Journal RESO n° 223
Mars 2023
Mis en ligne le 22 mars 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Haut-Karabakh et Chili / p.3 à 6 : Place au débat : Nationalisation d’EdF contre retour d’Hercule / p. 6 : Avez-vous remarqué ? : Désindustrialisation et libre échange / p. 7 et 8 : Coup de gueule : Les conseils en économie d’énergie au 20h de TF1 / p.8 : Les bras m’en tombent : « En 75 ans, ils n’ont pas changé »

L’édito de Marinette Bache

9 voix. Il a donc manqué 9 voix pour que la motion de censure consécutive au projet de loi gouvernemental sur les retraites soit votée. Saluons les députés -y compris ceux qui ont pris le risque de s’exprimer contre la consigne de leur groupe- qui ont entendu la colère du peuple. A la suite, Macron a de nouveau étalé son mépris pour près de 80% des Français qui refusent cette réforme en ne tirant aucune leçon de cet épisode. Il ne remaniera pas le gouvernement, il ne dissoudra pas l’Assemblée nationale, il ne décidera pas de consulter le peuple français. Et tandis qu’il refuse de recevoir les organisations syndicales, Borne, elle, a l’aplomb de regretter, au perchoir, le peu de débat au Parlement alors qu’elle a constamment utilisé les articles 49-3 et 44-3. Leur suffisance est sans limite. Ce seront eux les responsables de l’installation possible d’un chaos généralisé dans notre pays. On ne peut reprocher aux Français de perdre le calme qui a présidé à toutes les nombreuses et considérables manifestations qui se sont tenues depuis le début du mouvement social. Cette « réforme » des retraites qui tourne le dos à ce qu’est la France, contribue à élargir un peu plus le gouffre qui s’est ouvert entre le peuple et les institutions censées le représenter mais dont, il faut le rappeler, elles n’ont obtenu dans les urnes qu’entre 20 et 25% d’approbation. On ne gouverne pas sereinement quand les ¾ de la population sont contre vous. Et quand on passe en force, il y a un retour de bâton.

D’un point de vue constitutionnel, sur proposition du groupe communiste et avec le soutien de l’Intersyndicale, 252 députés ont déposé le 17 mars un projet de loi référendaire interdisant de repousser l’âge de départ à la retraite. Dès que le Conseil constitutionnel donne le feu vert, la réforme des retraites est suspendue pour neuf mois, le temps d’organiser et de mener une grande campagne populaire pour recueillir les signatures de 10% du corps électoral, soit environ 4,7 millions de personnes. Ce chiffre est atteignable, avec les organisations syndicales qui maintiennent leur précieuse unité, avec le soutien des partis de gauche et des politiques sincères qui refusent de se couper de leur base, avec les 80% de Français qui refusent le diktat ultra-libéral de Macron, Borne et Cie.

Par notre participation à la réussite du RIP (Référendum d’Initiative Partagée), fixons-nous, ensemble, cet objectif : Faire tomber ce projet de loi scélérat qui trahi notre France, celle du programme du Conseil National de la Résistance, celle de l’imaginaire français depuis la Grande Révolution jusqu’à la Libération en passant par les Trois Glorieuses de 1830, la révolution de février 1848,la Commune de Paris et le Front populaire, sans oublier les grands grèves syndicales qui ont contribué à forger notre système social ! Il sera toujours temps, ensuite, de préparer l’avenir : démission de Macron, nouvelle législature et toutes les élections éventuelles dont le succès passeront par la reconstruction de la gauche. Donnons d’abord aux salariés et à l’ensemble de notre peuple, une vraie victoire comme ils n’en ont pas eu depuis trop longtemps. Cette victoire en préparerait d’autres !

Et ne cessons pas la lutte.

Les mensonges de tous les ministres (entre autres sur les fameux 1200€ qui devaient profiter à 2 millions de personnes et qui finalement n’en concerneront qu’à peine 20000),le ridicule de Dussop décrivant une « réforme de gauche qui ne ferait pas de perdant » et celui -même dénoncé sur BFM- de la prédiction de Véran qui nous annonce les 10 plaies d’Egypte en cas de non vote de ce projet de loi, n’ont pas réussi à cacher que cette réforme n’est pas nécessaire comptablement mais qu’elle est destinée à faire plaisir aux marchés financiers ; d’ailleurs l’OCDE annonce ouvertement sa volonté d’introduire la capitalisation et appelle le gouvernement à tenir bon devant son peuple : ce n’est pas leur sens de la démocratie qui les étouffe !

Alors résistons. Dès l’annonce de la nouvelle utilisation du 49-3, de nombreuses villes se sont enflammées et plus de 250 rassemblements spontanés ont eu lieu devant les préfectures et sous-préfectures… au grand dam des médias aux ordres qui prédisaient l’essoufflement de la mobilisation. Les jeunes, les étudiants rejoignent la lutte. Les blocages de raffineries, de ronds-points, d’usines, d’universités… s’amplifient. Les préavis de grève se multiplient. L’avertissement qu’a constitué le vote, raté de peu, de la motion de censure vient de redonner de la vigueur à tous ces moyens d’action.

Alors à chacun de faire, selon ses moyens : Grèves, blocages, manifestations, rassemblements et préparation de la recherche de signatures pour le RIP.

Notre unité est le gage de notre victoire.

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