Journal REsistance SOciale n° 100
Janvier 2012
Mis en ligne le 16 janvier 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 à 5 : Place au débat : exonérations, TVA « sociale », CSG… adieu 45 ! / p6 : Peut-on enrayer la crise du logement ? / p7 : Actualité sociale / Notes de lecture / p8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

En ce début d’année 2012, permettez-moi de souhaiter à chacune et chacun d’entre vous une excellente année sur le plan personnel et familial, mais aussi sur le plan militant.

Car en cette année d’élections présidentielle et législatives, c’est aussi, bien sûr, d’autres vœux plus politiques que je formule : j’espère que 2012 sera une année qui restera dans la mémoire collective comme ayant apporté aux salariés plus de justice sociale, un droit du travail à nouveau protecteur, une protection sociale rénovée et un travail stable et correctement rémunéré pour chacun ; j’espère que les pauvres cesseront de s’appauvrir et les riches de s’enrichir outrancièrement ; j’espère que les organisations syndicales, unies, sauront imposer au patronat la mise en place de nouveaux droits… Bref j’espère que 2012 sera non seulement une année de résistance sociale, mais aussi comme cela n’est plus depuis 3 décennies, une année de reconquêtes sociales !

Vœux pieux, me direz-vous ? On pourrait le penser alors que l’année commence par des hausses qui atteignent surtout les plus fragiles : EDF, GDF, transports, santé, produits de consommation courante, tout augmente notamment par le biais de la hausse de la TVA. De plus, voilà que ressurgit le projet de création d’une TVA « sociale », censé nous protéger contre les délocalisations, mais qui a pour but réel de transférer une partie des cotisations sociales « patronales » sur les ménages. Qui peut croire un seul instant que cette baisse des cotisations sera compensée par une hausse des salaires ? On ne doute pas, vu l’appui du MEDEF à cette nouvelle réforme, qu’en réalité ce sont les patrons et les actionnaires qui en profiteront, une fois de plus, eux qui ont été déjà si bien servis par le gouvernement ces dernières années, comme on le voit pour les entreprises du CAC 40 que, manifestement, l’austérité ne concerne pas ! Comme le dit Mme Parisot : « il est légitime de demander un effort aux hauts revenus tant que celui-ci reste symbolique »…

Et pourtant, en cette année électorale, on doit pouvoir espérer que des changements interviendront, que ce ne sera pas toujours aux mêmes qu’on imposera austérité, chômage et précarité. En 2007, beaucoup de salariés s’étaient laissés prendre au piège du « travailler plus pour gagner plus ». Résultat cinq ans plus tard : un million de chômeurs supplémentaires, stagnation des salaires, perte de droits, augmentation de l’âge de départ en retraite, baisse du pouvoir d’achat .. Alors rien ne serait pire que la reconduction du candidat sortant.

Mais ne nous leurrons pas : même une victoire de la gauche aux élections présidentielle et législatives ne fera pas disparaître la nécessité des luttes, l’exigence du combat contre un patronat rétrograde, l’affirmation des revendications de la majorité de la population face à une minorité de riches et de puissants qui veulent à tout prix conserver leurs privilèges.

Pour cela, il est plus que jamais nécessaire que les salariés comprennent la nécessité de s’organiser collectivement, d’affirmer leurs droits.

Il est aussi essentiel que les organisations – syndicales, notamment – agissent ensemble, même si des combats comme celui des retraites ou de la privatisation de la Poste ont été perdus.

Il n’y a pas de fatalité. Au soir du 14 juillet 1789, Louis XVI écrivait « rien » dans son journal. Pourtant la prise de la Bastille a eu pour conséquence la fin d’un système monarchique qui paraissait solide et indéboulonnable.

Aujourd’hui, d’autres « Bastille » sont à prendre. La crise financière est d’abord une crise du capitalisme, qui cherche à se perpétuer indéfiniment, même s’il emmène le monde dans le mur. Et n’oublions jamais que si les financiers ont le pouvoir, c’est que les « politiques » le leur ont abandonné. En 2012, la gauche est à un tournant : soit elle aura le courage de prendre les décisions qui s’imposent pour parvenir à placer notre peuple sur la voie d’un vrai changement, soit elle ratera à nouveau le train de l’histoire avec le risque de disparaître pour longtemps et de voir la France mise sous l’étouffoir de l’extrême droite ou de la droite extrême, comme c’est le cas ailleurs en Europe.

Pour ce qui nous concerne, à Résistance Sociale, nous continuerons à agir comme nous le faisons depuis neuf ans, pour faire prévaloir la nécessité du rassemblement le plus large autour de la question sociale.

Marinette BACHE

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