Journal RESO n° 228
Septembre 2023
Mis en ligne le 24 septembre 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (Etats-Unis ; Italie) / p.3 à 6 : Place au débat : La 5ème branche, perte d’autonomie / p.6 : Avez-vous remarqué ? La désindustrialisation continue / p.7 : Actualité sociale : Pétition pour que le budget de la Sécu réponde aux besoins de la population / Les bras m’en tombent : le ministère du Travail forme les employeurs contre l’action de ses agents et les réclamations des salariés / p.8 : Coup de gueule : Faut-il crier haro sur les dépenses publiques ?

L’édito de Marinette Bache

Merci Bernard ! Si, si, merci vraiment.

Bernard Arnault, 1ère fortune du monde selon le magazine économique Forbes, vient de verser, par l’intermédiaire de son entreprise LVMH la somme de 10 millions d’euros aux Restos du Cœur.

Sa fortune étant estimée à 210 milliards d’euros et si on évalue le revenu moyen des Français à 2524 € mensuels (selon l’INSEE, ce chiffre étant très tiré à la hausse par les très hauts revenus), si vous ou moi avions fait un geste d’une même ampleur, nous aurions versé au plus 12 centimes aux Restos du Coeur ! Vraiment merci Bernard !

Eh bien, oui, merci Bernard. Merci Bernard car ce geste, équivalent à 12 cts -qui a fait l’admiration des médias et a été salué par le gouvernement- n’a pas trompé les Français. Ils ne sont pas tombés dans le panneau de cette charité orchestrée. Ils savent que LVMH va récupérer des exonérations fiscales et que donc, ce sont eux qui vont finalement payer cette « générosité ». Les Français prennent conscience que si les Restos du Cœur sont en grande difficulté financière, c’est que le nombre de personnes devant faire appel à eux augmente et que le nombre de ceux qui leur donnaient diminue. Pourquoi ? Parce que la politique économique et sociale, menée par Macron au service de M. Bernard Arnault et de ses amis, les appauvrit de jours en jours.

Monsieur Bernard Arnault, Messieurs et Mesdames Macron, Borne, Le Maire et compagnie, ce n’est pas la charité que réclament les Français, c’est la justice, l’égalité, la solidarité.

La justice. Fiscale en l’occurrence. Il ne s’agit pas de « baisser les impôts », il s’agit qu’ils soient justement répartis. Vous vous en êtes pris à la progressivité de l’impôt sur le revenu, vous avez baissé l’impôt sur le capital. Vous avez supprimé l’impôt sur les grandes fortunes. Monsieur Arnault peut bien nous faire cadeau de ses 12 centimes à lui, ce n’est pas ça la justice. L’égalité. Depuis toujours, en France, elle est assurée par les Services publics qui permettent, à la fois, l’égalité des territoires et l’égalité des personnes. Vous tuez les Services publics en coupant leurs financements. Ecoles, hôpitaux, énergie, protection sociale, transports, environnement, police de proximité, communications, poste, etc, tous permettaient à chacun de nous d’accéder à des services quels que soient notre lieu d’habitat ou notre situation personnelle. C’est l’Etat qui les organisait, pas la charité de dames patronnesses qu’il nous faudrait admirer et remercier. C’était ça la République.

La solidarité. C’est la protection des Français. De ceux qui n’ont pas de fortune personnelle. C’est, bien sûr, la sécurité sociale que vous cassez un peu plus à chaque plan de financement. C’est l’assurance chômage que vous saccagez à coups de décrets. C’est la protection sociale (RSA, allocations diverses pour les plus démunis ou les familles…) que vous décentralisez auprès de collectivités que vous avez privées de moyens financiers. C’est le droit du travail qui ne protège plus face au patronat tout puissant. (...)

Alors oui, merci Bernard ! Avec cette scabreuse affaire de générosité déplacée, les Français viennent de réaliser à nouveau combien ils sont attachés à une solidarité organisée à partir de services publics fonctionnant avec l’argent public justement collecté selon les moyens de chacun (10 millions, 12 centimes…). Et même merci à Macron et à ses sbires, y compris les médias aux ordres, qui ont mis cette histoire à la Une : les Français n’oublieront pas.

Et ils ne risquent pas d’oublier car, malgré l’ampleur de l’opposition à la « réforme » des retraites, non seulement les Macron-Borne et Cie refusent de prendre en compte ce rejet du peuple mais ils exercent une féroce répression syndicale sur ceux qui ont organisé la mobilisation. C’est plus de 400 militants CGT qui sont visés par des poursuites judiciaires. Résistance sociale apporte, entre autres, toute sa solidarité à Sébastien Ménesplier, responsable de la branche Energie de la CGT. La FSU note une hausse des signalements dans la fonction publique et rappelle que c’est le travail syndical que de faire remonter ce qui ne va pas. Solidaires, évoque une répression syndicale à La Poste avec des conseils de disciplines, dans l’Éducation nationale avec des mutations forcées et accuse le gouvernement de vouloir criminaliser l’action syndicale. FO dénonce la répression dont sont l’objet certains militants et rappelle que le gouvernement est minoritaire, rejeté, que personne ne veut de sa réforme des retraites et qu’il passe à l’offensive contre les organisations syndicales.

Les leaders de la CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, FSU, membres de l’intersyndicale, qui a mené la lutte contre la réforme des retraites, se sont réunis le 25 août et appellent à une mobilisation, le 13 octobre. A l’ordre du jour, l’augmentation des salaires, l’égalité hommes-femmes et l’environnement. A cette date, la confédération européenne des syndicats a également prévu une mobilisation. Après des mois de mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats considèrent que « les braises du mouvement social ne sont pas éteintes ». Malgré les obstacles, l’unité syndicale construite pendant ce mouvement persiste et permettra de rééquilibrer le rapport de force avec le gouvernement et le patronat, particulièrement dans le cadre des négociations à venir sur l’assurance chômage et les retraites complémentaires.

Résistance sociale se joint bien sûr à cet appel.

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