Journal Résistance Sociale n° 158
Avril 2017
Mis en ligne le 28 avril 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité internationale : La réussite de la gauche portugaise au pouvoir / p.3 : Actualité sociale : Appel unitaire pour la Poste / p.4 : Appel pour un premier mai unitaire

L’édito de Marinette Bache :

Jusqu’au bout Résistance Sociale a œuvré pour aboutir non pas à ce que les adversaires de l’unité appellent à un « ralliement », mais à un dialogue qui aurait permis sur la base d’un programme négocié –et facilement négociable si la volonté avait été au rendez-vous– à la présentation d’un « ticket » présenté devant les Français, d’un président et d’un Premier ministre. Mais la volonté n’était pas au rendez-vous, mais d’autres intérêts n’ont pas permis cette démarche.

L’alternative sera donc pour ce second tour de la présidentielle entre, d’un côté, le candidat des banques et du patronat, aux manettes de François Hollande depuis 5 ans et à l’origine de la destruction du système social de notre pays et, de l’autre, la candidate d’extrême-droite. Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon portent la responsabilité de l’absence de la gauche au second tour de la présidentielle.

Le refus de Mélenchon de prendre en compte l’évolution du PS et la révolte des sympathisants socialistes contre le quinquennat de Hollande qui se sont exprimés à travers les « primaires », comme la caricature, faite par les soutiens de Hamon, des propos et du projet alternatif que portait le candidat estampillé FI, cette guerre des egos commencée par Benoit Hamon lorsqu’il pensait « siphonner » d’un côté l’électorat de Macron, de l’autre celui de Mélenchon, cette guerre des egos continuée par Mélenchon lorsqu’il s’est cru voir pousser des ailes qui lui permettraient « d’échapper au corbillard », ces insultes indignes des uns vis-à-vis des autres –comme vis-à-vis de ceux qui menaient le combat unitaire–, cela nous conduit à voir infliger pour 5 ans au peuple français les conséquences de la politique libérale que va mener Macron.

Le combat militant de RESO est compagnon de route du syndicalisme. Alors la vie quotidienne de nos concitoyens ne nous est pas indifférente. Ce n’est pas tant pis pour aujourd’hui et ça ira mieux demain … (quand la vraie gauche tiendra les rênes du pouvoir ? Encore faudrait-il qu’elle se donne les moyens d’y accéder !). Les salariés qui ont du mal à terminer le mois et qui vivront dans la crainte du licenciement, les chômeurs obligés d’accepter n’importe quel sale boulot et dépourvus de couverture sociale, les étudiants qui ne se verront proposer que successions de CDD, les enfants qui ne partent jamais en vacances... n’en peuvent plus d’attendre, eux. (...)

Mais qu’importe ! Hamon fait une déclaration emphatique et coupée des réalités. Mélenchon se lance dans des envolées lyriques hors de propos en parfait décalage avec ce qui se prépare pour ceux qui essaient de vivre de leur travail.

Le premier, chantre de la 2ème gauche, ne s’interroge pas sur un programme hors sol, coupé du peuple et de ses difficultés (on ne gagne pas une campagne sur les « perturbateurs endocriniens » !), sur sa remise en cause de la valeur « travail », sur ce qui apparait comme un « européïsme béat ». Le second se réjouit d’avoir atteint son 1er (son seul ?) but : détruire le PCF, le PS, surtout sans construire rien de solide –FI ne doit comporter aucune structure départementale organisée démocratiquement et capable de porter un débat ; les ordres tombent directement d’en haut. Le prix est d’avoir sacrifié une possible victoire d’une vraie gauche ? Qu’importe !

Dans leur communication post-campagne, le coupable, c’est toujours l’autre. Pour certains, c’est même ce maudit peuple qui ne comprend rien à rien. Bien fait pour lui.

La période électorale se terminera par les législatives. Ce pourrait être une deuxième occasion de savoir s’unir afin de contrecarrer, au moins en partie, les projets de Macron. Il faudrait pour cela que l’appel de Pierre Laurent soit entendu par chacun : socialistes n’envisageant pas de gouverner avec « EM », FI et l’ensemble du PCF, entre autres. L’avenir proche va nous apporter une réponse.

Ça va être dur de, sur le métier, remettre l’ouvrage. Pourtant il le faudra bien. Passée cette période, nous le devons, nous tous qui nous revendiquons de la gauche sincère. Nous devrons nous reparler, échanger, débattre... RESO restera ce lieu d’échange ouvert et respectueux de la diversité de la gauche avec pour seul principe : au cœur, la question sociale.

Laissez-moi citer Jean Debruynne (mais oui !) : « La question n’est pas de savoir qui a raison et qui a tort. La question c’est : Et maintenant, qu’allons-nous faire ? »