Journal Resistance Sociale n° 155
Janvier 2017
Mis en ligne le 8 février 2017

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 & 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Place au débat (Par Jean-Claude CHAILLEY) / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule (Par Aure ANDRÉ)

L’édito de Marinette Bache :

Trois mois à peine avant l’élection présidentielle, bien malin qui peut dire avec certitude quels seront les candidats présents. C’est à ma connaissance la première fois que cela arrive sous la cinquième république hors cas particulier de la démission de de Gaulle en 1969 et du décès de Georges Pompidou en 1974.

Cette situation est un peu le reflet de la déliquescence des grands partis obligés de recourir à des primaires pour désigner leur candidat. Primaires censées donner une légitimité supplémentaire à celui qui en sort vainqueur. Légitimité qui semble bien faible aujourd’hui pour François Fillion, empêtré dans plusieurs affaires qui démontrent surtout qu’on a affaire à un homme avide de pouvoir et d’argent. Au fond peu importe que sa femme et ses enfants aient ou non bénéficié d’emplois fictifs. Ce qui choque, c’est les rémunérations dont ils ont bénéficié, d’autant qu’il s’agit bel et bien d’argent public financé par les impôts des citoyens.

Du côté de la primaire de gauche, c’est donc finalement Benoît Hamon qui en est sorti vainqueur. On ne peut que se réjouir de la défaite sans appel de Valls et du même coup de la politique sociale menée depuis 2012. D’autant que la victoire d’Hamon peut constituer une étape vers le nécessaire rassemblement de la gauche. Au-delà de son programme, avec lequel on peut être en désaccord sur tel ou tel point, c’est incontestablement une bonne nouvelle, car ça replace la gauche dans son ensemble dans le jeu pour cette présidentielle.

A condition qu’elle s’unisse bien sûr. Le désarroi de la droite peut profiter à Le Pen, mais celle-ci est elle-même engluée dans une affaire d’emploi fictif. Quant à Macron, dont certains rêveraient d’en faire un nouveau Giscard, ce qui filtre de son programme devrait inciter à plus de prudence les nouveaux convertis issus de la droite du PS, dont le social libéralisme pourrait bien apparaître bien pâle face au libéralisme assumé de l’ancien ministre des finances. Enfin, Mélenchon se trouve à la croisée des chemins : soit continuer seul sa route au risque de se planter, soit accepter de participer au rassemblement de la gauche, permettant ainsi à celle-ci d’avoir une chance réelle d’être présente au second tour et de faire élire dans la foulée, aux élections législatives, des femmes et des hommes ayant vraiment la volonté de changer les choses et d’agir pour l’ensemble de nos compatriotes et non pour une caste de gens riches et bien portants. N’oublions pas Jadot, candidat investi par EELV, qui semble prêt à lâcher prise en échange d’un accord avec le PS pour les législatives. (...)

Et, pendant ce temps-là le monde continue de tourner. Comme on pouvait le craindre, le nouveau président américain, Donald Trump multiplie les gestes antisociaux et xénophobes : coup d’arrêt donné au programme d’Obama sur la santé, construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique, décret visant à interdire l’accès aux ressortissants de certains pays musulmans, et même projet d’abrogation d’un texte fixant la séparation de l’État et de la religion… Mesures qui entrainent, bien sûr, l’opposition de plus en plus de citoyens américains et du reste du monde. Trump fait peur.

Du côté de l’Europe, tandis que le Brexit avance, la Grèce est à nouveau l’objet d’injonctions pour prendre de nouvelles mesures antisociales, au point que certains, dans l’entourage de Tsipras, commencent à penser ouvertement à une sortie de l’euro.

En Roumanie, ce sont des mesures favorables à la corruption qui jettent la population dans la rue. L’Italie a aussi des soucis avec ses banques. Il ne fait aucun doute que quel qu’il soit, le Président qui sortira des urnes aura un rôle important à jouer en Europe. Se jettera-t-il dans les bras de Merkel, comme Hollande en 2012 ou osera-t-il s’opposer à la politique austéritaire qui frappe l’ensemble des pays de l’euro, détruisant peu à peu leurs liens sociaux et leurs services publics ? C’est tout l’enjeu des prochaines élections en France (et un peu plus tard en Allemagne).

Cela, dans un contexte où la menace d’attentats est toujours forte dans le monde comme on l’a vu il y a quelques jours au Canada ou à Noël en Allemagne. Plus que jamais, on attend de nos responsables politiques, non seulement qu’ils soient intègres et soucieux de l’intérêt national, mais aussi qu’ils soient capables de faire face à cette situation.

Avant tout, on attend bien sûr aussi du nouveau Président et de la majorité gouvernementale qui sortira des urnes qu’elle s’attaque enfin avec vigueur au problème du chômage et de la précarité grandissante. Il n’est pas acceptable que, dans la cinquième puissance mondiale, des femmes, des hommes, des enfants dorment dans la rue, y compris quand ils ont un boulot.