Journal REsistance SOciale n° 125
Avril 2014
Mis en ligne le 2 mai 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat (Pour une politique progressiste, retrait du Pacte « austéritaire ») / p.6 : Coup de gueule (Diminuer le salaire brut pour hausser le net, c’est une indignité, c’est le programme de Marine Le Pen depuis des années)

L’édito de Marinette Bache :

Donc, selon le Premier ministre, il serait « difficile de faire quelque chose pour les salariés ». Il est donc difficile de faire quelque chose pour ceux qui, non seulement, ont élu ce gouverne-ment (certes, sans trop d’illusions), mais, pire, il est possible de faire quelque chose pour les quel-ques milliers de gros possédants mais il n’est pas possible de faire quelque chose pour les plus de 90 % de salariés ou assimilés (chômeurs, retrai-tés, …).

Je ne m’attarderai pas longuement à détailler le pacte d’austérité. Dans son article, Jean Claude Chailley le fait avec sa précision et sa pertinence habituelles. Je me pose seulement la question : Comment ce Président et ce gouvernement élus et étiquetés à gauche peuvent-ils faire de tels choix ? On aurait pu penser que le résultat des élections municipa-les aurait été entendu et compris. Eh bien leur compréhension consiste à dire et -probablement car cela poserait question sur leur intelligence- à faire semblant de croire que le peuple français vient d’envoyer un signe que les « réformes » n’allaient pas assez vite et le pacte d’irresponsabilité pas assez loin. Je m’interroge. Combien de temps notre peuple va-t-il supporter de se faire ainsi grossièrement moquer de lui ? Et quelle sera la forme de sa ré-action ? Car enfin, il ne faut pas être grand clerc pour constater que les Français ont, par leur vote des 23 et 30 mars, non pas rejeté le bilan générale-ment bon des élus locaux de gauche, mais vigoureusement sanctionné une politique gouver-nementale qui prend 2,7 milliards sur les petites retraites, qui gèle les points d’indice de fonction-naires de moins en moins nombreux, qui veut bloquer le Smic, qui fait un nouveau cadeau de 35 milliards au patronat tandis qu’il annonce une nouvelle austérité à hauteur de 50 milliards avec hausse des cotisations sociales et baisse des droits et prestations, avec suppression d’hôpitaux publics et privatisations ! ....

Au nom de la crise ? Mais la crise pour qui ? La crise pour le 1 % qui possède les 25 % de la ri-chesse nationale ou la crise pour les 10 millions de Français qui ne se voient pas d’avenir pour eux et pour leurs enfants ?

Comment pourrait-on leur expliquer qu’un gou-vernement « de gauche » c’est mieux que Sarkozy, alors que tout ce qu’ils en perçoivent, c’est que c’est la même politique qui se poursuit, qui s’amplifie. La gauche et la droite ce n’est pas la même chose ? Certes ! Prouvons-le leur !

Et pas seulement avec des réformes sociétales –qu’on n’a d’ailleurs pas le courage de mener à leur terme, cédant devant la droite morale comme on cède devant la droite financière. Et pas seulement par des pansements comme les « em-plois d’avenir » qui remplacent sous un autre vocable tous les faux contrats inventés depuis 30 ans et les TUC ! Prouvons le leur en conduisant une politique de gauche.

Je ne dis pas « socialiste », simplement de re-lance. Simplement en faveur des salariés, pas des financiers. Simplement en créant des emplois, dans la fonction et les services publics, par exemple. Il y a de quoi faire ! Ca coûte cher ? Parce que le chômage ne coûte pas cher, lui ? Et si nous faisions le pari que redonner du travail relancerait la consommation, donc la production, donc l’emploi privé ? Donc une augmentation des cotisations sociales pour financer la protection ? Trop simple ? Et ceci au prétexte d’une crise sur laquelle il faut quand même s’interroger sérieu-sement : selon les services financiers du Crédit suisse et la Croix-Rouge, la richesse mondiale a doublé en 13 ans. Les bénéfices n’ont pas été perdus pour tout le monde… Pourquoi ne s’en sert-on pas pour améliorer la vie quotidienne du plus grand nombre ?

C’est un choix politique.

Et regardons en face la politique qu’on mène avec constance au prétexte de lutter contre la dette. Cette politique détruit la société. Elle s’en prend à tout ce que nous avions, en France, mis sur pied, en application du programme du CNR ; et qui avait si bien réussi, construisant une société d’égalité des droits sur l’ensemble du territoire, une société de plein emploi, une société qui protégeait.

Pour quoi ? Pour que la dette augmente de façon exponentielle ! Pour que, dans chaque nation européenne, l’emploi, le pouvoir d’achat et la protection sociale soient en berne tandis que les banques se repaissent des effets de la crise.

Oui, combien de temps notre peuple, nos peuples, vont-ils baisser la tête ? Pour l’instant ils désertent les urnes. Craignons que demain, ils n’en retrouvent le chemin et que leur révolte s’exprime par des choix dangereux. N’ayons pas peur de le dire : les responsables de la montée des extrêmes-droites, ce sont ceux qui trahissent les espérances populaires.

Résistance Sociale ne peut que saluer avec amitié toutes les initiatives qui se font jour pour refu-ser les politiques d’austérité et assurer de son soutien, de sa solidarité et de sa volonté de travail en commun pour reconstruire un projet au service du peuple.

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