Journal "REsistance SOciale" n° 79
SPECIAL SERVICES PUBLICS
Mis en ligne le 7 avril 2010

Le mot de la présidente

Défendre et élargir le service public. A entendre les adeptes de la « concurrence libre et non faussée », ce serait démodé, passéiste. Et pourtant, dans une France et une Europe marquées par les ravages de la mondialisation libérale, alors que le nombre de chômeurs et de personnes en situation précaire ne cesse d’augmenter, comment ne pas voir que l’intervention publique est de plus en plus nécessaire ? Comment ignorer les conséquences sociales de la baisse constante des moyens des collectivités publiques (Etat, collectivités territoriales), notamment par la baisse des impôts des sociétés et des plus riches ?

En 2010, le capitalisme et la « libre concurrence » restent l’idéologie dominante en Europe.

Conséquences, en France : les derniers services publics nationaux comme La Poste et la SNCF sont livrés à la concurrence, La Poste devenant même société anonyme alors qu’elle était encore administration d’Etat, il y a seulement 20 ans. La sécurité sociale voit son champ d’action se rétrécir au profit, surtout, des compagnies d’assurance, lesquelles ont toutes été privatisées. La gestion de l’hôpital public est livrée aux seuls critères comptables pour le plus grand profit des cliniques privées. L’éducation nationale est affaiblie alors que de nouveaux moyens sont accordés aux écoles privées, religieuses ou commerciales. Et Fillon annonce pour les prochaines années le quasi-gel des investissements publics et la poursuite de la réduction des effectifs.

En Europe, les plans grec, portugais, espagnol ou roumain nous le montrent : c’est en priorité contre les fonctionnaires, contre les services publics que les libéraux européens s’attaquent pour soi-disant donner une réponse à la spéculation financière. Pour prix de l’aide que le FMI et l’UE leur apportent, la Grèce ou la Roumanie sont invitées à diminuer les salaires des fonctionnaires, à opérer des coupes sombres dans les investissements publics, à faire baisser les retraites du public comme du privé. Par crainte des spéculateurs, les gouvernements portugais et espagnol s’engagent sur la même voie.

Etre pour ou contre les services publics. C’est à une véritable bataille idéologique à laquelle nous sommes confrontés et que nous devons gagner si nous voulons remettre notre pays et l’Europe sur la voie du progrès social.

Pour Résistance Sociale, la lutte pour la défense et le développement des services publics est une mission essentielle dans le prolongement de l’œuvre du Conseil National de la Résistance, mise à mal depuis plus de 20 ans et plus encore depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.

C’est le sens de notre participation aux travaux préparatoires aux Etats Généraux pour le Service Public qui doivent se tenir à la fin de cette année 2010.

Marinette BACHE