Journal REsistance SOciale n° 129
Septembre 2014
Mis en ligne le 3 octobre 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Notes de lecture (« Comment résister à la démolition du Code du travail ? », Gérard Filoche & Richard Abauzit) / p.3 et 4 : Place au débat (Vote de confiance) / p.5 et 6 : Actualité sociale (Appel de la Convergence de Défense et de Développement des Services Publics) / p.8 : Préprogramme des 11èmes Vendémiaires de Résistance Sociale

L’edito de Marinette Bache

En ce début d’automne, comment ne pas revenir sur cette séquence extraordinaire de la fin du mois d’août, qui a vu la démission du premier gouvernement Valls, l’expulsion sans ménagement d’un ministre coupable d’avoir osé exprimer publiquement ses doutes sur la politique économique suivie, alors que le chômage continue sa hausse tout comme les déficits publics, puis la démission forcée d’un autre ministre, à peine nommé, pour cause d’ennuis avec les impôts, suivie par une manifestation symbolique des députés « frondeurs » au sein même de l’université d’été du Parti Socialiste à la Rochelle ?

Cette rentrée a aussi été marquée par deux faits, non sans rapport l’un avec l’autre : la fête de l’Humanité et le vote de confiance demandé par le gouvernement Valls 2.

Concernant le vote, la sanction est donc tombée : Valls n’a obtenu qu’une majorité relative de 269 voix sur 513 députés. 28 députés socialistes et 3 apparentés (MRC) se sont abstenus, ainsi que 17 des 18 députés écologistes, la dernière votant contre, de même que les députés Front de gauche.

De ce vote, il faut tirer la conclusion, non pas que le gouvernement Valls est minoritaire à l’Assemblée nationale, mais qu’il est possible de mener une autre politique, qui, avec le soutien de députés roses-rouges-verts, obtiendrait une majorité devant les représentants du peuple.

Cette autre politique n’est bien sûr pas celle que Monsieur Valls veut mener en allant se faire applaudir à l’université du MEDEF (ou devant les patrons allemands). Pas étonnant d’avoir droit à une standing ovation du patronat lorsqu’on propose une « légitime révision des seuils sociaux », la « simplification » du Code du travail et l’assouplissement des règles sur le travail la nuit ou le dimanche. Souhaiter la réussite du « pacte de responsabilité » c’est se réjouir des 40 milliards de baisse, en quatre ans, des prélèvements touchant les entreprises. Et le Premier ministre l’a fait, occultant en même temps les conséquences sur la Sécurité sociale et le budget de la Nation. Si, Monsieur Valls, réduire le « coût » du travail et la fiscalité des entreprises, c’est faire un cadeau – énorme et sans contrepartie – au Patronat. Non, Monsieur Valls, une mesure favorable au MEDEF n’est pas une mesure favorable au pays tout entier, comme vous le dites et faites semblant de le croire. C’est un choix politique, celui de mener une politique libérale au dépend des salariés. Celui de mener une politique opposée à celle pour laquelle le Président a été élu.

Ajoutés au discours de Manuel Valls, l’annonce du gel des petites retraites et la promesse de revoir les 35 h ont formé la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour nombre de députés socialistes ne se reconnaissant plus dans la politique économique et sociale de François Hollande. (...)

La Fête de l’Humanité, où les animateurs de Réso étaient présents, a, bien sûr, comme de coutume, été un véritable lieu d’échange et de libre parole. Mais surtout, dans ce contexte, le rassemblement populaire de rentrée a été une formidable caisse de résonance pour le ras-le-bol que manifeste le peuple de ce pays face à une politique qu’il avait rejetée en 2012 et qui est aujourd’hui conduite par ceux-là même qu’il avait chargé de contrer. Enfin, on ne demandait plus compte aux « Frondeurs » – qui se présentent comme fiers d’être vraiment socialistes – des décisions qu’ils rejettent mais on s’interrogeait sur la manière d’avancer ensemble vers une autre politique.

Pour Résistance Sociale, la résistance au libéralisme, même scandaleusement peint en rose, et la mise en œuvre d’une alternative favorable aux salariés ne pourra se faire qu’à travers la construction d’une nouvelle unité populaire. Une unité qui soit assise sur un projet commun fort : hausses salariales, maintien d’une protection sociale efficace, reconquête du droit du travail, arrêt des délocalisations pour vivre et travailler au pays, relance économique, réforme fiscale, … en sont quelques axes.

Il y a, certes, une majorité parlementaire pour la porter. Les députés seront-ils capables de concrétiser cette volonté, expressément rejetée par François Hollande lors de sa dernière conférence de presse ?

Au-delà, le passé récent a démontré que rien n’est durablement possible sans l’implication du mouvement social dans la conception, la déclinaison, la mise en place et le suivi d’un projet répondant aux intérêts et aux besoins de notre peuple.

Ce défi est là. Ce sera le thème de nos 11èmes Vendémiaires que nous organiserons en deux actes, d’abord le 13 décembre à Lille, puis le 7 février 2015 à Paris.