Journal "REsistance SOciale" n° 78
Février 2010
Mis en ligne le 25 février 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Place au débat : privatisation de La Poste / Les bras m’en tombent / Place au débat : retraites : 7 contre-vérités / Quelle république pour le 21ème siècle ? / Actualité sociale / Coup de gueule

Le mot de la présidente :

Madame Lagarde vient de nous le dire : « la BNP est une bonne élève qui doit servir d’exemple ». C’est vrai : la BNP Paribas vient d’annoncer des bénéfices en hausse de 93 % par rapport à l’année précédente, soit près de 6 millions d’euros. Elle va reverser 500 millions d’euros à ses traders, soit une moyenne de 125 000 euros pour chacun.

Alors, la Société Générale qui ne va reverser que 250 millions d’euros à ses si précieux collaborateurs (96 000 euros chacun) devrait s’inspirer du bon élève. Et si Madame Lagarde demandait aux bons élèves de rembourser les milliards d’euros qu’elle leur a prêtés ? Je n’ose demander à l’Etat de donner son avis sur leur utilisation : ce serait du collectivisme !

Bien qu’elle ait perdu beaucoup de son crédit auprès des Français, la droite sarkozyenne continue de se payer notre tête. Et les patrons dans cette lignée se croient tout permis sans la moindre pudeur. Dernier exemple en date : les dirigeants de Philips-Dreux invitant leurs salariés à se délocaliser en Hongrie pour le mirobolant salaire de 450 euros. Heureusement, pour une fois, la justice a donné raison aux salariés en refusant le plan social. Quel plaisir de les voir reprendre le chemin de l’usine que voulait fermer la direction de l’entreprise ! C’est la preuve que la lutte paie et que la justice n’est pas toujours du côté du patronat.

En sera-t-il de même pour les retraites, grand « chantier » à nouveau ouvert en cette année 2010 ? Pour nous, en tout cas, les choses sont claires : les arguments en faveur d’un allongement de la durée de cotisations ou d’une modification de l’âge légal n’ont pas de consistance, au moment où l’âge moyen de départ en retraite est de 59 ans, au moment où le chômage des séniors s’amplifie. Ce qui est sûr, c’est que le gouvernement cherche à faire peur aux Français, tant sur le « déficit » que sur l’allongement de la durée de vie, « oubliant » à la fois l’augmentation de la productivité et du PIB et la possibilité de choisir d’autres sources de financement. Tout cela pour tenter de faire passer une nouvelle réforme qui n’a d’autre objectif que de satisfaire le patronat, fut-ce au détriment de la santé et des conditions de vie de millions de salariés actifs et retraités. Heureusement, les sondages montrent que les Français ne sont pas dupes et qu’après les réformes Juppé, Balladur et Fillon, ils ne sont pas prêts à accepter une remise en cause de leurs droits actuels et futurs (70 % sont pour le maintien de l’âge légal à 60 ans, 25 % contre selon un récent sondage de France 2). Mais il faudra sûrement se battre contre ce gouvernement aveugle et sourd pour imposer le respect de ces droits. Et pour cela le rassemblement le plus large sera nécessaire.

Quant à la fermeture de la raffinerie Total de Dunkerque, si on ne peut qu’être solidaire des salariés concernés, on doit aussi constater que cette situation résulte d’une absence de prévision des conséquences de la politique générale menée depuis ces dernières années contre le tout automobile et le développement, encore timide il est vrai, des voitures électriques ou hybrides. Cela nécessite des plans de reconversion qui doivent se préparer suffisamment en amont pour que les salariés ne soient pas du jour au lendemain jetés à la rue, quelquefois après 30 ou 40 ans de travail.

A signaler aussi le décret contesté sur la mobilité dans la fonction publique qui organise de façon détournée la possibilité de licenciements sans faute de fonctionnaires, nouvelle arme au service des partisans de la RGPP dont on ne parle plus guère mais qui poursuit néanmoins ses ravages.

Comme d’habitude, le gouvernement s’en prend aux salariés et à leurs droits. Il faudra bien que la gauche se mette en état, au-delà du nécessaire refus, de proposer un autre projet de société. Notre ambition est d’y participer.

Marinette BACHE