Journal Résistance Sociale n° 169
Avril 2018
Mis en ligne le 25 avril 2018

Au sommaire ce mois-ci :

p.1et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 7 : Place au débat : la réforme de la SNCF, par Didier le Reste / p. 7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Les grèves SNCF battent leur plein et on ne peut que saluer la détermination des cheminots, qui outre défendre leur fameux « statut », sont à la pointe du combat en faveur du service public et pas seulement celui des transports mais aussi d’une protection sociale chèrement acquise par les luttes des salariés. Les usagers comprennent majoritairement le sens de cette mobilisation. Et ils ont beaucoup de mérite au moment où tous les médias (et pas seulement ceux qui sont au service, pour ne pas dire aux ordres du gouvernement et de ceux qu’il représente) vantent la réforme.

Après la mobilisation des EPHAD, il y a eu celle des retraités. Aujourd’hui, non seulement les cheminots sont en action, mais également les fonctionnaires et les étudiants, les travailleurs de l’énergie (contre la privatisation des barrages). Des luttes se développent dans les tribunaux, les aéroports (qui sont sur la liste des privatisations), les hôpitaux, contre la fermeture de bureaux de poste… Toutes ces luttes montrent que notre peuple tient à ses services publics.

L’enjeu est donc d’unir toutes ces luttes, car Macron, au contraire, tente de monter les catégories de population les unes contre les autres. Pour cela, il a nombre d’éditorialistes à sa botte, qui ne mettent en avant que les « privilèges » des uns et les « avantages » des autres. C’est une bataille d’opinion que nous avons à mener.

A la SNCF, les syndicats ont réussi à dépasser leurs divergences pour gagner l’unité. Une unité fragile mais ô combien précieuse et il nous incombe de la protéger en passant par-dessus des différences qui peuvent agacer. C’est la condition nécessaire de la victoire.

Une victoire indispensable car si Macron gagnait ce serait de nouvelles parts du patrimoine légué par les luttes de nos anciens qui seraient vendues à l’encan à ses amis financiers : hôpitaux, transports fer et air, énergie, communication. Fini le service public pour tous, bonjour le privé à la Thatcher. Terminés les statuts, cheminots ou autres, voici la concurrence généralisée des salariés entre eux pour le plus grand profit des actionnaires. Or, ne l’oublions pas, ce sont les différents statuts publics qui protègent les usagers. (...)

Au-delà des atteintes aux travailleurs, le gouvernement de Macron s’en prend également à la représentation démocratique. Sous le prétexte poujadiste de diminuer le nombre de parlementaires qui « coutent cher », c’est à la démocratie qu’il s’en prend. Il pouvait choisir de diminuer les avantages des députés et sénateurs (gratuité des transports, paiement des obsèques, par exemple) ; il préfère instaurer un régime bonapartiste, bafouant la représentation des territoires à l’Assemblée nationale. Il préfère asphyxier les finances des collectivités locales « en même temps » qu’il décharge sur elles des compétences auparavant dévolues à l’État, en particulier celles de la solidarité.

Macron a passé la surmultipliée. Il s’en prend à la communauté nationale, à la construction de la France depuis la seconde guerre mondiale. Il le fait intelligemment en s’attaquant à nos conquis sociaux et démocratiques, catégorie par catégorie, afin d’empêcher les solidarités de se créer. L’enjeu immédiat est donc celui de l’unité.