Journal REsistance SOciale n° 110
Décembre 2012
Mis en ligne le 20 décembre 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 à 4 : Solidarité internationale : analyse par B. Cassen des mesures progressistes prises par les gouvernements d’Amérique latine / p.4 et 5 : Actualité sociale : Pour le rétablissement immédiat de la TVA à 5 % sur le logement social (F. Martot) / PETROPLUS : le courage et l’intelligence (J. Decaux) / p.6 et 7 : Place au débat : 20è anniversaire de Démocratie et Socialisme – L’heure est grave (J.-C. Chailley) / p.8 : Coup de gueule : Non, la nationalisation n’est ni un gros mot, ni un outil archaïque ! (P. Kerdraon)

L’édito de Marinette Bache :

Les dixièmes Vendémiaires de RÉSO ont, de l’avis de tous les participants, tenu leurs promesses et se sont déroulées dans un excellent climat, permettant des échanges fructueux entre les participants eux-mêmes mais aussi entre les participants et la salle. Nous allons essayer d’en faire un compte-rendu plus exhaustif dans un numéro spécial.

Voici une preuve éclatante que les militants de gauche, politiques, syndicalistes ou associatifs sont prêts à la confrontation des idées, y compris sous un gouvernement dit « de gauche ». Ce que nous avons pu constater aussi à l’occasion des débats organisés pour le vingtième anniversaire de la revue Démocratie et Socialisme animée par Gérard Filoche. On ne sera pas étonné que ces débats, comme celui organisé par l’association Gauche Avenir, avec notamment Marie-Noëlle Lienemann, aient montré l’impatience et l’inquiétude, pour ne pas dire plus, des militants, qui aimeraient bien que le gouvernement impulse une vraie politique progressiste mais ne voient pour le moment pas grand chose venir.

Les mesures sociétales, aussi justifiées soient-elles, ne sauraient remplacer des mesures en faveur des salaires, du droit du travail et de l’emploi. De vrais emplois, car les emplois d’avenir ou contrats intergénérationnels risquent de peser bien peu pour réduire le chômage, qui continue inexorablement d’augmenter, alimenté par les plans sociaux. Le gouvernement espère voir la croissance augmenter en 2013 mais force est de constater que même si celle-ci atteignait 0,8 % d’ici la fin de l’année prochaine, ce serait insuffisant pour diminuer le nombre des demandeurs d’emploi. Ce sont toujours les jeunes et les travailleurs de plus de 50 ans qui en sont les premières victimes. La menace de chômage et la faiblesse des salaires renforcent encore un peu plus ces perspectives négatives : ce n’est pas dans un tel contexte qu’on consomme et qu’on renouvelle sa voiture ou sa machine à laver. Et je ne parle pas d’acheter son logement, pourtant le rêve de beaucoup de Français.

Mais englué dans son obsession de réduction des déficits, le gouvernement est dans l’incapacité de prendre les mesures qui s’imposeraient. Une fois de plus le salaire minimum ne sera augmenté qu’à la marge au 1er janvier. Alors que, parallèlement, gaz, électricité, essence, loyers, notamment, augmentent, réduisant une fois encore le pouvoir d’achat. (...)

La gestion du dossier ArcelorMittal a été ressentie par les salariés, non sans raison, comme une trahison, même si l’accord avec le financier indien semble avoir permis de sauver – pour un temps – quelques emplois. Mais qui peut vraiment croire à la pérennité de cet accord ? Et puis, surtout, quid des hauts-fourneaux, les derniers de Lorraine ? Au-delà du débat sur le point de savoir s’il fallait nationaliser ou pas, on aurait aimé que le gouvernement montre qu’il était capable de tracer des perspectives, de mettre en avant une stratégie industrielle. Espérons que la renaissance d’une forme de commissariat au plan – qui devrait voir le jour prochainement – l’y aidera.

Et espérons que les résultats des législatives partielles l’amèneront à comprendre que le décrochage avec l’électorat de gauche n’est pas seulement virtuel à travers les sondages, mais bien réel.

Au contraire de ce qui a lieu en Amérique latine, le Japon vient à son tour de nous montrer, comme en Espagne, comme au Portugal, ce qu’il en coûte à une majorité de gauche ou de centre gauche de ne pas tenir ses promesses : l’abstention massive de l’électorat de gauche conduit à des victoires tout aussi massives de la droite. Et il ne faudrait pas oublier que le changement de majorité n’a pas pour autant fait perdre toute parole au MEDEF. Encouragée par la mollesse gouvernementale, Laurence Parisot ne manque pas une occasion pour distiller des propositions toujours plus antisociales. Les mois qui viennent, avec des dossiers aussi sensibles que celui des retraites ou de la réforme de l’État, sans compter les négociations actuellement menées avec les syndicats, dont l’issue apparaît plus qu’incertaine, montreront si le message des électeurs a été entendu par le gouvernement.

Sinon, comme nous en évoquions la possibilité après la victoire de François Hollande, le peuple de gauche devra se remettre dans l’action. Résistance Sociale, qui fêtera ses dix ans en 2013, sera bien sûr à ses côtés.

En attendant, je vous souhaite à toutes et tous de joyeuses fêtes de fin d’année.

Marinette BACHE