Journal REsistance SOciale n° 128
Juillet / Août 2014
Mis en ligne le 24 juillet 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale (Amérique latine) / p.3 à 6 : Place au débat (Réforme territoriale ou réforme de l’État ?) / p.7 : Actualité sociale (Hôpital Paul Guiraud) / p.8 : Coup de gueule (Dites, et si vous vous intéressiez aux grévistes ?)

L’édito de Marinette Bache :

Conférence sociale, budget rectificatif de la Sécurité sociale, réforme territoriale, intermittents du spectacle, réforme ferroviaire… On ne peut pas dire que tout roule, en ce début juillet, pour le gouvernement de Valls, qui vient de passer le cap des 100 jours.

La conférence sociale d’abord. Quatre syndicats, et non des moindres (CGT, FO, Solidaires, FSU), ont décidé de boycotter la seconde journée de cette conférence, irrités par les annonces dans la presse du premier ministre et par le manque de considération, frôlant le mépris, à leur égard, alors que le gouvernement apparaît de plus en plus comme l’allié objectif du MEDEF. Dès que le patronat tousse et menace, lui, de boycott, le Premier ministre capitule sans condition, reporte l’application du « compte pénibilité » et accepte de reparler de la question des seuils sociaux. Il s’agissait pourtant, parait-il, de la contrepartie à la signature par le MEDEF et certaines organisations syndicales de la réforme régressive des retraites du gouvernement Ayrault, qui prolongeait les reculs des précédents gouvernements de droite. Quand le Président de la République appelle les partenaires sociaux à ne pas faire de surenchère, il s’adresse, en fait, aux seuls syndicats ! La simple défense des acquis sociaux n’est qu’un détail agaçant pour un Président qui a manifestement endossé sans complexe les habits du libéralisme. D’ailleurs, le ministre Sapin ne vient-il pas d’enterrer définitivement le discours du Bourget, en reconnaissant que le gouvernement est l’ami de la finance ? A ce train-là, on peut douter de la tenue des rencontres sociales annoncées par François Hollande le 7 juillet.

Tel est donc le bilan de ces 3 mois après la gifle des municipales, puis des européennes. Nous nous sommes habitués à voir le premier ministre et son gouvernement utiliser le vocabulaire de la droite, depuis les « charges sociales » jusqu’au « coût du travail » en passant par la nécessité de « baisser la dépense publique ». L’inquiétant est qu’on n’en reste pas aux mots et que cette rhétorique préside aux décisions de nos dirigeants.

Concernant le budget rectificatif de la sécurité sociale, les choses ne vont pas mieux, puisque la « fronde » de députés socialistes – qui s’étend bien au-delà de ce qu’il est habituel d’appeler la « gauche du PS »- a abouti à ce que certains refusent de le voter, les uns s’abstenant, les autres ayant même menacé de voter contre, à l’image des députés du Front de Gauche et d’EELV. La majorité gouvernementale a tendance à se rétrécir de plus en plus, puisque même le PRG commence à ruer dans les brancards au sujet de la réforme territoriale, qui a d’ailleurs été retoquée au Sénat. On peut imaginer que cette grogne des députés et sénateurs aille crescendo à mesure que le pacte de responsabilité se mettra en place. Quant aux intermittents du spectacle, leur mouvement continue à se poursuivre malgré la nomination d’un médiateur qui ne semble pas avoir réussi à rassembler les points de vue. Là aussi, on voit que le gouvernement n’est pas suivi par l’ensemble de sa majorité (cf. l’article de Frédéric Hocquard dans notre numéro de mai). (...)

Y-aura-t-il rupture dans les prochains mois ? Difficile à dire, même si les déclarations belliqueuses du ministre des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen –qui a dernièrement perdu beaucoup de crédibilité personnelle-, ne sont pas faites pour arrondir les angles, non plus que les menaces du président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux. C’est la première fois sous la cinquième République qu’un tel clivage apparaît au sein du parti majoritaire, même s’il y a parfois eu des bisbilles sérieuses entre partis de la majorité. Jamais, sans doute, le souhait d’une sixième République, avec un parlement jouant à nouveau pleinement son rôle, n’a eu autant de partisans. Cela alors que la droite connaît elle aussi de profonds remous, ce qui à l’évidence ne peut que réjouir Marine Le Pen.

On aimerait accélérer les étapes et que le souhait profond de l’électorat de gauche, de voir enfin une politique conforme à ses vœux, se concrétise par la mise en place d’une majorité rose, rouge, verte.

Mais, à défaut de se traduire dans les faits dès aujourd’hui, cette aspiration est, de plus en plus, portée par de nombreux militants de gauche, qui ont plaisir à se retrouver ensemble pour débattre, quelle que soit l’organisation à laquelle ils appartiennent. Les universités d’été des différentes organisations et sensibilités politiques vont être l’occasion de développer des convergences indispensables à l’éclosion de cette majorité rose, rouge, verte à laquelle beaucoup aspirent. Nous savons bien qu’à défaut, c’est la gauche - celle en laquelle nous plaçons nos espoirs, pas celle, défigurée, de Manuel Valls - dans son ensemble, qui risque de disparaître à l’horizon de 2017, faute de parvenir à retrouver un électorat qui croit encore en elle.

Rappelons que Résistance sociale jouera, elle-même, ce rôle de plateforme d’échanges et de propositions lors de ses 11èmes Vendémiaires qui se tiendront à Paris le 18 octobre. Retenez cette date !