Journal REsistance SOciale n° 121
Décembre 2013
Mis en ligne le 19 décembre 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : Hommage à Nelson Mandela / p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (À propos des rythmes scolaires – Augmenter les salaires et les retraites, c’est possible ! C’est le capital qui coûte cher ! – Salaires : 20 050 euros en moyenne avec de fortes disparités) / p.7 : Actualité sociale (La fin des élections prud’homales ?) / p.8 : Coup de gueule (Quand les députés européens se transforment en missi dominici du pape)

L’édito de Marinette Bache :

Le Président de la République et le gouvernement étonnent tous les jours par ce qui semble être soit un manque de conviction soit un manque de courage.

François Hollande, faisant fi des intérêts des Français, suit aveuglément les décisions européennes pour le plus grand plaisir d’Angela Merkel qui, elle, n’ignore pas les intérêts du patronat allemand !

Ainsi, il poursuit sa « chasse au déficit », ce qui conduit le gouvernement à s’en prendre aux services publics, à l’image de ses prédécesseurs de droite, alors même que la crise économique qui se prolonge rendrait leur action encore plus nécessaire. Ainsi l’augmentation de la TVA, impôt injuste et inégalitaire, qui semble faire pendant au crédit d’impôt compétitivité/emploi (CICE), largement accordé aux entreprises, alors même qu’elles ne sont pas exposées à la concurrence internationale, le prétexte invoqué. C’est, toutes aides confondues, 65 milliards accordés aux entreprises, le budget du ministère de l’Education nationale !

Pendant ce temps, et sans qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise pour l’entraver, ce sont 60 milliards d’évasion fiscale qui grèvent le budget de l’État. Bien évidemment, les aides aux entreprises, de l’argent public à 90 %, n’ont pas le moindre effet sur l’emploi.

Dans ce contexte, et alors que des milliers de salariés et retraités se voient assujettis à l’impôt malgré leurs faibles ressources, les manifestations du 1er décembre à l’appel, essentiellement, du Front de Gauche prennent toute leur sens. Il n’est besoin de se fourvoyer dans la dispute sur le nombre de participants : ce serait ignorer le rejet massif dont ce gouvernement fait l’objet, même si la confiance que les Français avaient placé en lui en juin 2012 était bien relative !

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dans le droit fil des promesses du candidat Hollande, a annoncé un « big bang » fiscal. Celui-ci semble bien mal parti : plus pressé d’écouter les patrons et ceux qui détiennent une part non négligeable de la richesse nationale que les salariés au SMIC, et semblant ignorer que, dans leur très grande majorité, les Français ne rejettent pas l’impôt mais demandent seulement qu’il soit justement réparti, François Hollande freine des quatre fers. (...)

Résultat : une fois de plus, l’augmentation du SMIC sera minimale début janvier alors même que les patrons du CAC 40 et leurs actionnaires voient leurs salaires et bénéfices augmenter de façon indécente. Il s’en est fallu de peu qu’un ex-patron parte avec une retraite chapeau mirobolante au moment où sa société doit faire face à des résultats en baisse. Ce fossé qui s’élargit sous un gouvernement « de gauche » crée une situation de plus en plus insupportable. Nul doute qu’on en verra les conséquences lors des prochaines consultations électorales : municipales et plus encore européennes. Et ce n’est pas avec la remise en cause du droit au repos le dimanche, que propose Jean-Paul Bailly, que la confiance des citoyens dans leurs gouvernants va s’en trouver améliorée !

Cette défiance générale fait, bien sûr, le jeu, avec l’aide pas si innocente que ça de la droite, du Front national. Il serait temps, pour contenir cette dérive, de retrouver les valeurs de la gauche, de réinjecter du pouvoir d’achat pour tous et principalement pour les salaires, de revivifier le droit du travail.

Car le droit du travail doit être là pour protéger les salariés, non pour faciliter l’action des employeurs, en matière de licenciements notamment. N’en déplaise à ses contempteurs, le principal effet de l’ANI et de la loi qui l’a transposé, c’est une augmentation conséquente des plans sociaux qui ne disent pas leur nom.

Malgré les présentations angéliques, la courbe du chômage ne s’inverse pas, elle continue d’augmenter et le nombre de personnes sans aucune couverture sociale fait de même. Et les rustines, comme les emplois d’avenir ou les contrats de génération, ont un bilan bien maigre. Et il n’est pas dit que l’accord sur la formation professionnelle se révélera aussi positif que ne l’annoncent certains syndicats. Plus que jamais, l’Inspection du travail devrait être valorisée et protégée. Or, le projet Sapin dénoncé par les inspecteurs du travail risque fort de conduire à l’affaiblissement de cet outil.

Comme on le voit, cette année 2013 ne se termine pas sous les meilleurs auspices. Notre mobilisation sera bien nécessaire pour qu’il en aille différemment de l’année qui vient. En attendant, je vous souhaite à toutes et tous de bonnes fêtes de fin d’année.