Journal Résistance Sociale n° 163
Octobre 2017
Mis en ligne le 2 novembre 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (Par Antoine DUCROS)

L’édito de Marinette Bache :

Après les ordonnances réformant le code du travail, la baisse des APL, la réforme de l’ISF démontre, s’il en était besoin, que Macron est bien le Président des riches, plus encore que ses prédécesseurs, y compris Sarkozy. Certains de ses électeurs du premier tour commencent à s’en apercevoir et à s’en mordre les doigts. Mais il est bien tard. Même si certains députés LREM expriment quelques velléités d’indépendance, ils sont vite ramenés à la bergerie macronnienne. Les députés PCF, FI et quelques-uns des socialistes font ce qu’ils peuvent pour tenter d’infléchir cette politique mais ils ont des pouvoirs limités. La lutte contre les ordonnances continue, mais force est de constater que la mobilisation, qu’elle soit d’origine syndicale ou politique, n’est pas au rendez-vous. Les salariés, han-tés par le chômage et au pouvoir d’achat limité, peinent d’autant plus à se mobiliser que les mobilisations précédentes, notamment contre la loi El Khomri, n’ont pas permis de résultats significatifs. Et puis, même si la mobilisation du 10 octobre pour la défense de la fonction publique était unitaire, une fois de plus les syndicats sont divisés et indécis sur la stratégie. Peut-être faudrait-il un nouveau Louis VIANNET, ancien secrétaire général de la CGT, qui vient de décéder et dont l’action n’est pas pour rien dans l’aboutissement du mouvement de 1995 contre la politique de Juppé.

Côté politique, ce n’est guère mieux. Mélenchon et la France Insoumise n’ont pas autant mobilisé qu’ils l’espéraient. Malgré la présence de responsables d’autres forces politiques, l’action du 23 septembre n’est pas apparue suffisamment rassembleuse pour inciter une partie importante des salariés à y participer.

Alors, doit-on baisser les bras et laisser faire le gouvernement Philippe ? Non, bien sûr ! Mais, comme on l’a toujours dit à Réso, il faut privilégier l’unité et le rassemblement des forces de progrès, seuls susceptibles de redonner confiance au peuple de gauche. Mobilisation syndicale et mobilisation politique ne doivent pas être antinomiques. Au contraire, syndicats et politiques doivent agir de concert et réfléchir ensemble à la meilleure manière de parvenir à l’objectif fixé. Cela, dans un contexte où la gauche po-litique connaît de profonds bouleversements. Le Parti Socialiste, hier encore principale force de gauche, est en pleine décomposition. Malgré une érosion limitée lors des dernières sénatoriales, il est difficile d’imaginer que le PS puisse redevenir rapidement un parti central à gauche, alors que de nombreux militants de gauche le quittent… quand ils ne sont pas exclus. Le mouvement M1717 de Benoît Hamon tente de s’installer dans le paysage et pourrait bientôt se transformer en nouveau parti politique, mais il n’est pas acquis qu’il puisse devenir une alternative crédible. Quant à la France Insoumise elle-même se cherche entre parti politique et simple « mouvement de JL Mélenchon ». Le Parti Communiste, qui a réussi à garder ses 2 groupes parlementaires, cherche lui aussi, à travers de vifs débats internes, à tirer les le-çons de la phase politique que nous venons de vivre. Dans ce chaos structurel beaucoup de militants de gauche restent en attente d’une autre voie, d’un autre projet plus conforme à leurs yeux. (...)

A droite, la décomposition est aussi en marche. L’hypothèse de l’élection de Wauquiez à la présidence de LR n’est pas du goût de tous les adhérents de LR. Et le mouvement de Macron, LREM, connaît aussi ses premiers soubresauts, certains prédisant même son éclatement à moyen terme.

Il se pourrait que d’ici 2019, année de la prochaine élection nationale (et européenne), le paysage politique connaisse de nouveaux bouleversements. Mais nous n’en sommes pas encore là. Aujourd’hui l’urgence est à l’action contre la politique libérale mise en œuvre et au soutien des salariés dont l’emploi est menacé comme à GMMS, Tupperware et tant d’autres.

Côté international, on notera que les forces libérales et conservatrices sont presque partout gagnantes des élections, que ce soit en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Argentine, avec une extrême-droite toujours plus puissante en Europe. Seules exceptions, la Nouvelle-Zélande et le Vénézuéla. Si on peut se réjouir de voir Daesch perdre du terrain en Syrie et en Irak, son pouvoir de nuisance n’est pas tari avec les attentats perpétrés à travers le monde. Un monde de plus en plus instable où les risques d’un conflit impliquant les Etats-Unis ne peuvent être écartés.

Dans cet avenir très incertain, le rôle que s’est fixé RESO d’être ferment de réflexion commune et de dialogue à gauche est bien d’actualité.