Journal "REsistance SOciale" N° 13
Mars 2004
Mis en ligne le mars 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Contre le démantèlement de GIAT Interview de Jean Pierre BRAT, secrétaire général du syndicat CGT de GIAT Industries/ Service Minimum Garanti : Faux prétextes et vraie atteinte au droit de grève/ Médecine : le libéralisme à l’œuvre/ La désindustrialisation en Aquitaine/ Coup de gueule

Le mot de la Présidente

La France repeinte en rose au soir du 28 mars pose autant de questions à la droite qu’à la gauche.

Pour ce qui est de la droite, il serait fort étonnant qu’elle cherche à y répondre positivement ! Tous ses leaders affirmaient en choeur ce dimanche qu’ils ont « bien compris » le message sorti des urnes et qu’ils vont « accélérer les réformes dont la France a besoin. » ! La réforme des retraites, çà c’est sûr les Français en veulent plus ! La démolition du droit du travail, là aussi les Français veulent aller plus loin ! Et bien sûr ils attendent avec impatience la réforme de l’assurance maladie !!! Comment peut-on s’exprimer encore avec une telle langue de bois et ne pas voir que lorsqu’ils entendent le mot « réforme » les Français sortent leur « revolver » (. .. ou leur bulletin de vote !) ? « Réforme », « adaptation », « modernité », depuis plus de 20 ans tous ces termes ne sont que des paravents de la régression sociale. Et si la chose n’est guère neuve, il faut bien reconnaître qu’en 2 ans la surmultipliée a été passée ! Quelles que soient les différences de leurs mouvements, de leurs situations, de leurs revendications, ce n’est pas un hasard si les enseignants, les intermittents du spectacles, les travailleurs de GIAT Industries, les salariés d’EDF, les hospitaliers… rejettent les projets gouvernementaux. « Guerre à l’intelligence » titrait il y a quelque temps un magazine bon chic, bon genre. En fait, plutôt « arrogante prise de pouvoir du fric » - des possédants, comme auraient dit nos ancêtres – sur la société française. Faute d’avoir pu gagner dans la rue depuis un an et craignant de devoir mener et perdre d’autres batailles, le peuple vient de se munir d’une arme qu’il avait dédaignée depuis longtemps : le vote.

Et, à gauche, quel espoir ?

On pourrait croire qu’il y en a assez peu, à entendre certains ténors du PS qui défilaient ce dimanche devant les caméras en affirmant vouloir « lutter contre l’immobilisme … mais avec humanité » ! Faut-il avoir si mal compris le message des urnes aux régionales mais également les raisons du renvoi de Jospin et de toutes les majorités successives de gauche depuis 20 ans ? Est-il si malaisé de saisir que, quand l’électeur sanctionne la droite, c’est qu’elle fait une politique de droite, alors que, lorsqu’il abandonne la gauche, c’est qu’elle ne fait pas une politique de gauche ?

Ces ténors, par leur attitude, ont même réussi à occulter le fait que nombre de responsables politiques de gauche semblaient, eux, avoir compris et que des centaines de milliers de militants et de citoyens sont prêts à se mobiliser pour faire échouer le gouvernement dans son projet d’avènement d’une société libérale.

Alors, oui, un espoir existe à gauche !

Mais, pour qu’il se concrétise, le Parti Socialiste, premier parti de cette gauche, doit comprendre qu’ il ne trouvera pas le salut dans une fuite en avant européiste, que ce n’est pas dans la constitution européenne que le peuple trouvera le courage de faire front face à la mondialisation libérale.

Pour qu’il se concrétise, il faut que la gauche se montre capable de bâtir un projet autour d’une vraie politique de réindustrialisation de la France, d’une exploitation raisonné e des ressources naturelles, d’une relance des services publics garants à la fois d’égalité sociale et d’aménagement du territoire, et d’un investissement conséquent dans l’avenir que ce soit à travers la recherche ou l’enseignement.

Bref, dans un projet fondé sur l’écoute et la mise en musique du bon sens exprimé ces dimanches 21 et 28 mars par nos compatriotes. Alors chiche ?

Marinette BACHE

Documents joints