Journal "REsistance SOciale" N° 64
Novembre 2008
Mis en ligne le 20 novembre 2008
Sommaire : Solidarité Internationale/ Spécial santé/ Sauvons les 20 % de logements sociaux/ Ensemble sauvons les services publics/ Communiqué de l’intersyndicale de la statistique publique/ Coup de gueule

Le mot de la Présidente

Alors que la crise financière se mue inexorablement en France, comme dans le reste du monde, en une crise économique et sociale de grande ampleur, ce mois de novembre restera marqué par l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis. Les citoyens américains attendent beaucoup du président élu et espèrent qu’il parviendra à résoudre leurs problèmes : la crise économique bien sûr et le chômage qui l’accompagne, mais aussi les problèmes de santé et de couverture sociale, sans oublier la question des retraites. Le monde espère de son côté qu’il aura une vision moins unilatérale des choses et moins belliqueuse que son prédécesseur. Rappelons, toutefois, que Barack Obama est un libéral, même si on peut espérer qu’il s’inspirera plus de Roosevelt que de Reagan. Ce mois de novembre aura aussi été marqué par l’incroyable scénario du congrès socialiste de Reims qui n’aura trouvé un aboutissement dans la douleur que quinze jours plus tard avec l’élection d’une équipe renouvelée et la trame d’un projet qui reste encore largement à écrire. Pourtant, on a le sentiment que ce congrès a accouché non pas d’un, mais de trois PS, avec une majorité autour d’Aubry, Hamon, Bartolone, Cambadélis, une minorité autour de Royal qui s’appuie aussi sur son association, Désirs d’avenir, et enfin le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez, dont on saluera le courage. L’histoire montre, en effet, la difficulté de créer un nouveau parti en France, principalement à gauche. Les prochaines élections européennes de juin 2009 permettront de voir si ce pari d’un renouveau hors du PS peut réussir. Et si la création de ce parti permet à ceux de l’aile gauche du PS qui ont fait le choix d’y rester de mieux se faire entendre et de peser davantage. On n’oubliera pas le PCF, dont la préparation du congrès a aussi donné lieu à de vifs débats internes, quoique moins médiatisés. Cette ébullition, encore renforcée par la création à l’extrême gauche du NPA, peut donner le sentiment d’un éclatement de la gauche et de son affaiblissement à un moment où la crise sociale lui donne une opportunité accrue pour se faire entendre et alors que, de son côté, le gouvernement continue sur sa lancée libérale à rogner les droits des salariés. Si l’amendement Marini visant à permettre la déduction des pertes boursières du montant des impôts a heureusement été retiré, d’autres projets comme la retraite à 70 ans ou l’extension du travail le dimanche sont bel et bien toujours d’actualité, tout comme le changement de statut de la Poste et sa privatisation, même si, dans un premier temps, l’entrée de capitaux privés ne serait pas retenue. Cet éclatement apparent de la gauche pourrait donc la fragiliser. Mais c’est peut-être aussi la condition nécessaire à sa réunification future en permettant de mieux clarifier les projets et de faciliter les rapprochements entre celles et ceux qui, à quelques nuances près, pensent globalement la même chose. Enfin, on n’oubliera pas, côté syndical, les élections prud’homales dont on soulignera d’abord le fort taux d’abstention. Cette élection apparaît aussi marquée par une hausse en pourcentage de la CGT, de la CGC, de l’UNSA et de Solidaires et un recul de la CFDT, de FO et de la CFTC. On se gardera bien cependant de faire à chaud une analyse plus fine, tant les explications à ces résultats paraissent multiples. Un dernier point pour souligner que la campagne pour ces élections n’a pas empêché une majorité des syndicats de La Poste de travailler et de manifester ensemble le 22 novembre, pas plus qu’elle n’a été un frein à d’autres intersyndicales comme celle autour de la statistique publique. C’est peut-être le signe que l’action unitaire apparaît davantage nécessaire qu’hier. Cela peut laisser espérer une meilleure capacité de résistance face à la crise économique et sociale en 2009.

Marinette BACHE

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