Journal REsistance SOciale n° 105
Juin 2012
Mis en ligne le 27 juin 2012

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Place au débat : le Livre blanc sur les retraites / Actualité sociale / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Les Français viennent de donner au Président Hollande les moyens d’agir. Il a d’ailleurs entre ses mains tous les leviers des pouvoirs politiques : Assemblée nationale, Sénat, régions, grandes villes.

Contrairement au soir du 6 mai, ce résultat n’a pas été accompagné de liesse populaire et l’abstention atteint le niveau record sous la 5ème république de 44,3%.

À Résistance Sociale, nous ne pouvons que nous réjouir d’être débarrassés de Sarkozy, de son arrogance et de son bling-bling, mais également d’une droite parlementaire qui a, mécaniquement et avec conviction, appuyé les gouvernements successifs depuis 2007. Appuyé les politiques ultralibérales décomplexées menées à travers l’Union européenne, en imposant des plans d’austérité, en augmentant les délocalisations industrielles, en bradant les services publics, en dépeçant la protection sociale et le Code du travail…

Durant ces cinq années, Résistance Sociale n’a pas seulement dénoncé cette politique ; RÉSO s’est aussi efforcée de démontrer, à travers nos différents débats, dossiers, réunions publiques (Vendémiaires et cafés sociaux), qu’il était possible de faire autrement. Que les choix européens en révélaient d’autres, au service de la Finance pas au service du peuple. Que les choix sociaux (casse du Code du travail, réforme des retraites, démantèlement des services de santé…) se conformaient à des choix économiques au plus grand profit, non seulement d’un patronat rétrograde, mais des multinationales à l’œuvre dans notre pays comme dans le monde. Que la privatisation, officielle ou rampante, des services publics participe à la remise en cause de la construction d’une société plus solidaire – plus égalitaire ! – initiée par le programme du Conseil national de la Résistance.

Nous tournons donc avec bonheur la page de cinq ans de pouvoir d’une droite réactionnaire, arrogante et pleine de mépris pour les plus faibles. La nouvelle majorité, autour du président de la République, est maintenant au pied du mur. À elle de mener, enfin, une politique conforme aux intérêts de notre peuple. (...)

Ce gouvernement a, depuis quelques semaines, donné quelques signes. Certains sont positifs ; d’autres laissent interrogateurs. Au premier rang des positifs, l’annonce d’une grande loi sur le logement instituant l’encadrement des loyers et, dans l’attente, un décret qui devrait permettre de limiter les hausses. Exit également la défiscalisation des heures supplémentaires. Exit la TVA « sociale ». Ces mesures, qui ne sont pas de moindre importance, sont accompagnées de décisions symboliques comme la baisse du salaire du président et des ministres ou comme la promesse, tout à fait pertinente, d’une nouvelle loi sur le harcèlement sexuel ou comme la suppression de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers. Il n’est pas négligeable non plus que Michel Sapin se fasse recadrer par le Premier Ministre sur le salaire des grands patrons du public.

Par ailleurs, on ne peut que se réjouir de la réaffirmation d’embaucher 60 000 postes sur 5 ans dans l’Éducation nationale. Mais quand il est précisé que ce sera à effectifs constants dans la fonction publique, cela devient plus inquiétant. D’abord, parce que les autres secteurs de la FP sont tout autant aux abois que celui de l’Ecole. Ensuite, parce que cela confirme la démarche de la RGPP contre laquelle RESO s’est toujours élevée.

De la même manière, on ne peut que s’interroger sur les mesures sur la retraite des carrières longues. Permettre à entre 100 000 et 150 000 personnes de bénéficier de la retraite à 60 ans est une bonne chose… à condition que cela n’entérine pas l’idée directrice de la réforme sarkozyste, à savoir la fin de la retraite à 60 ans à taux plein pour tous avec 37,5 annuités ! RÉSO a publié plusieurs dossiers qui démontrent qu’il s’agissait là de choix politiques, pas de fatalité budgétaire.

À l’international, François Hollande a eu le courage – même s’il n’a pas réussi – de porter l’instauration d’une taxe type Tobin au G20. Pour ce qui concerne la politique européenne, François Hollande a affiché une certaine fermeté vis-à-vis d’Angela Merkel. Pour le reste, c’est le flou. Un flou dont il faudra bien sortir les 28 et 29 juin !

Bref, ces quelques semaines de gouvernement Ayrault nous apportent des espérances et des inquiétudes. Fidèle à sa raison d’être, RÉSO soulignera les premières et pointera les secondes.

François Hollande a affirmé sa volonté de tourner le dos aux cinq années de sarkozysme qui ont pesé si lourd sur notre pays et son peuple. La conférence sociale de début juillet revêt donc une immense importance. Puis l’été permettra au gouvernement d’orienter sa politique. Après des mobilisations continues face aux dégâts du libéralisme institué du précédent Président, les salariés sont fatigués, mais à la fois plein d’espoir et… attentifs !

Il n’empêche que la pression libérale est forte. Et que, sans mobilisation sociale d’ampleur, on peut craindre qu’il n’y ait pas de réformes d’ampleur. Ce que RÉSO a toujours cru.