Journal REsistance SOciale n° 147
Avril 2016
Mis en ligne le 19 avril 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Pologne, Algérie, Afrique du Sud) / p.3 à 7 : Place au débat (Que faire des banques ? Des mesures immédiates pour aller vers la socialisation) / p.8 : Coup de gueule (Vers l’implosion de la société française)

L’édito de Marinette Bache :

François Hollande s’est donc exprimé face aux Français. Comment ne pas être stupéfait devant tant d’autosatisfaction, pour ne pas dire d’autisme ? Celui qui est encore, sans plus aucun crédit – même Sarkozy, à la fin de son quinquennat en avait davantage – le Président assume, avec une totale déconnexion de ce que vit notre peuple, un bilan catastrophique d’une politique totalement au service du patronat, oubliant par qui il a été élu. Totalement hors-sol, il a prouvé une fois de plus soit qu’il ne comprenait rien aux difficultés des Français, donc son incompétence, soit qu’il s’en détachait, donc son asservissement au monde de la Finance.

Une fois de plus, on nous joue la ritournelle de la politique gouvernementale qui ne serait pas assez expliquée. Cà irait mieux, mais les Français ne s’en rendraient pas compte, affirme Julien Dray. Prendrait-on nos concitoyens pour des idiots ? Les engagements de Hollande étaient d’avoir des résultats en matière d’emploi, de pouvoir d’achat ou de sécurité. Passons sur le scandaleux épisode de la déchéance de nationalité, quelle « pédagogie » pourrait faire avaler aux Français que les précariser un peu plus permettrait de lutter contre le chômage ? Seuls 37% des sympathisants socialistes croient encore à cette politique. Et combien sont-ils aujourd’hui les « sympathisants » socialistes, avec un parti qui se vide ?

A Myriam El Khomri, qui affirme « ne jamais avoir dit que le Code du travail créait le chômage », on posera la question : alors pourquoi le détruire encore un peu plus ? Pourquoi faciliter les licenciements ? Pourquoi avancer de fait vers la suppression des CDI ? La réponse est simple : pour augmenter les bénéfices des actionnaires ! L’inversion de la hiérarchie des normes contraindra les salariés à accepter de plus mauvaises conditions de travail, l’augmentation de leur temps de travail, des heures supplémentaires moins payées et au final une baisse des salaires…

Que nos gouvernants ne s’indignent pas des pratiques démasquées par les « Panama papers » quand on met tout en place pour assurer « le secret des affaires » et faciliter l’évasion vers les paradis fiscaux à travers la directive européenne soutenue par la France et votée par la plupart des eurodéputés français.

Et la loi Travail permettra à une entreprise française, soi-disant en difficulté, de licencier quand le groupe mondial auquel elle appartient fait des bénéfices. On imagine tout de suite les accommodements comptables qui permettront à la fois de licencier légalement et de soustraire les profits à l’impôt en France. (...)

La première partie du mandat de François Hollande avait sans doute ôté à nos compatriotes les quelques illusions qu’ils pouvaient entretenir : ANI, PLFSS successifs, etc. Mais, depuis quelques mois, il semble que les Français aient simplement tourné la page. Il est acquis que 2017 verra la fin de cette pseudo gauche au gouvernement.

Cette attitude entrave, d’ailleurs, l’action contre le projet de loi Travail. Certes, 71% de notre peuple le rejette, mais la mobilisation, tout en étant bonne, ne trouve pas de second souffle. La contestation est certaine.

Le mouvement de fond qui obligerait un gouvernement « jusqu’au-boutiste » et un Président qui s’enferme dans l’erreur, y compris électorale, à reculer, n’est pas encore là.

Les « Nuit debout » de Paris et de quelques autres villes, de plus en plus nombreuses, marquent un signe intéressant d’une volonté d’irruption citoyenne dans la politique, à l’image de Syriza en Grèce ou de Podemos en Espagne. Même si elles tiennent de l’AG étudiante ou du forum alternatif quelquefois gauchiste, pire : quelquefois anti-laïque, de sorte que les salariés, tout en les regardant avec bienveillance, n’y trouvent pas de débouchés concrets à leurs préoccupations.

Dernier point : la défense (on n’ose plus dire la promotion) de la laïcité, donc celle de l’égalité en droit de tous et en particulier des femmes. Nous sommes l’objet de tentatives régressistes allant jusqu’à présenter le voile comme un simple attribut vestimentaire. C’est le cœur de la République qui est ainsi attaqué. Le peuple français a plusieurs fois prouvé combien il était attaché à ses valeurs. On se souvient des grandes manifestations du 11 janvier 2015. Ce combat vaut mieux que les récupérations vallsiennes, les abandons de Vallaud-Belkacem et les allers-retours de Hollande. La vraie gauche sera-t-elle à ce rendez-vous ?