiers. Peut-on espérer que celui-ci permettra une inflexion de la politique gouvernementale ? Même si rien n’est encore joué, on peut s’étonner que des membres du gouvernement aient osé signer le texte de la motion de la direction sortante qui contient quelques critiques des mesures prises par celui-ci. A force de croire qu’un congrès se gagne à gauche et que les « choses sérieuses » se font à droite, les dirigeants du PS discréditent leur parti. Les adhérents refuseront-ils ce double langage et remettront-ils leur parti sur des rails socialistes ? On verra. Il faut noter que la pression des tenants d’une ligne de gauche n’est pas pour rien dans le renvoi au mois de juin de l’examen du projet de loi Macron. On doit aussi noter que la loi Santé, votée le 14 avril par les députés, ne cède pas aux exigences des médecins libéraux qui refusaient la généralisation du tiers-payant. Cependant cette loi se caractérise surtout par la suppression de 22 000 postes dans les hôpitaux d’ici 2017. Soumission aux dogmes libéraux obligent…

Mis en ligne le 27 avril 2015
Mars 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (La réforme du « dialogue social » contre les syndicats) / p.6 et 7 : Actualité sociale (Les bureaux de poste, nouvelle maisons de services publics ?) / (Unis contre l’austérité – Vers une grande mobilisation unitaire le 9 avril) / p.8 : Coup de gueule (Quo Vadis ?)

L’édito de Marinette Bache :

Ainsi donc, comme on s’y attendait, les élections départementales ont bien consisté en un désaveu formel et considérable de la politique gouvernementale. Et c’est l’ensemble de la gauche qui a subi la sanction. Le Front National était en tête dans 42 départements au soir du premier tour, la gauche, et notamment le Parti Socialiste, s’est trouvé éliminée dans plusieurs départements. Si le Front de Gauche, malgré les tripotages du Ministère de l’Intérieur, améliore, seul ou en alliance, son score de 2011, nombre d’électeurs de gauche lui ont préféré l’abstention. Il lui faudra d’ailleurs s’interroger sur le fait qu’il ne réussit pas à s’installer, contrairement à Syriza ou à Podemos, comme une alternative crédible.

L’abstention ou le vote FN reflètent l’état d’esprit de bon nombre d’électeurs de François Hollande en 2012, qui ne comprennent pas les choix libéraux faits par l’équipe au pouvoir. Que ce soit par manque de courage vis-à-vis de Merkel et de la Commission européenne ou, simplement, par conversion libérale, le gouvernement, par ses décisions, organise l’éclatement du système social français et l’effondrement de l’économie, au nom de la chasse au déficit. Le projet de loi Macron actuellement discuté au Sénat aura à terme de graves conséquences, s’il est adopté. En favorisant la circulation des cars, Macron s’attaque de facto à la SNCF, déjà bien mal en point du fait du déficit chronique du réseau ferré et de la concurrence sur le transport des marchandises, bientôt étendue à celle des passagers. Ce sont de nouvelles gares et des lignes régionales qui seront supprimées, ce qui va ni dans le sens de l’amélioration du transport pour les usagers, ni dans celui de l’aménagement du territoire ; et je ne parle pas des conséquences environnementales. Enfin, il ne faut pas se leurrer : les compagnies d’autocars vont s’attaquer aux liaisons les plus rentables de la SNCF, pas au transport des usagers à l’intérieur de la Corrèze ! Déjà, la SNCF a dans ses cartons un plan de réduction de 13 000 emplois dans les années qui viennent. Même chose du côté de l’hôpital public, où 22 000 emplois devraient être supprimés dans les trois ans selon la ministre de la Santé, Marisol Touraine. (...)

Mis en ligne le 29 mars 2015
Février 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Syriza ! Et maintenant ?) / p.3 à 6 : Place au débat (Le projet de loi santé) / p.7 : Actualité sociale (Peut-on encore être syndicaliste à La Poste ? On s’interroge…) / p.8 : Coup de gueule (Assez du mépris des élites pour les salariés !)

L’édito de Marinette Bache

Ce qui m’inquiète finalement le plus avec ce gouvernement, c’est sa cohérence anti-sociale. Cohérent Emmanuel Macron, quand il propose de remettre en cause, comme jamais cela n’a encore été fait, y compris sous Sarkozy, notre droit social protecteur ; cohérent Manuel Valls, quand il invite les investisseurs chinois à venir en France où « on licencie facilement » -d’ailleurs ce sera encore plus facile si E. Macron peut poursuivre son œuvre destructrice ; cohérent François Hollande, quand il approuve l’attitude scandaleuse de la BCE vis-à-vis du gouvernement grec.

La dérégulation du marché du travail -initiée sous le précédent gouvernement de droite, mais qui a passé la surmultipliée depuis l’élection de François Hollande alors que les salariés auraient légitimement pu s’attendre à voir leurs intérêts mieux pris en compte- crée chaque jour plus de précarité. La loi s’est vue supplantée par les accords de branches ; les accords de branches par ceux d’entreprises. Aujourd’hui c’est le contrat de travail qui est en ligne de mire, mais déjà, de nombreux salariés –en particulier les femmes– n’ont droit qu’à des CDD ou à des emplois précaires à temps partiels.

On ne fabule hélas pas quand on constate, qu’en plus, sont menacés à divers titres, les conseils de prud’hommes, les institutions représentatives du personnel, les CHSCT, l’inspection du travail, la médecine du travail, …

La réforme fiscale promise attend toujours tandis que l’évasion fiscale prend de l’ampleur… et le ministre de l’Economie se couvre de honte, ou de ridicule, en appelant les jeunes à aspirer devenir milliardaires.

Devient-on milliardaire sans exploiter ses concitoyens, sans délocaliser ses profits ? Est-ce un horizon à vanter à des millions de jeunes sans travail ou de précaires surexploités ?

Le nombre de chômeurs augmente, la France perd des emplois. Les salaires du privé et le point d’indice de la fonction publique sont bloqués. Le pouvoir d’achat est en baisse tandis que les grandes fortunes explosent.

Les services publics tirent le diable par la queue. On privatise nos aéroports. Les hôpitaux publics vont devoir se procurer quelques finances en faisant de la pub pour attirer les riches patients étrangers : étrange conception d’une politique de santé publique.

Sur fond de promesses non tenues des politiques, de scandales fiscaux de la jet-set, d’arrogance du patronat, de mépris des puissants et de dérapages –qu’on voudrait seulement verbaux– de ministres, se développe un fort malaise social.

Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre et la législative partielle du Doubs n’est en rien une victoire de la gauche. On ne peut se cacher indéfiniment derrière le « ni-ni » de l’UMP pour refuser de regarder en face le fort rejet du PS qu’ont entrainé les conséquences d’une politique qui désespère. On ne peut se contenter vis-à-vis de la montée du FN, amplifiée par l’abstention, de privilégier une attitude morale assise sur un mépris affiché pour « ces ouvriers qui votent à l’extrême-droite ». On ne peut se gargariser de références pauvrement républicaines du « vivre ensemble » et détruire les conditions du pacte social symbolisé par le programme du CNR. (...)

Mis en ligne le 23 février 2015
Janvier 2015

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Législatives anticipées en Grèce : une élection porteuse d’un enjeu historique) / p.3 à 6 : Place au débat (Autopsie du projet de loi « Macron ») / p.7 : Actualité sociale (Guéret 2015 : pour la reconquête et le développent des services publics) / p.8 : Coup de gueule (La liberté, un combat permanent …)

L’édito de Marinette Bache :

Résistance Sociale était présente à la marche républicaine du dimanche 11 janvier, qui, suite à l’attentat contre Charlie Hebdo, a vu le peuple français se lever pour défendre la République, rappeler son attachement à la liberté d’expression et à la laïcité et affirmer : « même pas peur ! ».

Ne nous attardons pas sur le contexte de cette gigantesque manifestation. Il aurait été souhaitable, qu’à Paris, certains dirigeants s’abstiennent de venir, la palme étant certainement à accorder au représentant de l’Arabie saoudite où, le même jour, on flagellait un bloggeur pour blasphème.

L’important est dans la réaction de notre peuple. Dans sa volonté de se proclamer libre. Il n’était pas indispensable de lire « Charlie Hebdo » (à RESO, notre combat ne passe pas par les mêmes moyens) pour condamner sans appel l’horrible tuerie terroriste, pour manifester notre solidarité envers un journal courageux, un des rares à ne pas accepter d’être soumis à la loi de l’argent. L’important est dans les milliers de rassemblements qui se sont tenus sans banderoles récupératrices, seulement : « Je suis Charlie », le drapeau tricolore et des références à la République, à la Liberté, à l’Égalité, à la Fraternité et à la Laïcité. L’important est dans ces « Marseillaises » spontanées, jaillies du tréfonds des foules. L’important est dans ces gens qui s’embrassent et applaudissent nos « flics ».

Nous sommes maintenant au jour d’après.

Nous ne devrons pas refuser une introspection de la société française. Comment en est-on arrivé là ? Comment, dans le pays héritier des Lumières, de jeunes gens, français, peuvent-ils en arriver à commettre d’abjectes tueries – sur notre sol ou en allant « faire le djihad » - pour venger un pseudo-délit de blasphème ? Aura-t-on le courage de regarder en face la régression de la liberté (d’expression), de l’égalité (femmes-hommes), de la fraternité, de la laïcité dans certains quartiers de nos banlieues, où une poignée de caïds se servent de la religion pour terroriser, en particulier les femmes et les jeunes filles ? Comment y remédier ?

Et ne pas oublier, aussi, de faire le lien avec la pauvreté sociale de ces quartiers, la précarité dans laquelle les gens y vivent, et le taux de chômage. (...)

Mis en ligne le 15 janvier 2015
Décembre 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Florange : il fallait hier nationaliser, il faut aujourd’hui recréer des emplois de production, par Marie-Noëlle LIENEMANN) / p.5 et 6 : Place au débat (A propos du Plan Juncker, par Patrick Le HYARIC) / p.6 : 11èmes Vendémiaires de RÉSO / p.7 et 8 : Coup de gueule (Marre du JT !, par Charles LABÂTIE)

L’édito de Marinette Bache :

Le chômage progresse, la fortune des plus riches aussi. Le nombre des « travailleurs pauvres », avant spécialité anglo-saxonne, augmente. Le SIMC, lui, est bloqué, comme le point d’indice de la fonction publique. Mais pas les salaires des grands patrons, ni leurs retraites-chapeaux ; ni la fraude fiscale (80 milliards) ni les avoirs français dans les paradis fiscaux (590 milliards) !

On aurait pu espérer, après le bilan du CICE, après le pacte de responsabilité dont le ministre de l’Économie lui-même reconnaît l’échec, que la frénésie libérale du gouvernement s’arrêterait là. Erreur ! Le gouvernement s’attaque, avec le projet de loi Macron, aux fondements mêmes du pacte social et républicain de la France. Ce projet de loi, qui contient plus d’une centaine d’articles et le recours à 18 ordonnances, ne s’intéresse pas qu’au travail du dimanche, dont le président de la République lui-même, avait pourtant dénoncé, il n’y a pas si longtemps, l’extension prévue par la droite. Mais ça, c’était avant… Chacun sait que le travail du dimanche n’a jamais rien apporté à l’économie, que ce qui est acheté le dimanche ne sera pas réacheté le lundi, que les opérateurs de tourisme se sont depuis longtemps adaptés et qu’ils ne quittent pas tous la France pour Londres le dimanche mais qu’ils font visiter nos musées. Même le ministre de l’Économie le sait ! Ce que cache cette histoire, c’est la volonté de s’en prendre au droit du travail et de répondre positivement aux exigences des patrons… après les avoir subventionnés à coup de dizaines de milliards ponctionnés dans les poches des salariés et des retraités !

Le projet Macron, c’est un formidable retour en arrière, en ce qui concerne le droit du travail, avec notamment la remise en cause du rôle des prud’hommes, l’extension du travail de nuit, un nouveau coup de canif aux 35h -dont pourtant un rapport parlementaire vient de reconnaître l’utilité dans la lutte contre le chômage : c’est 400 000 emplois qui avaient été ainsi créés, sans baisse de salaire la plupart du temps, même si la flexibilité en avait été, quelquefois, la contrepartie…

Ce projet Macron, c’est aussi la généralisation de la dérégulation, c’est la facilitation des licenciements, la casse de la Médecine du travail, de l’Inspection du travail. Il faut dire que son initiateur est un vrai libéral qui ne sait pas que les salariés sont plus productifs lorsqu’ils sont protégés que lorsqu’ils sont insécurisés, qui méprise trop le « populo » pour penser que des ouvriers formés sont plus efficaces. Il libéralise les transports routiers privés sous prétexte de permettre aux pauvres d’avoir accès à un transport en commun à leur portée ; en fait, il répond positivement au lobby des transporteurs routiers. Il ne lui viendrait pas à l’esprit de développer les transports ferroviaires de proximité, pourtant beaucoup plus sûrs et respectueux de l’environnement ! On pourrait se demander ce qu’ils attendent, lui et le Premier Ministre Valls, pour répondre favorablement à la demande de députés de gauche de renationaliser les autoroutes ; mais ils préfèrent privatiser les aéroports de Toulouse, Lyon, Nice ! (...)

Mis en ligne le 26 décembre 2014
Novembre 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 7 : Place au débat (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2015 - 2017) / (Simplification du droit du travail : et si on parlait des vrais problèmes ?) / p.8 : 11èmes Vendémiaires de Résistance Sociale : programme et modalités d’inscription

L’édito de Marinette Bache

C’est peu de dire que la politique menée par François Hollande et Manuel Valls n’a pas grand-chose à voir, non seulement avec une politique de gauche, mais, tout simplement, avec les engagements de campagne du candidat Hollande.

Qu’est devenu le discours du Bourget ? L’ennemi désigné d’alors, la « finance », n’a guère été bousculé. Toujours pas de réforme fiscale en vue, qui taxerait les revenus des capitaux au moins autant que ceux du travail. Tous les avantages consentis par la droite ont été prorogés ; pis : le pacte de compétitivité puis celui dit « de responsabilité » permettent des cadeaux fiscaux au patronat à la hauteur de 44 milliards d’euros. Sans contrepartie évidemment.

La mise en place de la politique de l’offre, outre qu’elle nie toute la force de la commande publique, contribue à la réduction, toute idéologique, des dépenses publiques qui participe à plonger le pays dans la récession et détricote tranquillement le programme du Conseil national de la Résistance, lequel s’appuyait sur un secteur public fort. Rappelons qu’il est reconnu que c’est l’existence de ce service public qui protège encore –un peu- les Français des conséquences de la crise. Mais, hélas, c’est Kessler, ancien dirigeant du MEDEF, qui a satisfaction, lui qui veut se « défaire méthodiquement du programme du CNR ».

La soumission – dont on finit par se demander si elle est résignation, fatalisme ou simplement conversion aux dogmes libéraux - du gouvernement aux intérêts du capital se traduit régulièrement par des reculs des droits des salariés : attaques répétées contre le Code du travail, remise en question des tribunaux des prud’hommes et des seuils sociaux dans les entreprises. Et ce gouvernement ira-t-il jusqu’à se déshonorer totalement en remettant en cause les contrats à durée indéterminée après s’en être pris au repos du dimanche ? (...)

Mis en ligne le 23 novembre 2014
Octobre 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Intervention introductive de Jean-Claude Chailley lors de la Rencontre des Républicains de gauche du 4 octobre 2014) / p.7 : Actualité sociale (Au cœur des prud’hommes : élections démocratiques des conseillers) / p.8 : Coup de gueule (La macron-économie, ça craint !)

L’édito de Marinette Bache :

« Illettrées » de Gad, remise en cause des seuils sociaux, « tabous levés » sur l’indemnisation des chômeurs et l’extension du travail du dimanche, remise en cause des 35 heures, cars pour les pauvres, … on ne compte plus depuis deux mois les déclarations tonitruantes des ministres du gouvernement Valls et de Valls lui-même sur ce qui serait des freins à la compétitivité de la France et qui l’empêcherait de réduire son déficit et de retrouver la croissance. Alors que les expériences socio-libérales des Blair, Schröder et autres ont lamentablement échoué : la situation des pays concernés ne s’est pas améliorée au-delà de quelques indicateurs économiques contestables, mais leurs réformes ont toutes eu pour conséquence un affaiblissement des droits des salariés actifs, des chômeurs et des retraités au bénéfice de la rente et de la finance. L’Allemagne elle-même, que l’on nous renvoyait comme modèle, commence à ressentir les effets de sa politique absurde de rigueur budgétaire et d’orthodoxie libérale. Sa volonté d’obliger les pays de l’euro à « libéraliser » leur économie et à réduire leurs déficits à la hussarde a pour conséquence de lui fermer peu à peu les débouchés pour ses produits. Sourds et aveugles, Merkel et son ministre des Finances continuent dans une voie qui ne peut que conduire tôt ou tard les entreprises allemandes à s’effondrer, engendrant toujours chômage et misère. Dans les autres pays, la politique austéritaire continue ses effets dévastateurs : loin de se résorber, les déficits et le chômage explosent, les services publics sont démantelés, le tissu social s’effiloche. Résultat : les partis d’extrême droite triomphent un peu partout, comme en Belgique, où ils occupent désormais une partie importante des postes clés du gouvernement.

Les peuples ne restent pourtant pas sans réagir. Grèves et manifestations se déroulent en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne. En France, les syndicats peinent à mobiliser et pourtant la politique gouvernementale fait de plus en plus de mécontents. L’espoir suscité par la victoire de Hollande en 2012 est retombé.

Au sein de son propre parti, la démarche des « contestataires » trouve un écho non seulement à la base –où certains partent discrètement– mais également dans les sphères intermédiaires et même au sommet : Martine Aubry a fini par sortir du bois, fut-ce comme à son habitude en maniant le froid et le chaud. Ceux qu’on appelle les « frondeurs » n’ont pas renoncé à proposer une autre politique. Des collectifs « Vive la Gauche », dont certains ouverts à d’autres forces de gauche, se créent. Des amendements communs aux frondeurs, au Front de Gauche et aux Verts sont déposés à l’Assemblée lors de la discussion budgétaire. 39 députés socialistes viennent de refuser de voter le budget. Imperturbables, Hollande et Valls poursuivent leur chemin, sourds aux critiques, plus préoccupés par l’adoubement du patronat et les satisfecits espérés de la Commission européenne que du respect des engagements de campagne. Qu’importe pour eux si après les municipales, après les européennes, après les sénatoriales, la gauche venait à perdre départements et régions ! (...)

Mis en ligne le 28 octobre 2014
Septembre 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Notes de lecture (« Comment résister à la démolition du Code du travail ? », Gérard Filoche & Richard Abauzit) / p.3 et 4 : Place au débat (Vote de confiance) / p.5 et 6 : Actualité sociale (Appel de la Convergence de Défense et de Développement des Services Publics) / p.8 : Préprogramme des 11èmes Vendémiaires de Résistance Sociale

L’edito de Marinette Bache

En ce début d’automne, comment ne pas revenir sur cette séquence extraordinaire de la fin du mois d’août, qui a vu la démission du premier gouvernement Valls, l’expulsion sans ménagement d’un ministre coupable d’avoir osé exprimer publiquement ses doutes sur la politique économique suivie, alors que le chômage continue sa hausse tout comme les déficits publics, puis la démission forcée d’un autre ministre, à peine nommé, pour cause d’ennuis avec les impôts, suivie par une manifestation symbolique des députés « frondeurs » au sein même de l’université d’été du Parti Socialiste à la Rochelle ?

Cette rentrée a aussi été marquée par deux faits, non sans rapport l’un avec l’autre : la fête de l’Humanité et le vote de confiance demandé par le gouvernement Valls 2.

Concernant le vote, la sanction est donc tombée : Valls n’a obtenu qu’une majorité relative de 269 voix sur 513 députés. 28 députés socialistes et 3 apparentés (MRC) se sont abstenus, ainsi que 17 des 18 députés écologistes, la dernière votant contre, de même que les députés Front de gauche.

De ce vote, il faut tirer la conclusion, non pas que le gouvernement Valls est minoritaire à l’Assemblée nationale, mais qu’il est possible de mener une autre politique, qui, avec le soutien de députés roses-rouges-verts, obtiendrait une majorité devant les représentants du peuple.

Cette autre politique n’est bien sûr pas celle que Monsieur Valls veut mener en allant se faire applaudir à l’université du MEDEF (ou devant les patrons allemands). Pas étonnant d’avoir droit à une standing ovation du patronat lorsqu’on propose une « légitime révision des seuils sociaux », la « simplification » du Code du travail et l’assouplissement des règles sur le travail la nuit ou le dimanche. Souhaiter la réussite du « pacte de responsabilité » c’est se réjouir des 40 milliards de baisse, en quatre ans, des prélèvements touchant les entreprises. Et le Premier ministre l’a fait, occultant en même temps les conséquences sur la Sécurité sociale et le budget de la Nation. Si, Monsieur Valls, réduire le « coût » du travail et la fiscalité des entreprises, c’est faire un cadeau – énorme et sans contrepartie – au Patronat. Non, Monsieur Valls, une mesure favorable au MEDEF n’est pas une mesure favorable au pays tout entier, comme vous le dites et faites semblant de le croire. C’est un choix politique, celui de mener une politique libérale au dépend des salariés. Celui de mener une politique opposée à celle pour laquelle le Président a été élu.

Ajoutés au discours de Manuel Valls, l’annonce du gel des petites retraites et la promesse de revoir les 35 h ont formé la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour nombre de députés socialistes ne se reconnaissant plus dans la politique économique et sociale de François Hollande. (...)

Mis en ligne le 3 octobre 2014
Juillet / Août 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Amérique latine) / p.3 à 6 : Place au débat (Réforme territoriale ou réforme de l’État ?) / p.7 : Actualité sociale (Hôpital Paul Guiraud) / p.8 : Coup de gueule (Dites, et si vous vous intéressiez aux grévistes ?)

L’édito de Marinette Bache :

Conférence sociale, budget rectificatif de la Sécurité sociale, réforme territoriale, intermittents du spectacle, réforme ferroviaire… On ne peut pas dire que tout roule, en ce début juillet, pour le gouvernement de Valls, qui vient de passer le cap des 100 jours.

La conférence sociale d’abord. Quatre syndicats, et non des moindres (CGT, FO, Solidaires, FSU), ont décidé de boycotter la seconde journée de cette conférence, irrités par les annonces dans la presse du premier ministre et par le manque de considération, frôlant le mépris, à leur égard, alors que le gouvernement apparaît de plus en plus comme l’allié objectif du MEDEF. Dès que le patronat tousse et menace, lui, de boycott, le Premier ministre capitule sans condition, reporte l’application du « compte pénibilité » et accepte de reparler de la question des seuils sociaux. Il s’agissait pourtant, parait-il, de la contrepartie à la signature par le MEDEF et certaines organisations syndicales de la réforme régressive des retraites du gouvernement Ayrault, qui prolongeait les reculs des précédents gouvernements de droite. Quand le Président de la République appelle les partenaires sociaux à ne pas faire de surenchère, il s’adresse, en fait, aux seuls syndicats ! La simple défense des acquis sociaux n’est qu’un détail agaçant pour un Président qui a manifestement endossé sans complexe les habits du libéralisme. D’ailleurs, le ministre Sapin ne vient-il pas d’enterrer définitivement le discours du Bourget, en reconnaissant que le gouvernement est l’ami de la finance ? A ce train-là, on peut douter de la tenue des rencontres sociales annoncées par François Hollande le 7 juillet.

Tel est donc le bilan de ces 3 mois après la gifle des municipales, puis des européennes. Nous nous sommes habitués à voir le premier ministre et son gouvernement utiliser le vocabulaire de la droite, depuis les « charges sociales » jusqu’au « coût du travail » en passant par la nécessité de « baisser la dépense publique ». L’inquiétant est qu’on n’en reste pas aux mots et que cette rhétorique préside aux décisions de nos dirigeants.

Concernant le budget rectificatif de la sécurité sociale, les choses ne vont pas mieux, puisque la « fronde » de députés socialistes – qui s’étend bien au-delà de ce qu’il est habituel d’appeler la « gauche du PS »- a abouti à ce que certains refusent de le voter, les uns s’abstenant, les autres ayant même menacé de voter contre, à l’image des députés du Front de Gauche et d’EELV. La majorité gouvernementale a tendance à se rétrécir de plus en plus, puisque même le PRG commence à ruer dans les brancards au sujet de la réforme territoriale, qui a d’ailleurs été retoquée au Sénat. On peut imaginer que cette grogne des députés et sénateurs aille crescendo à mesure que le pacte de responsabilité se mettra en place. Quant aux intermittents du spectacle, leur mouvement continue à se poursuivre malgré la nomination d’un médiateur qui ne semble pas avoir réussi à rassembler les points de vue. Là aussi, on voit que le gouvernement n’est pas suivi par l’ensemble de sa majorité (cf. l’article de Frédéric Hocquard dans notre numéro de mai). (...)

Mis en ligne le 24 juillet 2014
Juin 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Contre le G.M.T.) / p.2 : Note de lecture (« Dracula contre les peuples », de Patrick Le Hyaric) / p.3 à 6 : Place au débat (Européennes et souveraineté populaire) / p.7 : Actualité sociale (Retraités : « Nous ne sommes pas des nantis ! ») / p.8 : Coup de gueule (Non Monsieur Rebsamen, quand on est de gauche, on se dit pas « amen » au Medef !)

L’édito de Marinette Bache :

En ce début du mois de juin, alors qu’on célèbre les 70 ans de la bataille de Normandie et le débarquement des armées alliées, aidées par la Résistance française, on commence à voir à l’œuvre les nouveaux maires FN élus aux dernières municipales. Derrière la fausse bataille du père et de la fille Le Pen, le masque tombe sur ce qu’est véritablement le parti d’extrême droite.

Loin d’être, comme il l’affirme, le défenseur des salariés et des plus pauvres, il montre qu’il est en réalité leur ennemi le plus farouche : baisse des subventions aux associations de solidarité comme les Restaurants du cœur, expulsion de leurs locaux des associations des droits de l’homme ou des syndicats, mise à l’index des chômeurs ou de leurs enfants, sans parler bien sûr des relents d’antisémitisme et de stigmatisation des étrangers. Mais il ne faut pas s’en étonner, c’est la nature profonde de ce parti qui est socio-économiquement profondément libéral : rappelons qu’il ne s’est pas opposé à Bruxelles à la directive des travailleurs détachés ! On ne peut dès lors qu’être inquiet en évoquant la possibilité d’une Marine Le Pen présidente de la République en 2017. Et peut-on totalement l’exclure au vu des dernières élections et de l’abstention des électeurs de gauche, sans compter les soubresauts de l’UMP empêtrée dans ses affrontements internes et les « affaires » ?

Plus que des manifestations de bonne conscience qui ne changeront pas le cours des choses, c’est à un sursaut de la gauche politique, syndicale et associative que Résistance Sociale appelle. On ne peut que se réjouir de rencontres à gauche comme celle de Bellerive-sur-Allier, près de Vichy, du 20 au 22 juin, permettant le nécessaire débat entre ceux qui refusent la politique austéritaire actuelle. On voit bien que sans la remise en cause totale de cette politique, le chômage va continuer de monter et la pauvreté grandir, comme c’est le cas dans les pays voisins comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie. Or, loin de s’appuyer sur les résultats de l’élection européenne pour exiger une réorientation majeure en Europe, Hollande se plie docilement aux injonctions de la Commission européenne. Quant à la gauche assumée, sur laquelle reposent encore nos espoirs, celle du Front de Gauche comme celle de la gauche anti-austéritaire du PS, elle doit rapidement retrouver ses marques, le sens de l’intérêt général, celui des salariés –dont elle est censée porter la défense. Et il y a beaucoup à faire quand on voit que la lutte anti-FN se joue sur le terrain moral et que ses électeurs sont stigmatisés alors qu’il faudrait chercher à comprendre les motivations d’un tel vote, et les combattre. Quand on voit que le rôle de l’Etat, à travers le principe de nationalisation des entreprises vitales pour l’emploi –comme celle d’Alstom par exemple– est fort peu évoqué et même repoussé par un frange du FdG, on mesure le chemin qu’on doit parcourir.

Alors oui, les échanges doivent s’intensifier, les débats doivent fleurir. Résistance Sociale apportera sa pierre à l’ouvrage à l’occasion de nos prochaines Vendémiaires, le 18 octobre à Paris.

Mis en ligne le 16 juin 2014
Mai 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Quelle réforme territoriale ?) / p.4 : Les bras m’en tombent (Hôpitaux : triste solution) / p.5 et 6 : Place au débat (Intermittence du spectacle : une réforme de gauche est possible) / p.6 : Avez-vous remarqué ? (Hôpitaux : différences de tarifs) / p.7 : Actualité sociale (SNCF : une réforme et des interrogations / L’impuissante bien-pensance) / p.8 : Coup de gueule (« Rien pour les salariés » il vous a dit !)

L’édito de Marinette Bache :

Il semblerait que certains soient « surpris » ou « tristes » au lendemain de cette élection européenne. Permettez que je m’insurge !

Surpris ? Après le résultat des municipales et la caricaturale analyse du Président Hollande affirmant qu’il a bien compris le message que les Français lui avaient envoyé d’aller plus vite dans les réformes, comment peut-on être surpris ? Je le craignais dans le précédent bulletin de RESO : quand les peuples n’en peuvent plus d’être trahis, quand ils envoient, élections après élections, des avertissements qu’on ignore sciemment, quand, finalement, on se moque d’eux, quand on méprise leur avis, il n’y a pas matière à être étonné de leur réaction. Au contraire, il est honteux et scandaleux ensuite de leur reprocher, sur un ton moralisateur, d’avoir promu le « FHaine ». C’est la réponse du berger à la bergère. C’est la réponse à la méfiance, au mépris, aux trahisons qu’on leur manifeste. Notre peuple n’est pas raciste, il est désespéré. Cela explique son vote pour un parti qui, non seulement n’est ni patriote ni préoccupé de social, mais est le meilleur garant des possédants et de la finance.

Bref, c’est la réponse à une politique qui protège les intérêts des privilégiés au détriment de l’intérêt général, qui abaisse chaque jour la protection sociale et le droit du travail, qui supprime les emplois, qui vend nos usines, qui casse les services publics. Car, oui, il faut bien regarder la vérité en face même –surtout– quand elle dérange : c’est cette politique, libérale, qui est menée par ceux que les salariés ont élus pour tourner le dos au sarkozysme. Et après ce 25 mai, qui renvoie à un certain 21 avril, la gauche libérale, la gauche gouvernementale est impitoyablement défaite. Réduite à 14% des votants, 5% de l’électorat.

Mais les électeurs n’ont pas trouvé une alternative crédible avec la gauche du Front de Gauche, qui se maintient tout juste, ou de l’écologie qui recule. Une fois de plus, le message est clair : la gauche est à reconstruire dans son ensemble. Ce message sera-t-il entendu ? (...)

Mis en ligne le 30 mai 2014
Avril 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (Pour une politique progressiste, retrait du Pacte « austéritaire ») / p.6 : Coup de gueule (Diminuer le salaire brut pour hausser le net, c’est une indignité, c’est le programme de Marine Le Pen depuis des années)

L’édito de Marinette Bache :

Donc, selon le Premier ministre, il serait « difficile de faire quelque chose pour les salariés ». Il est donc difficile de faire quelque chose pour ceux qui, non seulement, ont élu ce gouverne-ment (certes, sans trop d’illusions), mais, pire, il est possible de faire quelque chose pour les quel-ques milliers de gros possédants mais il n’est pas possible de faire quelque chose pour les plus de 90 % de salariés ou assimilés (chômeurs, retrai-tés, …).

Je ne m’attarderai pas longuement à détailler le pacte d’austérité. Dans son article, Jean Claude Chailley le fait avec sa précision et sa pertinence habituelles. Je me pose seulement la question : Comment ce Président et ce gouvernement élus et étiquetés à gauche peuvent-ils faire de tels choix ? On aurait pu penser que le résultat des élections municipa-les aurait été entendu et compris. Eh bien leur compréhension consiste à dire et -probablement car cela poserait question sur leur intelligence- à faire semblant de croire que le peuple français vient d’envoyer un signe que les « réformes » n’allaient pas assez vite et le pacte d’irresponsabilité pas assez loin. Je m’interroge. Combien de temps notre peuple va-t-il supporter de se faire ainsi grossièrement moquer de lui ? Et quelle sera la forme de sa ré-action ? Car enfin, il ne faut pas être grand clerc pour constater que les Français ont, par leur vote des 23 et 30 mars, non pas rejeté le bilan générale-ment bon des élus locaux de gauche, mais vigoureusement sanctionné une politique gouver-nementale qui prend 2,7 milliards sur les petites retraites, qui gèle les points d’indice de fonction-naires de moins en moins nombreux, qui veut bloquer le Smic, qui fait un nouveau cadeau de 35 milliards au patronat tandis qu’il annonce une nouvelle austérité à hauteur de 50 milliards avec hausse des cotisations sociales et baisse des droits et prestations, avec suppression d’hôpitaux publics et privatisations ! ....

Mis en ligne le 2 mai 2014
Mars 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (Retraite : la réforme structurelle, c’est du concret) / p.5 : Hommage (Au revoir Marc !) / p.5 : Les bras m’en tombent (Eh bien ! Ca coûte cher le privé !) / p.6 et 7 : Sauvegarde des services publics (Appel de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics) / p.8 : Dernière minute (Pacte de responsabilité : « relevé de conclusions » du 5 mars 2014 signé par le MEDEF, la CFDT, la CFTC et la CGC)

L’édito de Marinette Bache : (Edito rédigé entre les 2 tours des élections municipales)

Alors que vient de s’achever le premier tour des élections municipales, que je n’évoquerai pas ici, on me permettra de revenir sur l’actualité de ces dernières semaines, ce qu’on pourrait appeler l’affaire Sarkozy. Il est quand même aberrant de voir un ancien Président de la République, au cœur de tant d’affaires judiciaires, s’en prendre à tous les fondements de notre République. Non, la France n’est pas l’Allemagne de l’Est d’avant la chute du mur de Berlin ! Non, la police française n’a rien à voir avec la Stasi ! Non, les juges ne sont pas aux ordres d’un pouvoir despotique ! Où a-t-on vu, dans une dictature, une lettre d’un dirigeant de l’opposition décortiquée par tous les journaux et chaînes d’information continue, comme s’il s’agissait d’une nouvelle bible, avec intervention de tout ce que compte la « Sarkozye » comme hérauts pour en faire un éloge appuyé ? Sous la plume de Sarkozy, la droite renoue avec ce discours de haine à l’égard de la gauche et de tous ceux susceptibles d’entraver son chemin. Suivant le perfide conseil de Pasqua : « Créez une affaire dans l’affaire, puis une affaire dans cette dernière, jusqu’à ce qu’on perde de vue l’origine », elle se drape d’un manteau de victime alors même qu’elle est coupable. A Résistance Sociale, nous privilégions le débat démocratique, ce qui suppose retenue et respect des personnes, même quand on combat leurs idées.

Ne nous y trompons pas : ce climat nauséabond entretenu par les leaders de la droite et qui réjouit tant le Front national ne fait que jeter un voile sur leur incapacité à traiter des vrais problèmes qui concernent les Français : le chômage, le pouvoir d’achat, la précarité... Problèmes que nous ne cessons d’évoquer dans les colonnes de ce bulletin et que nous aimerions voir –enfin !- pris à bras-le-corps par la gauche gouvernementale. En dépit d’un affichage de bonnes intentions, ce n’est malheureusement pas vraiment le cas ! Le Pacte de responsabilité, qui a fait l’objet de rencontres entre les partenaires sociaux, a débouché le 5 mars sur un relevé de conclusions qui fait la part belle aux revendications patronales et apporte peu aux salariés. Comme nous l’indiquions dans le numéro de février, c’est surtout une attaque contre la Sécurité sociale et contre les services publics avec le plan d’économies annoncé par le gouvernement, dont on ne voit d’ailleurs pas encore trop le contenu réel. (...)

Mis en ligne le 31 mars 2014
Février 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (Le « Pacte de responsabilité » made in troïka) / p.6 et 7 : Actualité sociale (Soutien et fraternité avec les enseignants en lutte en Algérie / Mensonge sur la baisse des allocations chômage / Compte rendu du Collectif 59 contre la signature du traité transatlantique) / p.7 : Les bras m’en tombent (Dentistes : « Une grève qui m’interroge… ») / p.8 : Coup de gueule (Non, Monsieur Gattaz, le stress n’est pas que pour les salariés !)

L’édito de Marinette Bache

Je ne suis pas sûre que notre pays ait connu pire situation depuis 50 ans. Oh, bien sûr, ce n’est pas du seul fait de l’actuel gouvernement. 10 ans de gouvernement de droite dont cinq ans de sarkozysme ont été une catastrophe sociale : RGPP, casse de l’école publique, fermetures d’hôpitaux publics, priva-tisation de la Poste, d’EdF, de GdF, attaques contre le Code du travail, délocalisations, démantèlement de la Sécurité sociale…

Voici bientôt 2 ans que les Français ont porté François Hollande à la Présidence, en lui donnant une majorité à l’Assemblée nationale, sans doute sans croire vraiment au discours prononcé le 22 janvier 2012 au Bourget, mais, au moins, pour stopper cette politique.

Alors, quel est le bilan 20 mois après ? Le sentiment –fondé sur les faits, sur la réalité des décisions, et ce n’est pas les avancées sociétales qui y changeront quelque chose– est que la même politique conti-nue.

De la remise en cause de la retraite à 60 ans, à la Sécurité sociale ramenée à un simple « welfare » à l’américaine en passant par l’ANI et la stagnation du pouvoir d’achat (pour ne pas dire pire), pour en arriver au « pacte de responsabilité », la politique de Hollande / Ayrault semble avoir pour seul objectif de faire plaisir au MEDEF contre, soi-disant, un engagement à lutter contre le chômage.

Un engagement qui n’a pas de sens. La « politique de l’offre » n’est pas nouvelle. Elle ne consiste en rien d’autre qu’à baisser les revenus. Elle est censée, en réduisant ainsi les coûts, permettre de pro-duire moins cher donc de susciter la demande. Le problème c’est qu’elle n’aboutit pas à une baisse des prix sur le plan intérieur tandis que la politique d’austérité conduit bien, elle, à une baisse du pouvoir d’achat. Elle a toujours échoué. Enfin, « échoué » si on considère que le but est bien l’augmentation du niveau de vie et de bien-être du plus grand nombre. Et concernant ce gouvernement, on commence sérieusement à se poser la question !

Un engagement qui engage qui ? Les salariés ? On ne le leur a jamais demandé leur avis. Ils savent seulement que ce sont eux qui devront payer, baisser leur revenu (jusqu’à toucher aux avancements des fonctionnaires ?), baisser –encore- leur protection sociale et leurs droits sociaux. Les patrons ? La réponse de Gattaz a le mérite d’être claire. Qu’il fasse partie de l’escapade étatsunienne de Hollande n’y a rien changé : aucun engagement contre les près de 100 milliards de cadeaux aux entreprises. (...)

Mis en ligne le 26 février 2014
Janvier 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Construisons les convergences pour imposer une réforme ferroviaire du service public) / p.4 : Communiqué de Résistance Sociale (F. Hollande entend détruire notre modèle social) / p.5 à 7 : Place au débat (« Travailler le dimanche, c’est pas une vie ») / p.7 : Les bras m’en tombent (À propos de Goodyear…) / p.8 : Coup de gueule (L’Union bancaire et le pouvoir d’exproprier)

L’édito de Marinette Bache :

En ce début d’année, je souhaite à chacune et chacun d’entre vous une bonne et heureuse année 2014. Je le ferai en rappelant Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ». Alors, vivez bien 2014 ! Et à l’écoute de la conférence de presse de François Hollande, j’ai crainte que ce ne soit utile, sinon indispensable.

En effet cette conférence de presse n’a fait que réaffirmer la « pensée » du Président de la République : c’est le "coût du travail" qui est responsable des difficultés rencontrées par les entreprises et ce sont les déficits publics qui fragilisent la société française. Bien loin de ses engagements de campagne où il nous a fait croire ( ?) que son adversaire serait la finance mondialisée, François Hollande n’a fait que confirmer ses orientations depuis le début de son mandat : baisse des impôts des entreprises, baisse de leurs contributions sociales, baisse de la dépense publique.

Bref, pour sauver notre « modèle social », tuons-le !

Après l’ANI (alors déjà, on évoquait la social-démocratie et les contreparties que le patronat ne manquerait pas d’accorder !), après l’augmentation de la TVA, et le CICE, le pacte de responsabilité, qu’il nous annonce, n’est rien d’autre qu’un programme libéral, pas social-démocrate pour deux sous, mais bien social-libéral (si cette expression a un sens…), et tellement moderne qu’il est inspiré de la pensée de Jean-Baptiste Say, théoricien du libéralisme économique du début du 19ème siècle. Le problème, c’est que pour l’avoir expérimentée plus d’une fois, on sait bien que la politique de l’offre n’a jamais (jamais !) créé sa propre demande. François Hollande a donc proposé un « pacte de responsabilité » aux entreprises. Mais il n’a pas attendu que les entreprises y répondent pour leur faire cadeau sans aucune contrepartie de 65 milliards d’aides publiques, sans parler des 20 milliards du CICE ! Depuis bien longtemps -et encore tout récemment donc- on fait des cadeaux aux entreprises qui promettent toujours en retour monts et merveilles, mais le proverbe disant que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » se vérifie à chaque fois.

C’est ce « pacte de responsabilité » que le nouveau patron des patrons, Gattaz, se vante d’avoir inspiré au Président. Et, bien sûr, il n’échappe pas à la règle : les patrons réclament à cor et à cris toujours moins de charges, mais ne veulent surtout pas être contraints à des contreparties. On est loin de la social-démocratie, dont se vante le premier ministre Jean-Marc Ayrault : celle-ci, malgré ses imperfections, repose sur un compromis permanent entre le patronat et les salariés. Il s’agit là, au contraire, d’un blanc-seing donné au Patronat, à qui on accorde, de surcroît, une vieille revendication : la suppression des allocations familiales.

Inquiétons-nous de voir un président issu du Parti Socialiste employer le langage de la droite et reprendre les arguments du patronat ! Les cotisations sociales, Monsieur le Président, depuis la Libération, c’est le salaire différé ; la flexibilisation n’a jamais créé d’emplois : cela fait 25 ans que les « charges » baissent et que la flexibilité augmente, pendant ce temps l’emploi industriel est détruit consciencieusement ! (...)

Mis en ligne le 29 janvier 2014
Décembre 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : Hommage à Nelson Mandela / p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (À propos des rythmes scolaires – Augmenter les salaires et les retraites, c’est possible ! C’est le capital qui coûte cher ! – Salaires : 20 050 euros en moyenne avec de fortes disparités) / p.7 : Actualité sociale (La fin des élections prud’homales ?) / p.8 : Coup de gueule (Quand les députés européens se transforment en missi dominici du pape)

L’édito de Marinette Bache :

Le Président de la République et le gouvernement étonnent tous les jours par ce qui semble être soit un manque de conviction soit un manque de courage.

François Hollande, faisant fi des intérêts des Français, suit aveuglément les décisions européennes pour le plus grand plaisir d’Angela Merkel qui, elle, n’ignore pas les intérêts du patronat allemand !

Ainsi, il poursuit sa « chasse au déficit », ce qui conduit le gouvernement à s’en prendre aux services publics, à l’image de ses prédécesseurs de droite, alors même que la crise économique qui se prolonge rendrait leur action encore plus nécessaire. Ainsi l’augmentation de la TVA, impôt injuste et inégalitaire, qui semble faire pendant au crédit d’impôt compétitivité/emploi (CICE), largement accordé aux entreprises, alors même qu’elles ne sont pas exposées à la concurrence internationale, le prétexte invoqué. C’est, toutes aides confondues, 65 milliards accordés aux entreprises, le budget du ministère de l’Education nationale !

Pendant ce temps, et sans qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise pour l’entraver, ce sont 60 milliards d’évasion fiscale qui grèvent le budget de l’État. Bien évidemment, les aides aux entreprises, de l’argent public à 90 %, n’ont pas le moindre effet sur l’emploi.

Dans ce contexte, et alors que des milliers de salariés et retraités se voient assujettis à l’impôt malgré leurs faibles ressources, les manifestations du 1er décembre à l’appel, essentiellement, du Front de Gauche prennent toute leur sens. Il n’est besoin de se fourvoyer dans la dispute sur le nombre de participants : ce serait ignorer le rejet massif dont ce gouvernement fait l’objet, même si la confiance que les Français avaient placé en lui en juin 2012 était bien relative !

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dans le droit fil des promesses du candidat Hollande, a annoncé un « big bang » fiscal. Celui-ci semble bien mal parti : plus pressé d’écouter les patrons et ceux qui détiennent une part non négligeable de la richesse nationale que les salariés au SMIC, et semblant ignorer que, dans leur très grande majorité, les Français ne rejettent pas l’impôt mais demandent seulement qu’il soit justement réparti, François Hollande freine des quatre fers. (...)

Mis en ligne le 19 décembre 2013
Novembre 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale – Les bras m’en tombent / p.3 à 6 : Place au débat (Les services publics au cœur d’une Europe alternative ?) / p.7 : Appel à l’unité contre le démantèlement de la Sécurité sociale (Le budget de la Sécurité sociale doit être sanctuarisé !) / p.8 : Coup de gueule (Déficit : plus on le chasse, plus il s’éloigne)

L’édito de Marinette Bache :

Ainsi donc le gouvernement de F. Hollande et JM. Ayrault mène une politique « courageuse ».

Car faire voter une loi qui repousse la retraite de 60 à 66 ans en imposant 43 annuités, c’est courageux. Car recevoir les patrons (dans l’heure ou presque) quand ils violent la loi sur le travail du dimanche, c’est courageux. Car perpétuer le politique de Mme Bachelot en matière de santé publique et continuer à fermer des hôpitaux, c’est courageux. Car imposer l’ANI contre la majorité des syndicats, détruire ainsi un peu plus le Code du travail et insécuriser les salariés dans leur contrat de travail (à ce jour, 1 000 plans de licenciements reposent sur l’application de l’ANI), c’est courageux. Car limiter l’ambitieuse réforme fiscale promise et augmenter les impôts sur les petites retraites tandis qu’on poursuit les cadeaux au patronat, c’est courageux. Car bloquer le SMIC et refuser de légiférer sur la rémunération des dirigeants des grandes entreprises du CAC40 (13 dirigeants à plus de 240 fois le SMIC…), c’est courageux. Car réduire le nombre de fonctionnaires (je traduis : moins d’enseignants, de policiers, d’infirmiers, d’agents des impôts… et je ne parle pas des coupes dans le secteur public) pour pouvoir annoncer fièrement que le déficit public sera ramené à moins de 3% pour « satisfaire les objectifs européens », oublier que le service public est tout ce qui reste pour empêcher la France d’éclater, oublier que la fraude fiscale prive l’Etat de milliards d’euros, c’est courageux. Car ne rien intenter contre la FNSEA et le MEDEF lorsqu’ils saccagent les biens publics mais refuser l’amnistie à des salariés en perte d’emploi, c’est courageux.

Bref, vous l’aurez compris, être courageux pour un gouvernement de gauche, c’est mener une politique sociale et économique de droite. C’est considérer que les engagements de la campagne présidentielle ne valent que « promesses électorales », c’est-à-dire pour ceux qui ont eu la naïveté d’y croire. Mais ceux qui y ont cru, M. le Président, ce sont ceux qui vous ont porté au pouvoir – car pour la droite et les patrons, vous n’en ferez jamais assez ! Quant à ceux qui ont viré Sarkozy en mai-juin 2012, s’ils l’ont fait sans grandes illusions –peu confondaient socialisme et « hollandisme »- ils espéraient au moins que vous n’aggraveriez pas la politique antérieure.

Ceux qui regrettent que le peuple français attende plus d’un gouvernement élu à gauche que d’un gouvernement de droite ont tort. Ce devrait être l’honneur de la gauche que les salariés espèrent en elle. Et, un an ½ après l’élection de F. Hollande, les Français sont tellement désabusés que leur rejet du politique n’a jamais été aussi grand ; si le Président est à 20% d’opinions favorables, aucune autre personnalité n’a la cote, d’autant qu’aucune alternative politique potentiellement majoritaire ne s’impose. (...)

Mis en ligne le 20 novembre 2013
Octobre 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Travailler plus pour gagner plus) / p.5 : Résistance Sociale soutient… (Jaurès, une voix pour la paix) / p.6 : Actualité sociale (J.P.Morgan réclame des régimes autoritaires en Europe) – Les bras m’en tombent (Des salariés licenciés appelés à former leurs successeurs polonais) / p.7 : Coup de gueule (Démocratie ou gouvernance ?) / p.8 : Notes de lecture

L’édito de Marinette Bache

Ces derniers jours ont donc été consacrés au « débat » sur le travail le dimanche. Peut-on parler d’un « débat » quand les médias qui le mènent à sens unique (à croire qu’ils sont aux ordres des grands financiers) n’hésitent pas à passer en boucle les déclarations d’une prétendue vendeuse de Séphora, qui, outre qu’elle est militante UMP, est en réalité acheteuse et ne travaille pas le dimanche... Sur ce sujet, on a droit à tous les poncifs de la mauvaise foi. Depuis les sondages, aux questions orientées, en passant par le matraquage assurant que « les Français » y sont majoritairement favorables, jusqu’à une méconnaissance crasse du dossier (celui de Michel Jallamion, dans ce numéro, dans un point fouillé, rappelle toutes les autorisations déjà existantes accordées au travail le dimanche), cette affaire est révélatrice du rôle des médias : être au service d’une idéologie réactionnaire dont un des premiers buts est la casse du Code du travail, comme de toutes les protections que les salariés ont imposées au patronat par leurs luttes au cours du temps.

Ce qui ne manque pas de nous étonner, à Résistance Sociale, c’est la rapidité avec laquelle le gouvernement de Jean-Marc Ayrault s’est prêté à ce jeu. Quel est le sens de réunir – si vite – une table ronde sur cette question si ce n’est d’ouvrir la porte à une nouvelle remise en cause du Code du travail ? La mansuétude avec laquelle sont traitées des enseignes de bricolage qui bravent la loi tranche avec le refus de l’amnistie des syndicalistes qui défendaient leurs emplois avec la vigueur du désespoir !

Le deuxième sujet, c’est la « réforme » des retraites. « Réforme » puisque voilà maintenant 25 ans qu’on affuble de ce vocable toutes les régressions sociales.

Le Président Hollande, qui veut jouer le bon élève bruxellois, ne cache pas que le résultat de cette réforme sera de reporter à terme de 4 ans le départ réel en retraite. Je ne reviendrai pas sur le fond de cette question précise : les deux dossiers précédents de Réso, argumentés par Jean-Claude Chailley, démontrent clairement que d’autres pistes, de gauche, sociales, crédibles et financées, sont possibles. Je m’étonnerai simplement de la façon d’opérer du gouvernement qui a déjà pris en compte dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) toutes les dispositions financières de sa réforme... avant qu’elle soit votée à l’Assemblée nationale et au Sénat ! Curieuse conception du débat parlementaire. Réjouissons-nous de la pétition « Socialistes pour les retraites » même si, malgré les 5 000 signataires socialistes et sympathisants qui refusent cette réforme, on peut s’interroger sur le poids de l’initiative. (...)

Mis en ligne le 21 octobre 2013
Septembre 2013

Au sommaire ce mois-ci :

P. 1 : L’édito / 10ème anniversaire de Résistance Sociale / P. 2 : 3èmes "Rencontres de Lurais" (Programme et adresses d’hébergement) / P. 3 à 7 : Place au débat (Réforme des retraite, réforme de la Sécurité sociale) / P. 8 : 3èmes "Rencontres de Lurais" (Bulletin d’inscription)

L’édito de Marinette Bache :

Ce numéro est un numéro « spécial ». Il célèbre les 10 ans de RESO. Nous vous proposons, à cette occasion, de remplacer nos traditionnelles « Vendémiaires » par notre participation aux 3èmes « Rencontres de Lurais » (cf ci-dessous l’invitation du CA).

Je ne peux cependant pas oublier la bataille qui est devant nous : celle des retraites et de la sécurité sociale. Vous trouverez dans ce numéro l’article, comme à son habitude très argumenté, de Jean-Claude Chailley. Rien ne justifie de baisser les retraites. Les moyennes, comme le soulignait notre ami Gérard Filoche, sont déjà très basses : 984 euros pour les femmes, 1 400 euros pour les hommes. Tandis que l’économie depuis des années profite à la finance, avec des salariés qui sont les plus productifs du monde, on voudrait nous faire croire qu’il est nécessaire de s’en prendre aux années de repos méritées à 60 ans ! Jean-Claude Chailley rappelle qu’il ne s’agit pas d’une évidente obligation mais d’un choix politique. C’est pourquoi RESO était présente lors de la manifestation du 10 septembre et vous appelle à mener le combat au sein de vos différentes organisations.

Nous en parlerons d’ailleurs à Lurais où je vous attends le week-end des 18, 19 et 20 octobre 2013 !

Mis en ligne le 16 septembre 2013
Juillet 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 à 7 : Place au débat (Retraites : la contre-réforme de trop) (ACTE III de la décentralisation : continuité ou rupture ?) / p.7 : Avez-vous remarqué ? (Démission de JP Bailly, PDG de La Poste) / p.8 : Ensemble, défendons nos retraites (Appel signé par Résistance Sociale)

L’édito de Marinette Bache :

Éviction de Delphine Batho du gouvernement, rejet du compte de campagne de Sarkozy, remplacement de Laurence Parisot par Pierre Gattaz, annonce du prochain départ de Jean-Paul Bailly du groupe La Poste, affaire Snowden, soulèvement du peuple en Egypte, sans oublier bien sûr le début des discussions sur les retraites, ce mois de juillet commence sur les chapeaux de roue !

Concernant Batho, son renvoi a été rapide, tranchant avec les atermoiements mis pour virer Cahuzac ; cela a-t-il quelque chose à voir avec son courage d’avoir osé dire publiquement que le gouvernement poursuit une politique de rigueur, ce qu’il s’obstine à nier, malgré l’évidence ? Le rejet du compte de campagne de Sarkozy par le Conseil constitutionnel était tout sauf imprévisible, après l’invalidation par la commission nationale des comptes de campagne. Les cris d’orfraie des responsables politiques de droite portent à sourire, surtout lorsqu’ils mettent en cause ce Conseil constitutionnel, très majoritairement composé de membres nommés par la droite. On ne regrettera pas l’ex-patronne du MEDEF, remplacée par Pierre Gattaz. Ce dernier semble toutefois encore plus virulent (eh oui, c’est possible) à l’égard des salariés que ne l’était Laurence Parisot. Les négociations sociales risquent d’être encore plus difficiles. D’autant, qu’on peut craindre que le gouvernement s’appuie une fois de plus sur certains syndicats – dont, hélas, la CFDT –, pour faire passer des réformes régressives, à commencer par celle des retraites. Au-delà de la journée d’action prévue le 10 septembre par quatre syndicats, on saluera le travail engagé par plusieurs organisations, dont Résistance Sociale, qui se traduira dans un premier temps par un communiqué commun que je vous engage à faire largement connaître. En matière de retraite, la gauche avait jusqu’à présent été porteuse d’avancées, à commencer par l’adoption en 1981 de la retraite à 60 ans. Ce serait une terrible reculade si elle se mettait à faire comme la droite en retardant l’âge de départ en retraite ou en allongeant la durée de cotisation. D’autant qu’il n’en a jamais été question durant la dernière campagne présidentielle. Saluons d’ailleurs la gauche du PS qui l’a bien compris et qui appelle au renvoi sine die d’une nouvelle réforme qui n’apparaît ni urgente ni nécessaire. (...)

Mis en ligne le 17 juillet 2013
Juin 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité sociale (Virgin, Michelin, FNAC, Spanghero) / p.3 à 5 : Place au débat (Retraites : la réforme de trop) / p.6 : Solidarité internationale (Turquie, Grèce, Allemagne, Espagne, Portugal) / p.7 : Avez-vous remarqué ? (Journée de débats de Convergence sur les conséquences de l’acte 3 de la décentralisation) / p.8 : Coup de gueule (Bangladesh : le libéralisme à l’oeuvre)

L’édito de Marinette Bache :

Et de huit ! Depuis un an, le Parti socialiste a perdu huit élections partielles, dont la toute dernière à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), la circonscription laissée par Jérôme Cahuzac. Bien sûr, dans ce dernier cas, la fraude de l’ancien ministre a joué un rôle mais on aurait bien tort de se cacher derrière cette unique raison pour expliquer la défection de l’électorat socialiste. La raison, il faut aller la chercher dans la politique menée par le gouvernement et le Président de la République, qui vient une fois de plus de tourner le dos à son électorat, en annonçant que le SMIC ne serait pas revalorisé au 1er juillet. La raison, il faut la voir dans la colère des salariés touchés par les plans de licenciement qui ne cessent de se succéder. Difficile pour eux de croire à la promesse présidentielle d’un retournement de tendance d’ici la fin de l’année. La raison, il faut la voir dans la crainte des salariés et des retraités face à la nouvelle réforme des retraites que prépare le gouvernement et qui pourrait diminuer le pouvoir d’achat de beaucoup de nos concitoyens, ce qui n’est pas fait pour résoudre la crise. D’autant que la croissance est en berne et qu’il n’y a rien à attendre du côté de l’Europe qui poursuit sa politique austéritaire.

Les deux ans supplémentaires octroyés à la France par la Commission européenne pour réduire son déficit s’accompagnent de diktats libéraux qui ont déjà porté leurs conséquences en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Irlande et en Italie : baisse des salaires et des pensions, suppression de services publics, allongement de l’âge de départ en retraite, conditions durcies pour l’indemnisation des chômeurs, remise en cause de la protection sociale… Et ceci alors que le FMI a fini par reconnaître que la potion, infligée à la Grèce notamment, avait plus aggravé l’état du malade que participé à sa guérison ! Mais la commission européenne continue imperturbablement sur la même ligne, preuve qu’il ne s’agit pas de construire un meilleur avenir par plus de « rigueur » comme on voudrait nous le faire croire, mais bien d’imposer une dogmatique politique libérale qui rapporte à certains. (...)

Mis en ligne le 16 juin 2013
Mai 2013

Au sommaire ce mois ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 et 3 : Actualité sociale (Communiqué de Résistance Sociale – Alerte, réforme retraites !) (Les syndicalistes sont des héros !)/ p.4 à 6 : Place au débat (Une autre Europe est possible) (L’entrepeneuriat contre l’émancipation)/ p.7 : Avez-vous remarqué ? (70ème anniversaire du Conseil national de la Résistance)/ Les bras m’en tombent (Non, être syndicaliste n’est pas un crime !)/ p.8 : Coup de gueule (Urgences hosiptalières : attention danger !)

L’édito de Marinette Bache

Après l’ANI, après le traité « Merkozy », après le renvoi en commission de la proposition de loi d’amnistie des syndicalistes, après l’abandon des hauts-fourneaux de Florange et de la raffinerie de Pétroplus, après le renoncement à une vraie réforme des banques et à la limitation des salaires des patrons, voici maintenant que François Hollande fait l’éloge de Gérard Schröder et de ses réformes, dont chacun sait, pourtant, qu’elles se sont traduites par une paupérisation d’une partie des salariés allemands, par une baisse générale des salaires et des pensions et par une flexibilité accrue. Cela au moment même où le SPD jette enfin un regard critique sur cette période ! Et, comme si ce n’était pas assez, on nous annonce une nouvelle réforme des retraites visant une fois de plus à allonger la durée de cotisation nécessaire pour avoir une retraite à taux plein et qui pourrait – cerise sur le gâteau – se traduire par de nouveaux reculs concernant les salariés de la fonction publique et du secteur public. On est bien loin de ce qu’on pourrait attendre d’un gouvernement de gauche ! Et ce n’est pas les réformes sociétales qui peuvent masquer cet écart entre les attentes du peuple et les réalisations du pouvoir. On est bien loin des promesses du Bourget qui désignaient la finance comme l’ennemi ! On en arriverait presque à se demander pourquoi on a chassé Sarkozy ! Heureusement, la droite nous donne chaque jour des raisons de continuer à la rejeter. Son alliance avec l’extrême droite s’affirme chaque jour un peu plus comme l’attitude anti-républicaine de certains de ses dirigeants. Et nous savons bien que son programme social serait encore pire que celui qui est mis en œuvre. Raison de plus pour résister et agir pour qu’une alternative crédible à gauche voie le jour. C’est pourquoi nous signalons l’initiative des «  assises de la transformation sociale  » qui se tiendront le 16 juin à l’initiative du PCF et de diverses autres organisations politiques, syndicales et associatives, même si l’opposition faite à ce que soit mentionnée la nécessité de l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat ne permet pas à RÉSO d’être signataire de l’appel. Un débat à relancer d’ailleurs ! (...)

Mis en ligne le 31 mai 2013
Avril 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (Négation de l’état de droit, austérité, le modèle chypriote de la troïka) / p.6 et 7 : Actualité sociale (Les incroyables leçons pour économistes que tire Olivier Blanchard de la crise financière) (Non, les postiers ne sont ni des fainéants ni des idiots) / p.8 : Les bras m’en tombent (Échanges musclés à l’Assemblée nationale : la ligne blanche est franchie) / Coup de gueule (BPI : une banque pour le business ?)

L’édito de Marinette Bache :

Les suites de l’affaire Cahuzac n’en finissent pas d’alimenter les colonnes de la presse bien-pensante. Cette affaire a une double face. D’abord, elle prouve une fois de plus que le gou-vernement n’est pas à la hauteur. Il se lance dans une boulimie de pseudo-transparence qui ne sert qu’à alimenter le rejet des politiques. Ce grand déballage sur la situation financière des ministres n’est qu’un pare-feu peu subtilement inventé par l’Elysée et qui révèle combien certains vivent en dehors de la réalité quotidienne des simples mortels. Ce qui, d’ailleurs, ne prouve rien en soi.

Ce qui est plus grave, c’est que tous les Français ressentent cette histoire pour ce qu’elle est : un symbole et un révélateur. De quoi ? De la collusion du pouvoir et de l’argent, du mensonge et du mépris. Ce ministre, dont le libéralisme était pratiquement affiché et qui « ne croyait pas à la lutte des classes », on comprend pourquoi il refusait de s’affronter au Capital ! Mais, surtout, on s’indigne, comme notre ami et camarade Gérard Filoche, lorsqu’il se fait l’apôtre de la « règle d’or », lorsqu’il impose encore plus d’austérité aux salaires, lors-qu’il veut, à nouveau, s’en prendre aux retraites.

Personne n’ignore, au sommet de l’Etat, Elysée et gouvernement, mais également au Parle-ment, que 600 milliards d’euros échappent à l’impôt en se planquant, avec la complicité active des banques françaises, dans les paradis fiscaux. Pourquoi faut-il que ce soit les Etats-Unis qui exigent et obtiennent la liste des fraudeurs et pas le gouvernement de Jean Marc Ayrault ? Alors, la publication du patrimoine des ministres, comme l’évocation d’un référendum moralisateur, non seulement ce n’est pas à la hauteur, mais ça met en rage !

Pendant ce temps-là, on ne parle guère du projet de loi transposant l’ANI, qui n’a retouché qu’à la marge le texte de l’accord, projet adopté par l’Assemblée nationale et le Sénat, mal-gré l’abstention ou le vote contre d’une cinquantaine de députés de gauche, dont six députés et une sénatrice socialistes, qui ont osé aller jusqu’au bout de leur opposition au texte. Un texte qui met à mal la cohésion sociale, en détricotant encore un peu plus le droit du travail déjà bien ciselé par la droite. (...)

Mis en ligne le 23 avril 2013
Mars 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Non au productivisme, oui à la productivité !) / p.4 : Notes de lecture / p.5 à 7 : Actualité sociale (La politique de santé de l’Union européenne) (Égalité professionnelle dans la fonction publique : un pas important franchi) / p.7 : Devoir de mémoire (Commune de Paris) (« De mémoire d’ouvrier ») / p.8 : Coup de gueule (Rythmes scolaires à marche forcée !)

L’édito de Marinette Bache :

Élection d’un nouveau pape, argentin, mort du Président Chavez, réélection haut la main du Président de l’Équateur, Raphael Correa : une actualité internationale bien riche en ce début mars ! Le Venezuela et plus largement l’Amérique du Sud doivent beaucoup à Hugo Chavez. Son accession au pouvoir a en effet déclenché un effet de contagion qui fait que plusieurs États d’Amérique latine sont aujourd’hui dirigés par des gouvernements progressistes. Espérons que l’œuvre entreprise en faveur du peuple continuera avec Nicolas Maduro. Pour ce qui concerne l’élection du pape argentin, sa proximité des pauvres apparaît largement plus médiatique que réelle. Par ailleurs, ses combats contre l’avortement, les homosexuels ou la place des femmes en politique en font un homme rétrograde. La réélection de Raphael Correa, enfin, est une nouvelle démonstration de la vitalité du progressisme en Amérique du Sud, à l’opposé des ravages libéraux qui ont cours en Europe.

Dernier en date de ces ravages : sous la pression de l’Europe et du FMI et au prétexte de sauver les banques, le Président chypriote a accepté une ponction sur les avoirs bancaires de ses concitoyens, y compris les plus modestes. Face aux réactions suscitées à Chypre et ailleurs, seuls pourraient finalement n’être taxés que les plus gros déposants. Mais cette décision, en remettant en cause la garantie des dépôts, pourrait avoir de lourdes conséquences, y compris dans d’autres pays d’Europe.

Comme ailleurs, en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Irlande, c’est le peuple qui fait les frais d’une politique dictée par les marchés financiers et la banque Goldman Sachs, avec l’accord des dirigeants de ces pays, plus pressés d’obtenir les félicitations de la Commission européenne que de satisfaire aux besoins de leurs peuples. Attitude à comparer à celle des dirigeants islandais, qui ont préféré laisser leurs banques faire faillite plutôt que d’imposer au peuple une cure d’austérité. Et la croissance en Islande se porte bien, merci ! Mais les cures d’austérité suscitent des réactions de plus en plus vives. Au Portugal, plus de 1,5 million de personnes se sont retrouvées dans la rue le 3 mars. En Italie, Mario Monti a été largement désavoué lors des élections législatives, sa coalition ne recueillant que 10 % des voix, alors que la gauche a obtenu la majorité absolue à la chambre basse et une majorité relative au sénat. Alors, surtout que le parti de Beppe Grillo, le M5S, qui avait fait campagne contre l’austérité, est devenu le premier parti italien. En Espagne, la fronde est de plus en plus forte contre le gouvernement de droite au pouvoir et la monarchie, sur qui pèsent des soupçons de corruption. En Grande-Bretagne aussi, le refus de la politique d’austérité a abouti à une sévère défaite de David Cameron aux municipales. Reste l’Allemagne où la chancelière Merkel est encore créditée d’une avance avant les élections de l’automne. Mais le SPD vient d’adopter un programme très à gauche par rapport à ce qu’il a soutenu depuis dix ans, prenant, espérons-le, conscience des résultats désastreux de cette politique qui viennent d’être illustrés par la présentation du rapport sur la pauvreté en Allemagne. (...)

Mis en ligne le 20 mars 2013
Février 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat / p.5 et 7 : Actualité sociale / p.7 : Les bras m’en tombent / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Le gouvernement, après des mois de déni, a enfin reconnu que le seuil d’un déficit à 3 % du PIB était un chiffre inatteignable en 2013. Cela ne l’amène pas pour autant à reconsidérer le plan « compétitivité emploi » qui se traduit déjà par une contraction des dépenses publiques et par des mesures qui restreignent le pouvoir d’achat de beaucoup de nos concitoyens. Non, au contraire, on entend ici ou là des responsables plaider pour de nouvelles mesures d’austérité (contrairement au premier ministre nous n’avons pas peur d’employer le mot). Ainsi le 1er président socialiste de la Cour des comptes monte au créneau pour prêcher de nouvelles ponctions sur les familles, les salariés, les retraités, les chômeurs, … en suggérant d’amputer les prestations sociales ou le montant des retraites et pour recommander de diminuer encore le nombre de fonctionnaires et les moyens des services publics au risque de les mettre en péril. Même si nous n’en sommes pas encore au niveau de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne ou du Portugal, c’est la mise en œuvre de cette orientation politique qui a conduit tout droit dans le mur les pays qui y ont eu recours.

Et pourtant, sous la présidence de Sarkozy, toute la gauche rappelait que c’était grâce à l’existence ancienne d’un service public important et implanté sur l’ensemble de son territoire que la France résistait mieux que d’autres et que le lien social y persistait encore.

Que peut-on dire de nos solidarités quand, après les suicides que nous avons connus à France Télécom et dans les entreprises qui manient le stress comme technique de management, c’est un chômeur qui met fin à ses jours, ne croyant plus à la capacité d’un Pôle emploi dénaturé à prendre en charge son problème ?

Toute cette désespérance pour quoi ? Pour permettre à quelques actionnaires de multinationales et à quelques banquiers de s’enrichir un peu plus sur le dos de l’immense majorité des peuples. Pour ne pas déplaire aux chantres de la mondialisation libérale dont pourtant l’application de leurs recommandations mène toujours et depuis 30 ans, les peuples vers plus de misère et dont d’ailleurs les analyses sont fondées sur une erreur de calcul aujourd’hui reconnue.

Mis en ligne le 25 février 2013
Janvier 2013

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Place au débat (Alerte Sécu, alerte emploi et salaires) / Actualité sociale (spécial Santé/Hôpitaux) / Coup de gueule (Un SMIC à 1 700 euros trop élevé ?)

L’édito de Marinette Bache :

Il n’est pourtant pas si loin le temps où François Hollande promettait de s’affronter aux marchés : c’était il y a près d’un an, au Bourget. Aujourd’hui les temps ont changé : on vient encore de s’en apercevoir avec ce qu’il est convenu d’appeler les accords de Wagram entre le patronat dans sa diversité et trois organisations syndicales (CFDT, CFTC, CGC), minoritaires lors des dernières élections prud’homales (38,7 % contre près de 50 % pour la CGT et FO réunies, sans compter Solidaires et Unsa, non invitées aux négociations). Accord salué tant par F. Hollande que par M. Sapin qui réussit à y voir une avancée pour les salariés alors que les 13 points de cet accord ne sont que des remises en cause du droit du travail ! La patronne du MEDEF, Laurence Parisot, peut pavoiser. Elle est parvenue à obtenir tout ou presque de ce qu’elle souhaitait au prix de quelques concessions mineures sur les contrats courts, qui ne toucheront d’ailleurs qu’une faible partie de ceux-ci ou sur la présence de représentants des salariés dans les conseils d’administration. Et, notamment, la possibilité pour les entreprises de baisser les salaires ou d’augmenter le temps de travail au seul prétexte de la conjoncture. Ou encore la limitation des possibilités de recours aux prud’hommes contre les décisions des patrons.

Pour Résistance sociale, il serait inadmissible que cet accord soit traduit dans la loi. Espérons que les députés de gauche se souviendront de ce pour quoi ils ont été élus ! Contrairement à la ritournelle du patronat, la flexibilité n’a jamais permis de faire baisser le chômage. La preuve : l’augmentation exponentielle des ruptures conventionnelles va de pair avec l’accroissement important du nombre de chômeurs, qui devrait encore se poursuivre cette année. On prévoit ainsi près de 180 000 chômeurs supplémentaires à la fin 2013. (...)

Mis en ligne le 18 janvier 2013
Décembre 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 à 4 : Solidarité internationale : analyse par B. Cassen des mesures progressistes prises par les gouvernements d’Amérique latine / p.4 et 5 : Actualité sociale : Pour le rétablissement immédiat de la TVA à 5 % sur le logement social (F. Martot) / PETROPLUS : le courage et l’intelligence (J. Decaux) / p.6 et 7 : Place au débat : 20è anniversaire de Démocratie et Socialisme – L’heure est grave (J.-C. Chailley) / p.8 : Coup de gueule : Non, la nationalisation n’est ni un gros mot, ni un outil archaïque ! (P. Kerdraon)

L’édito de Marinette Bache :

Les dixièmes Vendémiaires de RÉSO ont, de l’avis de tous les participants, tenu leurs promesses et se sont déroulées dans un excellent climat, permettant des échanges fructueux entre les participants eux-mêmes mais aussi entre les participants et la salle. Nous allons essayer d’en faire un compte-rendu plus exhaustif dans un numéro spécial.

Voici une preuve éclatante que les militants de gauche, politiques, syndicalistes ou associatifs sont prêts à la confrontation des idées, y compris sous un gouvernement dit « de gauche ». Ce que nous avons pu constater aussi à l’occasion des débats organisés pour le vingtième anniversaire de la revue Démocratie et Socialisme animée par Gérard Filoche. On ne sera pas étonné que ces débats, comme celui organisé par l’association Gauche Avenir, avec notamment Marie-Noëlle Lienemann, aient montré l’impatience et l’inquiétude, pour ne pas dire plus, des militants, qui aimeraient bien que le gouvernement impulse une vraie politique progressiste mais ne voient pour le moment pas grand chose venir.

Les mesures sociétales, aussi justifiées soient-elles, ne sauraient remplacer des mesures en faveur des salaires, du droit du travail et de l’emploi. De vrais emplois, car les emplois d’avenir ou contrats intergénérationnels risquent de peser bien peu pour réduire le chômage, qui continue inexorablement d’augmenter, alimenté par les plans sociaux. Le gouvernement espère voir la croissance augmenter en 2013 mais force est de constater que même si celle-ci atteignait 0,8 % d’ici la fin de l’année prochaine, ce serait insuffisant pour diminuer le nombre des demandeurs d’emploi. Ce sont toujours les jeunes et les travailleurs de plus de 50 ans qui en sont les premières victimes. La menace de chômage et la faiblesse des salaires renforcent encore un peu plus ces perspectives négatives : ce n’est pas dans un tel contexte qu’on consomme et qu’on renouvelle sa voiture ou sa machine à laver. Et je ne parle pas d’acheter son logement, pourtant le rêve de beaucoup de Français.

Mais englué dans son obsession de réduction des déficits, le gouvernement est dans l’incapacité de prendre les mesures qui s’imposeraient. Une fois de plus le salaire minimum ne sera augmenté qu’à la marge au 1er janvier. Alors que, parallèlement, gaz, électricité, essence, loyers, notamment, augmentent, réduisant une fois encore le pouvoir d’achat. (...)

Mis en ligne le 20 décembre 2012
Novembre 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat / p.5 et 6 : Actualité sociale / p.7 : Coup de gueule / p.8 : Programme des 10èmes Vendémiaires

L’édito de Marinette Bache :

Après le TSCG et l’austérité, voici l’alibi de la compétitivité. Il paraît que depuis 10 ans (sous des gouvernements de droite d’ailleurs), nos entreprises auraient perdu en compétitivité et que leurs marges se seraient drastiquement réduites. Sans s’attarder sur l’analyse du rapport Gallois, on ne peut que constater que ces pertes en compétitivité et en marge n’ont pas pénalisé les actionnaires ! Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux gains des actionnaires des entreprises du CAC 40 et aux augmentations indécentes des salaires et des primes de leurs dirigeants.

Mais revenons à la « compétitivité ». Le gouvernement, au prétexte de la restaurer, n’a pas fait preuve d’imagination par rapport à la période précédente. Ponctionner encore un peu plus les salariés à travers l’augmentation de la TVA et pour aggraver davantage la fracture sociale en réduisant encore plus les moyens de l’Etat et des collectivités locales, voilà ce que nous propose Jean-Marc Ayrault. Le Premier Ministre qui était il y a peu présenté comme « pas à la hauteur » par tous les médias, de droite et même prétendument de gauche, passe aujourd’hui pour quelqu’un de raisonnable : il lui a suffi pour cela de céder aux pressions des patrons et de ressortir les vieilles recettes éculées de la baisse, par divers moyens, des « charges patronales », compensée par de nouvelles pressurisations sur le pouvoir d’achat des salaires.

Cette embellie médiatique ne durera sans doute que quelques mois, le temps que le MEDEF se lance dans une nouvelle croisade pour la compétitivité qu’entrave le code du travail par exemple. Alors ? Alors que fera le gouvernement, cette fois ? Car –et heureusement- ce ne sont pas les quelques mesurettes du rapport Gallois, comme la participation des représentants des salariés au conseil d’administration des entreprises ou la mise en valeur des relations sociales dans l’entreprise qui inciteront les syndicats à gérer les plans sociaux et à accepter plus de précarisation des employés.

Dans l’attente, 10 milliards de dépenses publiques en moins, même si ce n’est qu’à partir de 2014, ce n’est pas rien. Et on nous permettra de douter que la politique mise en œuvre permette que la croissance soit suffisamment au rendez-vous en 2013 pour faire rentrer ces dix milliards dans les caisses de l’État. D’autant qu’avec la recherche obstinée d’une réduction à 3 % du déficit d’ici fin 2013, les marges de manœuvre sont déjà bien faibles. Alors ? Alors, combien de fonctionnaires en moins, combien de dépenses sociales rabotées ? (...)

Mis en ligne le 13 novembre 2012
Octobre 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : Présentation des 10èmes Vendémiaires / p.2 : L’édito / p.3 à 5 : Place au débat / p.6 : Actualité sociale / p.7 : Solidarité internationale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Mais quand va-t-on le dire clairement : tout ce que les soi-disant « modernes » pseudo-relanceurs de l’économie préconisent se résume en un mot : la baisse des salaires. Ce serait, une fois de plus, la solution géniale, -mille fois répétée, on se demande en quoi elle est inventive- du rapport Gallois. Cet nème rapport propose… la baisse des charges ! 30 milliards d’euros, rien que ça, assortis à une baisse de dépenses publiques. Fallait-il vraiment perdre temps et argent pour fournir cette recette éculée ? Et inutile : nous ne serons toujours pas compétitifs avec les salaires pakistanais ou même bulgares !

Faut-il rappeler que les « charges » ou plus exactement les « cotisations sociales » ne sont que partie du salaire. Salaire différé qui finance collectivement la protection sociale et en particulier les retraites ? Que cela n’appartient d’aucune façon aux patrons ? Et si on tarit encore un peu plus les sources de financement des régimes de retraite, faudra-t-il un autre rapport Gallois pour nous expliquer la nécessité de repousser à nouveau l’âge de la retraite ?

À voir la gêne occasionnée au sein du gouvernement par la divulgation de ces quelques feuilles, on s’interroge. Le changement est-ce maintenant ? Car ce rapport ne mérite qu’une fin de non-recevoir et il devrait être facile de le dire.

Quant aux conséquences de la crise, elles ne font que s’amplifier. Après Gandrange, Florange et Pétroplus, avec, à chaque fois, des centaines (ou des milliers) de familles jetées dans la misère. Un petit point rapide et non exhaustif des suppressions d’emplois : Peugeot : -8 000, Air France : -5 000, Castorama : -1 160, SANOFI : -900, Doux : -860, Bouygues-Telecom : -550, Carrefour : -550, SFR : -500, Conforama :-290…

Au-delà des initiatives médiatiques du ministre du Redressement productif que nous aimerions bien entendre dire qu’il faut, non seulement, « acheter français » mais qu’il faut « produire en France », il serait temps que le gouvernement nommé en juin dernier prenne des mesures pour empêcher les délocalisations et les licenciements boursiers. Peut-être également temps de se poser la question des moyens de la puissance publique ? Des nationalisations ? (...)

Mis en ligne le 30 octobre 2012
Septembre 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 : Financement de la Sécurité sociale / p.4 : Manifeste des médecins solidaires / p.5 : De quoi l’assouplissement est-il le nom ? / p.6 : Une bombe fiscale à retardement… à effet immédiat ! / p.7 : Pacte budgétaire : communiqué RÉSO/Convergence / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Pauvres Belges ! Qu’ont-ils fait pour que la France se débarrasse chez eux de ses « riches cons » ? C’est un des feuilletons de la rentrée que nous imposent les médias. Nous ne nous y attarderons pas. Pourquoi reprocher aux patrons du MEDEF d’être ce qu’ils sont ?

À Résistance Sociale, nous préférons nous tourner vers ceux qui ont été élus pour répondre aux besoins et renforcer les droits des salariés, pour leur demander d’agir. Or, les annonces de fermetures d’usines continuent. D’abord le groupe agroalimentaire Doux qui ferme le site de Graincourt ( ?) et dont le patron affiche un total mépris pour les employés. Une centaine de ceux-ci occupent toujours le bâtiment. Ensuite PSA qui, malgré les déclarations encourageantes d’Arnaud Montebourg, va fermer l’usine d’Aulnay, déclarée non viable. J’entends déjà les exclamations : « l’État ne peut pas tout faire ». Cela me rappelle des souvenirs de Vilvoorde… La question n’est pas de savoir si l’État peut tout faire, mais plutôt si le gouvernement de gauche décide ou non de prendre des moyens, y compris ceux de l’État, pour agir. Pour l’instant : bien peu.

Gaz de France, privatisé chez Suez, voulait augmenter ses tarifs de +7 %. Le gouvernement lui a imposé de limiter la hausse à +2 %. Notons qu’il s’agit de la cinquième augmentation en un an. La mesure gouvernementale n’est donc pas révolutionnaire, mais au moins le gouvernement n’est pas resté l’arme au pied.

De même d’ailleurs pour ce qui concerne le maintien d’une mesure phare du candidat Hollande : la taxation à 75 % des hauts revenus a été réaffirmée.

Dans la Fonction publique, l’inquiétude demeure. A l’exception de postes supplémentaires dans la police et de quelques impacts positifs à l’Éducation nationale, la RGPP est toujours à l’œuvre, particulièrement dans l’hospitalisation publique, où les fermetures de services, voire d’hôpitaux, perdurent. Heureusement, les collectifs de soutien qui rassemblent les divers personnels et la population sont très actifs et quelquefois gagnants. Tel député qui prône la soumission aux décisions bruxelloises à l’Assemblée nationale tiendra un tout autre langage face à ses électeurs qui refusent de subir les conséquences du choix parlementaire de l’austérité budgétaire. (cliquez sur "Lire la suite")

Mis en ligne le 25 septembre 2012
Juillet/Août 2012

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Notes de lecture / Après le sommet européen : M. le Président, ne ratifiez pas le Pacte budgétaire ! / D’où vient la crise grecque, et quelques perspectives / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Ainsi, nous sommes entrés dans la réalité du gouvernement Ayrault.

Pour ce qui concerne la méthode, le changement est patent. Au sommet européen, les 28 et 29 juin, François Hollande a fait référence à la nécessité d’un « retour à la croissance ». Au lancement du sommet social, l’ambiance contrastait avec l’ère Sarkozy. Les dirigeants syndicaux le reconnaissaient. Jean-Claude Mailly (FO) : « Nicolas Sarkozy était clivant, mettait du stress, Hollande apaise ». François Chérèque (CFDT) a retrouvé « une forme de détente qu’on avait perdue ». De plus le Président de la République l’affirme : « Il ne s’agit pas d’un sommet ponctuel ». Il dit même vouloir faire inscrire le rôle du dialogue social dans la constitution.

Très bien. Il ne faut pas regretter que le dialogue se réinstaure dans de bonnes conditions. Avoir tourné la page de l’arrogance et du mépris qui ont régné pendant 5 ans depuis l’Elysée, est un bonheur qui ne se boude pas.

Mais tout ça pour quoi ?

Commençons par la hausse du SMIC. La promesse du candidat François Hollande s’est traduite par une vingtaine d’euros mensuels… au moment où les dépenses obligatoires des ménages (comme les loyers) représentent 45% de leur budget, c’est un peu dérisoire. Quand le gouvernement parle de croissance, il ne peut pas oublier le pouvoir d’achat, c’est-à-dire, non seulement l’augmentation du SMIC mais des salaires. Ou il choisit le camp de ceux qui argumentent sur la nécessité de « maîtriser toute dérive salariale » accusée de nuire à la compétitivité des entreprises. On connaît ce discours malthusianiste et on aimerait être sûr que le ministre du travail, Michel Sapin, ne le partage pas.

Le résultat du sommet européen n’est pas, non plus, satisfaisant. Les décisions prises aboutissent à durcir les budgets de rigueur déjà initiés par Sarkozy en France. Il n’y aura pas de renégociation du « Pacte budgétaire » (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance). Comment, dans ces conditions, prendre des mesures en faveur de la croissance, politique dont se réclame François Hollande ? Il faut que le nouveau Président et son gouvernement choisissent clairement leur politique. Le seul signe fort serait de refuser de ratifier le TSCG (ou au moins d’en référer au peuple par un référendum) : Cf. le communiqué de RÉSO consécutif au sommet. (...)

Mis en ligne le 13 juillet 2012
Juin 2012

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Place au débat : le Livre blanc sur les retraites / Actualité sociale / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Les Français viennent de donner au Président Hollande les moyens d’agir. Il a d’ailleurs entre ses mains tous les leviers des pouvoirs politiques : Assemblée nationale, Sénat, régions, grandes villes.

Contrairement au soir du 6 mai, ce résultat n’a pas été accompagné de liesse populaire et l’abstention atteint le niveau record sous la 5ème république de 44,3%.

À Résistance Sociale, nous ne pouvons que nous réjouir d’être débarrassés de Sarkozy, de son arrogance et de son bling-bling, mais également d’une droite parlementaire qui a, mécaniquement et avec conviction, appuyé les gouvernements successifs depuis 2007. Appuyé les politiques ultralibérales décomplexées menées à travers l’Union européenne, en imposant des plans d’austérité, en augmentant les délocalisations industrielles, en bradant les services publics, en dépeçant la protection sociale et le Code du travail…

Durant ces cinq années, Résistance Sociale n’a pas seulement dénoncé cette politique ; RÉSO s’est aussi efforcée de démontrer, à travers nos différents débats, dossiers, réunions publiques (Vendémiaires et cafés sociaux), qu’il était possible de faire autrement. Que les choix européens en révélaient d’autres, au service de la Finance pas au service du peuple. Que les choix sociaux (casse du Code du travail, réforme des retraites, démantèlement des services de santé…) se conformaient à des choix économiques au plus grand profit, non seulement d’un patronat rétrograde, mais des multinationales à l’œuvre dans notre pays comme dans le monde. Que la privatisation, officielle ou rampante, des services publics participe à la remise en cause de la construction d’une société plus solidaire – plus égalitaire ! – initiée par le programme du Conseil national de la Résistance.

Nous tournons donc avec bonheur la page de cinq ans de pouvoir d’une droite réactionnaire, arrogante et pleine de mépris pour les plus faibles. La nouvelle majorité, autour du président de la République, est maintenant au pied du mur. À elle de mener, enfin, une politique conforme aux intérêts de notre peuple. (...)

Mis en ligne le 27 juin 2012
Mai 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat / p.7 : Actualités sociales / Les bras m’en tombent ! / Notes de lecture / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

François Hollande est le nouveau président de la République. Au nom, je crois, de l’ensemble de Résistance Sociale, de ses adhérents, de ses sympathisants, de ses réseaux, je peux dire que nous nous réjouissons que Nicolas Sarkozy ait été « dégagé » par les urnes et que la gauche soit en passe, après les législatives, de renouer avec le pouvoir.

Si le Président des riches et de la finance avait été reconduit, la fin de sa campagne l’a clairement démontré, c’eut été, au sens littéral, la fin de la République.

Conscient qu’il allait se faire « licencier », Nicolas Sarkozy a, en effet, dévoilé sa nature profonde : celle d’un véritable réactionnaire.

Ses déclarations sur le « vrai » travail, son mépris revendiqué pour les corps intermédiaires, comme les insultes d’un Guaino parlant de « 1er mai des permanents syndicaux », nous ramenaient aux heures sombres de notre Histoire comme à celle de toutes les dictatures, où l’éloge des corporations et la collaboration de classes sont préférées à la célébration de la lutte des travailleurs et de leur solidarité internationale. Et où le défilé du 1er mai est soit interdit soit récupéré. Les travailleurs et leurs organisations ont su lui donner la seule réponse méritée : 750 000 personnes dans les rues ce 1er mai 2012 !

Je veux également revenir sur cette vaine tentative de manipulation d’opposer le drapeau tricolore et le drapeau rouge. Faut-il rappeler au candidat sorti que, l’Histoire de France nous le démontre, de 1848 à la Résistance en passant par la manifestation de Fourmies le 1er mai 1891, c’est tant au nom du Mouvement ouvrier qu’en défense d’une France libre, égale et fraternelle, que s’est toujours levé le Peuple français ? Pendant longtemps et avant d’essayer de phagocyter les trois couleurs, l’extrême droite française, certes n’aimait pas l’Internationale, mais aussi préférait « Maréchal, nous voilà » à la Marseillaise !

Plus prosaïquement, il est quand même fort le café, quand Nicolas Sarkozy, dont la fortune a augmenté de 30 % depuis qu’il est au pouvoir, se permet de demander aux Français d’abandonner l’un de ses drapeaux pour « servir la France », lui qui n’a jamais servi que lui-même et ses amis.

Exit donc Sarkozy : ça, c’est fait !

Et il reste tout à faire. La valeur de cette élection, c’est justement d’ouvrir les portes au possible.

A condition de ne pas tout déléguer aux politiques. En effet, si nous sommes en droit d’espérer un changement sur de nombreux grands axes, il nous reste cependant, au vu du programme et des déclarations du nouveau président, quelques inquiétudes et des points sur lesquels nous sommes en opposition.

D’abord, comment ne pas se réjouir lorsque François Hollande, devant la foule rassemblée à la Bastille, déclare vouloir, au nom de la souveraineté populaire, en finir avec la politique d’austérité ? Comment ne pas se réjouir lorsqu’il remet l’école publique au cœur de la reconstruction d’un avenir pour notre jeunesse ? Quand il affirme vouloir séparer les activités des banques pour l’investissement et l’emploi de leurs activités de spéculation ? Quand il prévoit une tranche d’imposition à 75% ? Quand il préconise la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires ou l’imposition des revenus du capital à la hauteur de ceux du travail ? Ou de se servir de la fiscalité pour « relocaliser » les entreprises ?

Comment ne pas se réjouir lorsque Ségolène Royal déclare que « les banques commandaient, qu’elles vont devoir obéir » ?

Tout cela tourne clairement le dos à la politique menée en faveur des privilégiés depuis 5 ans. Tout cela participe d’un nouveau souffle. (...)

Mis en ligne le 15 mai 2012
Avril 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Collectif « Notre santé en danger » : socle commun / p.3 à 7 : Place au débat : Impact de la crise et de l’austérité sur les femmes / Sauver et reconquérir la Sécurité sociale / p.8 : Actualités internationales / Les bras m’en tombent !

L’édito de Marinette Bache :

Ainsi donc le verdict des urnes est tombé. Le candidat social-démocrate atteint presque les 29 %, celui du Front de gauche fait le score tant attendu de 2 chiffres à un peu plus de 11 %, même si les derniers sondages laissaient espérer mieux. La droite dure se maintient, avec le président sortant, à plus de 27 % tandis que la droite chrétienne-démocrate ne réussit pas sa percée à 9 %. Le score de Le Pen, à plus de 18 %, démontre d’une part que « le ventre est toujours fécond d’où est sortie la bête immonde » mais aussi, et cela doit nous porter à réfléchir, qu’une partie du peuple français, parmi les plus défavorisés, se sent encore tellement exclue de la société qu’elle préfère choisir un vote de rejet à un vote d’avenir.

Maintenant, l’urgence est de virer Sarkozy. Résistance Sociale, qui respectait au 1er tour les choix de chacun de ses membres, appelle, pour le 2ème tour, à se mobiliser pour battre le président sortant.

La perpétuation à l’Élysée de la droite dure et sans complexe qu’il représente serait une catastrophe pour notre pays et son peuple. Inutile de rappeler tout ce qu’il a détruit en 5 années d’un règne méprisant pour ceux qui essaient de vivre de leur travail : privatisations, dérégulations, baisse du pouvoir d’achat, casse du droit du travail, remise en cause de la protection sociale, de l’accès aux soins, de la retraite à 60 ans pour tous, remise en cause de l’école publique et laïque, etc.

Un nouveau quinquennat de Sarkozy risquerait de marquer définitivement la fin de la France issue du Conseil national de la Résistance. La priorité est donc claire en cette préparation de 2ème tour : il faut battre la droite.

Bien évidemment, cela ne suffira pas. L’Union européenne fourbit de nouvelles armes antisociales : renouveau de la directive Bolkestein, instauration d’un salaire minimum différencié, remise en cause du droit de grève. Sans parler des projets du MEDEF et de la « Troïka » (UE/FMI/BCE) et des plans européens d’austérité déjà imposés à la Grèce et au Portugal, mais prévus pour l’Italie, l’Espagne et la France.

Mis en ligne le 23 avril 2012
Mars 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité littéraire et sociale / p.3 à 6 : Place au débat : Le triptyque Pacte pour l’euro plus, MES, TSCG / p.7 : Solidarité internationale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Soufflons, soufflons pour que le vent devienne tempête !

Il souffle, il faut bien le reconnaître, un agréable petit vent frais sur la France, ces derniers temps.

Ce n’est évidemment pas étranger à l’espoir qui s’est levé, puis installé, de voir les prochaines élections présidentielles chasser Sarkozy, lequel a de fortes chances de rester dans la future mémoire collective comme le Président de la 5ème République le plus détesté à la fin de son mandat.

Alors qu’il avait été élu –contre notre appréciation- pour être le Président du pouvoir d’achat, de l’effort justement récompensé (« travailler plus pour gagner plus »), de la remise au goût du jour de l’égalité républicaine, de la réappropriation de la mémoire nationale (de Jaurès à Guy Môquet), Nicolas Sarkozy aura été ébloui par le bling-bling, l’homme de la Finance mondialisée, à la solde des puissants, porte-parole des riches, adepte de la droite décomplexée.

On en finirait plus d’épingler son bilan de mandature. Mais essayons quand même de remémorer quelques mesures emblématiques.

- En matière fiscale, instrument de justice s’il en est et si l’on veut s’en servir, Sarkozy a fait fort : instauration du bouclier fiscal, baisse de l’ISF mais imposition des indemnités pour accident de travail, élévation des taux de TVA et généralisation des taxes, impôts injustes par essence ; et on a échappé de peu à la suppression de la ½ part et à la déduction d’impôts pour pertes boursières !

- En matière de salaires et de pouvoir d’achat : généralisation des hausses (en particulier de l’énergie, mais aussi des transports ou des produits de consommation courante), refus réitérés d’augmenter le point d’indice dans la fonction publique, les salaires et même le SMIC dans le privé, ¼ des 25 millions de salariés en dessous de 9 000 € annuels mais maintien des retraites dorées, des stocks-options et des bonus pour les grands patrons. (...)

Mis en ligne le 25 mars 2012
Février 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat / p.5 et 6 : Communiqué de Résistance Sociale / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’edito de Marinette Bache :

La misère s’installe comme une réalité quotidienne en France et en Europe. La misère, la vraie, celle qu’on croyait repoussée hors de nos frontières. La misère, celle qui tue non seulement les SDF dans la rue, mais les pauvres gens dans des appartements chauffés à la bougie, l’électricité ayant été coupée. La misère, celle qui allonge les files d’attente devant les soupes populaires ou les restos du cœur. La misère qui condamne les enfants à ne manger qu’un seul repas par jour : celui de la cantine scolaire.

8,2 millions de Français vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté (959 € mensuels) et le Président du Conseil économique et social porte à près de 15 millions le nombre de personnes vivant dans des conditions « indignes d’un pays développé ».

Et on pourrait presque dire que la France s’en sort bien. Son modèle social (ce qu’il en reste), issu de la Résistance, sert encore d’amortisseur à la paupérisation généralisée de la population, paupérisation fortement accélérée depuis 5 ans et les années Sarkozy.

Le nouveau modèle social que voulait instaurer le CNR, fondé sur la solidarité et la justice sociale, laisse peu à peu la place à des mécanismes de charité : la CMU remplace la Sécurité sociale, le RSA remplace le SMIC, Médecins du Monde, les hôpitaux publics et les emplois aidés, les CDI. Quand on parle d’inclure une « clause sociale » lors de la passation d’un marché public, il ne s’agit pas d’imposer un dialogue social, des revalorisations salariales ou des négociations sur les conditions de travail, mais de s’assurer de l’embauche de 2 ou 3 chômeurs de longue durée pour lesquels on paiera les cotisations dites « patronales »…

Foin de l’ascenseur social, lorsque le simple égal accès aux services publics n’est plus assuré ! Et de quel service public ? La Poste ? Une gestion totalement privatisée sans prise en compte de l’intérêt général. Les hôpitaux ? Délabrement organisé et fermetures programmées. Les transports ferroviaires ? Priorité aux TGV, état catastrophique des lignes de banlieue qui véhiculent les salariés et abandon des lignes secondaires vitales pour les territoires. Edf, GdF, Télécommunications, Pôle Emploi ? Dérégulés, privatisés.

Tandis que le bien commun a été vendu à l’encan, tandis que flambent les bonus des actionnaires, les stock-options et les parachutes dorés, on met les pauvres à l’index. Acculés à la survie, ils deviennent des « profiteurs » qu’il faut pourchasser. De honteux voleurs, même, alors qu’on affirme la nécessité de réduire la « dette publique » et donc l’obligation – pour les travailleurs, pas pour les financiers, dont il ne faut pas « se couper » ! – de se serrer la ceinture. (...)

Mis en ligne le 17 février 2012
Janvier 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 à 5 : Place au débat : exonérations, TVA « sociale », CSG… adieu 45 ! / p6 : Peut-on enrayer la crise du logement ? / p7 : Actualité sociale / Notes de lecture / p8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

En ce début d’année 2012, permettez-moi de souhaiter à chacune et chacun d’entre vous une excellente année sur le plan personnel et familial, mais aussi sur le plan militant.

Car en cette année d’élections présidentielle et législatives, c’est aussi, bien sûr, d’autres vœux plus politiques que je formule : j’espère que 2012 sera une année qui restera dans la mémoire collective comme ayant apporté aux salariés plus de justice sociale, un droit du travail à nouveau protecteur, une protection sociale rénovée et un travail stable et correctement rémunéré pour chacun ; j’espère que les pauvres cesseront de s’appauvrir et les riches de s’enrichir outrancièrement ; j’espère que les organisations syndicales, unies, sauront imposer au patronat la mise en place de nouveaux droits… Bref j’espère que 2012 sera non seulement une année de résistance sociale, mais aussi comme cela n’est plus depuis 3 décennies, une année de reconquêtes sociales !

Vœux pieux, me direz-vous ? On pourrait le penser alors que l’année commence par des hausses qui atteignent surtout les plus fragiles : EDF, GDF, transports, santé, produits de consommation courante, tout augmente notamment par le biais de la hausse de la TVA. De plus, voilà que ressurgit le projet de création d’une TVA « sociale », censé nous protéger contre les délocalisations, mais qui a pour but réel de transférer une partie des cotisations sociales « patronales » sur les ménages. Qui peut croire un seul instant que cette baisse des cotisations sera compensée par une hausse des salaires ? On ne doute pas, vu l’appui du MEDEF à cette nouvelle réforme, qu’en réalité ce sont les patrons et les actionnaires qui en profiteront, une fois de plus, eux qui ont été déjà si bien servis par le gouvernement ces dernières années, comme on le voit pour les entreprises du CAC 40 que, manifestement, l’austérité ne concerne pas ! Comme le dit Mme Parisot : « il est légitime de demander un effort aux hauts revenus tant que celui-ci reste symbolique »…

Mis en ligne le 16 janvier 2012
Décembre 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 à 5 : Éducation : Sarkozy tue l’école et sacrifie la jeunesse / p6 : Goldman Sachs : les fous ont pris le contrôle de l’asile / p7 : Actualité sociale / p8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Donc les salariés français vont être soumis à une énième crise d’austérité. Nouvelles attaques contre la Sécurité sociale alors que 20 % des Français renoncent à des soins pour des questions financières. Journée de carence pour les arrêts maladie. Accélération de la réforme des retraites, pourtant rejetée par 70 % de la population. Hausse de la TVA, taxe des plus injustes. Baisse des aides sociales (prestations familiales, allocation de rentré scolaire et aide au logement lorsqu’on sait les difficultés des ménages modestes et des familles monoparentales à payer des loyers qui se sont envolés ces dernières années).

Quant aux « riches », entreprises et financiers, comme à l’habitude on ne leur demandera pas un gros effort. Les entreprises et les hauts revenus paieront 1,9 milliard d’euros tandis que les salaires allongeront près de 80 % de ce dernier « plan de rigueur », soit 7,7 milliards d’euros. Cela dans la droite ligne de la politique suivie par les gouvernements Sarkozy-Fillon qui ont, avec une belle constance, baissé les impôts des tranches supérieures et du capital (atteinte à la progressivité de l’impôt, cadeaux fiscaux, baisse de l’ISF, bouclier fiscal …), privant ainsi l’État de recettes nécessaires au financement de dépenses sociales ou de postes dans les services et la fonction publics dont il faut rappeler qu’ils sont le bouclier social qui préserve encore un tant soit peu le peuple français de ne pas subir la crise comme ses voisins européens.

Ce qu’il y a de plus inadmissible encore dans ce nouveau tour de ceinture, c’est avec quel mépris du peuple il est annoncé. Les salariés seraient responsables de la crise : ils vivent au-dessus de leurs moyens et s’accrochent à leurs privilèges ! Eh bien non, les Français ne sont pas responsables de la dette publique, ni du déficit budgétaire (qui a plus que doublé sous la présidence Sarkozy). Et les intérêts de la dette (10 % des dépenses publiques !) sont une manne magnifique pour les banques. Et oui, les Français veulent préserver la société qu’ils ont construite de leur argent et de leurs sacrifices depuis l’application du programme du C.N.R.

Mis en ligne le 8 décembre 2011
Novembre 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 à 5 : « Crise », « dette », … Quelles causes, quelles alternatives ? / p6 et 7 : Actualité sociale / p8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Nouveau plan d’austérité en France. L’encre du dernier est à peine sèche que voilà le gouvernement annonçant de nouvelles mesures de rigueur censées permettre à la France de conserver son triple A, en « rassurant les marchés financiers » (sic). Motif : la croissance serait moins forte que prévu en 2012. Alors, on augmente la TVA dans la restauration et pour tous les produits assujettis au taux de 5,5 % y compris le livre et la culture - à part les produits dits de première nécessité, on allonge le nombre de trimestres nécessaires pour partir en retraite pour celles et ceux nés après 1956, on rabote encore une fois les prestations sociales et familiales (pas de revalorisation), on restreint les conditions d’accès au prêt à taux zéro, pour ceux qui voudraient construire, on supprime les aides à l’amélioration écologique des habitations, ... Et on réfléchit à l’instauration d’une nouvelle journée de solidarité, manière déguisée de revenir sur les 35 heures pour ceux qui en bénéficient encore. Mais attention, pas touche aux assujettis à l’impôt sur la fortune ni à ceux qui bénéficieront encore du bouclier fiscal en 2012 ! Faudrait pas mécontenter ce qui reste de la clientèle électorale de Sarkozy, et les amis du Fouquet’s quand même ... Dans le même registre, notons que l’une des mesures du dernier plan – une taxe sur les chambres hôtelières à plus de 200 euros la nuit - a finalement été abandonnée. A propos, on nous avait dit que le Président bling bling avait laissé la place à un autre homme, plus respectueux de sa fonction. Quand on voit le prix de la suite qu’il s’est octroyée pour le G20 de Nice, on peut sérieusement en douter (37 000 euros !).

Et tout ça pour pas grand-chose puisque le G20 n’a servi à rien. Enfin, pas tout à fait : ça a permis à Sarkozy et Merkel de faire capoter le projet de référendum en Grèce et d’obliger Papandréou et Berlusconi à se transformer en bourgeois de Calais, robe de bure et corde au cou. Exit donc Papandréou et Berlusconi, après Socrates au Portugal et quelques autres et sans doute avant Zapatero en Espagne. La différence est que Socrates a été viré à la suite d’une consultation du peuple ! On ne pleurera pas Berlusconi. Quant à Papandréou, ce velléitaire a raté l’occasion de se conduire dignement en allant devant le peuple. Comment qualifier son attitude : leader du parti socialiste européen, il accepte de se retirer sans la moindre consultation du peuple pour laisser la place à un gouvernement où siégera la droite, et l’extrême droite, ce qui n’était pas arrivé depuis la chute des colonels en 1974 ?

Voilà donc Berlusconi et Papandréou remplacés par des technocrates se prenant pour de brillants économistes et ayant comme particularité d’avoir été membres du directoire de la BCE ou de la Commission européenne. Belle victoire des marchés financiers !

Mis en ligne le 21 novembre 2011
Octobre 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 et 4 : Nouvelle directive ferroviaire / p4 : Rions un peu… / p5 : Non à la taxe sur la santé / À propos du sommet européen / p6 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Les premières primaires organisées par le Parti socialiste à peine terminées, voici les secondes primaires, celles de la Gauche, qui commencent.

Les premières ont démontré clairement, de par l’importante participation, que nos concitoyens ne se détournaient pas de la politique. Au contraire, lorsqu’on leur donne la possibilité d’exercer leur choix, ils s’en saisissent. Et, au-delà des manipulations d’appareil, habituelles à tous les partis politiques, le message anti-mondialisation a été fort.

A Résistance Sociale, nous ne nous en étonnerons pas. Rappelons-nous que les Français avaient déjà saisi l’opportunité d’une consultation spontanée pour faire passer le même type de message : c’était lors du référendum populaire sur la Poste.

La 2ème phase sera donc des primaires grandeur nature au sein de l’ensemble de la gauche. Une gauche qui devrait être cette fois moins éclatée que d’habitude : le candidat du PS, celui du Front de Gauche, celle d’Europe Écologie/Les Verts, et un(e) ou deux candidat(e)s d’extrême gauche. Ce peut être l’occasion d’un vrai débat qui impose de remettre le choix d’un véritable changement de société au cœur de l’élection présidentielle. Nouvelle répartition des richesses, priorité aux services publics, reconquête de l’emploi et lutte contre les délocalisations, droit du travail et fin des licenciements boursiers, protection sociale et renforcement des retraites, quels moyens pour l’école et les hôpitaux publics, retour au statut public de la Poste, du transport et des infrastructures ferroviaires, création d’un service public de l’eau... voici quelques sujets sur lesquels, de la même manière qu’en 2005, à propos du traité constitutionnel européen, les Français doivent imposer un débat argumenté à toute la gauche politique et obtenir des réponses. Pour les engagements, nous le savons, la meilleure garantie pour qu’ils soient tenus sera la mobilisation sociale. (...)

Mis en ligne le 27 octobre 2011
Septembre 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 et 4 : Pacte pour l’Euro Plus / p4 : Hausse déguisée de la CSG / p5 : Communiqué UNRPA / p5 : Communiqué CGT, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires / p6 et 7 : École : Pas de quoi être fière, la France ! / p7 : 27 septembre : grève dans l’Éducation nationale / p8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Traditionnellement, la rentrée scolaire est marquée par des manifestations d’enseignants et de salariés. Nous n’y échapperons pas cette année encore, tant il est vrai que les suppressions massives d’emplois et de classes se traduisent par une dégradation de l’école que même l’OCDE reconnaît. Le libéralisme, la marchandisation n’aboutit jamais qu’à l’appauvrissement de la société pour le seul bénéfice de quelques nantis ! C’est en particulier le cas de notre hôpital public, naguère considéré comme une référence à l’étranger, et dont la qualité se dégrade asphyxiée par les conséquences de la loi Bachelot. Sans compter les menaces que font peser sur lui les multinationales de la santé à travers un recours devant la Cour européenne de Justice, au prétexte d’une distorsion de concurrence. Et l’accès égal de tous à des soins de qualité va encore être mise à mal par le doublement de la TCA infligé aux mutuelles santé par le plan Fillon. Mais François Barouin a déclaré n’avoir aucun état d’âme ni d’interrogation sur le principe… Dont acte !

École, hôpital public, services publics en général, Résistance Sociale est bien sûr aux côtés de celles et ceux qui luttent pour les préserver. Occasion de dénoncer l’accord de libre échange qui pourrait être signé prochainement entre l’Union Européenne et le Canada, et qui pourrait aboutir à un « AMI Plus », au terme duquel plus rien n’échapperait à la concurrence libre et non faussée. A l’évidence, les gouvernements européens n’ont pas su tirer les leçons du passé et notamment de la crise de 2008. Et l’on ose nous parler de nouveaux plans d’austérité au moment où on découvre que des banques –sauvées par l’argent public- ont sciemment mis des collectivités locales dans le rouge en leur vendant des placements « à risque ». Grèce, maintenant Italie, bientôt Portugal et Espagne : on se dirige tout droit vers une récession généralisée. En France, en attendant mieux, on parle d’instaurer, comme en Allemagne, la fameuse règle d’or : l’argent public pour les banques, la bourse, la spéculation et la rente ; en contre partie de l’augmentation du chômage et de la dégradation de la vie des citoyens !

Mis en ligne le 27 septembre 2011
Juillet/Août 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Dossier du mois : à propos de la recherche / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

La crise grecque est à la une de tous les journaux et nombreux sont les pays qui attendent leur tour. On nous parle d’austérité mais personne ne semble vraiment se soucier de ce que cela signifie concrètement pour le peuple grec et pour les autres peuples soumis à la même potion du FMI et de l’UE.

Madame Lagarde, nouvellement intronisée directrice générale du FMI, veut même en rajouter une couche, tandis que Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, reconnaît que ce remède, avec notamment son cortège de privatisations tous azimuts, va entraîner pour la Grèce une perte importante de souveraineté. Mais quid des salaires qu’on diminue, des droits sociaux qu’on lamine, de l’âge de départ en retraite qu’on recule ? On se moque de la vie des millions de salariés touchés par le chômage, de centaines de milliers de jeunes à qui on n’offre comme perspective que la misère et la recherche d’un travail précaire, de ces hommes et de ces femmes qui ne peuvent plus vivre dignement ? Le Portugal annonce une baisse de 2 % de son PIB en 2011, de 1,5 % en 2012.

Et pendant ce temps-là, les agences de notation déterminent qui est bon élève, les patrons des multinationales ne savent que faire de leur richesse, les actionnaires et les banques s’engraissent sur le dos des populations. Les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, semblent tétanisés devant les marchés financiers et prêts à toutes les concessions pourvu que la note du pays ne soit pas dégradée, ce qui serait synonyme de renchérissement de la dette et de difficulté accrue pour rembourser les prêts des banques. La chasse aux déficits est proclamée, et Sarkozy veut même l’inscrire dans la Constitution, à l’image de l’Allemagne.

Mis en ligne le 20 juillet 2011
Juin 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 à 4 : 9èmes Vendémiaires – Première table ronde / p.5 à 7 : 9èmes Vendémiaires – Deuxième table ronde / p.8 : Programme des 9èmes Vendémiaires

L’édito de Marinette Bache

A l’ordre du jour de nos 9ème Vendémiaires qui se tiendront le samedi 25 juin 2011 à Paris, deux sujets au cœur de l’actualité : la privatisation de la Sécurité sociale, le matin, la centralité de la question des salaires et du pouvoir d’achat, l’après-midi.

La « réforme » de la dépendance n’est qu’une étape de plus dans la privatisation de la Sécurité sociale. Celle-ci, organisée à la Libération, est avant tout le résultat des luttes du mouvement ouvrier et de sa volonté de permettre à chacun d’avoir accès à des soins de qualité, de se protéger des accidents du travail, de pouvoir élever correctement ses enfants et, enfin, de se préparer une fin de vie décente. On voit bien comment, depuis plus de 25 ans, toute cette architecture de solidarité est remise en cause. Non seulement parce qu’elle soustrait aux puissances d’argent un gigantesque marché, mais aussi parce qu’il faut à toutes forces que la Finance gagne la lutte des classes et renvoie aux oubliettes les combats des salariés du 19ème siècle pour les assurances sociales et les mutuelles qui sont à la base de la construction de la solidarité. Dans les années 1990 –et même avant– les hôpitaux ont vu arriver les budgets d’austérité tandis que le déremboursement des médicaments et les franchises médicales se généralisaient. S’en prendre trop directement à la « Sécu » aurait été trop gros ; on a donc transféré la protection primaire de la Sécu sur la protection complémentaire assurée par les mutuelles. Puis on a organisé la mise en concurrence de ces mutuelles (fondées sur l’entraide et avec cotisations selon le revenu mais accès aux soins identique) par des assurances gérées par des groupes financiers. Evidemment, les classes moyennes ont été commercialement intéressées. Pour résister, les mutuelles se sont faites moins « mutuelles » et plus « assurances », présentant des packages où on « choisit » ses protections. Le mal était fait ; on était bien loin de l’esprit d’origine où les régimes spéciaux, fruits, comme les mutuelles, de luttes spécifiques, devaient à terme se fondre dans un régime général unique ! Une bataille idéologique de perdue.

Mis en ligne le 1er juin 2011

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Rassemblement du 2 avril / La pédagogie par compétences / Programme des 9èmes Vendémiaires / Actualité sociale / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Ainsi donc la nouvelle arnaque est en place : la prime annuelle de 1000 €. Depuis son annonce par Nicolas Sarkozy dans les Ardennes, on a appris d’abord qu’elle ne serait pas de 1000 € et ensuite qu’elle ne concernerait qu’une infime minorité de salariés… La réalité est plus simple encore. Un : une prime annuelle de 1000 €, ça n’a pas grand’ chose à voir avec les stocks options ; deux : une prime, ça n’a jamais valu une augmentation salariale pérenne, ça n’a jamais rien rapporté en matière de retraite et de droits sociaux. Sarkozy et le MEDEF le savent bien. Les salariés commencent à le comprendre et, malgré la machinerie médiatique aux ordres, le trucage a fait flop.

Mis en ligne le 16 mai 2011

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Place au débat : écologie et développement humain / Les bras m’en tombent / Actualité sociale / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Des récentes élections cantonales, on retiendra, bien sûr, la victoire globale de la gauche dans sa dimension plurielle mais aussi, et surtout, l’abstention massive et le score élevé du Front National. Ces deux derniers points ne sont pas les fruits du hasard. D’abord, l’abstention. On ne peut la limiter à la difficulté pour nos concitoyens à s’identifier à un canton, même si cela est particulièrement vrai en milieu urbain, ou à percevoir le rôle des conseillers généraux. Elle résulte surtout, à l’évidence, d’une défiance à l’égard des politiques, quels qu’ils soient. De Sarkozy et de ceux qui le suivent ou le servent, bien sûr. Mais aussi de la gauche dans son ensemble, notamment parce que les combats des égos semblent plus importants que la prise en compte des aspirations du peuple. Lequel n’a pas oublié l’absence, voire les déclarations équivoques de quelques leaders lors du grand mouvement social sur les retraites. Il reste encore tout à prouver à la gauche pour qu’elle mérite un vote d’adhésion et autre chose que le rejet de Sarkozy.

Le score du Front National, ensuite. La personnalité de Marine Le Pen, plus moderne que son père, a peut-être joué un rôle dans sa progression. Mais surtout, la propension de Nicolas Sarkozy et de l’UMP à vouloir chasser sur les terres du Front National, que ce soit à travers le débat sur l’identité nationale, à travers le discours sécuritaire de Grenoble ou le débat sur la laïcité et l’islam, ne réussit qu’à en légitimer les thèses. Tout comme l’utilisation d’idées ou de termes directement empruntés au Font National banalise ce vote. Ce qui alimente d’abord le Front National, c’est la politique économique conduite depuis plus de 20 ans et menée, ces dernières années, d’une manière totalement décomplexée, qui contraint bon nombre de Français au chômage et à la précarité.

Mis en ligne le 6 avril 2011
Par Michel Jallamion

Un article de « Marianne » du 21 janvier 2011 s’intitule « L’Europe malade de l’austérité ». Il est curieux que cet hebdomadaire réduise cette portée à l’Europe car aujourd’hui c’est bien l’ensemble du monde capitaliste qui est malade de l’austérité, qui en fait, est l’autre nom du capitalisme mondialisé. La Tunisie en est le parfait exemple. Tout le monde a en tête « l’excellente » intervention de DSK en 2008 (en ligne sur www.politique.net) : après avoir été fait Grand Officier de l’Ordre de la République par Ben Ali, DSK n’a que louanges à la bouche pour « la politique économique saine » de la Tunisie, il l’érige même en « exemple pour tous les pays émergents » et la félicite au nom du FMI, même s’il lui demande de pousser encore plus en avant son intégration économique, « seul moyen d’être à l’abri des crises extérieures » (sic !). Il va même plus loin, puisqu’il termine ses propos en assurant aux Tunisiens que, grâce à cette politique et malgré la crise, la Tunisie pourra « continuer à fonctionner très correctement ».

Mis en ligne le 4 avril 2011
Par Jean-Claude Chailley

Cet enjeu a été présenté comme LE « débat national » du 1er semestre 2011 par N. Sarkozy et F. Fillon. Les vœux du président da République ont érigé cette problématique en axe de réforme prioritaire pour le gouvernement avant la fin du quinquennat.

Tout d’abord il convient de s’interroger sur les termes du débat et les intentions du gouvernement.

Pour quelles raisons, au vu du faible enjeu financier, en faire un des principaux axes politiques ? Est-ce vraiment la dépendance, l’autonomie des personnes âgées qui est en jeu, lorsque F. Fillon, dans son discours de politique générale du 25 novembre 2010, la situe dans le cadre d’une « concertation sur la protection sociale » ?

« Cette concertation nationale aura évidemment pour but immédiat de traiter de la question de la dépendance », …mais elle devra aussi « examiner les voies et moyens de réguler les dépenses de santé, de fixer la part des régimes obligatoires et complémentaires, de diversifier les modes de financement ».

Il y a donc fort à craindre que sous prétexte d’un enjeu présenté comme sociétal répondant au vieillissement de la population et à son corollaire l’augmentation de la dépendance, il y ait une volonté d’enterrer un des plus grands acquis sociaux du XXème siècle : la Sécurité sociale.

Mis en ligne le 4 avril 2011

Pour la défense et l’élargissement du service public

Etre pour ou contre les services publics. C’est à une véritable bataille idéologique à laquelle nous sommes confrontés et que nous devons gagner si nous voulons remettre notre pays et l’Europe sur la voie du progrès social.

Pour Résistance Sociale, la lutte pour la défense et le développement des services publics est une mission essentielle dans le prolongement de l’œuvre du Conseil National de la Résistance, mise à mal depuis plus de 20 ans et plus encore depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.

C’est le sens de notre participation aux travaux préparatoires aux Etats Généraux pour le Service Public qui doivent se tenir à la fin de cette année 2010

Marinette Bache, présidente de Résistance Sociale.

Mis en ligne le 4 avril 2011
Mars 2011 - Spécial Vendémiaires

AGIR ENSEMBLE POUR DE NOUVELLES CONQUETES SOCIALES ?

Le 20 novembre 2010 se sont tenues, à Tours, co-organisées par Résistance sociale et la Convergence 37 de défense et développement des Services Publics, les 8èmes « Vendémiaires » sur le thème « La crise : comment s’en sortir ? ».

C’est le compte rendu de ce débat, fort riche et qui demeure au cœur des enjeux d’aujourd’hui, que vous trouverez ci-après.Nous remercions une nouvelle fois tant les intervenants de leur contribution que les participants pour leur animation d’un débat intéressant et approfondi. Débat que nous avons essayé de retranscrire et dont vous demandons d’excuser les imperfections : il ne nous a pas été possible de tout enregistrer. A ce propos, notre gratitude va à Marcelle Remérand dont la prise de notes nous a permis de rester, nous le pensons, fidèles aux propos tenus. L’intégrale de certaines interventions sera prochainement disponible sur le site de RESO (http://www.resistancesociale.fr/) et le blog de Convergence 37 (http://convergencesp37.over-blog.com/).

L’appel que nous avions alors lancé et qui a conclu cette journée, est, à ce jour, signé par plus de 500 militants associatifs, syndicaux et politiques. C’est un outil pour toutes celles et tous ceux qui comprennent l’urgence d’une démarche unitaire. Sans elle, tout espoir de reconnaissance des droits fondamentaux de chacun, de conquête de droits sociaux nouveaux et de mise en place de politiques publiques réellement d’intérêt général, est illusoire. Attendre 2012 ne suffit pas : sans mouvement social d’ampleur, l’alternance n’aboutira qu’à la désillusion. Nous vous invitons, toutes et tous, à le faire vivre, à le faire connaître autour de vous, à vos élus, vos amis, vos camarades !

Marinette BACHE, présidente de Résistance Sociale - Patrick HALLINGER, animateur de Convergence 37

Mis en ligne le 31 mars 2011
Février 2011

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Dossier du mois : à propos de la dépendance / Actualité sociale / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache, présidente de Resistance Sociale

Après Ben Ali, c’est au tour de Moubarak de « dégager ». Soufflerait-il un vent de liberté pour les peuples soumis à un régime autoritaire ? Comme pour la Tunisie, il faut rester prudent sur ce qui va se passer en Egypte dans les mois qui viennent. A Tunis, c’est un premier ministre issu du clan Ben Ali qui dirige le pays. Au Caire, c’est l’armée qui est toujours aux commandes, même si elle promet de rendre le pouvoir aux civils. Surtout, au-delà du changement de président et de gouvernement, il ne faut pas oublier que c’est le refus du chômage, de la pauvreté, de la misère qui a poussé les peuples à se révolter, et à chasser, en quelques jours des dictateurs de 30 ans. Ce qui importe donc est la politique économique et sociale qui sera mise en oeuvre pour donner un espoir à une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Comme dans les autres pays du Maghreb d’ailleurs, qui eux aussi risquent de connaître des secousses.

Cette région n’est pas la seule où une poignée de dirigeants s’accaparent les richesses pendant qu’une grande partie de la population a beaucoup de mal à survivre.

En France, même si on n’en est pas encore là, le divorce entre ceux qui nous dirigent et le peuple n’est jamais paru aussi profond. Une fois de plus Sarkozy lors de son show sur TF1 nous a seriné, avec de moins en moins de conviction, sa chanson que plus personne ou presque n’écoute. A part quelques confirmations comme sa volonté de « s’intéresser » à la dépendance – frère Guillaume, ne vois-tu rien venir ? –, pas grand-chose à retenir de cette prestation.

Mis en ligne le 18 février 2011
Janvier 2011

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / La Tunisie contre le libéralisme mondialisé ! / Water Makes Money : film et débat / Gauche morale ou gauche sociale… ou les deux ? / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache, présidente de Résistance Sociale :

Remise en cause des 35h non seulement au sein du gouvernement Sarkozy, ce qui n’est pas un scoop, mais par des membres du PS ! Une re-sucée du « travailler plus pour gagner plus », mâtinée de la volonté de faire croire que le bon sens serait de s’aligner sur le moins-disant social mondial.

Manuel Valls est-il de droite ou est-ce un imbécile ? Je serais tentée de répondre : « Les 2, mon Capitaine ». Rappelons quand même que s’en prendre aux 35h au moment où le patronat n’a qu’une envie : réussir à faire sauter toute notion de durée légale, ce n’est certes pas rendre service à la gauche ! Rappelons aussi qu’une augmentation de la durée légale c’est, immédiatement, une baisse des heures supplémentaires et donc du pouvoir d’achat ; juste ce dont les salariés ont besoin en ce moment, M. Valls !

Est-il utile de rappeler également que 77 % des Français sont attachés aux 35h ? Certes les 75 % attachés à la retraite à 60 ans n’ont pas empêché le gouvernement de faire passer sa loi… Raison de plus pour les salariés de rester mobilisés sur leurs acquis –qui ne sont pas des privilèges– et ce, quel que soit le pouvoir !

Mis en ligne le 24 janvier 2011
Décembre 2010

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Conseil européen : rendre impossible l’alternative / 2020 aura-t-il lieu ? / Suite des 8èmes Vendémiaires... / Actualité sociale / Retraites, moi j’ai des propositions !

L’édito de Marinette Bache, présidente de Résistance Sociale :

L’épisode météorologique que nous vivons en cette première moitié de décembre a eu un évident mérite : celui de démontrer la nécessité de services techniques publics et nationaux pour l’entretien de nos routes. Mais voilà ! On les a privatisés (autoroutes) ou « dégraissés » (DDE devenues squelettiques sous forme de services départementaux). Et la rigueur du climat a transformé nos autoroutes et l’Ile-de-France en métropole du Tiers-monde aux heures de pointe.

Autre rigueur : celle des plans adoptés dans toute l’Europe sous la pression des marchés financiers et des agences de notation.

Mis en ligne le 22 décembre 2010
Novembre 2010
Mis en ligne le 10 novembre 2010
Octobre 2010

CONTINUONS LE COMBAT !

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / La Poste : attention danger / IVG : mobilisation le 6 novembre à Paris / Quelques indications à propos du point de conjoncture Insee de septembre / Commission Attali : plus libéral que moi tu meurs / Actualité sociale : Monoprix, Lejaby / Bouclier fiscal/ISF : à qui perd gagne / Petite arithmétique des retraites… Cherchez l’erreur ! / Coup de gueule : Notre santé, leurs économies ?

L’Edito de Marinette Bache, présidente de Résistance Sociale :

7 septembre, 23 septembre, 2 octobre, 12 octobre, 16 octobre, 19 octobre…

Les journées de grève et de manifestations se succèdent, toujours plus suivies. 3,5 millions dans la rue le 12 octobre, sans doute encore plus le 19. Pourtant, Sarkozy et son gouvernement restent sourds à l’appel du pays qui leur dit de ranger leur projet au placard. (...)

Mis en ligne le 21 octobre 2010
Septembre 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Solidarité internationale / Réforme des retraites / Avez-vous remarqué ? / Stress-tests et Bâle III / Pétition pour la médecine du travail / Actualités sociales / 8èmes Vendémiaires de RESO / Coup de gueule

Le mot de la présidente :

Pour le luxe, tout va bien, merci. On s’en doutait un peu, les développements de l’affaire Woerth-Bettencourt ayant démontré, s’il en était encore nécessaire, combien la politique menée par ce gouvernement était, et avec quelle impudeur, au service des privilégiés. Le groupe LVMH vient d’annoncer 1 milliard de profits pour le seul 1er semestre 2010. Pendant ce temps, les employés de Continental Midi-Pyrénées sont confrontés à un choix indigne : rogner sur leur salaire ou perdre leur emploi. La direction de Continental a déjà imposé cette alternative en Espagne et à Clairoix où on sait ce qu’il en est advenu 2 ans plus tard : la fermeture de l’usine ! On sait moins qu’en Allemagne, où les salariés ont refusé ce chantage, l’usine existe toujours.

On pourrait croire que règnent le pessimisme, le fatalisme et la non-combativité. Les récentes manifestations des 7 et 23 septembre ont prouvé le contraire ! C’est, à chaque fois, 2,5 à 3 millions de manifestants qui se sont retrouvés dans 220 à 250 cortèges, pour s’opposer à la réforme des retraites.

Mis en ligne le 4 octobre 2010
Juillet-Août 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Solidarité Internationale / Déclaration finale du FSE d’Istanbul / Vie interne de RÉSO / Etats généraux du service public / Les 8èmes Vendémiaires de Résistance Sociale / Actualité sociale / Les bras m’en tombent / Réforme des retraites / Coup de gueule

Le mot de la présidente :

Vulgarité, médiocrité, cupidité, arrogance, semblent être les nombreuses mamelles du gouvernement … et de la période du « casse-toi pov’con » au « va te faire… », ça vole plutôt bas dans la vie publique française.

Dans cette ambiance, le président Sarkozy préfère recevoir l’ex-leader d’une équipe en perdition footballistique et morale qu’entendre la rue qui gronde. Il prétend moraliser la vie politique en restreignant le train de vie des ministères et en supprimant la garden-party du 14-Juillet alors qu’il se paie un avion personnel à 176 millions d’euros et préserve le bouclier fiscal.

Quant à son ministre du Travail qui ne manque pas une occasion d’appeler les Français au « nécessaire sacrifice » pour « sauver les retraites », qui fait payer par l’argent public des pages de pub dans les journaux vantant une « réforme juste », il est entraîné dans une sale affaire autour des démêlés fiscaux de Madame Bettencourt. Mais, pour ces gens-là, il n’y a pas d’incompatibilité à être à la fois trésorier de l’UMP et chef de l’administration fiscale, ministre du Budget et mari de l’ex-conseillère en « optimisation fiscale » de la première fortune de France. Car pour eux, il n’y a pas d’intérêt général et l’argent public peut être utilisé pour leurs menus plaisirs et nécessaire confort – des cigares et chambres d’hôtel de luxe, par exemple.

Mis en ligne le 15 juillet 2010
Café social du 30 juin 2010 sur le thème "Fiscalité : l’injustice sociale ?"

Mercredi 30 juin. Il est 18H30. Le beau temps est enfin là. Il fait chaud, les terrasses sont pleines. C’est le jour que nous avons choisi pour notre 1er « café social » qui se tiendra dans l’arrière-salle d’un café à Paris. Le sujet « fiscalité : l’injustice sociale ? » est un autre sujet de perplexité : aurons nous du monde ?

On m’a demandé d’être modérateur. Pour les débats, pas de souci : nous avons 3 orateurs de qualité : Jacques Cossart, économiste, membre du Conseil scientifique d’Attac. Vincent Drezet Secrétaire national du Snui (syndicat unifié des impôts- Solidaires) et Michel Fontaine de la CE de la Cgt banques. Nous avons prévenu les orateurs du risque couru sur la participation : 20, 25 ?

Vers 19H15 nous démarrons. On est entassés, la salle est archi-comble, beaucoup de participants n’appartenant pas aux réseaux militants habituels. Après les 3 exposés introductifs synthétiques (voir ci-après) les questions/interventions fusent : bouclier fiscal, niches fiscales et sociales, signification idéologique de la notion de prélèvement obligatoire, impôts sur les sociétés, taxe professionnelle, concurrence fiscale et sociale en Europe, Omc, Agcs… nombre d’aspects sont abordés. A 21 heures, malgré les conditions de chaleur et l’absence de sono, j’ai le plus grand mal à arrêter un débat passionnant. Merci aux militants de l’antenne Ile-de-France de Résistance sociale d’avoir organisé ce 30 juin 2010 leur premier café social au Bar de l’Horloge !

Jean-Claude Chailley, Secrétaire Général de RESO

Mis en ligne le 23 juin 2010
Juin 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Solidarité internationale / Infos du Parlement européen / Non au productivisme, oui à la productivité / Services publics, vision d’avenir ? / Préparation des Etats Généraux pour le service public / 24 juin : communiqué commun CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA / Réforme des retraites : communiqué de Résistance Sociale / Coup de gueule

Le mot de la présidente :

Le mois dernier a été marqué par deux événements que je veux relever. D’abord, le succès du deuxième Printemps des services publics, organisé par le Collectif Paris – Ile-de-France pour la défense et le développement des services publics dont Réso fait partie. Nous avons tenu un stand qui a beaucoup été visité et nous ne pouvons que souhaiter que des initiatives parallèles se tiennent dans les autres régions, dans le cadre, par exemple, de la préparation des Etats Généraux des Services Publics.

Mis en ligne le 22 juin 2010
Mai 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Solidarité internationale / L’enjeu de l’égalité entre hommes et femmes pour le financement des retraites / Crise : Madame Lagarde, jetez-nous des cailloux / Rigueur : communiqué de Résistance sociale / 27 mai : communiqué intersyndical / 27 mai : l’anniversaire de la première réunion du CNR / Plateforme Retraite de Résistance Sociale

Le mot de la présidente

Ce mois-ci, la Grèce a été sous le feu des projecteurs. La « sauverait-on » ou pas ? Telle était la question. Non, disait l’intraitable Merkel. Oui, au nom de la solidarité européenne, répondait le magnanime Sarkozy. On se demande si les Grecs n’auraient pas préféré qu’on les oublie. Car, à quel sauvetage sont-ils soumis ! C’est peu dire qu’on va imposer au peuple grec un plan d’austérité drastique.

Mis en ligne le 26 mai 2010
Avril 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Le mot de la présidente / Réforme des retraites : les positions en présence / Pôle emploi et le travail gratuit des salariés... / Urgence emploi / Le pouvoir d’achat en baisse en 2010 / Les services d’intérêt général en veilleuse / Contis : vous avez dit reclassement ? / Le montant de nos retraites décidé par des spéculateurs ?

Le mot de la présidente

Après les régionales, la vie continue…

Le prix du gaz augmente de manière vertigineuse (+ 9,7 %). Aucune explication économique rationnelle et sérieuse ne nous ayant été donnée, force est de supposer qu’il ne s’agit là que de la volonté, après le mariage GdF-Suez, de distribuer de meilleurs dividendes aux actionnaires. Pourtant, cette privatisation-fusion ne nous avait-elle pas été annoncée comme destinée à faire baisser les prix dans le cadre de la concurrence ? Cette augmentation masque d’ailleurs celle de l’énergie : l’électricité et l’essence sont aussi à la hausse.

Mis en ligne le 16 avril 2010
Mars 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Les limites du rail / Communiqué de Réso / Sauvons la statistique publique / Retraites / Bouclier fiscal / Coup de gueule

Le mot de la présidente

Ainsi donc, la droite et Sarkozy viennent de prendre un sacré revers aux élections régionales ; Les listes de la gauche unie (PS et alliés, Front de Gauche et Europe Ecologie) atteignent 54,3 % tandis que la droite (UMP et Nouveau Centre) ne recueille que 36,1 %.

Il ne faut pas croire (mais s’y attendre eût été une erreur) que le président de la République va pour cela arrêter la marche de son gouvernement vers toujours plus de libéralisme. Il l’a affirmé en personne : « il faut continuer les réformes » (on connaît les implications de ce mot) et « on ne touchera pas au bouclier fiscal »(...)

Mis en ligne le 8 avril 2010
SPECIAL SERVICES PUBLICS

Le mot de la présidente

Défendre et élargir le service public. A entendre les adeptes de la « concurrence libre et non faussée », ce serait démodé, passéiste. Et pourtant, dans une France et une Europe marquées par les ravages de la mondialisation libérale, alors que le nombre de chômeurs et de personnes en situation précaire ne cesse d’augmenter, comment ne pas voir que l’intervention publique est de plus en plus nécessaire ? Comment ignorer les conséquences sociales de la baisse constante des moyens des collectivités publiques (Etat, collectivités territoriales), notamment par la baisse des impôts des sociétés et des plus riches ?

Mis en ligne le 7 avril 2010
Février 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Place au débat : privatisation de La Poste / Les bras m’en tombent / Place au débat : retraites : 7 contre-vérités / Quelle république pour le 21ème siècle ? / Actualité sociale / Coup de gueule

Le mot de la présidente :

Madame Lagarde vient de nous le dire : « la BNP est une bonne élève qui doit servir d’exemple ». C’est vrai : la BNP Paribas vient d’annoncer des bénéfices en hausse de 93 % par rapport à l’année précédente, soit près de 6 millions d’euros. Elle va reverser 500 millions d’euros à ses traders, soit une moyenne de 125 000 euros pour chacun.

Mis en ligne le 25 février 2010
Janvier 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Assemblée générale de Convergence / Education / SNCF : les raisons d’une grève / Réforme territoriale / Coup de gueule

Le mot de la présidente :

Henri Proglio touchera-t-il « son » double salaire ? Cela semble être une des grandes questions du moment… Mais non, mais non, la question n’est pas celle-ci, M. Proglio l’a précisé : il veut juste 2 millions d’euros, et peu importe qu’ils lui soient payés par EdF ou Véolia !

Mis en ligne le 10 février 2010
Décembre 2009
Sommaire : Le mot de la présidente / Solidarité internationale / 2010 : hôpital retraites, sécurité sociale : contrer la grande offensive de Nicolas Sarkozy / Lancement des états généraux pour le service public / Les bras m’en tombent / Hausse du SMIC / Attention, Bolkestein revient ! / Coup de gueule
Mis en ligne le 4 janvier 2010
Novembre 2009
Sommaire : Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Compte rendu des 7èmes Vendémiaires / Après la casse de la SNCF, on prépare celle de la RATP / Les bras m’en tombent / Lancement des Etats généraux pour le service public / Pétition contre la taxation des indemnités d’accidents du travail / Coup de gueule
Mis en ligne le 8 décembre 2009
Octobre 2009
Sommaire : Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Les Rapports Cotis, Stiglitz… et Sarko / Ministère de la Défense : une réforme critiquée / Le système de santé US / Privatisation de La Poste / Coup de gueule
Mis en ligne le 24 octobre 2009
Septembre 2009
Sommaire : Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Avez-vous remarqué ? / Intervention de Michel Jallamion à l’UE MRC du Nord / Intervention de Jean-Claude Chailley à la fête de l’Humanité / Délocalisation : voie sans issue pour les employées d’Aubade / Privatisation de la Poste / Coup de gueule / 7èmes Vendémiaires
Mis en ligne le 18 septembre 2009
juillet août 2009
Sommaire : Le mot de la présidente/ Solidarité Internationale/ Education Nationale/ AFP/ Actualité sociale dans l’Ouest/ INSEE/ Poste/ Vendémiaires de Réso/ Anniversaire de la 1ère république/ Coup de gueule
Mis en ligne le 8 juillet 2009
Juin 2009

Sommaire : Edito - IRAN : où est l’intérêt du peuple iranien ? - européennes, les peuples ont dit non - Marins-pêcheurs - AFPA - Privatisation de la Poste - Nicolas SARKOZY, Président du pouvoir d’achat ! - Zemmour : y’en a marre ! -

Pour l’instant, Sarkozy, faisant semblant de s’appuyer sur une pseudo victoire, est reparti de plus belle : allongement de la durée de cotisations pour la retraite, reprise du projet de privatisation de la Poste, ceinture sur le pouvoir d’achat – même du SMIC -, maintien de la politique fiscale injuste, la finance contre la production, suppression de dizaines de milliers de postes dans la fonction publique -dont 16000 pour l’école, dernier cadeau de Darcos- ... Cela malgré les 70% d’abstention des classes moyennes et populaires, dont on méprise à nouveau le vote du 29 mai 2005. Pourtant, l’électorat de gauche aspire à l’unité en même temps que le mouvement social aspire à trouver des solutions. (...)

Mis en ligne le 26 juin 2009
Mai 2009

Sommaire : Edito - compte rendu des 6èmes Vendémiaires - actu sociale - Communiqué - Loi Bachelot - Coup de gueule

Vous trouverez dans ce numéro double un large compte rendu de nos sixièmes Vendémiaires.

Alors que de nouvelles manifestations unitaires sont prévues, la situation économique et sociale n’en finit pas de se dégrader :- 3 % du PIB en 2009, 180 000 emplois supprimés au premier trimestre...

Et ce n’est pas fini…

Désormais, nous entrons dans la seconde phase de la crise : en plus de milliers de licenciements journaliers, les études montrent une chute de plus de 20 % des intentions d’embauches, dont la plus grande part concerne les CDI.

Les élections européennes du 7 juin doivent être l’occasion de montrer notre fidélité à ce vote et notre refus du modèle social qu’on veut nous imposer.

Mis en ligne le 28 mai 2009
Avril 2009
Sommaire :Le mot de la présidente/ Solidarité Internationale/ Du Conseil européen au G20/ Privatisation de la Poste/ La France, pays de luttes sociales et fier de l’être/ Alerte : maternelle en danger !/ Appel 1er mai/ Coup de gueule
Mis en ligne le 16 avril 2009
Mars 2009
SPECIAL VENDEMIAIRES
Mis en ligne le 27 février 2009
Février 2009
Sommaire : Le mot de la présidente/ Solidarité internationale/ Tract et pétition Solidarité Antilles/ Rupture conventionnelle/ Coup de gueule
Mis en ligne le 27 février 2009
Janvier 2009
Sommaire : Solidarité Internationale/ Au cœur de la crise mondiale, la politique sociale/ Les bras m’en tombent/ Communiqué de Réso/ Changement de statut de la poste/ Privatisation des postes européennes/ Sauvons la statistique publique/ Coup de gueule
Mis en ligne le 10 février 2009
Décembre 2008
Sommaire :Convergence de défense et de développement des services publics/ Journée nationale du 29 janvier 2009/ Changement de statut de la poste/ Les bras m’en tombent/ Élections prud’homales/ Coup de gueule
Mis en ligne le 26 décembre 2008
Novembre 2008
Sommaire : Solidarité Internationale/ Spécial santé/ Sauvons les 20 % de logements sociaux/ Ensemble sauvons les services publics/ Communiqué de l’intersyndicale de la statistique publique/ Coup de gueule
Mis en ligne le 20 novembre 2008
Octobre 2008
Sommaire:Solidarité Internationale/Sauvons la statistique publique/Changement de statut de la poste/Retraites et crise financière/Rions un peu/Coup de gueule
Mis en ligne le octobre 2008
Septembre 2008
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Le suicide comme traitement médical économique/ Une rentrée de tous les dangers/ Rentrée scolaire : billet de mauvaise humeur/ Le mépris de Darcos ou quand nos gouvernants montrent leur vrai visage/ Bientôt des directeurs d’école primaire non enseignants ?/ Appel à la mobilisation : contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal/ La Commission Européenne s’oppose à l’extension du monopole de la poste slovaque/ Train : quand les voyageurs se retrouvent en rase campagne/
Mis en ligne le septembre 2008
Juillet-Août 2008
Au sommaire :APPEL : Ensemble pour la préservation du service public postal / Nouvelle déclaration de principes de Réso / VIèmes Vendémiaires
Mis en ligne le août 2008
Juin 2008
Sommaire : Edito/ Solidarité Internationale/ La crise financière, sa portée/ Quand le ministre de la fonction publique dit tout haut ce que la droite pense tout bas/ Avez-vous remarqué ?/ Retraites et emploi Deux dimensions inséparables/ Coup de gueule
Mis en ligne le juin 2008
Mai 2008
Sommaire:Edito/ Solidarité Internationale/ Regards sur le syndicalisme d’aujourd’hui/ MPEP/ Gauche Avenir/ Les bras m’en tombent !/ Coup de gueule
Mis en ligne le mai 2008
Avril 2008
Sommaire : Edito/ Solidarité Internationale/ Education nationale : une émotion légitime/ A propos de la réforme de l’hôpital/ Vous avez dit « position commune »/ Coup de gueule
Mis en ligne le avril 2008
Mars 2008
Sommaire : Edito/ Solidarité Internationale/ Avez-vous remarqué ?/ Comment et pourquoi défendre les services publics ?/ Les bras m’en tombent/ Les contrats de partenariat public-privé/ Coup de gueule
Mis en ligne le mars 2008
Février 2008
Sommaire : Edito/ Solidarité Internationale/ Avez-vous remarqué ?/ Pas touche au livret A/ Les bras m’en tombent / Appel laïque/ Coup de gueule
Mis en ligne le février 2008
Janvier 2008
Sommaire : Edito/ Solidarité Internationale/ Energie et régimes spéciaux : et maintenant ?/ Communiqué de Réso sur le livret A/ Hôpital : la révolte gronde/ Coup de gueule
Mis en ligne le janvier 2008
Décembre 2007 Spécial Vendémiaires
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Compte rendu des débats de la matinée/ Intervention de Marinette BACHE/ Tribune de Patrice BESSAC/ Intervention de Pascal NICOLLE : Intervention de Georges SARRE
Mis en ligne le 15 décembre 2007
Novembre 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ La sécurité sociale, grande offensive de N. Sarkozy/ Avez-vous remarqué ?/ Zones franches : Territoire offerts aux patrons/ Coup de gueule
Mis en ligne le novembre 2007
Octobre 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Heures supplémentaires/ Pétition traité européen/ Vendémiaires 2007
Mis en ligne le octobre 2007
Septembre 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Communiqué de Résistance Sociale/ Au sarkozysme, s’opposer résolument/ Fusion GDF-SUEZ/ Régime spécial des cheminots/ Loi sur le service minimum/ Avez-vous remarqué ?/Vendémiaires 2007
Mis en ligne le septembre 2007
Juillet-Août 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Actualité sociale : Contre les franchises médicales/ Service public de l’emploi : quel avenir ?/ Avez-vous remarqué ?/ Vous avez dit solidarité ?/ Coup de gueule
Mis en ligne le août 2007
Juin 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Les franchises médicales de Nicolas Sarkozy/ Politique énergétique : ouverture du marché à la concurrence le 1er juillet/ Il faut reconquérir le service public/ Notes de lecture/ Traité simplifié : que cherche à masquer Nicolas Sarkozy ?/ Coup de gueule
Mis en ligne le juin 2007
Mai 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/Nicolas Sarkozy veut remettre en cause notre modèle social en 100 jours/ Bouclier fisca/ La prédominance des attentes sociales /Contre la privatisation des postes européennes/Coup de gueule
Mis en ligne le mai 2007
Avril 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Défendons la langue française/ TVA sociale/ Les bras m’en tombent !/ Accès aux soins : des inégalités sociales et territoriales criantes/Pétition : pour un service public de la Poste au service des usagers/ Quand la BCE se mêle du pouvoir d’achat des salariés
Mis en ligne le avril 2007
Mars 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ La science américaine va-t-elle sombrer dans le mysticisme ?/ La Chine et la mondialisation/ Plongée dans le chômage aux bords de la Gartempe/ De Firmi à Firmi/ J’en ai marre de la bien-pensance !
Mis en ligne le mars 2007
Février 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Des nouvelles du Vénézuéla/ La braderie des biens publics en France/ Actualité sociale/ Droit du travail : quand la frénésie s’empare du gouvernement
Mis en ligne le février 2007
Janvier 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Dialogue social : quelques points vitaux pour le monde du travail/ Actualité sociale/ Quand l’abbé Pierre fait pleurer les bien-pensants/ Devoir de Résistance
Mis en ligne le janvier 2007
Décembre 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Prévoyance et retraite complémentaire dans le collimateur du MEDEF/ Devoir de Résistance/ Actualité sociale/ La poste britannique : exemple à copier ou modèle à éviter ?
Mis en ligne le décembre 2006
Novembre 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Directive postale/ Les leçons du FMI à la France/ Actualité sociale/ Ah, ces sacrées bonnes femmes !
Mis en ligne le novembre 2006
Octobre 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Devoir de Résistance/ Actionnariat salarié/ Actualité Internationale/ Carte scolaire
Mis en ligne le octobre 2006
Juillet-Août 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Cuba donne des ailes à l’Amérique latine/ Etre riche aujourd’hui/ Charte sur l’organisation des services publics en milieu rural/ Monsieur, il ne faut pas tomber malade en juillet/août
Mis en ligne le août 2006
Mai 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ L’UE et les européens : un sondage révélateur/ La flexisécurité danoise : le conte et la réalité/ Appel de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics/ Actualité sociale/ Qui veut tuer l’hôpital public ?
Mis en ligne le mai 2006
Avril 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Actualité Internationale/ Les transports publics/ Rions un peu/ Hôpitaux en Grande Bretagne : l’échec du partenariat public/privé/ Actualité sociale/ Coup de Gueule
Mis en ligne le avril 2006
Mars 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ La précarité des femmes au début du 21ème siècle/ Fusion GDF/Suez/ CPE/ Vous avez dit service public ?
Mis en ligne le mars 2006
Février 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Actualité Internationale/ La liberté en danger/ L‘éducation est-elle encore nationale ?/ Réflexions sur les patriotismes économiques/ Les bras m’en tombent/ Actualité sociale/ Ah, le modèle suédois !
Mis en ligne le février 2006
Janvier 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité internationale/ Le contrat nouvelle embauche/ Après le CNE et le CPE, le CPU ?/ L’Aube, un département sinistré/ Nouvelle convention UNEDIC/ Actualité sociale/ Actionnaire EDF malgré moi/ La Sainte patronne du MEDEF
Mis en ligne le janvier 2006
Décembre 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ La délégation de service public est aussi un moyen de privatiser/ Les moins de 26 ans de nouveau dans les effectifs/ Actualité sociale/ Adieu la CFDT/ Bientôt les 40 heures payées 35 ?
Mis en ligne le décembre 2005
Novembre 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité internationale/ Place au débat/ Avez-vous remarqué ?/ Actualité sociale/ Les bras m’en tombent/ Coup de gueule
Mis en ligne le novembre 2005
Juin 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Avez-vous remarquez ?/ Etude économique pour la France 2005 : rapport de l’OCDE 2005/ Un nouveau recul social : après le travail de nuit pour les femmes, le travail de nuit pour les apprentis mineurs/ Sécurité sociale : le plan Borloo sans effet ?/ Le modèle Danois : NON C’EST NON !/
Mis en ligne le juin 2005
Mai 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Pourquoi voter non ? Par Georges Debunne, ancien secrétaire général de la Fédération Générale des Travailleurs Belges et ancien président de la CES/ Lettre ouverte à ceux qui veulent voter oui ou s’abstenir pour le référendum/
Mis en ligne le mai 2005
Avril 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ L’Europe et la politique de CHIRAC, JUPPE, JOSPIN, RAFFARIN / Actualité sociale/ Lundi de pentecôte … comme un boomerang !!!/ Coup de gueule
Mis en ligne le avril 2005
Mars 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Constitution Européenne : toutes les raisons de voter OUI ! Si, Si ! Lisez !!!/ Actualité sociale/ Optimisation façon MEDEF/ Le chômage au plus haut, les salaires des patrons et les profits des entreprises aussi…/ Coup de gueule/
Mis en ligne le mars 2005
Février 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ On n’oublie pas : Par Gérard FILOCHE/ Actualité sociale/ Coup de Gueule/
Mis en ligne le février 2005
Janvier 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Les Américains victimes de la mondialisation libérale/ Coup de Gueule/
Mis en ligne le janvier 2005
Décembre 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / L’UD CGT Paris dit Non à la Constitution Européenne/ Pour que vive la Fonction Publique !/ Réforme de l’assurance-maladie : une bénédiction pour les assurances/ La conscience sociale est-elle soluble dans l’eau. ?/ Coup de Gueule/
Mis en ligne le décembre 2004
Novembre 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Les dits et les non-dits du rapport THELOT : ou comment creuser les inégalités sociales/ Actualité sociale/ Le « Rejet de CHIRAC », le « Malaise Social » sont-ils de Mauvaises Raisons de voter NON ?
Mis en ligne le novembre 2004
Octobre 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Le MEDEF en avait rêvé, Raffarin a voulu le faire… mais ça n’a pas marché !/ Actualité Sociale/ Nico le petit frère ou le grand frère/ Syndicaliste et fier de l’être/
Mis en ligne le octobre 2004
Septembre 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Projet de loi de finances 2005/ Appel de syndicalistes pour le NON au référendum sur la constitution européenne/
Mis en ligne le septembre 2004
Mai 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Dans une interview au Figaro du 7 avril le baron Sellière, sous le titre « Pas de social sans croissance », livre sa vision des rapports sociaux. Résistance Sociale a décidé de lui répondre/ Le libéralisme toutes voiles dehors…/ Les marchés publics et la transparence européenne/ Coup de gueule
Mis en ligne le mai 2004
Avril 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / EDF-GDF : changement de statut mais pas de privatisation ! De qui se moque-t-on ?/ Actualité sociale/ Décentralisation : Raffarin à contre sens et à contre temps/ Le Nord Cotentin résiste face au désengagement de l’Etat et aux privatisations en cours/ Quand les libéraux font appel aux Etats/ Coup de gueule
Mis en ligne le avril 2004
Mars 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Contre le démantèlement de GIAT Interview de Jean Pierre BRAT, secrétaire général du syndicat CGT de GIAT Industries/ Service Minimum Garanti : Faux prétextes et vraie atteinte au droit de grève/ Médecine : le libéralisme à l’œuvre/ La désindustrialisation en Aquitaine/ Coup de gueule
Mis en ligne le mars 2004
Février 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Courrier des lecteurs/ En 2007 que restera-t-il de l’hôpital public ?/ SANOFI-AVENTIS : un mariage et des enterrements à la pelle/ Quand le service d’intérêt général se substitue au service public républicain/ Actualité sociale/ Coup de gueule
Mis en ligne le février 2004