Journal REsistance SOciale n° 145
Février 2016
Mis en ligne le 22 février 2016

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’Édito / p.2 à 7 : Place au débat "Unis, nous serons la force" / p.8 : Invitation aux "Rencontres de Lurais"

L’Édito de Marinette BACHE :

Le chômage n’a jamais été aussi haut, les droits des salariés sont systématiquement remis en cause pour le plus grand profit du patronat lequel cependant n’hésitera pas à réclamer plus, les bourses mondiales jouent du yo-yo faisant craindre une nouvelle crise financière. Et pendant ce temps François Hollande se sert outrageusement de la question de la « déchéance de nationalité » pour détourner l’opinion publique du cœur du problème. Cette réforme, dont j’ai déjà eu l’occasion de dire combien elle était dangereuse dans son principe, ne devrait concerner que quelques dizaines de personnes au grand maximum. Pourtant cela focalise l’attention de tout le personnel politique et médiatique, alors qu’il serait temps de s’interroger honnêtement sur la politique économique suivie depuis quatre ans et de mettre (enfin !) en œuvre des solutions permettant de répondre à l’urgence sociale. Jamais, depuis la grande crise de 1929 et la fin de la guerre, on n’a vu autant d’hommes, de femmes, d’enfants dormir dans la rue ou devoir faire la queue devant les antennes des Restaurants du cœur. Ce n’est bien évidemment pas ce qu’attendaient les Français qui ont permis à F. Hollande de l’emporter en 2012. On a vu à travers toutes les élections qui ont eu lieu après les législatives l’écart sans cesse grandissant entre le peuple et ceux qui dirigent la France. Qui au-rait pensé que, sous un gouvernement se réclamant de la gauche, des syndicalistes seraient jetés en prison, coupables d’avoir seulement tenté de faire reconnaître les droits des salariés de Goodyear ou d’Air France ? Qui aurait imaginé que ce soit un gou-vernement « de gauche » qui remette en cause les 35 heures, les prud’hommes, le Code du travail … ?

Et ce n’est pas le dernier remaniement qui y changera quelque chose. Pire même : comme après la nomina-tion de M. Valls, on a le sentiment que F. Hollande a une fois de plus lancé un bras d’honneur au peuple de gauche. Dans ces conditions on ne voit pas comment il pourrait rempiler dans un peu plus d’un an. Cela ne serait pas trop grave si la gauche était capable de s’organiser et de présenter un candidat crédible. Mais malgré les tentatives pour mettre en place une primaire de toute la gauche, on ne voit pas qui aujourd’hui serait en mesure de rassembler suffisamment pour être ne serait-ce qu’au second tour de la présidentielle et empêcher un retour de la droite, dont le programme ne ferait qu’aggraver la situation économique et sociale de notre peuple et distendre son rapport à la chose publique. Jean-Luc Mélenchon, en se lançant seul dans la course sans la moindre discussion avec ses partenaires du FdG, a, lui aussi, renoncé à rassembler. Et ce n’est pas « l’alliance populaire » prônée par le premier secrétaire du PS qui peut donner envie aux électeurs d’y croire ! (...)

Peut-on encore espérer que l’urgence obligera les uns et les autres à se donner les moyens d’une véritable alternative à ce programme libéral mis en œuvre de-puis trop d’années et qui donne le sentiment que droite et gauche c’est la même chose ? Rien n’est moins sûr. À RESO, nous sommes loin de penser que l’orientation de ce gouvernement permettra l’ébauche d’une autre politique d’ici 2017. Nous craignons que, d’ici l’élection présidentielle, le mouvement de reconstruction de la gauche qui s’ébauche ne puisse aboutir et gagner une crédibilité dans notre peuple. D’autant plus que le mouvement syndical n’est pas en mesure de contrer une politique résolument antisociale. Il faut reconnaitre qu’il n’est pas facile de mobiliser des salariés menacés par le chômage et la précarité.

C’est à nous, militants syndicalistes, politiques ou associatifs de montrer que rien n’est pire que le renoncement. C’est pourquoi aux côtés d’autres, on nous trouvera toujours pour défendre nos droits, nos services publics, un autre avenir pour la jeunesse. Et, comme a su le faire Jaurès en son temps, pour travail-ler, concrètement et dans un sain affrontement des idées, à la renaissance d’une République sociale.