Journal REsistance SOciale n° 106
Juillet/Août 2012
Mis en ligne le 13 juillet 2012

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Notes de lecture / Après le sommet européen : M. le Président, ne ratifiez pas le Pacte budgétaire ! / D’où vient la crise grecque, et quelques perspectives / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Ainsi, nous sommes entrés dans la réalité du gouvernement Ayrault.

Pour ce qui concerne la méthode, le changement est patent. Au sommet européen, les 28 et 29 juin, François Hollande a fait référence à la nécessité d’un « retour à la croissance ». Au lancement du sommet social, l’ambiance contrastait avec l’ère Sarkozy. Les dirigeants syndicaux le reconnaissaient. Jean-Claude Mailly (FO) : « Nicolas Sarkozy était clivant, mettait du stress, Hollande apaise ». François Chérèque (CFDT) a retrouvé « une forme de détente qu’on avait perdue ». De plus le Président de la République l’affirme : « Il ne s’agit pas d’un sommet ponctuel ». Il dit même vouloir faire inscrire le rôle du dialogue social dans la constitution.

Très bien. Il ne faut pas regretter que le dialogue se réinstaure dans de bonnes conditions. Avoir tourné la page de l’arrogance et du mépris qui ont régné pendant 5 ans depuis l’Elysée, est un bonheur qui ne se boude pas.

Mais tout ça pour quoi ?

Commençons par la hausse du SMIC. La promesse du candidat François Hollande s’est traduite par une vingtaine d’euros mensuels… au moment où les dépenses obligatoires des ménages (comme les loyers) représentent 45% de leur budget, c’est un peu dérisoire. Quand le gouvernement parle de croissance, il ne peut pas oublier le pouvoir d’achat, c’est-à-dire, non seulement l’augmentation du SMIC mais des salaires. Ou il choisit le camp de ceux qui argumentent sur la nécessité de « maîtriser toute dérive salariale » accusée de nuire à la compétitivité des entreprises. On connaît ce discours malthusianiste et on aimerait être sûr que le ministre du travail, Michel Sapin, ne le partage pas.

Le résultat du sommet européen n’est pas, non plus, satisfaisant. Les décisions prises aboutissent à durcir les budgets de rigueur déjà initiés par Sarkozy en France. Il n’y aura pas de renégociation du « Pacte budgétaire » (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance). Comment, dans ces conditions, prendre des mesures en faveur de la croissance, politique dont se réclame François Hollande ? Il faut que le nouveau Président et son gouvernement choisissent clairement leur politique. Le seul signe fort serait de refuser de ratifier le TSCG (ou au moins d’en référer au peuple par un référendum) : Cf. le communiqué de RÉSO consécutif au sommet. (...)

Notons que même l’engagement de la campagne qui consistait à séparer les banques de dépôt et les activités financières à risque, devrait être soumise à l’accord de la banque centrale de Francfort. Ce que les Français ont démocratiquement décidé par leur vote a donc de bonnes chances d’être censuré par une BCE indépendante des citoyens et à la botte des marchés ! Un gouvernement de gauche ne peut se soumettre à cette pratique.

Revenons, pour conclure, à la mise en place d’un dialogue social institué. Il ne peut y avoir de changement que dans la forme. Bernard Thibault (CGT) soulignait qu’« Il y a urgence sur de nombreux sujets ». Pouvoir d’achat, emplois, réindustrialisation et relocalisation des entreprises, mais aussi droit du travail, protection sociale, retraites (financement par la CSG ou par les revenus du capital ?) et encore redynamisation des services publics et des fonctions publiques (en particulier l’hospitalière qui semble être la grande oubliée du ministère Ayrault) : voilà quelques sujets qui doivent être abordés concrètement et pas au seul niveau des principes !

Résistance Sociale reste interrogative au vu des premières décisions. Mais, comme nous l’avons toujours dit, la vigilance sociale reste la clé du vrai changement.

Alors, bonnes vacances et soyons prêts pour la rentrée !