Journal REsistance SOciale n° 109
Novembre 2012
Mis en ligne le 13 novembre 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat / p.5 et 6 : Actualité sociale / p.7 : Coup de gueule / p.8 : Programme des 10èmes Vendémiaires

L’édito de Marinette Bache :

Après le TSCG et l’austérité, voici l’alibi de la compétitivité. Il paraît que depuis 10 ans (sous des gouvernements de droite d’ailleurs), nos entreprises auraient perdu en compétitivité et que leurs marges se seraient drastiquement réduites. Sans s’attarder sur l’analyse du rapport Gallois, on ne peut que constater que ces pertes en compétitivité et en marge n’ont pas pénalisé les actionnaires ! Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux gains des actionnaires des entreprises du CAC 40 et aux augmentations indécentes des salaires et des primes de leurs dirigeants.

Mais revenons à la « compétitivité ». Le gouvernement, au prétexte de la restaurer, n’a pas fait preuve d’imagination par rapport à la période précédente. Ponctionner encore un peu plus les salariés à travers l’augmentation de la TVA et pour aggraver davantage la fracture sociale en réduisant encore plus les moyens de l’Etat et des collectivités locales, voilà ce que nous propose Jean-Marc Ayrault. Le Premier Ministre qui était il y a peu présenté comme « pas à la hauteur » par tous les médias, de droite et même prétendument de gauche, passe aujourd’hui pour quelqu’un de raisonnable : il lui a suffi pour cela de céder aux pressions des patrons et de ressortir les vieilles recettes éculées de la baisse, par divers moyens, des « charges patronales », compensée par de nouvelles pressurisations sur le pouvoir d’achat des salaires.

Cette embellie médiatique ne durera sans doute que quelques mois, le temps que le MEDEF se lance dans une nouvelle croisade pour la compétitivité qu’entrave le code du travail par exemple. Alors ? Alors que fera le gouvernement, cette fois ? Car –et heureusement- ce ne sont pas les quelques mesurettes du rapport Gallois, comme la participation des représentants des salariés au conseil d’administration des entreprises ou la mise en valeur des relations sociales dans l’entreprise qui inciteront les syndicats à gérer les plans sociaux et à accepter plus de précarisation des employés.

Dans l’attente, 10 milliards de dépenses publiques en moins, même si ce n’est qu’à partir de 2014, ce n’est pas rien. Et on nous permettra de douter que la politique mise en œuvre permette que la croissance soit suffisamment au rendez-vous en 2013 pour faire rentrer ces dix milliards dans les caisses de l’État. D’autant qu’avec la recherche obstinée d’une réduction à 3 % du déficit d’ici fin 2013, les marges de manœuvre sont déjà bien faibles. Alors ? Alors, combien de fonctionnaires en moins, combien de dépenses sociales rabotées ? (...)

Le pire, c’est qu’il nous faut bien reconnaître que ce scénario nous semblait écrit à l’avance, avant même la parution du rapport Gallois, dont l’auteur était, il n’y a pas si longtemps, considéré par certains comme un « grand patron de gauche ». Depuis des mois, FMI, Commission européenne et consorts pressent la France de faire des « efforts de compétitivité ». Tout comme pour la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, au prétexte d’améliorer le sort des entreprises. Cela sans aucune considération pour les peuples, dont on diminue salaires, retraites et droits sociaux, tandis que l’oligarchie financière s’installe un peu partout aux commandes.

On aurait pu espérer qu’un gouvernement de gauche ne cède pas à ces sirènes-là et n’oublie pas que c’est du peuple qu’il tient son pouvoir. Force est de constater que la peur de déplaire à la Commission européenne ou au FMI est plus forte chez nos gouvernants que la peur d’être rejetés par le peuple. Pourtant, même dans une situation de crise financière – crise du capitalisme serait sans doute plus juste – comme celle que nous traversons, il nous semble que le devoir d’un gouvernement élu pour rompre avec la politique de Sarkozy était de mener une vraie politique de gauche, pour la relance des salaires et de l’emploi, pour l’amélioration des droits sociaux, pour le renforcement et le développement des services publics, comme nous le montre d’ailleurs l’exemple de certains pays d’Amérique latine.

C’est de tout cela que nous aurons l’occasion de débattre à l’occasion de nos prochaines Vendémiaires, le 1er décembre à Paris, auxquelles je vous invite toutes et tous à participer.

Marinette Bache

Documents joints