Journal "REsistance SOciale" N°12
Février 2004
Mis en ligne le février 2004
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale / Courrier des lecteurs/ En 2007 que restera-t-il de l’hôpital public ?/ SANOFI-AVENTIS : un mariage et des enterrements à la pelle/ Quand le service d’intérêt général se substitue au service public républicain/ Actualité sociale/ Coup de gueule

Le mot de la Présidente

Et maintenant la santé et la sécu ! Tels sont sans doute les premiers objectifs – pour après les élections, bien sûr ! - que se sont fixés le gouvernement Raffarin, la droite et le MEDEF, unis pour la tâche.

Selon le principe « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » nous avons régulièrement droit au matraquage sur le déficit de la sécu (or les chiffres sont plus compliqués que çà, cf. le numéro de décembre 2003 de Réso), sur sa bureaucratie – trouvez-moi donc une assurance privée qui gère aussi rapidement et sans beaucoup d’erreurs une telle masse d’assurés ! Ceux qui ont eu à se faire rembourser un dégât des eaux par leur assurance habitation savent de quoi je parle ! -, sur le poids insupportable des prélèvements sociaux pour les entreprises (là soyez-en sûrs, on ne dira pas « le patronat », on dira « les entreprises », soyons modernement citoyens ou citoyennement modernes !)

N’en doutons pas, nous allons continuer à avoir droit à la dangerosité du milieu hospitalier (Patrick Nivet évoque fort bien dans ce numéro la médiatisation des infections nosocomiales), à la lourdeur budgétaire (ben voyons ! Enfermé qu’il est dans le carcan d’un budget global établi sur des critères de gestion comptable, comment pourrait-il en être autrement ?). Bien sûr, on nous serinera qu’il faut « libérer l’hôpital de la réglementation et des procédures tatillonnes », car « ce dont souffre l’hôpital, c’est d’un défaut de management » et qu’ « il est temps de mettre les hôpitaux en concurrence » (sic Dominique Coudreau, ancien directeur de l’agence régionale d’hospitalisation de l’Ile de France).

Oui, nous en sommes arrivés là ! Oui, les adversaires du service public accentuent leurs attaques.

Nous avons laissé tomber dans le privé France Télécom et Air France, le système bancaire et les assurances ; nous n’avons plus d’industries nationalisées au service du pays. Comment s’étonner dès lors que, nantis de ces victoires obtenues pratiquement sans combat, la droite aux commandes ne profite de ses pleins pouvoirs pour tout transférer au marché ?

Eh bien, à Réso, nous « résistons » à cela. C’est l’objet d’ailleurs de nos bulletins, de nos « Place au débat » que de permettre l’expression de tous ceux qui n’acceptent pas de plier devant les oukazes des possédants (des « financiers » pour faire moderne) ou devant le fatalisme orchestré par les libéraux-sociaux, les sociaux-libéraux, les sociaux-démocrates ou les démocrates-sociaux de tous poils, qui, tous, ont capitulé et ne sont capables de réinventer la société qu’à partir de l’acceptation de leur défaite.

Alors quelle joie pour nous, à Réso, de voir l’écho que nous avons suscité dans des milieux divers.

Preuve, s’il en était besoin, que le libéralisme n’a pas atrophié les cerveaux, qu’il est encore possible de dire « non » et de débattre sans a priori.

Marinette BACHE

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