Journal "REsistance SOciale" n° 85
Septembre 2010
Mis en ligne le 4 octobre 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Solidarité internationale / Réforme des retraites / Avez-vous remarqué ? / Stress-tests et Bâle III / Pétition pour la médecine du travail / Actualités sociales / 8èmes Vendémiaires de RESO / Coup de gueule

Le mot de la présidente :

Pour le luxe, tout va bien, merci. On s’en doutait un peu, les développements de l’affaire Woerth-Bettencourt ayant démontré, s’il en était encore nécessaire, combien la politique menée par ce gouvernement était, et avec quelle impudeur, au service des privilégiés. Le groupe LVMH vient d’annoncer 1 milliard de profits pour le seul 1er semestre 2010. Pendant ce temps, les employés de Continental Midi-Pyrénées sont confrontés à un choix indigne : rogner sur leur salaire ou perdre leur emploi. La direction de Continental a déjà imposé cette alternative en Espagne et à Clairoix où on sait ce qu’il en est advenu 2 ans plus tard : la fermeture de l’usine ! On sait moins qu’en Allemagne, où les salariés ont refusé ce chantage, l’usine existe toujours.

On pourrait croire que règnent le pessimisme, le fatalisme et la non-combativité. Les récentes manifestations des 7 et 23 septembre ont prouvé le contraire ! C’est, à chaque fois, 2,5 à 3 millions de manifestants qui se sont retrouvés dans 220 à 250 cortèges, pour s’opposer à la réforme des retraites.

Malgré l’autisme aveugle de Sarkozy et Fillon, ces manifestants le savent : ils ont déjà gagné.

Gagné dans l’esprit des Français : les « arguments » des ministres ne convainquent plus. Mieux : chacun a compris que le mode de financement des retraites passe par la taxation du capital. Tous réaffirment leur attachement à la retraite par répartition, alors que le but sous-jacent de cette casse était d’offrir un nouveau marché aux assureurs privés.

Gagné dans leur mobilisation et leur mode d’action quand les trois quarts des Français disent soutenir les grèves.

Gagné auprès des politiques. Aucun prétendant – de gauche – au siège présidentiel ne pourrait être élu s’il n’affirmait sa volonté de maintenir la retraite à 60 ans.

Voilà donc 2 ans que nous sommes officiellement entrés dans la crise. Plusieurs fois, on nous a promis que c’était le début de la fin. Pour les banques, ça a l’air d’aller… en tout cas, aussi bien qu’avant. Et c’est décidé, on ne va pas les embêter avec les fonds de réserve ! Si une nouvelle crise financière se produit, l’argent public ne sera-t-il pas à nouveau là ? Quant à la crise économique et sociale, plus ancienne mais qui a subi un coup d’accélérateur, on n’en voit pas le bout du tunnel. Même si M. Wauquiez se vante de voir le chômage diminuer. Le traficotage des chiffres n’a jamais remplacé une véritable politique économique. Non seulement plus de 2,67 millions de personnes sont inscrites à Pôle Emploi, mais 610 000 chômeurs sont dispensés de recherche d’emploi et 1,3 million travaillent à temps partiel. Ne parlons pas de la qualité du travail qui se dégrade et de la précarisation qui s’installe : aujourd’hui, dans le privé, à peine un salarié sur deux est en CDI.

Plus Sarkozy s’enferme dans ses certitudes et son arrogance bling-bling, plus le gouvernement s’obstine dans sa protection des privilégiés, plus la société dans son ensemble, mais les salariés (travailleurs, chômeurs et retraités compris) en premier lieu, les rejettent. Il faudra être à la hauteur d’une démarche et d’un contre-projet alternatifs. C’est ce à quoi nous essaierons d’apporter notre pierre lors de nos prochaines Vendémiaires !

Marinette BACHE