Journal RESO n° 226
Juin 2023
Mis en ligne le 20 juin 2023

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International (le trafic aérien en Europe ; Berlusconi ascension et disparition d’un leader de la droite extrême) / p.3 à 6 : Place au débat : La loi partage de la valeur / p.6 : Avez-vous remarqué ? On regarde les Français à l’étranger… / p.7 et 8 : Actualité sociale : Feuille de route pour la défense des services publics adoptée à Lure / p.8 : Coup de gueule : La bombe sociale de la crise du logement

L’édito de Marinette Bache

Ainsi donc, après avoir refusé que le peuple français s’exprime sur sa loi retraite, Macron refuse -et la présidente-marionnette de l’Assemblée nationale s’exécute- de soumettre au vote des représentants élus du peuple une initiative parlementaire permise par la constitution. Ainsi donc, alors qu’ils n’ont pas hésité à employer toutes les manipulations offertes par la constitution de la Vème République pour faire passer la remise en cause des retraites (49-3 successifs à l’Assemblée nationale, 44-3 et 47-1 au Sénat), Macron et ses sbires gouvernementaux et parlementaires qui défendent les mêmes intérêts que lui, ceux de la finance mondialisée, refusent de mettre aux voix des députés la proposition du groupe LIOT consistant, non pas à instaurer une avancée révolutionnaire, mais simplement à ramener la retraite à 62 ans. Par décision de la présidente de l’Assemblée nationale prise au lendemain de la 14ème journée de mobilisation contre le funeste projet gouvernemental, les députés n’examineront pas l’amendement d’abrogation de la retraite à 64 ans Alors qu’il sait que plus de 80% du peuple français refuse sa loi, Macron choisit de répondre aux intérêts de ses mandants et de leurs valets de la Commission européenne, en persistant à déconstruire le système social français -ici celui des retraites- issu des grandes réformes d’après-guerre et ceci par, à nouveau, l’emploi d’un subterfuge institutionnel. C’est dangereux pour la vie démocratique de notre pays. « Quand règne le fait du prince, comment continuer à croire au jeu démocratique ? », risquent de se demander de plus en plus de Français. Qu’on ne nous fasse plus jamais le coup de la démocratie contre Le Pen. C’est bien sûr sur ce (non-) choix que comptent les libéraux, mais on arrive au bout de la manipulation et les conséquences peuvent être terribles.

Ce 6 juin dernier, plus de 900 000 manifestants ont encore battu le pavé dans plus de 250 rassemblements pour la 14ème journée de mobilisation contre la retraite-Macron. Certes cela n’a pas empêché le passage en force 2 jours plus tard. Mais l’avertissement envoyé au gouvernement de Macron est clair : les Français refusent de tourner la page et sont toujours aussi nombreux à être opposés à la réforme gouvernementale ; ils soutiennent toujours les mobilisations et cela malgré les répressions et les atteintes au droit de manifester. Les « casserolades » ne sont pas terminées. (...)

Nous ne reviendrons pas sur le caractère éminemment politique de la loi Macron. Cela a été maintes fois prouvé, ne serait-ce que par le COR (Conseil d’orientation des retraites), il n’y a aucune nécessité « comptable » à repousser l’âge de la retraite à 64 ans (en attendant pire !). Il s’agit d’une exigence de la finance mondiale, du FMI, relayé par l’Union européenne, qui veulent s’emparer de ce secteur juteux et le système français est un gros obstacle sur leur chemin. Par parenthèse, les amis du président ne lui sont pas très reconnaissants car l’agence Fitch, l’une des trois principales agences de notation de la finance mondialisée, a dégradé la note financière de la France d’un cran, de AA à AA-. Oui, cette agence a peur du pouvoir de la rue : c’est la raison de cette dégradation. Eh bien, elle a raison : le peuple le lâchera pas. Si Macron, le gouvernement et le Medef persistent dans leur refus d’entendre les salariés et les Français dans leur ensemble, alors la mobilisation n’est pas près de se terminer.

Car des raisons de se mobiliser, il y en a au-delà de la scandaleuse loi-retraite !

- le pouvoir d’achat des retraités a baissé de 7,6 % ils ont perdu l’équivalent de plus de 2 mois de pension (et même 9,4 % et 3,3 mois pour les 30 % qui ont subi la hausse de la CSG) ;

- l’inflation est, officiellement, de 2,8 % sur les 4 premiers mois de l’année de 2023 et s’accélère ;

- les prix des produits de première nécessité et des dépenses incompressibles augmentent bien plus que les 6 % de l’inflation en juin : gaz 80 %, électricité 28 %, pâtes 37 %, légumes frais 33 %, beurre 30 %, fromages 25 %, viandes, poissons et œufs 16,4 %, ... selon la quotation officielle !

- les Français sont de plus en plus pauvres et les retraités sont violemment touchés :

• 13 % ont recours à des associations caritatives, à des magasins de déstockage pour se nourrir,

• 22 % renoncent à des soins et 49 % à des dépenses telles que la culture, les sports et les loisirs,

• 33 % accèdent difficilement aux transports urbains et l’écart se creuse dans les zones rurales

Or, et pour reprendre le leitmotiv, ô combien légitime, des organisations syndicales : « De l’argent, il y en a ! ». Selon les bilans de fin 2022, les entreprises du CAC 40 ont enregistré 73 milliards d’euros de profits au 1ersemestre 2022 (+24 %).

Les luttes continuent, pour le retour à la retraite à 60 ans comme pour les salaires et les pensions (un grand bravo aux ouvrières de Vertbaudet qui ont arraché à leurs patrons une importante revalorisation de tous leurs salaires, la grève paie), comme pour la défense de l’emploi et des services publics. Ces bientôt 5 mois d’unité syndicale sont à saluer et à préserver. C’est notre force ; rien ne doit l’entraver. Continuons le combat !

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