Journal "REsistance SOciale" N° 39
Juillet-Août 2006
Mis en ligne le août 2006
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Cuba donne des ailes à l’Amérique latine/ Etre riche aujourd’hui/ Charte sur l’organisation des services publics en milieu rural/ Monsieur, il ne faut pas tomber malade en juillet/août

Le mot de la Présidente

En cette fin d’été, qui a parfois des allures d’automne, à en croire certains, tout irait bien dans le meilleur des mondes. Sarkozy fait, paraîtil, un tabac avec son livre, Chirac et Villepin sont, paraît-il, requinqués grâce à la crise du Liban et à la courbe du chômage qui ne cesserait de baisser, Ségolène Royal continue, paraît-il, d’être la préférée des Français pour la prochaine Présidentielle et d’enregistrer les ralliements, Fabius continue son tour de France où, paraît-il, il parvient à rassembler plus d’auditeurs que ses concurrents socialistes.

Tout ce petit monde bouge, imperturbable, l’oeil plus ou moins rivé sur les sondages, attentif à éviter tout ce qui pourrait nuire à l’obtention du but que chacune et chacun s’est fixé : la présidentielle de 2007.

On chercherait en vain, sur leurs blogs et autres sites Internet, un mot de compassion pour ces millions de Français qui ne peuvent partir en vacances, victimes du chômage et de la précarité, ou simplement faisant partie de ce qu’on appelle les « classes moyennes », gagnant de quoi vivre à peu près correctement toute l’année à condition de se priver de pas mal de choses.

La courbe du chômage diminue à en croire les statistiques mais au prix de combien de chômeurs radiés des livres de l’ANPE simplement parce qu’ils ont travaillé quelques heures dans le mois ?

Comme le souligne avec raison Jean-Paul BLOT, dans les colonnes de ce bulletin (voir pages 4 à 6), la précarité n’a cessé d’augmenter depuis trente ans alors que, dans le même temps, les plus riches n’ont jamais été aussi riches. Cette réalité là, les Villepin, Borloo et compagnie sont impuissants à la masquer. Et leurs fanfaronnades sur le thème « le chômage baisse », tout comme celles de Sarkozy sur celui de « la délinquance qui diminue », n’ont que peu de prises sur ce que pensent réellement les Français, qui n’ont pas besoin d’aller surfer sur le blog de Ségolène pour exprimer leurs désirs d’avenir.

Il suffirait pourtant à nos responsables politiques, au lieu de se prélasser dans leur hamac le temps d’un été, d’être, durant cette période, à l’écoute de ce que pense la France d’en bas, pour comprendre le décalage entre ce qu’ils feignent de croire leur vérité et la réalité. C’est bien parce qu’aucun homme ou femme politique n’a jusqu’à présent eu le courage d’agir sur cette réalité que les Français, à chaque élection, sortent les sortants.

On peut aimer ce petit jeu. On peut aussi, comme c’est notre cas, à Résistance Sociale, vouloir que cela change et qu’enfin nos compatriotes puissent se reconnaître dans une politique économique et sociale faite pour eux et non pour une petite minorité de privilégiés. Rêve, me direz-vous ? Peut-être. Mais n’est ce pas justement ce rêve qui a conduit des millions d’hommes et de femmes à croire au socialisme, cette idée de justice et de progrès social qu’on aimerait voir à nouveau portée par nos élites politiques ?

Au risque d’être traités d’incorrigibles idéalistes, nous sommes de ceux pour qui le combat vers ce que Jaurès nommait la République accomplie, ne constitue pas un combat vain ou inutile. La résistance ne se justifie que par son but ultime : la liberté retrouvée, celle vers laquelle nous voulons amener le peuple, non pas en le précédant, auto-investis d’une mission suprême, mais en faisant corps avec lui, en ayant l’humilité d’être à son écoute et de ne pas le prendre pour un ramassis de veaux, comme le faisait De Gaulle. Marinette BACHE

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