Journal "REsistance SOciale" n° 82
Mai 2010
Mis en ligne le 26 mai 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Solidarité internationale / L’enjeu de l’égalité entre hommes et femmes pour le financement des retraites / Crise : Madame Lagarde, jetez-nous des cailloux / Rigueur : communiqué de Résistance sociale / 27 mai : communiqué intersyndical / 27 mai : l’anniversaire de la première réunion du CNR / Plateforme Retraite de Résistance Sociale

Le mot de la présidente

Ce mois-ci, la Grèce a été sous le feu des projecteurs. La « sauverait-on » ou pas ? Telle était la question. Non, disait l’intraitable Merkel. Oui, au nom de la solidarité européenne, répondait le magnanime Sarkozy. On se demande si les Grecs n’auraient pas préféré qu’on les oublie. Car, à quel sauvetage sont-ils soumis ! C’est peu dire qu’on va imposer au peuple grec un plan d’austérité drastique.

Quand le ministre grec des Finances, qui se dit socialiste ( !) s’engageait à prendre de « nouvelles mesures concrètes » pour obtenir l’aide européenne, le peuple grec, lui, descendait dans la rue pour refuser ces solutions. Il a déjà, en six mois, subi deux plans de rigueur ; il sait ce que parler veut dire : nouvelle baisse des salaires et des retraites, coupes sombres dans les services publics, des recettes bien classiques du capitalisme. Les journaux, dont l’indépendance d’esprit n’est pas manifeste, nous serinent que les agences de notation baissent encore la note accordée à la Grèce ... mais oublient que ce sont ces mêmes agences qui surcotaient les banques à la veille de la crise financière. Et n’est-ce pas ces banques qui, à la fois, ont assisté le gouvernement grec avant la crise et profiteront de la spéculation sur l’aide accordée ?

Arrêtons de faire semblant de croire à l’exception grecque. La Lettonie n’a-t-elle pas récemment été soumise au même régime (- 10% sur les retraites, - 20% sur les salaires, diminution du nombre de fonctionnaires, etc. ...). Est-ce que la Roumanie n’y a pas eu droit ? Est-ce que l’Espagne et le Portugal, prévoyant une purge à la grecque, ne s’automutilent pas en prenant des mesures identiques (diminution de 5% des salaires des fonctionnaires en Espagne, ...) ?

Et qu’en est-il de la France ? Pour Sarkozy et son gouvernement – aidés des médias – cette affaire est une bénédiction ! Voilà qui va légitimer un nouveau plan de rigueur. Entendons-nous bien : pas question de toucher au bouclier fiscal, mais out les aides ponctuelles aux chômeurs, out l’allocation de rentrée scolaire pour les familles modestes et vive la RGPP. Quant aux retraites, le plan du gouvernement est clair : allongement de la durée de cotisation, remise en cause de l’âge légal de la retraite à 60 ans, et au final baisse des retraites pour tout le monde. Le chômage explose ? Les délocalisations se multiplient ? Oui, mais il faut sauver la Bourse, il faut que les profits des banques continuent à s’approcher de leur niveau d’avant crise ... et garder une notation « AAA ».

Des journalistes, ignorant probablement la situation réelle de notre peuple, à moins qu’ils ne soient incompétents ou totalement cyniques, osent écrire que les gouvernements doivent tirer les leçons économiques de cette crise et « vraiment respecter les critères de Maastricht et du pacte de stabilité ». Mais ne voient-ils pas où cette politique justement a conduit les peuples européens ?

Parce que, depuis toujours, Résistance Sociale combat cette logique du capital contre le travail (oui, il est temps de revenir aux mots qui ont un sens) nous appelons l’ensemble de nos compatriotes à réagir. Nous le savons bien : sans réaction d’ampleur comme celle qui a permis de repousser le CPE, c’est l’ensemble des salariés qui devra subir les conséquences de cette politique. Au début du mois, nous appelions à soutenir le peuple grec mais c’est maintenant l’ensemble des peuples européens qui se trouve touché à des degrés divers. Ensemble, disons non à l’appauvrissement des peuples au seul bénéfice des marchés !

Marinette BACHE

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