Journal "REsistance SOciale" n° 93 - Mai 2011
Mis en ligne le 16 mai 2011

Au sommaire ce mois-ci :

L’édito / Solidarité internationale / Rassemblement du 2 avril / La pédagogie par compétences / Programme des 9èmes Vendémiaires / Actualité sociale / Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Ainsi donc la nouvelle arnaque est en place : la prime annuelle de 1000 €. Depuis son annonce par Nicolas Sarkozy dans les Ardennes, on a appris d’abord qu’elle ne serait pas de 1000 € et ensuite qu’elle ne concernerait qu’une infime minorité de salariés… La réalité est plus simple encore. Un : une prime annuelle de 1000 €, ça n’a pas grand’ chose à voir avec les stocks options ; deux : une prime, ça n’a jamais valu une augmentation salariale pérenne, ça n’a jamais rien rapporté en matière de retraite et de droits sociaux. Sarkozy et le MEDEF le savent bien. Les salariés commencent à le comprendre et, malgré la machinerie médiatique aux ordres, le trucage a fait flop.

Dans le privé, ne parlons pas des négociations salariales 2011 ! Sarkozy se vante d’ailleurs d’avoir toujours refusé de donner un « coup de pouce » au SMIC. 1365 € mensuels, c’est le taux du SMIC aujourd’hui. Quant on sait qu’en France, le salaire médian est de 1500 € et que, je le rappelle, 6,25 millions de personnes gagnent moins de 750 € par mois, soit 73 % du SMIC, on se dit qu’un coup de pouce au salaire minimum ne serait pas de trop et participerait grandement d’une reprise de la consommation et de l’activité économique. Et à meilleur escient que l’augmentation du tourisme dans les hôtels de luxe parisiens que nous vantent les médias ! Je crains cependant que, seul, un mouvement social unitaire et d’ampleur puisse imposer cette prise de conscience, car de droite comme, hélas, de gauche, il en est encore pour craindre qu’une augmentation des salaires ne soit « pas supportable » pour les entreprises ! D’ailleurs, Monsieur Trichet, gouverneur de la Banque centrale européenne, et selon le Financial Times, personnalité de l’année 2007 pour sa gestion de la crise des subprimes (si ! si !), le dit : « Augmenter les salaires ? Ce serait la dernière bêtise à faire ! ».

Dans le public, le gel du point d’indice a été confirmé, pour la 2ème année consécutive. Déjà, en 2010, le pouvoir d’achat des fonctionnaires avait officiellement régressé de 0,9%. Parallèlement, la RGPP fait son œuvre, et les agents publics se démènent pour pallier les suppressions massives de postes. Au sens littéral, c’est « travailler plus pour gagner moins ». Tout cela avec son cortège de fermetures de classes, de bureaux de poste, d’hôpitaux publics, … Avec ses conséquences : les inégalités d’accès aux soins sont aujourd’hui supérieures à ce qu’elles étaient il y a 50 ans. Mais il s’agit bien d’un choix idéologique assumé, comme le dit le ministre Bruno Le Maire, chargé du projet de l’UMP : « Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux doit être la règle, malgré ses conséquences sur la vie quotidienne des Français. ». Voilà, au moins, qui est clair !

Pendant qu’il cherche – et réussit parfois – à opposer les salariés du privé aux agents du public, le gouvernement s’occupe des riches : selon Les Échos, les 40 stars de la Bourse recevront cette année 98,3 millions d’euros sous forme de salaires, soit une hausse de 24 % en un an ; le taux maximum de l’ISF passe de 1,8 % à 0,5 % et la moitié de ceux qui le payaient ne le paieront plus. Quant au bouclier fiscal, il continuera à les protéger. On ne s’y fait toujours pas et pourtant on devrait s’y habituer : la droite au pouvoir est décidément sans complexe ! La banque Dexia va recevoir au titre de l’année 2010, un chèque de 600 000 € sur le compte des contribuables, comme quoi, quand il faut, on trouve de l’argent public pour renflouer les banquiers en faillite.

Heureux et courageux, le peuple islandais, qui vient, lui, pour la 2ème fois par référendum de refuser de payer les dettes de la banque privée Icesave. Pendant, donc, que le SMIC est bloqué et le point d’indice gelé, le gaz a subi une hausse de 20% en un an, « plafonnement » - c’est comme ça qu’on dit - de la hausse de l’électricité à 2,9%, le super est annoncé à 2 € le litre.

On ne peut pas terminer cet édito sans parler de la mobilisation du 2 avril. En effet, la santé est, depuis plusieurs années, dans la mire du gouvernement. Service public par excellence que l’hôpital public, Sarkozy l’a bien compris ; il faut donc le détruire et mettre tout ce secteur (soins, mais aussi médicaments, services sociaux, etc...) dans la sphère commerciale. Trop de profits échappent encore au capitalisme ! Si les rassemblements du 2 avril ont réussi à passer la barre médiatique, ce qui est une victoire en soi, leur ampleur ne fût pas à la hauteur : on aurait aimé que l’implication des grandes organisations soit plus importante. Les Français sont extrêmement sensibles à ce que soit maintenu, pour tous, l’accès à des soins de qualité. Nous avons donc encore, collectivement, beaucoup de travail en perspective.

Ce sera aussi le cas sur la perte d’autonomie : Sarkozy prépare sa « réforme » pour l’été, espérant passer en douce pendant la trêve estivale. La droite au pouvoir veut saisir l’occasion de privatiser une partie de la sécurité sociale. La réaction doit être forte et unitaire. Travaillons dès maintenant à rapprocher les points de vue et à déjouer les pièges tendus derrière la soi-disant nécessité de répondre au vieillissement de la population. C’est le même affrontement que celui sur la réforme des retraites qui s’annonce : sachons y répondre dès maintenant. C’est ce à quoi Résistance Sociale va s’employer.

Marinette BACHE

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