Journal RESO n° 219
Novembre 2022
Mis en ligne le 19 novembre 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Brésil, Etats-Unis, Belgique / p.3 à 6 : Place au débat : Transition énergétique et mondialisation – Avez-vous remarqué sur les loyers / p. 7 : Actualité sociale SNCF et RATP / p.8 : Coup de gueule : Energie : ce n’est pas aux salariés de payer la note ! – Humeur : fermeture d’Euroserum

L’édito de Marinette Bache

Nous sortons donc d’une période de « 49-3 » pour le budget national comme pour celui de la sécurité sociale. Macron a fait passer ses budgets solidement ancrés à droite sans aucun débat. A vrai dire les débats n’auraient pas changé grand-chose : la droite libérale est majoritaire à l’Assemblée nationale. Les LREM ont juste démontré une fois de plus qu’ils n’entendaient pas manifester la moindre attention démocratique à l’opposition. Et cela aura aussi été l’occasion de voir qu’il ne faut pas jouer avec le feu : le RN s’est bien découvert par la sortie raciste d’un de ses députés, au point où Marine Le Pen qui a beaucoup fait pour donner une image respectable de son parti, doit en être malade ! Cette période a aussi été l’occasion de voir réapparaitre l’idée de « dissolution ». Ne nous y trompons pas. Seul le RN y gagnerait. Cette menace macroniste ne sert qu’à maintenir les députés issus de la droite classique (LR) dans l’alliance objective avec le gouvernement. Pas de problème de conscience entre LR et LREM ; comme je l’ai déjà développé dans des éditos précédents : ils forment ensemble une majorité d’idées. Ils ont voté ensemble contre l’ISF contre l’augmentation du SMIC, ils voteront ensemble sur la hausse de l’âge de départ à la retraite, sur le projet de loi sur l’immigration… et le budget 2023 leur va à tous ! Bien sûr, cette situation peut ne pas tenir indéfiniment car au-delà des convergences d’idées, il y a les intérêts personnels de boutique. Pour le moment les uns comme les autres -mais les partis de gauche dans leur diversité également- ont tout à perdre d’un retour devant les électeurs, alors cette majorité libérale gouverne ensemble sans l’afficher.

Que dire donc de ce budget adopté par le 49-3 ? Qu’il est bien conforme à ce qu’on en attendait.

Malgré les déficits et les inégalités, malgré les trains supprimés faute de personnels, malgré les délais de plusieurs mois pour une consultation hospitalière, malgré la justice au (très) long cours, malgré les classes fermées et les enseignants embauchés en 30mn et formés en 2h,… le dogme du moins d’impôts à l’aveugle fait toujours son chemin. On sait combien cette idéologie est inégalitaire : Lors de son premier quinquennat, Macron a amputé de 24,4 milliards d’euros par an les impôts sur les ménages, et ceci a d’abord profité aux plus aisés : selon les données de l’Institut des politiques publiques environ 40 % du pactole a bénéficié aux 20 % de Français les plus riches et seulement 20 % aux 50 % les plus pauvres. Sans compter les dégâts occasionnés aux politiques, au secteur et aux services publics, tous instruments de réduction des inégalités… Et les plus gros rabais ce sera, bien sûr, pour le patronat. (...)

Depuis 2017, le gouvernement leur a déjà octroyé environ 25 milliards d’euros de ristournes par an aux entreprises, notamment en baissant l’impôt sur les bénéfices des sociétés et les « impôts de production » (qui ne ciblent pas les profits).

Pour terminer : en octobre, j’avais évoqué les ministres et amis de la macronie, adeptes des leçons de sobriété à donner aux Français qui étaient mêlés à des affaires fiscalo-judiciaires (Dupont-Moretti, Kohler, Darmanin, Bayrou, Lecornu…). La série n’est manifestement pas terminée.

La ministre chargée de la transition écologique, Mme Panier-Runacher fait fort : elle est soupçonnée de conflit d’intérêt avec un gros groupe pétrolier, ses enfants, mineurs, détiennent des fonds dans des paradis fiscaux, elle est domiciliée dans une maison appartenant à la famille Dassault et… elle a « oublié » de signaler tout ça à la Haute Autorité de Transparence de la Vie publique !

La droite d’antan était un adversaire. Les libéraux d’aujourd’hui sont des adversaires méprisables.

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