Journal RESO n° 236
Mai 2024
Mis en ligne le 20 mai 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : International : Argentine, Inde / Les bras m’en tombent : le salaire de Tavares / p.3 à 5 : Place au débat : réquisitoire contre cette Europe / p. 6 : Actualité sociale / Avez-vous remarqué : A propos de la dette / p. 7 : Actualité sociale / p. 8 : Coup de gueule : vers un retour au régime de Vichy ?

L’édito de Pierre KERDRAON

En ce début mai nos yeux sont tournés vers la Nouvelle Calédonie. L’explosion de violence de ces derniers jours a quelque chose à voir avec le projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales. Mais le vrai problème est avant tout social. Une partie importante des calédoniens notamment kanaks vit sous le seuil de pauvreté. Les prix en Nouvelle Calédonie sont jusqu’à trois fois plus élevés qu’en France métropolitaine. Alors oui certes il y a sans doute de l’ingérence étrangère, qu’elle vienne d’Azerbaïdjan ou de Chine mais il y a d’abord un terreau fertile qui explique qu’une partie de la jeunesse de Nouméa se livre à des exactions et des pillages, entrainant la population calédonienne dans la violence et dans la pénurie alimentaire et sanitaire. A l’évidence, la réponse ne peut pas être que sécuritaire. Comme après les émeutes de juin 2023 en métropole, il faut une réponse sociale et politique. Ne nous leurrons pas. Même si l’ordre est rétabli, tant que celle-ci n’aura pas été apportée le problème perdurera.

Comme il perdure sous forme larvée en métropole. La violence qui attise une partie de notre jeunesse encouragée par les réseaux sociaux témoigne d’une difficulté à trouver sa place dans un pays où l’écart entre les pauvres et les riches n’a jamais été aussi grand. Il ne faut pas s’étonner si une partie toujours plus grande de la population en France comme dans les autres pays démocratiques se tourne vers les solutions simplistes de l’extrême-droite. Le capitalisme qu’il soit ancien ou néo produit toujours plus d’inégalités.

L’accaparement du pouvoir par une élite, qu’elle se drape dans les habits de la droite ou d’une prétendue gauche devient de plus en plus insupportable à la population qui ne se sent pas entendue, voire qui a le sentiment, pas toujours faux, d’être méprisée. Cela renforce le repli sur soi, le rejet de l’autre, le racisme sous toutes ses formes.

Pour autant, il ne faut pas désespérer. Que ce soit dans les associations, dans les syndicats, dans certains partis politiques, des femmes et des hommes luttent chaque jour pour tenter d’imposer une autre logique, pour que les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité - ne soient pas seulement aux frontons de nos mairies mais soient partagées par la société toute entière. (...)

Macron vient de fêter le septième anniversaire de son arrivée au pouvoir. On ne peut pas dire que ses gouvernements aient beaucoup œuvré dans ce sens. Attaques toujours plus grandes contre les chômeurs, détricotage du code du travail, remises en cause du statut des fonctionnaires, démantèlement poursuivi de la santé publique, aggravation du problème du logement avec de moins en moins de construction de nouveaux logements, tel est le bilan de ces sept années de pouvoir solitaire, faisant fi des corps intermédiaires, apparaissant sourd aux besoins de la population sinon par l’adoption de quelques mesurettes vite remises en cause sous prétexte de lutter contre le déficit.

Dans quelques jours nous fêterons le 80ème anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie. Faut-il rappeler l’état dans lequel se trouvait notre pays au lendemain de la guerre ? Cela ne l’a pas empêché de se reconstruire, certes avec l’aide -pas gratuite- des américains.

Mais si ses dirigeants en avaient la volonté, nul doute que la France serait capable de retrouver la prospérité et la marche en avant vers plus de progrès et de justice sociale pour aller, comme le souhaitait Jaurès, vers la république sociale ?

Le pire n’est jamais sûr. Mais pour l’éviter il faut savoir se retrousser les manches et lutter inlassablement pour faire comprendre à nos compatriotes que ce sont de vraies solutions dont ils ont besoin et pas d’un mirage xénophobe et autoritaire.

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