Journal REsistance SOciale n° 98
Novembre 2011
Mis en ligne le 21 novembre 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 à 5 : « Crise », « dette », … Quelles causes, quelles alternatives ? / p6 et 7 : Actualité sociale / p8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Nouveau plan d’austérité en France. L’encre du dernier est à peine sèche que voilà le gouvernement annonçant de nouvelles mesures de rigueur censées permettre à la France de conserver son triple A, en « rassurant les marchés financiers » (sic). Motif : la croissance serait moins forte que prévu en 2012. Alors, on augmente la TVA dans la restauration et pour tous les produits assujettis au taux de 5,5 % y compris le livre et la culture - à part les produits dits de première nécessité, on allonge le nombre de trimestres nécessaires pour partir en retraite pour celles et ceux nés après 1956, on rabote encore une fois les prestations sociales et familiales (pas de revalorisation), on restreint les conditions d’accès au prêt à taux zéro, pour ceux qui voudraient construire, on supprime les aides à l’amélioration écologique des habitations, ... Et on réfléchit à l’instauration d’une nouvelle journée de solidarité, manière déguisée de revenir sur les 35 heures pour ceux qui en bénéficient encore. Mais attention, pas touche aux assujettis à l’impôt sur la fortune ni à ceux qui bénéficieront encore du bouclier fiscal en 2012 ! Faudrait pas mécontenter ce qui reste de la clientèle électorale de Sarkozy, et les amis du Fouquet’s quand même ... Dans le même registre, notons que l’une des mesures du dernier plan – une taxe sur les chambres hôtelières à plus de 200 euros la nuit - a finalement été abandonnée. A propos, on nous avait dit que le Président bling bling avait laissé la place à un autre homme, plus respectueux de sa fonction. Quand on voit le prix de la suite qu’il s’est octroyée pour le G20 de Nice, on peut sérieusement en douter (37 000 euros !).

Et tout ça pour pas grand-chose puisque le G20 n’a servi à rien. Enfin, pas tout à fait : ça a permis à Sarkozy et Merkel de faire capoter le projet de référendum en Grèce et d’obliger Papandréou et Berlusconi à se transformer en bourgeois de Calais, robe de bure et corde au cou. Exit donc Papandréou et Berlusconi, après Socrates au Portugal et quelques autres et sans doute avant Zapatero en Espagne. La différence est que Socrates a été viré à la suite d’une consultation du peuple ! On ne pleurera pas Berlusconi. Quant à Papandréou, ce velléitaire a raté l’occasion de se conduire dignement en allant devant le peuple. Comment qualifier son attitude : leader du parti socialiste européen, il accepte de se retirer sans la moindre consultation du peuple pour laisser la place à un gouvernement où siégera la droite, et l’extrême droite, ce qui n’était pas arrivé depuis la chute des colonels en 1974 ?

Voilà donc Berlusconi et Papandréou remplacés par des technocrates se prenant pour de brillants économistes et ayant comme particularité d’avoir été membres du directoire de la BCE ou de la Commission européenne. Belle victoire des marchés financiers !

Pas sûr pourtant que ces nominations suffisent à ramener le calme, car les plans d’austérité imposés aux peuples européens portent leurs fruits : la récession généralisée en Europe. Résultat : les rentrées fiscales diminuant de même que la richesse produite, les déficits ne vont pas s’améliorer, au contraire ! On le voit en Grèce : malgré ou plutôt à cause des plans d’austérité, la dette est passée de 129 % du PIB en 2009 à 160 % du PIB en 2010 ! L’aveuglement des marchés et des dirigeants européens est sidérant, même d’un point de vue capitaliste ! Ils envoient les peuples dans le mur en répétant partout qu’ils veulent améliorer la croissance, comme le disait il n’y a pas si longtemps le FMI avec sa politique en Argentine. Le peuple argentin, lui, a fini par se révolter et par chasser ces sangsues qui le condamnaient à mourir à petit feu. Espérons qu’il en ira de même en Europe et d’abord en France en 2012.

Mais même si l’alternance devait se produire, nous devrons rester vigilants.

Résistance Sociale soutiendra bien sûr les initiatives qui ne devraient pas manquer de se produire contre cet énième plan gouvernemental, car les élections d’avril/mai 2012 ne seront pas l’alpha et l’oméga de la « sortie de crise ». Ce qui ne nous empêchera pas de travailler à ce que, contrairement à ce qui s’est passé en 2002 et 2007, les questions économiques et sociales soient au centre des débats lors de la prochaine présidentielle.

Marinette Bache