Journal "REsistance SOciale" N° 66
Janvier 2009
Mis en ligne le 10 février 2009
Sommaire : Solidarité Internationale/ Au cœur de la crise mondiale, la politique sociale/ Les bras m’en tombent/ Communiqué de Réso/ Changement de statut de la poste/ Privatisation des postes européennes/ Sauvons la statistique publique/ Coup de gueule

Le mot de la Présidente

Madame Lagarde trouve que la période de froid qui a traversé la France n’a pas que de mauvaises conséquences car, si c’est dur pour les plus pauvres, les plus riches peuvent craquer pour un petit manteau lors des soldes. Monsieur Woerth, lui, pense que ceux qui ont manifesté le 29 janvier feraient mieux de retrousser leurs manches. Au-delà de la provocation volontaire ou inconsciente que constituent ces déclarations, faut-il d’autres exemples pour démontrer combien cette droite est coupée du peuple et totalement étrangère à ses préoccupations ?

Pendant ce temps, l’ensemble de la presse a dû reconnaître que 70 % de la population française soutenait la grève interprofessionnelle. D’ailleurs, notons-le, il y a bien longtemps que les organisations syndicales n’avaient pas su montrer un front aussi uni. Il faut dire que c’était pour le moins utile, vu l’ampleur du désastre !
- Les services publics sont toujours en ligne de mire : privatisation de la Poste, « imposée » par l’Union européenne, nous dit-on. Mais quand on veut sauver les banquiers, il me semble bien qu’on se moque des directives ! Hôpitaux publics acculés à la faillite. Institution scolaire remise en cause dans ses programmes comme dans ses moyens, avec l’emblématique suppression de 3 000 postes de RASED,
- Après le vote d’une inapplicable loi DALO, mise en place de la véritable politique gouvernementale en matière de logement grâce à la loi Boutin : diminution des crédits affectés au logement, remise en cause de la loi SRU, complétée du hold-up sur le livret A,
- Attaques répétées contre le travail et les droits des salariés : tentative de banaliser le travail du dimanche, report à 70 ans de l’âge limite pour partir en retraite, généralisation de la précarisation des contrats de travail,
- Baisse ou, au mieux, pour les plus favorisés, stagnation du pouvoir d’achat des salaires et des pensions de retraite,
- Fermetures d’usines, délocalisations, licenciements, au beau prétexte de la « crise », trouvent une nouvelle vigueur afin de satisfaire les ambitions de profit des actionnaires. A la place du plein emploi que nous promettait Sarkozy lors de la présidentielle, c’est une augmentation de plus de 10 % du chômage à laquelle on a assisté en 2008. 1 500 chômeurs de plus ont été recensés chaque jour en décembre. Et 2009 promet d’être encore pire !

Et pendant ce temps, sans pudeur et même avec arrogance, Sarkozy distribue des milliards d’euros, des marchés ou des prébendes à ses amis ! Il a même l’impudeur de dire que l’État n’a pas à entrer au capital des banques (contre 360 millions d’euros) car « ce n’est pas son métier » ! Est-ce le métier de l’État de couler la TV publique au plus grand bénéfice de Martin Bouygues ? Est-ce le métier de l’État de protéger les plus riches par le bouclier fiscal ? Est-ce le métier de l’État de payer, par des réductions d’impôts, les employés à domicile des riches ?

La droite n’a jamais été l’amie de ceux qui vivent de leur travail. Mais, aujourd’hui, le mépris atteint un tel niveau que la réponse des salariés doit être éclatante.

Et la réponse politique doit se construire. En juin, se tiendront les élections européennes et, dans les partis, les grandes manœuvres ont commencé. On le sait, jamais ces élections n’ont influé sur la politique nationale. Et, si, pour une fois, elles servaient à quelque chose ? Plusieurs démarches parallèles cherchent à rassembler sur une même liste celles et ceux qui, à gauche, se sont battus et ont gagné en 2005 contre l’inscription dans le marbre du libéralisme européen.

A Réso, nous regardons avec intérêt ces initiatives. Parmi elles, celle du Front de Gauche nous apparaît comme étant la plus pertinente, la plus intéressante. Pas parce que nous pensons que cela permettra de peser à Strasbourg ou à Bruxelles, où les eurodéputés n’ont aucun poids, mais parce que nous considérons qu’il s’agit d’une première étape dans la reconstruction d’une véritable gauche politique, en France, apte à répondre aux aspirations du mouvement social. L’émergence d’une telle force, diverse dans ses origines, mais unie dans sa volonté de proposer une autre politique économique et sociale pourrait répondre aux intérêts des citoyens, des salariés et non des profiteurs. Ainsi, le peuple qui a voté non le 29 mai trouverait là une perspective d’espoir et une possibilité, à terme, de changement. Marinette BACHE

Documents joints
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