Journal REsistance SOciale n° 99
Décembre 2011
Mis en ligne le 8 décembre 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 à 5 : Éducation : Sarkozy tue l’école et sacrifie la jeunesse / p6 : Goldman Sachs : les fous ont pris le contrôle de l’asile / p7 : Actualité sociale / p8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Donc les salariés français vont être soumis à une énième crise d’austérité. Nouvelles attaques contre la Sécurité sociale alors que 20 % des Français renoncent à des soins pour des questions financières. Journée de carence pour les arrêts maladie. Accélération de la réforme des retraites, pourtant rejetée par 70 % de la population. Hausse de la TVA, taxe des plus injustes. Baisse des aides sociales (prestations familiales, allocation de rentré scolaire et aide au logement lorsqu’on sait les difficultés des ménages modestes et des familles monoparentales à payer des loyers qui se sont envolés ces dernières années).

Quant aux « riches », entreprises et financiers, comme à l’habitude on ne leur demandera pas un gros effort. Les entreprises et les hauts revenus paieront 1,9 milliard d’euros tandis que les salaires allongeront près de 80 % de ce dernier « plan de rigueur », soit 7,7 milliards d’euros. Cela dans la droite ligne de la politique suivie par les gouvernements Sarkozy-Fillon qui ont, avec une belle constance, baissé les impôts des tranches supérieures et du capital (atteinte à la progressivité de l’impôt, cadeaux fiscaux, baisse de l’ISF, bouclier fiscal …), privant ainsi l’État de recettes nécessaires au financement de dépenses sociales ou de postes dans les services et la fonction publics dont il faut rappeler qu’ils sont le bouclier social qui préserve encore un tant soit peu le peuple français de ne pas subir la crise comme ses voisins européens.

Ce qu’il y a de plus inadmissible encore dans ce nouveau tour de ceinture, c’est avec quel mépris du peuple il est annoncé. Les salariés seraient responsables de la crise : ils vivent au-dessus de leurs moyens et s’accrochent à leurs privilèges ! Eh bien non, les Français ne sont pas responsables de la dette publique, ni du déficit budgétaire (qui a plus que doublé sous la présidence Sarkozy). Et les intérêts de la dette (10 % des dépenses publiques !) sont une manne magnifique pour les banques. Et oui, les Français veulent préserver la société qu’ils ont construite de leur argent et de leurs sacrifices depuis l’application du programme du C.N.R.

Pire, les salariés seraient tous des fraudeurs en puissance qu’il faudrait sévèrement encadrer. Cette affirmation est scandaleuse et tout à fait révélatrice du mépris dans lequel cette bourgeoisie traite le peuple. Regardons simplement le rapport parlementaire sur la fraude sociale : sur les 20 milliards d’euros, 16 viennent des entreprises. Sarkozy n’évoque que les 4 restants. 63 % des entreprises contrôlées par l’URSSAF ont dû payer des redressements. La droite évoque des tracasseries administratives, pas un vol ! Les accidents du travail et les maladies professionnelles non déclarés par les employeurs coûtent 1 milliard à la Sécu. Mais Fillon préfère ajouter une journée de carence. Quant au travail au noir, il génère un manque à gagner estimé entre 9 et 15 milliards. Mais on supprime des inspecteurs du travail.

Ce mépris du peuple s’affiche tout autant au niveau européen. Pour Sarkozy comme pour Merkel, l’éventualité de demander l’avis des grecs par référendum était une hérésie, un obstacle vers leur marche en avant vers le gouffre. Pas question ! Ce n’est plus le style d’Europe qui est en cause aujourd’hui : c’est tout simplement la démocratie. Ce qu’avaient mis en avant les défenseurs du « non » en 2005 apparaît en pleine clarté. On ne construit pas l’avenir des peuples sans eux. Ou on le construit contre eux. Mais la technocratie européiste, au service de la finance, s’obstine à penser à leur place. Et elle s’organise pour cela : il n’est que de voir comment Goldman Sachs a investi tous les centres de décisions de l’Union européenne : de Mario Monti à Lucas Papademos, et plus (Cf. « Les fous ont pris le contrôle de l’asile », p. 6).

Pour lutter contre cette « internationale de la finance », il ne faudra pas compter que sur le courage (restant à prouver) des candidats à la présidentielle. Mais plutôt sur la mobilisation des peuples, en grève générale au Portugal, dans la fonction publique en Grande-Bretagne ou dans les services publics en Italie. Des convergences restent à trouver en France. Résistance Sociale s’y emploiera.