Journal Résistance Sociale n° 162
Septembre 2017
Mis en ligne le 22 septembre 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (Par Fatiah BOUDJAHLAT) / p.6 et 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (Par Gérard FILOCHE)

L’édito de Marinette BACHE :

Une fois de plus, cette nouvelle rentrée s’annonce chaude et sociale. Macron a remplacé Hollande, Pénicaud a pris la place d’El Khomri, mais c’est le même feuilleton de la casse du droit du travail qu’on nous sert. Mieux que le 49-3, voici les ordonnances. Mais ce sont les mêmes reculs sociaux, la même volonté de donner au MEDEF les pleins pouvoirs dans les entreprises. Cette fois, les syndicats ont été associés pour la forme mais même les plus ser-viles d’entre eux conviennent en « off » qu’ils ont été manipulés et que la potion qu’on veut leur faire avaler est toujours inacceptable.

Une partie des dirigeants syndicaux continue de faire le dos rond, de vanter les quelques avancées qu’ils affirment avoir obtenues, les quelques reculs qu’ils disent avoir repoussés. Mais on sent bien qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent. Et ils doivent faire face à une forte contestation interne. La moitié des unions dé-partementales de FO a appelé à la journée de manifestations du 12 septembre. De son côté, la puissante fédération de la métallurgie CFDT n’hésite pas à exprimer tout le mal qu’elle pense du contenu des ordonnances.

Certes, on est encore loin dans le privé d’une réaction unanime et unitaire, mais c’est déjà le cas dans le public. Pour la 1ère fois depuis longtemps, tous les syndicats appellent à la grève le 10 octobre.

A cela s’ajoutent les premières grèves dans les transports routiers. Au-delà du code du travail, le gouvernement a ouvert d’autres fronts. D’abord, la baisse des APL. A première vue, cinq euros par mois ça ne représente pas grand-chose mais pour ceux qui ont à peine de quoi vivre, c’est quelque chose d’important. D’autant que les propriétaires n’ont étonnamment ( !) pas répondu au « vibrant » appel de Macron et que les loyers ne baisseront pas… (...)

Autre sujet sensible : la diminution du nombre de contrats aidés. Bien sûr, chacun sait qu’il s’agit souvent d’emplois précaires. Néanmoins cela permet à ceux qui en bénéficient, souvent les plus éloignés du monde du travail, de ne pas rester au chômage et parfois d’apprendre un vrai métier. De fait, la suppression d’une partie de ces contrats va avoir pour conséquence une augmentation du chômage sans compter l’impact sur les services sociaux des collectivités : là ce sont les écoles qui sont touchées, ailleurs l’aide aux handicapés ou les activités sportives, ou encore les associations d’entraide comme les restos du cœur.

Derrière les prétendues recherches d’économies budgétaires, c’est en fait au modèle social français qu’entend s’attaquer le gouvernement. Déjà d’autres projets sont évoqués comme la remise en cause du statut des cheminots ou la privatisation de Pôle Emploi, sans compter une énième réforme des retraites… Face à ces remises en cause multiples du contrat social et des conquêtes de plus d’un siècle de luttes ouvrières, une réponse politique est bien sûr nécessaire. La gauche n’a pas encore fini de panser les plaies de la campagne présidentielle. A défaut de projet commun, chacun essaie de forger ses propres clés pour l’avenir.

Pourtant, ce n’est que dans l’unité que la gauche pourra retrouver une certaine crédibilité. Le chemin est encore long et n’a rien d’un long fleuve tranquille. A son niveau Réso en-tend faciliter les rapprochements nécessaires.