Journal REsistance SOciale n° 97
Octobre 2011
Mis en ligne le 27 octobre 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p1 et 2 : L’édito / p2 : Solidarité internationale / p3 et 4 : Nouvelle directive ferroviaire / p4 : Rions un peu… / p5 : Non à la taxe sur la santé / À propos du sommet européen / p6 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Les premières primaires organisées par le Parti socialiste à peine terminées, voici les secondes primaires, celles de la Gauche, qui commencent.

Les premières ont démontré clairement, de par l’importante participation, que nos concitoyens ne se détournaient pas de la politique. Au contraire, lorsqu’on leur donne la possibilité d’exercer leur choix, ils s’en saisissent. Et, au-delà des manipulations d’appareil, habituelles à tous les partis politiques, le message anti-mondialisation a été fort.

A Résistance Sociale, nous ne nous en étonnerons pas. Rappelons-nous que les Français avaient déjà saisi l’opportunité d’une consultation spontanée pour faire passer le même type de message : c’était lors du référendum populaire sur la Poste.

La 2ème phase sera donc des primaires grandeur nature au sein de l’ensemble de la gauche. Une gauche qui devrait être cette fois moins éclatée que d’habitude : le candidat du PS, celui du Front de Gauche, celle d’Europe Écologie/Les Verts, et un(e) ou deux candidat(e)s d’extrême gauche. Ce peut être l’occasion d’un vrai débat qui impose de remettre le choix d’un véritable changement de société au cœur de l’élection présidentielle. Nouvelle répartition des richesses, priorité aux services publics, reconquête de l’emploi et lutte contre les délocalisations, droit du travail et fin des licenciements boursiers, protection sociale et renforcement des retraites, quels moyens pour l’école et les hôpitaux publics, retour au statut public de la Poste, du transport et des infrastructures ferroviaires, création d’un service public de l’eau... voici quelques sujets sur lesquels, de la même manière qu’en 2005, à propos du traité constitutionnel européen, les Français doivent imposer un débat argumenté à toute la gauche politique et obtenir des réponses. Pour les engagements, nous le savons, la meilleure garantie pour qu’ils soient tenus sera la mobilisation sociale. (...)

Pendant que les Français vivent - trop à notre goût - dans l’attente et l’espoir de la grande consultation électorale de mai 2012, les instances libérales européennes et mondiales continuent d’agir. Après avoir condamné la Grèce, les agences de notation s’en sont pris au Portugal et à l’Espagne, aujourd’hui à l’Italie. Bien qu’elles aient largement prouvé leur incompétence en étant incapables de prévoir la grande crise financière de septembre 2009, les dirigeants libéraux européens, malgré quelques déclarations bravaches, se mettent à genoux devant leurs exigences. Et Sarkozy, le premier, est prêt à un nouveau plan d’austérité pour ne pas voir la France privée du « AAA ». Craignons que cette disposition d’esprit ne soit aussi celle de quelques-uns à gauche.

Les peuples, eux, réagissent. Violents affrontements en Grèce. Grèves massives au Portugal. Manifestations en Grande-Bretagne et en Italie. Mouvements sociaux dans de nombreux pays européens. Les salariés refusent fermement le nouveau tour de ceinture qu’on veut leur imposer. C’est aussi la raison de la propagation des rassemblements « d’indignés », partis d’Espagne pour essaimer un peu partout. Notons quand même l’inefficience de ces actions, qui, sans structures politiques, syndicales ou associatives sur lesquelles s’appuyer, s’essoufflent. Avec l’exemple contraire des États-Unis, où les indignés de Wall Street ont trouvé le renfort des syndicats de salariés. Où ils effraient les leaders du parti de l’Éléphant qui retrouvent, pour les condamner, les accents du maccarthysme et transpirent tout leur mépris du peuple.

On remarquera que les « indignés » n’ont pas fait souche en France. L’attente électorale, on l’a déjà dit. Mais sans doute aussi les conséquences de deux grands combats perdus (momentanément) : celui de la Poste et celui des retraites. Perdus de peu et malgré une extraordinaire mobilisation. D’autre part les organisations syndicales gardent dans notre pays une vraie crédibilité.

Reste qu’ici comme ailleurs de par le monde, les peuples s’organisent enfin pour refuser le libéralisme. Pour le bouter hors de France, les élections seront une étape. Utile mais insuffisante.

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