Journal REsistance SOciale n° 127
Juin 2014
Mis en ligne le 16 juin 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Contre le G.M.T.) / p.2 : Note de lecture (« Dracula contre les peuples », de Patrick Le Hyaric) / p.3 à 6 : Place au débat (Européennes et souveraineté populaire) / p.7 : Actualité sociale (Retraités : « Nous ne sommes pas des nantis ! ») / p.8 : Coup de gueule (Non Monsieur Rebsamen, quand on est de gauche, on se dit pas « amen » au Medef !)

L’édito de Marinette Bache :

En ce début du mois de juin, alors qu’on célèbre les 70 ans de la bataille de Normandie et le débarquement des armées alliées, aidées par la Résistance française, on commence à voir à l’œuvre les nouveaux maires FN élus aux dernières municipales. Derrière la fausse bataille du père et de la fille Le Pen, le masque tombe sur ce qu’est véritablement le parti d’extrême droite.

Loin d’être, comme il l’affirme, le défenseur des salariés et des plus pauvres, il montre qu’il est en réalité leur ennemi le plus farouche : baisse des subventions aux associations de solidarité comme les Restaurants du cœur, expulsion de leurs locaux des associations des droits de l’homme ou des syndicats, mise à l’index des chômeurs ou de leurs enfants, sans parler bien sûr des relents d’antisémitisme et de stigmatisation des étrangers. Mais il ne faut pas s’en étonner, c’est la nature profonde de ce parti qui est socio-économiquement profondément libéral : rappelons qu’il ne s’est pas opposé à Bruxelles à la directive des travailleurs détachés ! On ne peut dès lors qu’être inquiet en évoquant la possibilité d’une Marine Le Pen présidente de la République en 2017. Et peut-on totalement l’exclure au vu des dernières élections et de l’abstention des électeurs de gauche, sans compter les soubresauts de l’UMP empêtrée dans ses affrontements internes et les « affaires » ?

Plus que des manifestations de bonne conscience qui ne changeront pas le cours des choses, c’est à un sursaut de la gauche politique, syndicale et associative que Résistance Sociale appelle. On ne peut que se réjouir de rencontres à gauche comme celle de Bellerive-sur-Allier, près de Vichy, du 20 au 22 juin, permettant le nécessaire débat entre ceux qui refusent la politique austéritaire actuelle. On voit bien que sans la remise en cause totale de cette politique, le chômage va continuer de monter et la pauvreté grandir, comme c’est le cas dans les pays voisins comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie. Or, loin de s’appuyer sur les résultats de l’élection européenne pour exiger une réorientation majeure en Europe, Hollande se plie docilement aux injonctions de la Commission européenne. Quant à la gauche assumée, sur laquelle reposent encore nos espoirs, celle du Front de Gauche comme celle de la gauche anti-austéritaire du PS, elle doit rapidement retrouver ses marques, le sens de l’intérêt général, celui des salariés –dont elle est censée porter la défense. Et il y a beaucoup à faire quand on voit que la lutte anti-FN se joue sur le terrain moral et que ses électeurs sont stigmatisés alors qu’il faudrait chercher à comprendre les motivations d’un tel vote, et les combattre. Quand on voit que le rôle de l’Etat, à travers le principe de nationalisation des entreprises vitales pour l’emploi –comme celle d’Alstom par exemple– est fort peu évoqué et même repoussé par un frange du FdG, on mesure le chemin qu’on doit parcourir.

Alors oui, les échanges doivent s’intensifier, les débats doivent fleurir. Résistance Sociale apportera sa pierre à l’ouvrage à l’occasion de nos prochaines Vendémiaires, le 18 octobre à Paris.