Journal "REsistance SOciale" N° 26
Mai 2005
Mis en ligne le mai 2005
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Pourquoi voter non ? Par Georges Debunne, ancien secrétaire général de la Fédération Générale des Travailleurs Belges et ancien président de la CES/ Lettre ouverte à ceux qui veulent voter oui ou s’abstenir pour le référendum/

Le mot de la Présidente

A la fin de ce mois, dans quelques jours, nous saurons donc si le peuple français a décidé ou non de mettre fin à la fameuse parenthèse libérale ouverte par Jacques Delors en 1983. Car, à travers le vote pour ou contre le référendum sur la constitution européenne, c’est bien de cela qu’il s’agit.

En 1983, une partie de la gauche, alors au pouvoir et portée aux affaires pour « changer la vie » et réduire le chômage, annonçait tout simplement qu’elle y renonçait, capitulant ainsi devant le capitalisme, sous prétexte que la société était trop complexe pour la changer et se servant du masque de l’Europe comme alibi à son ralliement. Cette conversion à un européisme béat s’accompagnait d’un refus absolu de toute contestation. S’interroger sur le type de construction européenne qui nous était imposé allait pendant vingt ans devenir sacrilège et quiconque s’y aventurait était aussitôt accusé de ringardisme et de nationalisme quand ce n’était pas de bellicisme, voire de fascisme.

Pendant ce temps, le chômage n’a cessé de franchir des paliers toujours plus hauts, notre industrie a été démantelée, la recherche, donc l’avenir, sacrifiée.

Pendant ce temps, tout ce qui servait l’Etat n’a cessé d’être dévalorisé, les fonctionnaires vilipendés, le secteur public progressivement privatisé, le culte de l’argent facile instauré. Les inégalités sociales se sont de plus en plus creusées, ceux qui vivent de leur travail se précarisant toujours davantage tandis que les revenus boursiers explosaient .

Conséquence : les Français, désespérant de la gauche, se sont peu à peu réfugiés dans l’abstention ou le vote en faveur du Front National, provoquant la débâcle de 2002, et amenant au pouvoir une droite libérale, sans complexe, qui depuis n’a eu de cesse de rogner un à un les acquis sociaux de dizaines d’années, provoquant des protestations de pure forme de la part de la gauche libérale, depuis longtemps coupée du peuple et de ses souffrances, en réalité d’accord avec la philosophie des mesures proposées au nom d’une construction européenne au service des puissants. Droite et gauche libérale réunies espéraient continuer ainsi pendant 50 ans, protégés par la constitution européenne qu’ils appelaient à soutenir.

C’était compter sans le peuple. « , çà suffit » semble-t-il en passe de dire aujourd’hui, si l’on en croit les sondages.

S’il gagne malgré les multiples embûches posées sur son chemin, ce « non » libérateur que l’on sent monter au plus profond des chaumières, entraînant au passage un élan unitaire de toute la gauche qui le soutient, marquera le début d’une nouvelle ère pour la France, pour la gauche, pour le peuple mais aussi pour les peuples voisins.

Un dernier effort et nous aussi nous pourrons dire « Enfin, les difficultés commencent ! »

Marinette BACHE

Documents joints
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