Journal REsistance SOciale n° 113
Mars 2013
Mis en ligne le 20 mars 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Non au productivisme, oui à la productivité !) / p.4 : Notes de lecture / p.5 à 7 : Actualité sociale (La politique de santé de l’Union européenne) (Égalité professionnelle dans la fonction publique : un pas important franchi) / p.7 : Devoir de mémoire (Commune de Paris) (« De mémoire d’ouvrier ») / p.8 : Coup de gueule (Rythmes scolaires à marche forcée !)

L’édito de Marinette Bache :

Élection d’un nouveau pape, argentin, mort du Président Chavez, réélection haut la main du Président de l’Équateur, Raphael Correa : une actualité internationale bien riche en ce début mars ! Le Venezuela et plus largement l’Amérique du Sud doivent beaucoup à Hugo Chavez. Son accession au pouvoir a en effet déclenché un effet de contagion qui fait que plusieurs États d’Amérique latine sont aujourd’hui dirigés par des gouvernements progressistes. Espérons que l’œuvre entreprise en faveur du peuple continuera avec Nicolas Maduro. Pour ce qui concerne l’élection du pape argentin, sa proximité des pauvres apparaît largement plus médiatique que réelle. Par ailleurs, ses combats contre l’avortement, les homosexuels ou la place des femmes en politique en font un homme rétrograde. La réélection de Raphael Correa, enfin, est une nouvelle démonstration de la vitalité du progressisme en Amérique du Sud, à l’opposé des ravages libéraux qui ont cours en Europe.

Dernier en date de ces ravages : sous la pression de l’Europe et du FMI et au prétexte de sauver les banques, le Président chypriote a accepté une ponction sur les avoirs bancaires de ses concitoyens, y compris les plus modestes. Face aux réactions suscitées à Chypre et ailleurs, seuls pourraient finalement n’être taxés que les plus gros déposants. Mais cette décision, en remettant en cause la garantie des dépôts, pourrait avoir de lourdes conséquences, y compris dans d’autres pays d’Europe.

Comme ailleurs, en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Irlande, c’est le peuple qui fait les frais d’une politique dictée par les marchés financiers et la banque Goldman Sachs, avec l’accord des dirigeants de ces pays, plus pressés d’obtenir les félicitations de la Commission européenne que de satisfaire aux besoins de leurs peuples. Attitude à comparer à celle des dirigeants islandais, qui ont préféré laisser leurs banques faire faillite plutôt que d’imposer au peuple une cure d’austérité. Et la croissance en Islande se porte bien, merci ! Mais les cures d’austérité suscitent des réactions de plus en plus vives. Au Portugal, plus de 1,5 million de personnes se sont retrouvées dans la rue le 3 mars. En Italie, Mario Monti a été largement désavoué lors des élections législatives, sa coalition ne recueillant que 10 % des voix, alors que la gauche a obtenu la majorité absolue à la chambre basse et une majorité relative au sénat. Alors, surtout que le parti de Beppe Grillo, le M5S, qui avait fait campagne contre l’austérité, est devenu le premier parti italien. En Espagne, la fronde est de plus en plus forte contre le gouvernement de droite au pouvoir et la monarchie, sur qui pèsent des soupçons de corruption. En Grande-Bretagne aussi, le refus de la politique d’austérité a abouti à une sévère défaite de David Cameron aux municipales. Reste l’Allemagne où la chancelière Merkel est encore créditée d’une avance avant les élections de l’automne. Mais le SPD vient d’adopter un programme très à gauche par rapport à ce qu’il a soutenu depuis dix ans, prenant, espérons-le, conscience des résultats désastreux de cette politique qui viennent d’être illustrés par la présentation du rapport sur la pauvreté en Allemagne. (...)

En France, la popularité du président Hollande n’en finit pas de baisser. Ce décrochage reflète la déception des électeurs qui l’ont porté au pouvoir et qui ne se reconnaissent pas dans la politique menée. On l’a vu avec le fiasco de l’escapade dijonnaise du Président. On l’a vu aussi avec les manifestations du 5 mars contre l’accord ANI, à l’appel de quatre organisations syndicales et le soutien de certains partis de gauche, y compris de la gauche du PS. La relative faiblesse de la mobilisation ne doit pas faire illusion. La peur du chômage freine les salariés du privé et le décryptage de l’accord ANI n’a sans doute pas suffisamment pénétré dans les usines malgré l’action des syndicats, CGT et FO en tête. La transposition législative de cet accord semble, d’ailleurs, beaucoup moins facile que ne l’espérait le ministre du Travail, Michel Sapin, les députés rechignant avec raison à n’être que des godillots aux ordres. Il faudra cependant beaucoup plus pour que la gauche évite la Bérézina qui semble se profiler à l’horizon lors des élections municipales et européennes. Même si le gouvernement a reconnu que le déficit serait supérieur aux 3 % exigés par Bruxelles pour fin 2013, la politique d’austérité n’en a pas pour autant été infléchie. Les retraités sont mis à leur tour à contribution à travers l’accord intervenu sur les retraites complémentaires, rognant un peu plus leur pouvoir d’achat.

Bref, la situation économique et la politique suivie ne nous amènent pas à baisser les bras. Dans un contexte où de plus en plus de voix se font entendre à gauche pour vouloir imposer une autre politique, on peut compter sur Résistance Sociale pour aider à la réflexion commune et au rapprochement des points de vue.