Journal RESO n° 208
Novembre 2021
Mis en ligne le 28 novembre 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : lnternational : élections au Vénézuéla / p.3 à 5 : Place au débat : Urgence environnementale et démocratique sur l’énergie / p.6 : Actualité sociale : Présidentielle et manipulations / p.7 et 8 : Coup de gueule : Le point sur la fiche de paie

L’édito de Marinette Bache

Sous prétexte de nous parler de la « 5ème vague » de la pandémie de Covid, Macron nous a, à nouveau, infligé une longue prestation sous la forme de leçon donnée aux enfants pas sages que nous sommes. L’essentiel, bien sûr, n’était pas dans les mesures sanitaires mais bien dans les annonces socio-économiques qui seront mises en œuvre dans un avenir proche mais également à moyen terme ; horizon élection présidentielle.

A propos d’élection, il ne vous a pas échappé, n’est-ce-pas, que Macron n’est toujours pas candidat, que c’est donc le président qui s’exprime. Il en profite, certes, pour faire sa campagne, mais sans émarger au temps de parole ni au compte financier… puisqu’il n’est pas candidat. Malin. Pas très fair-play mais malin.

Qu’a donc dit le candidat de la droite ultra-libérale, pardon, le président ? Oh, rien de neuf : il a seulement de la suite dans les idées ! D’abord il faut que le Français se remettent au travail. Vous vous étiez aperçu, vous, qu’ils glandaient -et qu’ils aimaient ça ? Heureusement qu’on a un candidat -euh un président- qui veille ! Bon, les organismes internationaux disent le contraire mais tant pis (et Alternatives économiques rappelaient dans un dossier fouillé que seules 5% des offres d’emploi n’étaient pas pourvues faute de candidats tandis que les études européennes rappellent régulièrement que les travailleurs français sont parmi les plus productifs), quand le président parle… il parle et, hélas, même certains salariés le croient. Et Macron d’envisager de couper les allocations chômage à tous ces paresseux. Qu’est-ce qu’ils attendent pour traverser la rue et devenir riches ? X. Bertrand et la droite classique lui emboitent le pas : « Je veux que le net de la fiche de paie se rapproche le plus possible du brut » ; on traduit : « je veux supprimer la sécurité sociale, assurance-maladie, assurance-chômage et retraite ». Oui, aussi la retraite qui reste une des « réformes » -comprendre « casses »- prioritaires du président-pas-encore-candidat.

Et puis il est satisfait de lui et de son bilan. Par exemple, et comme on a pu le constater, tout va bien dans les hôpitaux. Non ? Ah bon ? Manque de personnels médicaux et soignants, manque de lits. Comment s’en étonner après les suppressions de postes hospitaliers du quinquennat succédant à celles des mandats précédents… S’il y a une vraie 5ème vague on a de quoi être inquiet avec des personnels épuisés et qui ont eu pour toute compensation des applaudissements et, aumône indigne, 100€ ! Je n’évoque pas les EHPAD ; certes nos anciens ont prioritairement droit à la 3ème dose, mais pour des soins dignes, ils repasseront dans des établissements où il manque près de 100000 emplois !

Macron, lui, est satisfait. Foin de cette crise, pas seulement sanitaire mais également économique et sociale, qui s’abat sur notre pays ! Foin du chômage qui augmente, des emplois qui se précarisent, du prix de l’énergie qui explose : +50% pour le fioul qui est encore le combustible des campagnes et bientôt l’essence à 2€ nécessaire pour beaucoup aller au boulot. Tout-va-mieux qu’il dit le pas-encore-candidat. (...)

Pas encore candidat mais superbe président sortant des riches !

Car les riches seront encore plus riches à la sorte de cette crise. Selon l’INSEE, déjà en 2018, les réformes de la fiscalité du capital avaient rapporté 1.400 euros en moyenne aux 5% des ménages les plus aisés. La récente étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) montre qu’aujourd’hui les dernières mesures Macron ont d’abord profité aux Français très aisés : plus d’un tiers de ces 21 milliards d’euros de ristournes finissent dans les poches des 10 % les plus aisés et les 1 % de super riches s’en adjugent plus de la moitié, 4,2 milliards, tandis que les 10% plus pauvres auront droit à… 4€. Les revenus de ces 1 % plus riches ont augmenté de 2,8% et même de 4% pour les 65 000 ultra-riches. Tous peuvent remercier leur président des réformes fiscales du quinquennat : celle de l’impôt sur la fortune (ISF), qui l’a réduit aux seuls biens immobiliers en excluant les placements financiers, et la création du prélèvement forfaitaire unique (PFU), qui a diminué les prélèvements sur les revenus du capital (loyers, dividendes…).

A part ça, on « cherche » de l’argent pour financer les prestations sociales ou les services publics, facteurs essentiels d’égalité citoyenne et territoriale.

Depuis plus de 30 ans, les gouvernements français ont tourné le dos à ce qui faisait notre pays : son souci d’égalité. Ceux se réclamant de gauche ont été lâches et ceux de droite ont oublié le sens de l’Etat. Mais aucun n’avait atteint ce niveau d’indignité qui caractérise l’ultra-libéralisme de Macron et des financiers au service desquels il sévit. Une seule question se pose : combien de temps les Français vont-ils supporter cela avant de sonner la révolte ?

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