Journal "REsistance SOciale" N° 59
Mai 2008
Mis en ligne le mai 2008
Sommaire:Edito/ Solidarité Internationale/ Regards sur le syndicalisme d’aujourd’hui/ MPEP/ Gauche Avenir/ Les bras m’en tombent !/ Coup de gueule

FAUT-IL MAINTENANT DEMANDER DES RÉFORMES ?

Ce titre a l’air un peu provocateur car, après des années de régression sociale, beaucoup de nos concitoyens attendent des réformes leur apportant un progrès social. C’est ce qu’on constate souvent dans des sondages : les Français sont « pour des réformes ».

Pourtant, à la longue, on peut de demander s’il faut vraiment MAINTENANT demander des réformes ? Car Sarkozy, le MEDEF, l’OCDE, la Commission européenne de Bruxelles, eux aussi, ne cessent de clamer qu’ils veulent des « réformes ».

En conséquence, on ne peut demander des réformes dans l’abstrait sans se demander quelles chances on a de les voir aboutir.

Or, l’expérience montre qu’on en a très peu, pour ne pas dire aucune : c’est Sarkozy qui a la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat, pour encore 4 ans minimum. Donc, lui seul peut faire voter des réformes, SES réformes.

Depuis un an, il y a eu beaucoup de réformes, toutes de régression sociale. Il y eu aussi d’innombrables mouvements sociaux, grèves, journées d’action…Au mieux, leur résultat a été de limiter les dégâts. Aucune réforme gouvernementale positive pour les salariés, jeunes, retraités n’a été mise en oeuvre.

Dans ce contexte, demander telle ou telle réforme aide plutôt Sarkozy et sa majorité ultra-libérale à lancer leur réforme, car cela suggère qu’on partage avec lui le diagnostic que la situation actuelle est intenable. Sarkozy – Fillon tiennent d’ailleurs beaucoup à démarrer par des « constats partagés ».

Ensuite, lorsqu’il y a désaccord, ils ont beau jeu d’expliquer à l’opinion publique que ce sont eux qui ont la légitimité du suffrage universel.
  Lorsqu’on demande à Sarkozy de respecter l’ONDAM (Objectif National d’évolution des Dépenses d’Assurance Maladie), ne peut-on craindre une vague de déremboursements et de nouvelles franchises ?
  Lorsqu’on demande à Sarkozy de respecter le Pacte de stabilité budgétaire, peut-on s’attendre à autre chose que la suppression massive de postes dans les fonctions publiques, les privatisations, le bradage du patrimoine national ?
  Lorsqu’on demande à Sarkozy d’équilibrer les comptes de la Sécurité Sociale, ne peut-on anticiper des fermetures massives d’hôpitaux et de maternités, le report de l’âge légal de départ pour une retraite à taux plein et la diminution du montant des retraites, la remise en cause partielle du remboursement des ALD (Affections de Longue Durée), le bouclier sanitaire, la montée en puissance des assurances privées…remettant en cause les fondements de la Sécurité Sociale ?

Avoir des propositions, élaborer un programme de progrès social est nécessaire. Demander MAINTENANT des réformes, c’est tomber dans le piège tendu par Sarkozy, car c’est lui qui est majoritaire. En ce moment, c’est notre modèle social qui est en train d’être démantelé, donc nous devons être attentifs à la tactique.

Nous avons créé Résistance Sociale suite à la défaite de la gauche aux Présidentielles de 2002. Le nom de notre association n’est pas le fait du hasard : la victoire de Jacques Chirac ouvrait forcément une période de résistance, plus que de conquêtes. Après la victoire de Nicolas Sarkozy, plus que jamais la résistance est nécessaire. Empêcher ses réformes, ça serait déjà pas si mal. Jusqu’à maintenant, elles sont toutes passées. Jean-Claude CHAILLEY Secrétaire Général de Résistance Sociale

Documents joints
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