Journal "REsistance SOciale" n° 74
Octobre 2009
Mis en ligne le 24 octobre 2009
Sommaire : Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Les Rapports Cotis, Stiglitz… et Sarko / Ministère de la Défense : une réforme critiquée / Le système de santé US / Privatisation de La Poste / Coup de gueule

Bientôt la fête des entreprises mais les salariés, eux, ne sont pas à la fête

Une fois n’est pas coutume, on me permettra de commencer cet édito par un triste bilan. Il y a quelques jours, on annonçait le 24ème suicide à France Télécom en un peu plus d’un an. Cela n’a pas empêché la ministre des Finances, Catherine Lagarde, de renouveler son « entière confiance » au PDG, Didier Lombard, qui s’est dernièrement fendu d’un mea culpa : il n’aurait pas bien apprécié l’impact social des restructurations... Seule concession véritable : au-delà de l’épiphénomène du remplacement du numéro 2 de France Télécom par celui qui devrait devenir le prochain numéro 1, la direction de France Télécom a accepté ce qu’elle refusait bec et ongles, il n’y a pas si longtemps : le report, jusqu’à la fin de l’année, des mutations imposées. Comme si ces mesurettes suffisaient à calmer l’angoisse des milliers de salariés de ce qui était il n’y a pas si longtemps un fleuron industriel et un service public français de tout premier plan ! Faudra-t-il attendre le 25ème suicide pour qu’enfin des mesures efficaces soient prises et que le dialogue social soit restauré ? Espérons que non.

Cette situation grave de France Télécom n’est cependant pas isolée. Un peu partout, les mêmes méthodes de pressurisation sont employées avec heureusement moins de dégâts sociaux. Mais le résultat est le même : angoissés par la peur du chômage et des méthodes de management qui s’apparentent parfois à une forme d’esclavage, les salariés se sentent de moins en moins écoutés et reconnus dans leur entreprise. Leur réaction, à l’annonce d’un plan de licenciements par exemple, n’en est que plus vive.

Pour redonner espoir aux Français, on aurait pu attendre du gouvernement qu’il prenne des mesures de justice sociale. Que nenni ! Le gouvernement poursuit sa politique d’aide aux plus privilégiés. Alors que la création de diverses taxes comme la taxe carbone, ajoutée à l’augmentation du forfait hospitalier, à celle du tarif des mutuelles ou encore au déremboursement de nouveaux médicaments va renchérir le coût de la vie d’une majorité de nos compatriotes, il est à nouveau question de supprimer l’ISF ou de modifier le bouclier fiscal ...

Dans ce contexte difficile, on ne peut que se réjouir du succès de la votation citoyenne contre la privatisation de La Poste, qui montre grandeur nature l’attachement de nos compatriotes au service public postal et plus largement à l’ensemble des services publics (voir infra page 7).

Attachement que d’autres partagent : ce n’est pas un hasard si l’une des toutes premières mesures économiques du nouveau gouvernement japonais a été de geler la privatisation de la poste japonaise. Décision que ferait bien de méditer le gouvernement anglais, au plus bas dans les sondages, qui vient pourtant d’annoncer une série de privatisations pour renflouer les caisses...

Plus loin de nous, Obama, lui, poursuit avec courage et volonté son programme de rénovation, en particulier dans le domaine de la santé, avec la volonté de redonner une couverture sociale à des millions d’Américains. Espérons que l’attribution du prix Nobel, qui récompense ses efforts sur la scène internationale, ne gênera pas son action sur la scène intérieure. Mais n’attendons pas d’Obama et des Etats-Unis la solution à tous nos problèmes. C’est d’abord de chez nous que doivent venir les remèdes.

Marinette BACHE

Documents joints
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