Journal "REsistance SOciale" n° 88
Décembre 2010
Mis en ligne le 22 décembre 2010

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Conseil européen : rendre impossible l’alternative / 2020 aura-t-il lieu ? / Suite des 8èmes Vendémiaires... / Actualité sociale / Retraites, moi j’ai des propositions !

L’édito de Marinette Bache, présidente de Résistance Sociale :

L’épisode météorologique que nous vivons en cette première moitié de décembre a eu un évident mérite : celui de démontrer la nécessité de services techniques publics et nationaux pour l’entretien de nos routes. Mais voilà ! On les a privatisés (autoroutes) ou « dégraissés » (DDE devenues squelettiques sous forme de services départementaux). Et la rigueur du climat a transformé nos autoroutes et l’Ile-de-France en métropole du Tiers-monde aux heures de pointe.

Autre rigueur : celle des plans adoptés dans toute l’Europe sous la pression des marchés financiers et des agences de notation.

Salaires gelés ou diminués, suppressions massives d’emplois dans les administrations et services publics, augmentation généralisée de l’âge de départ en retraite, rognage des prestations sociales ou, comme en Grande-Bretagne, augmentation vertigineuse des frais d’inscription à l’université, tout y passe. Tout cela par peur de voir les agences de notation dégrader la note d’un pays de A+ en A-, provoquant un renchérissement du montant des intérêts payés pour rembourser les dettes aux banques.

Banques qui, elles, ont largement été aidées voici peu par l’argent public et qui affichent aujourd’hui des bénéfices insolents. Tout cela au nom de la défense de l’euro qu’on nous avait pourtant présenté à sa création comme devant amener la prospérité dans nos pays européens. Huit ans après, les peuples attendent toujours cet élixir de jouvence qui ne profite qu’à une petite minorité, bien représentée, en France, par la famille Bettencourt. Et, comme si ça ne suffisait pas, pour être bien sûrs que cette politique pour les plus riches ne risque pas d’être remise en cause, Commission européenne et gouvernements s’entendent pour imposer un contrôle des budgets nationaux afin de s’assurer que ceux-ci seraient bien inspirés par une politique de restriction budgétaire censée diminuer déficits et dettes.

Politique aveugle qui risque pour un long moment d’asphyxier les pays européens tandis que le Brésil crée plusieurs millions d’emplois ou que la Bolivie annonce une baisse de l’âge de la retraite. Politique injuste aussi qui fait de la valeur humaine la seule variable d’ajustement, comme on le voit en Irlande où les minima sociaux sont diminués alors que l’impôt sur les sociétés n’est pas touché et reste le plus faible d’Europe.

En France, le nouveau gouvernement Fillon ne fait que poursuivre en l’aggravant sa propre politique. Une fois de plus, le SMIC n’est pas revalorisé, alors que Baroin, le ministre du Budget, annonce vouloir étendre les mesures de diminution d’emplois de la fonction publique à toutes les entreprises publiques. Après cela, nul doute que Fillon se plaindra de leur manque de réactivité comme il l’a fait pour Météo France, avec une dose évidente de mauvaise foi.

Face à cette situation, on aimerait que la gauche soit plus pugnace et qu’elle soit capable d’élaborer collectivement un vrai contre-programme capable d’arrêter le rouleau compresseur du libéralisme. Et qu’elle soit vraiment du côté du peuple et pas seulement prête à se servir de lui pour recueillir places et prébendes. Nous ne doutons pas qu’il y ait dans toutes les forces de gauche (partis, syndicats, associations) des militants, des responsables prêts à se lancer dans cette bataille. C’est le sens et la raison de notre appel à la convergence de la résistance sociale.

Bien sûr 2012 se profile à l’horizon mais pour gagner en 2012, la gauche doit d’abord faire la preuve en 2011 qu’elle mérite la victoire et que si victoire il y a, celle-ci aura vraiment un effet positif pour la majorité de notre peuple.

Pour sa part, Résistance Sociale est prête comme elle l’a fait lors de ses 8èmes Vendémiaires, à faire se confronter les points de vue, à agir pour favoriser les convergences. C’est le seul chemin capable de conduire au succès.

Marinette BACHE