Journal REsistance SOciale n° 148
Mai 2016
Mis en ligne le 23 mai 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale (par Emmanuelle RONCIN) / p.7 : Convergences Services Publics / p.8 : Libre parole (par Claude REISS)

L’édito de Marinette BACHE :

Ce mois de mai aurait dû être pour la gauche un mois d’anniversaires et de festivités. 80 ans du Front populaire, 35ème anniversaire de la victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle, 227ème anniversaire de l’ouverture des Etats Généraux qui allait entraîner la Révolution française. Pourtant personne à gauche n’a eu envie de fêter ces anniversaires, pas plus que celui de l’arrivée de François Hollande à la Présidence de la République. Ce mois de mai, qui s’achèvera par les commémorations de la semaine sanglante marquant l’achèvement de la Commune de 1871 et de l’horrible bataille de Verdun de 1916, restera surtout dans la mémoire comme celui où un gouvernement dit de gauche aura osé (un 10 mai !) bâillonner la représentation parlementaire en faisant usage de l’article 49-3 de la constitution sur un texte qui remet en cause plus de 100 ans de luttes sociales et les conquêtes majeures obtenues contre le patronat. Jaurès mais aussi Léon Blum, que le Parti Socialiste a osé célébrer le 1er mai, doivent se retourner dans leurs tombes. Même si, comme le souligne Jean-Claude Chailley dans son article, ce texte est la transposition d’orientations de la Commission européenne, jamais un gouvernement se recommandant de la gauche n’avait osé piétiner à ce point les valeurs dont celle-ci se réclame, allant même jusqu’à contredire ce qu’avait affirmé la motion majoritaire du congrès de Poitiers du PS signée par nombre de ministres dont le premier d’entre eux. Pourtant la lutte continue. Même si la motion de censure a échoué, le texte de loi continue son chemin et sera bientôt discuté au Sénat avant de revenir devant l’Assemblée nationale. Surtout, la mobilisation des salariés et des étudiants et lycéens ne faiblit pas malgré la proximité des examens de fin d’année. Les vacances scolaires étant partout terminées, ainsi que les week-ends prolongés, on peut espérer que les cortèges des manifestations seront plus fournis et démontreront avec force le refus majoritaire des salariés et de la population en général de ce texte d’inspiration libérale.

Bien sûr, on songe à mai 1968 ou à mai 1936 même si le contexte n’est pas le même. Le mouvement social d’aujourd’hui est freiné par le chômage de masse et la peur de ceux qui ont un boulot de le perdre. Et la présence de casseurs lors des manifestations rebute sans doute certains à y participer. A ce propos, on me permettra de souligner mon refus de tout amalgame entre manifestants et casseurs, de même que mon refus de considérer que tous les policiers et gendarmes se rendraient coupables d’actes inqualifiables à l’égard des manifestants. Même si, comme partout ailleurs il y a des brebis galeuses, la police dans son ensemble est républicaine et accomplit correctement sa tâche alors qu’elle est particulièrement sollicitée depuis les attentats du 13 novembre. (...)

Mais au-delà de la situation sociale, on ne peut oublier que dans moins d’un an aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle. A droite, les candidats se bousculent dans la perspective de la primaire et font assaut d’idées plus libérales les unes que les autres. A commencer par Alain Juppé que d’aucuns verraient bien succéder à Hollande malgré son programme digne du XIXème siècle.

A gauche rien n’est encore fait même si la mise en place d’une primaire semble de plus en plus hypothétique. Hollande a lancé sa campagne à travers des initiatives pour le moins étranges et coupées de toutes réalités, et qui, de plus, s’entrechoquent avec le lancement par Macron de son propre mouvement.

Saluons la démarche de l’Appel des 100 qui se présente plus comme une plateforme de réflexion, capable de porter une véritable alternative à gauche et dont l’horizon n’est pas barré par 2017.

Quoi qu’il en soit, le coup de force de Hollande-Valls à travers le 49-3 et la non-réussite de la tentative d’une motion de censure de gauche en première lecture ne facilitent pas le débat autour des candidatures. Ce qui n’empêche pas l’éventuelle pléthore de candidats : c’est le terrible jeu de la Vème et de son exacerbation des égos, certains l’ont annoncé : ils sont déjà candidats… même s’ils ne sont pas garantis d’obtenir les 500 signatures d’élus nécessaires pour se présenter.

Cette course à l’investiture ne doit pas faire oublier que le plus important, c’est le programme et surtout la volonté de le respecter. Nos concitoyens en ont assez de ceux qui se présentent avec de belles promesses et les oublient une fois élus. Ou, pire, n’hésitent pas à faire le contraire de ce qu’ils ont promis durant leur campagne.

En tout état de cause, la présence de Résistance Sociale durant cette campagne consistera à mettre en avant les idées qui sont les nôtres, comme la défense du service public, pour laquelle la Convergence prévoit d’organiser des assises au cours du mois de novembre de cette année.

Plus que jamais les combats des salariés, des syndicalistes et des militants politiques sincères doivent converger autour de la défense des droits des salariés menacés par la droite et la fausse gauche. Quand une minorité s’accapare de toutes les richesses, la majorité doit s’unir pour résister et mettre à bas ces oligarques comme l’ont fait nos prédécesseurs durant la Révolution française. Et défendre les acquis du Mouvement ouvrier et l’héritage du programme du Conseil national de la Résistance.