Journal REsistance SOciale n° 102
Mars 2012
Mis en ligne le 25 mars 2012

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Actualité littéraire et sociale / p.3 à 6 : Place au débat : Le triptyque Pacte pour l’euro plus, MES, TSCG / p.7 : Solidarité internationale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Soufflons, soufflons pour que le vent devienne tempête !

Il souffle, il faut bien le reconnaître, un agréable petit vent frais sur la France, ces derniers temps.

Ce n’est évidemment pas étranger à l’espoir qui s’est levé, puis installé, de voir les prochaines élections présidentielles chasser Sarkozy, lequel a de fortes chances de rester dans la future mémoire collective comme le Président de la 5ème République le plus détesté à la fin de son mandat.

Alors qu’il avait été élu –contre notre appréciation- pour être le Président du pouvoir d’achat, de l’effort justement récompensé (« travailler plus pour gagner plus »), de la remise au goût du jour de l’égalité républicaine, de la réappropriation de la mémoire nationale (de Jaurès à Guy Môquet), Nicolas Sarkozy aura été ébloui par le bling-bling, l’homme de la Finance mondialisée, à la solde des puissants, porte-parole des riches, adepte de la droite décomplexée.

On en finirait plus d’épingler son bilan de mandature. Mais essayons quand même de remémorer quelques mesures emblématiques.

- En matière fiscale, instrument de justice s’il en est et si l’on veut s’en servir, Sarkozy a fait fort : instauration du bouclier fiscal, baisse de l’ISF mais imposition des indemnités pour accident de travail, élévation des taux de TVA et généralisation des taxes, impôts injustes par essence ; et on a échappé de peu à la suppression de la ½ part et à la déduction d’impôts pour pertes boursières !

- En matière de salaires et de pouvoir d’achat : généralisation des hausses (en particulier de l’énergie, mais aussi des transports ou des produits de consommation courante), refus réitérés d’augmenter le point d’indice dans la fonction publique, les salaires et même le SMIC dans le privé, ¼ des 25 millions de salariés en dessous de 9 000 € annuels mais maintien des retraites dorées, des stocks-options et des bonus pour les grands patrons. (...)


- En matière d’emplois : 500 à 1 000 chômeurs de plus par jour, augmentation de 25 % du chômage pour la seule année 2009, suppression de 35 000 fonctionnaires pour la seule année 2010, accélération des délocalisations et multiplication des plans « sociaux » –alors que le candidat Sarkozy prétend sans pudeur, mais sans tromper leurs salariés, intervenir pour sauver ici et là quelques entreprises- explosion de l’emploi précaire, généralisation de la RGPP…

- En matière de conditions de travail : casse du Code du travail, extension du travail du dimanche jusqu’à remettre en cause la loi de… 1907 ( !), augmentation inquiétante du nombre de suicides en entreprise.

- En matière de services publics, privatisation et dérégulation : EdF, SNCF, Poste,… Santé publique vendue à l’encan : hôpitaux soumis à la vision comptable de la loi Bachelot, fermetures de services, augmentation du forfait hospitalier, franchises médicales, déremboursement de médicaments, taxation des Mutuelles… Bref l’accès aux soins est aujourd’hui moins bon qu’il y a 50 ans et entre 20 et 25% des Français en sont exclus.

- La réforme des retraites fait porter tout l’effort sur les salariés tandis que la crise financière de 2008 voit l’argent public voler au secours des banques… sans aucune compensation et au détriment de l’apport de capitaux public pour la politique du logement.

- L’école publique est en but à une RGPP qui lui fait perdre des dizaines de milliers d’emplois et supprime les RASED tandis que la loi Carle oblige les communes à prendre en compte des dépenses de l’école privée.

Tout cela dans un mépris affiché du peuple présenté comme naturellement magouilleur alors que le rapport parlementaire souligne que si la fraude sociale s’élève à 20 milliards €, c’est pour 16 milliards dû aux entreprises ! Tout cela dans un climat délétère de démêlés fiscaux et judiciaires dont le point culminant a été l’affaire Woerth-Bettencourt. Tout cela dans l’arrogance des nantis face au désespoir des pauvres, à la généralisation de la misère et de l’insécurité sociale.

On comprend l’aspiration au changement. On comprend que le but premier de cette élection soit de virer le sortant. Il n’empêche : le peuple français semble manifester clairement–que ce soit hier lors des « primaires socialistes » ou aujourd’hui à l’occasion de ces « primaires à gauche » que constitue le 1er tour de la Présidentielle- qu’il veut plus et mieux que cela : qu’il veut une nouvelle répartition des richesses et que ceux qui seront élus ne le trahissent pas.

Et ils ont raison car le danger n’est pas à écarter. Le libéralisme possède encore, au travers de la construction européenne, un outil efficace. J’en veux pour preuve les deux dernières propositions de directives qui viennent d’être publiées par la commission de Bruxelles. La première permettrait de réactiver la directive Bolkenstein ; la deuxième restreint le droit de grève.

Les dirigeants de gauche élus en mai et juin 2012 devront savoir être offensifs face à cet antre du libéralisme. Pour leur donner du courage, rien de mieux que la mobilisation populaire !