Journal "REsistance SOciale" N° 63
Octobre 2008
Mis en ligne le octobre 2008
Sommaire:Solidarité Internationale/Sauvons la statistique publique/Changement de statut de la poste/Retraites et crise financière/Rions un peu/Coup de gueule

Le mot de la Présidente

En ce début d’automne, force est de constater que les craintes exprimées dans le bulletin du mois dernier se sont révélées très en dessous de la réalité. La crise financière s’est installée, se généralisant à tout le système mondial et emportant avec elle, non seulement un certain nombre de banques acculées à la faillite, mais tout un pan des dogmes libéraux qu’on nous a servi au cours de ces vingt-cinq dernières années. L’intervention de l’Etat, hier encore vilipendée au nom du marché libre et non faussé, devient tout à coup acceptable, dès lors que ce sont les outils même du libéralisme (et leurs plus fervents défenseurs) qui sont touchés. Les critères de Maastricht n’apparaissent tout d’un coup plus aussi intangibles et l’on note avec effarement que l’Etat, dont paraît-il les caisses étaient vides pour augmenter les salaires et le pouvoir d’achat, trouve le moyen de distribuer à tout va ou presque des milliards d’euros. Ne nous y trompons pas, ce n’est pas de nationalisations qu’il s’agit (aux USA comme en France) mais d’apport de capitaux publics (ceux qui devaient notamment servir à la construction de logements sociaux en France) pour soutenir le système et les profits boursiers. Le libéralisme n’a pas changé : il s’agit toujours pour lui de privatiser les bénéfices et de collectiviser les pertes. Qu’on se rassure donc. Le Président de la République, qui en ces temps de crise trouve le moyen d’être partout, n’a pas bougé d’un iota ses convictions ultra-libérales. Le remède à la crise, c’est toujours plus pour les plus riches et toujours moins pour les salariés, dont on fait sauter un à un les droits sociaux. Malgré la récession qui s’annonce et les plans sociaux qui se préparent dans de nombreux secteurs, à commencer par le bâtiment et l’automobile, la seule réponse du gouvernement c’est de faire travailler les salariés le dimanche et de faciliter les contrats à durée déterminée ! Cela montre, s’il en était besoin, que la lutte des classes n’est pas morte. Les salariés de Renault ou Peugeot, qui enchaînent les périodes de chômage technique, doivent quant à eux méditer les promesses du candidat Sarkozy sur le « travailler plus pour gagner plus » ou les annonces de Madame Lagarde sur l’augmentation des heures supplémentaires…

La bonne nouvelle, si on peut dire, c’est que le discours libéral apparaît de plus en plus décalé par rapport à la réalité vécue par nos compatriotes. Chacun se rend bien compte que les mesures de replâtrage ne suffisent plus et que c’est tout l’édifice économique libéral qui menace de s’écrouler. Encore faut-il que des projets alternatifs voient le jour et soient portés par des hommes et des femmes de conviction. De ce pont de vue, on ne peut que se réjouir de voir émerger au Parti Socialiste, à l’occasion de la préparation de son congrès, notamment autour de son aile gauche, une nouvelle génération de responsables qui veulent en finir avec le social-libéralisme. Même chose du côté du PCF, où une nouvelle génération combative va peut-être succéder à la précédente.

Surtout, comme j’ai eu l’occasion de le dire dans mon intervention à la tribune de la Bourse du travail de Paris, le 22 octobre, lors de la réunion du comité national contre la privatisation de la Poste, cette crise survient à un moment où la convergence d’intérêts entre militants politiques progressistes, syndicalistes et associatifs n’est jamais apparue - depuis bien longtemps en tout cas - aussi évidente.

Allez, osons le dire : sans doute en raison de ce que représente la Poste dans le subconscient de nos compatriotes, la lutte contre sa privatisation apparaît un peu comme le catalyseur de cette unité à laquelle aspire Résistance Sociale depuis sa création. C’est tous ensemble, et non pas chacun de notre côté, syndicalistes, politiques et associatifs, que nous parviendrons à remettre la France sur la voie du progrès social et de l’égalité.

Marinette BACHE

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