Journal RESO n° 227
Juillet/août 2023
Mis en ligne le 7 juillet 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité sociale : Valdunes : préserver l’emploi, les compétences et la souveraineté économique / p.3 à 6 : Place au débat : La crise du logement / p.6 : Actualité sociale : L’embrasement des cités / p.7 et 8 : Coup de gueule : Bac, Pacte, Stat’, Parcoursup et Cie / p. 8 : En matière de batteries de voitures électriques, l’Union européenne n’a pas les moyens de ses ambitions...

L’édito de Marinette Bache

Un jeune de 17 ans a été tué par un policier. Ce n’était pas un ange ; ce n’est pas un héros. Sans permis, au volant d’une voiture volée, il a refusé de se soumettre à un contrôle. EN AUCUN CAS, CELA PEUT JUSTIFIER DE LE TUER. C’est d’abord et avant tout ce qu’on doit affirmer.

On ne peut que constater que le nombre de tirs mortels de policiers contre des véhicules a été multiplié par cinq en six ans, c’est-à-dire depuis la loi du 28 février 2017 qui a aligné le cadre d’usage des armes par les policiers sur celui des gendarmes. Pendant ce temps, l’usage des armes à feu par les gendarmes n’a cessé, lui, de diminuer. Cela mérite qu’on s’interroge. Si l’abrogation de cette loi semble aller de soi, cela ne règlera pas tout : ni la grande utilité d’une véritable formation pour les jeunes policiers, ni la nécessaire ré-appréhension de leur rôle de fonctionnaire, d’autorité certes, mais de fonctionnaire garant d’un ordre républicain… ni leur immense trouille à rentrer chez eux, peur de se faire agresser particulièrement pour ce qui concerne les jeunes policièrEs ! On mesure l’étendue des dégâts provoqués par la suppression de la police de proximité par Sarkozy. Ce n’est certes pas les shérifs de la BAC ou de la Brav-M qui peuvent remplir ce rôle ; on l’a d’ailleurs déjà constaté lorsque le maintien de l’ordre leur a été confié pour les manifestations.

On ne peut pas dédouaner non plus l’institution judiciaire. Ni quand les dénis de justice sont monnaie courante : lenteur judiciaire, non-lieux à répétition, refus de reconstitution, entraves multiples, refus de suspendre les policiers incriminés, etc. Ni quand les délinquants avérés arrêtés sont immédiatement remis à la rue sans aucun suivi judiciaire. Ordre et justice vont de paire. Si l’extrême droite se réjouit d’un désordre qui lui rapporte et souffle sur les braises et si certains syndicats de policiers -y compris l’UNSA dont on attendait autre chose- tiennent des propos séditieux, rien, rien, ne légitime la mise à sac des banlieues. Être de gauche, tout simplement être progressiste, ce n’est pas seulement appeler au calme, c’est le ferme refus des violences qui ont eu lieu, la défense sans condition des services publics, la condamnation absolue de leur pillage.

Ceux qui cassent et brûlent dans nos banlieues ne représentent pas tous les jeunes.

La plupart restent avec leurs parents et déplorent avec eux, la mise à sac de l’école qu’on mettra 2 ans à reconstruire, des locaux de l’association où on pouvait aller parler et chercher de l’aide, créer ensemble une vie de quartier, des bureaux de la CAF, de la CPAM, du supermarché, du bar-tabac, de l’épicerie du coin, de la voiture de la mère et du bus du père qui permettaient d’aller travailler et de faire vivre le foyer…

Ceux qui participent à cette prétendue « révolte », qui n’est qu’une casse organisée par des décérébrés, doivent être arrêtés et sanctionnés sévèrement. Le peuple des banlieues qui a subi ces émeutes dévastatrices l’exige. Il n’a pas besoin d’une charitable complaisance bourgeoise, il a besoin que la République s’implique tant dans la sanction de ce chaos que dans la construction de l’avenir. Et je ne parle pas des habitants des zones rurales qui se savent au moins aussi abandonnés que les habitants des « quartiers », privés qu’ils sont de services publics, d’hôpitaux et de médecins d’emplois, d’écoles, de commerces de proximité … et qui ne se sont pas acharnés à les détruire lors de la révolte des « Gilets jaunes » !

Maintenant que faire ? (.../...)

On répète souvent que, de plan banlieue en plan banlieue, ce sont des milliards qui ont été engloutis pour rien. C’est oublier un peu vite que tout ce qui a été accordé dans ce cadre ne compense pas tout ce qu’on a ôté aux communes en matière de dotations ! Il reste à construire des équipements (écoles, centres culturels, centres médicaux, stades…) mais il faut aussi des personnels, formés, motivés -et, donc, correctement payés- pour les faire fonctionner or la politique gouvernementale encadre le budget des collectivités pour empêcher ces embauches. Comme d’habitude, ce que dit Macron sur ce sujet n’est que « paroles, paroles… ». Et il faut, avant tout, que les parents aient, et les jeunes qui arrivent sur le marché du travail trouvent, un emploi. Un véritable emploi avec un statut, un contrat, pas un stage à peine rémunéré qui se terminera au bout de quelques mois. La condamnation au chômage est mère de trop de vices quand la participation au trafic de drogue paie plus que les études.

Il faut aussi que la sureté des biens et des personnes soit assurée. Que les jeunes filles et les jeunes femmes puissent rentrer chez elles -ou bien sortir s’amuser !- sans être inquiétées ; que les agressions et les vols fassent l’objet de véritables enquêtes et que les coupables soient punis. Il faut réouvrir les commissariats fermés, il faut ré-augmenter les effectifs de police qu’on a diminué drastiquement. Il faut rétablir une police de proximité après l’échec patent de la BAC et les abus de la Brav-M. Encore une fois : que Macron cesse de donner des leçons quand il a participé à organiser le chaos. Et qu’il fasse marche arrière sur cette politique de destruction.

A propos, vous entendez encore parler de la casse de nos retraites ? Avec cet embrasement dans les banlieues, idiots utiles et/ou complices assumés ont bien servi la politique des « 100 jours de l’apaisement » du gouvernement.