Journal "REsistance Sociale" N°58
Avril 2008
Mis en ligne le avril 2008
Sommaire : Edito/ Solidarité Internationale/ Education nationale : une émotion légitime/ A propos de la réforme de l’hôpital/ Vous avez dit « position commune »/ Coup de gueule

Le mot de la Présidente

Un an après la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, le bilan apparaît bien lourd pour les salariés. Nombre de ceux qui espéraient que la victoire du candidat de l’UMP se traduirait par une augmentation de leur pouvoir d’achat doive aujourd’hui se rendre à l’évidence : c’est le contraire qui s’est produit. Le « tout devient possible » s’est mué en « y a plus d’argent dans les caisses. En réalité, Nicolas Sarkozy ne s’est guère préoccupé du déficit budgétaire lorsqu’il a mis en œuvre son « paquet fiscal » en faveur des plus riches ou décidé de s’octroyer une augmentation de son « salaire » de président de 200%.

On a l’impression qu’à quelques semaines de prendre la présidence du conseil européen, Nicolas Sarkozy veut donner des gages à ses partenaires de l’Europe et à la commission de Bruxelles chez qui le déficit n’est pas en odeur de sainteté. Pour cela, il ponctionne à tout va mais pas n’importe où : sur les familles, les salariés, les services publics …

Nicolas Sarkozy a dû reculer sur la carte famille nombreuse face à l’opposition d’une partie de sa majorité et des associations familiales mais son projet était bien de la supprimer. Sa décision de mettre en place de nouvelles modalités d’augmentation des allocations familiales qui va aboutir à diminuer de 600 euros par an les ressources de nombreuses familles va dans le même sens. Quant à son idée de financier le revenu de solidarité active par une portion sur la prime pour l’emploi, elle aboutit de facto à faire aider les plus pauvres par d’autres pauvres, tandis que les riches, eux, continuent à s’enrichir.

Sarkozy reconnaît, certes, qu’il a commis des erreurs mais cela ne l’empêche pas de continuer sur la même voie qui conduit à réduire le pouvoir d’achat d’une majorité de nos compatriotes en proclamant qu’il faut « travailler plus pour gagner plus ». Cette politique ne peut que nous amener dans le mur alors que la crise mondiale contribue déjà à une augmentation vertigineuse des prix. Résultat : la consommation baisse alors qu’il faudrait au contraire qu’elle augmente pour relancer la croissance. Dès lors, il n’est pas étonnant que la popularité du Président Sarkozy soit en chute libre depuis plusieurs mois dans les sondages. Cela débouchera-t-il sur une nouvelle révolution ? Ce serait amusant que celle-ci intervienne au moment où le Parti Socialiste raye cette forme d’action dans sa déclaration de principes… Plus sérieusement, on peut craindre que de plus en plus de nos compatriotes soient amenés à des attitudes de désespoir. Pour l’éviter et redonner confiance à notre peuple, il serait nécessaire que la gauche soit capable d’offrir une alternative crédible. Le peut-elle ? Le veut-elle ? C’est toute la question.

On s’est réjoui dans ce journal de voir naître différentes initiatives pour la refondation de la gauche. Encore convient-il de se demander si les conditions pour un nouvel Epinay sont aujourd’hui réunies ? Force est de constater que si des adhérents et militants socialistes, communistes, républicains de gauche, ou simplement associatifs peuvent aujourd’hui agir ensemble pour s’opposer à la banalisation du livret A, à la disparition de nos services publics ou à la mise en place des franchises médicales par exemple, ils n’en sont pas encore au stade de la construction d’un véritable projet de gauche. Du côté de la gauche institutionnelle, si les partis sont généralement prêts à s’entendre sur le plan électoral, il n’est pas sûr qu’ils soient encore véritablement prêts à dépasser leur propre structure pour construire autre chose. Quoiqu’il en soit, la construction idéologique nous paraît un préalable à la construction organisationnelle, car c’est la seule qui peut assurer la pérennité d’un projet.

La mise sur pied d’une fédération ou d’une confédération ne va pas de soi même si elle paraît, au stade actuel, une étape indispensable sur le chemin, qui pourrait être long, d’un véritable parti de gauche.

Plus que jamais, il est donc indispensable de faire réfléchir ensemble les militants qui aspirent sincèrement à cette refondation, quelle que soit la structure à laquelle ils appartiennent.

Marinette BACHE

Documents joints
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