Journal REsistance SOciale n° 115
Mai 2013
Mis en ligne le 31 mai 2013

Au sommaire ce mois ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 et 3 : Actualité sociale (Communiqué de Résistance Sociale – Alerte, réforme retraites !) (Les syndicalistes sont des héros !)/ p.4 à 6 : Place au débat (Une autre Europe est possible) (L’entrepeneuriat contre l’émancipation)/ p.7 : Avez-vous remarqué ? (70ème anniversaire du Conseil national de la Résistance)/ Les bras m’en tombent (Non, être syndicaliste n’est pas un crime !)/ p.8 : Coup de gueule (Urgences hosiptalières : attention danger !)

L’édito de Marinette Bache

Après l’ANI, après le traité « Merkozy », après le renvoi en commission de la proposition de loi d’amnistie des syndicalistes, après l’abandon des hauts-fourneaux de Florange et de la raffinerie de Pétroplus, après le renoncement à une vraie réforme des banques et à la limitation des salaires des patrons, voici maintenant que François Hollande fait l’éloge de Gérard Schröder et de ses réformes, dont chacun sait, pourtant, qu’elles se sont traduites par une paupérisation d’une partie des salariés allemands, par une baisse générale des salaires et des pensions et par une flexibilité accrue. Cela au moment même où le SPD jette enfin un regard critique sur cette période ! Et, comme si ce n’était pas assez, on nous annonce une nouvelle réforme des retraites visant une fois de plus à allonger la durée de cotisation nécessaire pour avoir une retraite à taux plein et qui pourrait – cerise sur le gâteau – se traduire par de nouveaux reculs concernant les salariés de la fonction publique et du secteur public. On est bien loin de ce qu’on pourrait attendre d’un gouvernement de gauche ! Et ce n’est pas les réformes sociétales qui peuvent masquer cet écart entre les attentes du peuple et les réalisations du pouvoir. On est bien loin des promesses du Bourget qui désignaient la finance comme l’ennemi ! On en arriverait presque à se demander pourquoi on a chassé Sarkozy ! Heureusement, la droite nous donne chaque jour des raisons de continuer à la rejeter. Son alliance avec l’extrême droite s’affirme chaque jour un peu plus comme l’attitude anti-républicaine de certains de ses dirigeants. Et nous savons bien que son programme social serait encore pire que celui qui est mis en œuvre. Raison de plus pour résister et agir pour qu’une alternative crédible à gauche voie le jour. C’est pourquoi nous signalons l’initiative des «  assises de la transformation sociale  » qui se tiendront le 16 juin à l’initiative du PCF et de diverses autres organisations politiques, syndicales et associatives, même si l’opposition faite à ce que soit mentionnée la nécessité de l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat ne permet pas à RÉSO d’être signataire de l’appel. Un débat à relancer d’ailleurs ! (...)

Au moment où l’on célèbre les 70 ans du Conseil national de la Résistance, nous devons réaffirmer avec force la pertinence de nos valeurs, notre volonté de lutter pour le progrès social et contre le chômage et la paupérisation des salariés et des retraités, contre les réformes imposées par la Commission européenne et le FMI avec la complicité active des gouvernements qui précipitent leurs peuples dans la misère au profit d’une petite minorité qui s’enrichit sans vergogne.

Une résistance d’autant plus nécessaire que de plus en plus de voix se font entendre à l’intérieur et hors d’Europe pour dénoncer l’absurdité de cette politique « austéritaire » qui, au lieu de diminuer les déficits qu’elle est censée corriger, aboutit à les augmenter, entraînant une vague de récession et de chômage qui ne fait qu’alimenter le populisme à la manière de ce qui s’est passé dans les années 30. Comme à cette période, cela se traduit par la recherche de boucs émissaires qui ne sont bien sûr jamais les vrais responsables. Plutôt que de se servir de ces noires perspectives pour faire accepter plus de régressions au nom de la lutte contre les nationalismes, il serait temps que nos gouvernants retrouvent le sens des réalités pour que J-M Ayrault cesse de répéter « qu’il n’y a pas d’austérité », pour qu’ils se décident enfin à avoir le courage de dire stop à cette politique. Mener une politique susceptible de permettre le retour à la croissance et au plein emploi suppose de se donner des armes efficaces pour lutter contre les diktats libéraux, pas de céder les participations de l’Etat dans les entreprises publiques.

Cela suppose tout autant d’organiser le partage des richesses produites et d’augmenter les salaires, pas de faire payer le crise financière aux salariés en protégeant des actionnaires qui n’investissent même plus. Cela suppose enfin de cesser de casser le droit du travail et la sécurité sociale afin que les salariés puissent se défendre et ne vivent pas dans une continuelle précarité.

Pour notre part, nous pensons qu’il est encore possible d’éviter le gouffre. Pour cela, le rassemblement le plus large de celles et ceux qui veulent un autre avenir doit s’opérer sans tarder. On peut compter sur Résistance Sociale pour aider à cette prise de conscience.