Journal RESO n° 211
Février 2022
Mis en ligne le 25 février 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Note de lecture / p.3 à 6 : Place au débat : Macron faux roi d’Europe / p.6 : Note de lecture / p.7 : Actualité sociale : Manifeste pour l’inclusion bancaire / p.8 : Coup de gueule : Allo la société « X » ? J’ai besoin d’un conseil

L’édito de Marinette Bache

Nous nous rapprochons de la fin du mandat de Macron et de la prochaine élection présidentielle.

Nous avons déjà eu l’occasion dans ce bulletin de faire le bilan de ces 5 dernières années. Pas brillant de notre point de vue, il est excellent pour les libéraux qui se sont fixé pour but de casser toutes les solidarités construites sur des années de luttes, alliance des grèves du Mouvement ouvrier et des combats de la Résistance du peuple français. La victoire de 1981 avait soulevé d’énormes espoirs qui furent, pour la plupart, déçus suite à la lâcheté des gouvernements successifs et à la conversion, pour partie, des responsables dits de gauche, au libéralisme ; les uns et les autres se sont courbés devant les exigences de l’européisme destructeur du modèle social français.

Mais ces 5 dernières années ont été les pires. Macron a poursuivi et accéléré l’américanisation de la société française.

Économiquement, socialement, sociétalement, l’ennemi c’était la République sociale, laïque et universelle. Pouvoir et adoration de l’argent, chacun pour soi et communautarismes, tous destructeurs de ce qui a fait France, ont trouvé un terrain d’expansion comme jamais dans notre histoire.

Nous venons de vivre un nouveau scandale à propos de la gestion des EHPAD privés. Déjà, lors de la 1ère période de confinement, l’état des lieux de vie de nos aînés, le manque chronique de personnels de soin et d’accompagnement correctement payés, étaient apparus. Dernièrement la sortie du livre du journaliste indépendant Victor Castanet, « Les fossoyeurs » a mis en exergue que la maltraitance infligée à nos anciens étaient l’autre face de la fortune faite par les actionnaires des groupes privés français tels Orpéa. D’un côté on sert aux pensionnaires des maisons de retraites des biscottes concassées et de la salade mixée, mélange de salade verte, d’eau et d’épaississant végétal et on fait payer à l’Assurance maladie les compléments alimentaires et les protéïnes destinés à pallier les carences nutritives. De l’autre côté, la rémunération de l’ancien directeur général du Groupe Orpea Yves Le Masne s’élève à plus de un million d’euros par an (et sa prime de départ à 2,6 millions d’euros) ce qui ne l’a pas empêché de chercher à s’enrichir encore plus et de faire aujourd’hui l’objet, par le parquet national financier, d’une enquête pour délit d’initié suite à la vente de ses 5 456 actions de la société juste après avoir appris que la gestion des établissements du groupe allait être mise en cause dans un livre à paraître. D’un côté les couches sont rationnées (3 par jour maximum, témoignage d’une aide-soignante) de l’autre nous sommes assaillis de publicités, télévisuelle ou dans nos quotidiens, nous invitant à investir dans un secteur qui rapporte. Et il rapporte : lors du 1er semestre 2021, le bénéfice net d’Orpea était en hausse de 40 % à 102,4 millions d’euros tandis que le chiffre d’affaires augmentait de 8,7 % à 2,07 milliards d’euros, merci pour les actionnaires ! (...)

Ce scandale n’est qu’un éclairage de la société qu’on nous impose petit à petit. Quand on installe le libre-échangisme dans tous les secteurs y compris pour les besoins essentiels, on aboutit forcément à cette société de la honte. Et c’est ce qui a été fait, consciemment ou pas, depuis une trentaine d’années avec la formidable accélération du quinquennat Macron. La concurrence généralisée a remplacé toute recherche d’égalité et de solidarité. Les services publics sont sciemment privés de moyens financiers et humains afin qu’ils ne soient plus en mesure de remplir leurs fonctions et qu’on puisse les privatiser sans entrainer trop de résistance : France-Télécom, la SNCF, EdF-GdF, la poste y sont passés ; l’hôpital public essaie de maintenir ses vaisseaux à flot dans la tempête de la pandémie : on applaudit les personnels mais on supprime les lits et on impose encore plus de rigueur à sa gestion comptable. Quant à l’école publique, fleuron de notre pays, elle a été consumérisée afin que le privé s’installe : excellence pour les uns, garderie pour les autres.

Autre scandale récent : dans le secteur de l’énergie, si la privatisation des barrages a été reportée, les Français doivent faire face à des augmentations sans précédent ; le prix du carburant a augmenté de 50%, tandis que l’action de Total a doublé en bourse.

Dans ce tableau, si la campagne présidentielle peut avoir une utilité, ce serait en réinstallant au cœur du débat les conditions de la reconstruction de notre pays :

- reconstruction de services publics forts et efficaces : école, santé, 3ème et 4ème âges, énergie, transports… ;

- retour de la retraite à 60 ans, et qu’on cesse d’organiser la « retraite des morts » par la prolongation du temps de travail ;

- amplification de la progressivité de l’impôt et augmentation de l’imposition du capital ;

- retour à la souveraineté populaire en s’affranchissant quand nécessaire de la tutelle européiste ;

- réindustrialisation de la France, relocalisation de nos entreprises et de nos emplois, protectionnisme ;

- augmentation des salaires ;

- retour à une sécurité sociale financée par les cotisations et gérée par les cotisants ;

- refaire de la France une grande République laïque, émancipatrice et garante du droit des femmes à l’égalité et à la liberté ;

- préoccupation environnementale conciliant environnement et développement, rejetant l’écologie punitive qui pénalise les plus défavorisés.

Voilà les sujets sur lesquels Résistance sociale invite ses adhérents et ses lecteurs à interroger les candidats. Il ne s’agit pas seulement du résultat d’une élection. Il s’agit, ensuite, de la reconstruction de la pensée de gauche indispensable à la reconstruction d’un avenir pour notre pays.

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