Journal REsistance SOciale n° 143
Décembre 2015
Mis en ligne le 23 décembre 2015

Le Conseil d’administration de RESO souhaite à tous les adhérents et abonnés une année de luttes victorieuses pour 2016 !

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Allemagne / Québec) / p.3 & 4 : Place au débat (Sauvons le statut des fonctionnaires) / p.5 à 7 : Place au débat (CQFD : ce Code (du travail) qu’il faut défendre) / p.8 : Coup de gueule (Désintox)

L’édito de Marinette Bache :

Les élections régionales des 6 et 13 décembre ont été, comme on s’y attendait, une sévère sanction pour la gauche.

Résistance Sociale ne jouera jamais les démagogues et ne défendra jamais un positionnement du style « faire perdre en tous lieux, les candidats du Parti socialiste ». Car nous savons que les premiers à souffrir de cette attitude sont les plus défavorisés d’entre nous qui verront les programmes de solidarité, les évolutions des transports en commun, les aides à l’emploi ou à la vie associative disparaitre. Non, une Région gérée par la gauche et une Région gérée par la droite, ce n’est pas la même chose.

Il n’empêche ! Comment s’étonner de ce résultat ? Comment s’étonner que ceux qui, floués de leur volonté de tourner le dos à la politique Sarkozy, avaient voté Hollande et voient mener la même politique, se lassent et désertent le camp de la gauche ?

On a beaucoup parlé, surtout au 1er tour, de la montée du Front national. On ne peut pas ne pas s’inquiéter de constater que 6,8 millions de Français donnent leur voix à ce parti xénophobe, raciste, homophobe, antiféministe, et, on le dit moins, ultra-libéral. Mais qui d’entre nous n’a pas entendu des habitants des quartiers populaires dire « on a essayé la droite, on a essayé la gauche, c’est la même chose ; eh bien essayons le FN ». A ces concitoyens, déboussolés, sans espoir, il est inutile d’opposer la seule morale. C’est politiquement qu’on les reconquerra. En leur offrant une nouvelle espérance.

On a moins parlé de l’abstention. Peut-être parce qu’elle était moins utile à certains politiques qui jouent avec inconséquence sur le rejet du FN ; peut-être aussi parce qu’elle devrait interpeler plus les gauches.

L’abstention est aujourd’hui le 1er parti de notre pays. Quand s’interrogera-t-on vraiment sur les raisons qui poussent plus d’un Français sur deux à déserter les urnes ? A RESO, nous avons quelques idées sur cette question !

Il y a eu, c’est évident, volonté de sanctionner le gouvernement Valls-Macron. Ce gouvernement qui n’a cessé de remettre en cause les acquis sociaux obtenus par les luttes des salariés depuis la Libération : sécurité sociale comme droit du travail sont défaits par des lois plus régressives les unes que les autres et indignes d’un gouvernement élu à gauche.

La politique d’austérité, au prétexte de critères européens, est généralisée. Les services publics sont privatisés ou soumis à des conditions de travail insupportables, comme dans les hôpitaux publics, par exemple.

Parallèlement, les riches sont plus riches, les patrons du CAC40 continuent de toucher des rémunérations indécentes, la finance règne en maitre au détriment de l’emploi.

On pourrait penser que les listes conduites par le Front de gauche profiteraient de cette situation, pour faire une percée électorale –lui qui ne cesse de s’opposer à cette politique ! Cela n’a pas été le cas. Il est nécessaire d’en analyser les raisons. (...)

Le peuple n’a pas identifié le FdG comme une alternative crédible et répondant à ses interrogations, à ses be-soins, à ses espoirs.

Il est temps que les organisations, politiques, syndicales, associatives s’interrogent sur elles-mêmes. Alors qu’elles sont issues du mouvement ouvrier, elles semblent aujourd’hui avoir perdu leur lien vital avec le monde du travail.

Les animateurs de RESO le constatent : l’essentiel des débats portent sur l’état d’urgence (d’ailleurs mal défini) ou la présence –souvent rejetée par les partis de gauche ou « alternatifs » au rebours de la demande de sureté des habitants– de la police dans les quartiers. Il est devenu impossible de porter l’augmentation des salariés comme une proposition basique des forces de gauche. Et pourtant il faut être sacrément coupé des couches populaires pour ne pas connaitre leur exigence de « gagner plus ». Et il est exceptionnel d’entendre parler de nationalisations ou de services publics industriels nationaux. Pourtant, nos concitoyens n’aspirent qu’à voir l’État prendre les moyens, non seulement d’assurer l’égalité des droits, mais d’orienter et d’influer sur l’activité économique génératrice d’emplois et/ou permettant l’accès de tous aux besoins essentiels (eau, énergie, logement par exemple).

Résistance Sociale s’était créée comme lieu de discussion sans barrière d’organisation pour les militants de gauche diversement engagés. Aujourd’hui d’autres partagent ce souci et ces lieux se multiplient. Peut-être est-il temps de passer à la phase suivante : travailler à un projet enraciné dans les couches salariales et connecté aux besoins et attentes populaires réelles. Un projet appuyé sur un programme déclinant des moyens crédibles et identifiables par nos concitoyens.

L’avenir ne peut se résumer à la préparation de l’échéance électorale de 2017. Il y aura une vie après l’élection présidentielle : elle doit passer par la case « reconstruction de la gauche ». C’est le défi auquel Résistance Sociale va s’atteler.